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La solitude dans notre société

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Le débat s’est construit sur la mise en évidence du paradoxe contenu dans le sujet lui-même. En effet il est paradoxal de se sentir seul, parfois abandonné, alors que nous vivons dans une société trépidante où les moyens de communication se sont développés à outrance. Cette société foisonnante d’activités et d’agitation génère un réseau de relations humaines souvent superficielles. Sont aussi paradoxaux des lieux de vie collective (maisons de retraite, prisons, hôpitaux psychiatriques…) qui devraient rompre l’isolement et qui au contraire donnent l’impression de l’accentuer , et même de « ghettoïser » leurs occupants qui se replient souvent sur eux-mêmes.

Pour un grand nombre de participants, l’évolution de la société a accru ce phénomène de solitude (7 millions de personnes vivent seules aujourd’hui en France). Les causes sont multiples : mobilité professionnelle, familles éclatées, concentration de la population dans l’anonymat des grands ensembles ou des grandes villes…La peur des autres s’est installée, on n’ose plus aller sonner chez des inconnus. Les personnes âgées ne sont plus respectées comme dans les sociétés patriarcales et certaines finissent leur vie dans une solitude absolue directement causée par une absence de solidarité ( des personnes âgées ont pu être retrouvées chez elles plusieurs mois après leur décès).

Le fait de vivre dans une société où la compétition est devenue la règle entraîne une montée de l’individualisme. Dans ce contexte il est difficile d’avouer ses problèmes ou ses manques. Il faut toujours donner l’impression d’être un « gagneur » au risque de s’exclure de vraies relations fraternelles. Inversement les situations de crise conduisent à des élans éphémères de solidarité (l’exemple des femmes de Moulinex a été avancé). Le milieu professionnel en général ne permet pas l’éclosion de liens authentiques : souvent les personnes se côtoient toute la journée en ignorant qui sont véritablement leurs collègues. Cependant la solitude choisie est respectable et il est difficile de forcer les affinités.

D’autres causes plus psychologiques ont été proposées : on peut être seul par peur de l’engagement, par peur de la prise de risque, par facilité ( il est plus confortable de rester chez soi devant sa télévision que d’aller vers l’autre). La solitude peut aussi avoir des effets bénéfiques quand elle est choisie. Elle permet de s‘arracher du groupe, de prendre des distances et de construire une pensée autonome, libérée du poids des stéréotypes. Ce mode de construction permet a contrario de se sentir plus à l’aise pour accueillir des relations humaines authentiques. La solitude, inhérente à l’expérience humaine, est peut-être un passage nécessaire à l’éclosion d’une vie spirituelle. A certains moments de la vie on prend conscience de cette condition : on sera toujours seul face à la maladie ou la mort. Toutefois l’entourage peut jouer un rôle important dans l’accompagnement. La solitude provient aussi d’un déficit de communication : il est plus facile de se confier à des tiers voire à des professionnels (psy, prêtres, médecins…) qu’à ses proches. Chacun gère sa communication envers autrui suivant son éducation ou des dispositions plus ou moins innées.

Face à tous ces problèmes il est utile d’aller vers les autres, de retrouver un esprit de solidarité, de redécouvrir la richesse de l’autre. Pour ce faire il serait important de créer des lieux des rencontres, de motiver les personnes les plus repliées en leur proposant de s’investir dans des projets valorisants et porteurs de sens. Chacun devrait s’engager activement à la mesure de ses possibilités.