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Le S.E.L. est-il une alternative au système économique actuel ?

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L'économie nous apparaît de plus en plus autonome. Elle se résume parfois à des chiffres exorbitants, voire insensés, sur des panneaux d'affichage de la Bourse. Ses règles semblent alors perdre de vue ce pourquoi elle a été créée : l'échange et la distribution des richesses au sein d'une société. Cette flagrante déshumanisation de l'économie pose la question d'une alternative. Le S.E.L., un système particulier d'échanges, propose une conception différente de l'économie. Nous nous sommes donc interrogés sur la possible substitution du système actuel par le S.E.L.. Il nous a fallu dans un premier temps dégager quelques notions essentielles du commerce au sein d'une société. Ensuite, une étude comparative nous a permis de discuter sur la nature des deux systèmes économiques afin de déduire de leurs organisations leurs finalités. Enfin, après avoir éclairci l'organisation du S.E.L., nous avons pu entrevoir ses perspectives de développement.

Le commerce entre les hommes sous-entend l'échange et entretient les relations sociales. Une société organisée se doit de relier les individus et de permettre la distribution des valeurs marchandes. Le troc est le système d'échange le plus primaire. C'est un échange direct qui ne fait pas intervenir d'intermédiaire entre les deux éléments troqués. L'invention d'un système monétaire a permis de quantifier les échanges entre les individus d'une société. En effet, la monnaie est un médiateur entre deux biens ayant chacun reçu une valeur fondée sur la quantité de travail consacrée à leur élaboration et sur leur utilité sociale. Ainsi, le système monétaire permet l'évaluation des produits d'une société, le but étant l'échange équitable.

L'économie actuelle nous montre les dérives d'un système monétaire. En effet, les procédés de spéculation et d'épargne visent à considérer l'argent comme un objet possédant une valeur. Les économistes n'hésitent plus à faire fructifier l'argent en en transformant, par exemple, une quantité en son double. La capitalisation tente, de plus, d'apposer à la monnaie une valeur intrinsèque. L'argent est alors perçu comme une fin. Au contraire, dans le système d'échange local, les grains de sel , sans valeur propre, ne représentent qu'une unité comptable permettant la satisfaction réciproque des deux commerçants. La monnaie est ici un moyen.

Nous avons tous à l'esprit les images de grandes industries considérant les relations humaines comme une baisse de la productivité et de la rentabilité. A l'inverse, Le S.E.L. favorise par son activité commerciale l'établissement de relations humaines. On assiste en effet à un rapprochement des individus qui, par l'aide qu'ils fournissent ou qu'ils reçoivent, prennent conscience de leurs capacités propres. "Tout le monde possède des compétences! Et les chômeurs peuvent retrouver une activité sociale en les exploitant!". C'est ce que semblent vouloir proclamer ces organismes. Ainsi, le rapport au travail est changé. Alors que dans les grandes usines de production les ouvriers, ayant une tâche très précise à effectuer, ne voient pas le but de leur labeur, dans le système d'échange local chaque personne voit l'ensemble de son travail, de la source jusqu'au but. De plus, dans les S.E.L., la notion de concurrence n'existe pas. En effet, le but du travail est la satisfaction des besoins des individus.

Néanmoins, le système d'échange local possède quelques contraintes. La première concerne son niveau géographique d'exercice. Les types d'échanges occasionnés sont en effet restreints à une localité. Le modèle n'est pas applicable à un niveau d'organisation supérieur au quartier ou au village. De plus - et c'est là la plus grande limite de ce système d'échanges -, le S.E.L. reste sous la dépendance d'un système de production.

Ainsi, le Système d'Échange Local tient compte des fonctions utiles à la société, non quantifiables et pourtant essentielles. Il favorise aussi le rapprochement entre les individus par l'intermédiaire des échanges basés sur leurs propres compétences. Cette entraide humanise les relations sociales. L'alternative économique n'est pourtant pas absolue. Le S.E.L. reste en effet soumis à un système productif et il fait toujours appel à un système monétaire. Sa philosophie est cependant prometteuse. Elle élabore un esprit familial et amical en revalorisant les liens sociaux. Le S.E.L. donne à chacun d'entre nous la possibilité d'être utile à la société. Il permet aussi de développer nos aptitudes et de les communiquer. Le S.E.L. souligne ainsi l'importance de l'individu. Gageons que cette initiative insinue cet élan humaniste dans d'autres secteurs de notre société.

En Bref, la réflexion citoyenne s'exprime :

Le S.E.L. n'apparaît pas comme une alternative radicale. Il reste en effet sous la dépendance d'un système de production. Néanmoins, sa conception de l'économie et sa philosophie se rapprochent de valeurs humanistes. Il favorise les relations humaines, montre que chaque personne peut être utile à la société et que l'entraide facilite la vie. De plus, le transfert de la connaissance et la transmission des savoir-faire sont facilités. Le S.E.L. n'oublie pas que le commerce entre les hommes signifie l'échange. Ce système d'échanges s'accompagne d'un développement de l'individu et de ses relations sociales. Il tend donc à rapprocher de nous une économie égarée, éloignée de ses principes fondamentaux.

Notes :

- Le premier S.E.L. a vu le jour au Canada au début des années 1980. Plus de 300 Systèmes d'Echange Local existent aujourd'hui en France.

- Le grain de sel est l'unité monétaire utilisée par un Système d'Échange Local.

Thèmes proposés pour le Café Citoyen du 13 novembre 1999 :
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- Le débat est-il compatible avec l'aspect commercial ? 2 voix
- L'expression de l'art au sein de la ville. 5 voix
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