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Qu'est-ce qu'être français ?

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Nous constatons d'entrée qu'il est difficile de parler du concept de nation ou de nationalité sans sentir que l'on dérange les penseurs politiquement corrects ; on sent qu'il y a derrière ces notions des idées tabous qui sont délicates à évoquer. Mais la nation ne conduit pas forcément au nationalisme. Il nous faut revenir à la source humaniste de cette idée, à l'origine du concept de citoyenneté, et nous la réapproprier.

Qu'est-ce que faire partie d'une nation ? C'est appartenir à un corps social régi par des lois qui dessinent pour chacun de ses ressortissants les contours de ses droits et de ses devoirs : chaque citoyen français est tenu d'obéir au Code Civil français, en échange de quoi il peut bénéficier de la protection de l'Etat français. Ces lois sont le résultat de l' histoire propre à notre pays, et conditionnent une manière de vivre en France qui sera différente de celle de nos voisins. Mais au-delà de cette définition purement juridique, nous avons tenté de cerner la notion d'identité française : y a-t-il une identité, commune à tous les français, qui fédère leur sentiment d'appartenance citoyenne à la France ?

Si tout le monde est à peu près d'accord pour dire qu'il y a une culture française, il est plus difficile de distinguer précisément de quoi celle-ci est faite. Pour certains, c'est l'humanisme qui fonde notre société depuis le 11ème siècle et les débuts du gothique. Les idées humanistes qui seront à leur apogée au siècle des Lumières sont en effet constitutives de notre manière de vivre. La laïcité, qui résulte de la notion de tolérance, nous pousse à rejeter les réactions communautaires qui nous semblent étrangères à notre façon de penser. Pour d'autres, c'est la Littérature qui est notre principale richesse (les Italiens ayant plutôt la peinture et les allemands la musique…).

Pour d'autres encore la France est historiquement une nation essentiellement paysanne, qui s'est édifiée de son propre effort et non par des conquêtes (comme l'Angleterre qui a voulu bâtir un Empire)… On constate aussi le rôle prépondérant qu'a joué l'Etat, par sa volonté centralisatrice, dans l'édification de ce pays. Enfin, nous ne pouvons que constater la disparité dont est faite la France, tant au niveau des coutumes que des manières d'être ou de penser : entre un Strasbourgeois, un Marseillais et un Brestois, quoi de commun, sinon justement d'avoir un jour intégré le berceau français et adopté la langue française… Quoi qu'il en soit, les définitions sont multiples en fonction des citoyens, il n'y a donc pas UNE identité française mais un ensemble de paramètres dans lesquels chacun se reconnaît plus ou moins selon sa sensibilité. Il est intéressant aussi de remarquer le regard que les étrangers portent sur nous : les gens du Nord nous voient comme un peuple arrogant et sophistiqué, les gens du sud comme un peuple naturel et tolérant. Peut-être est-il plus facile de voir ce qui nous constitue quand on est à l'extérieur, ou quand on revient d'un long séjour à l'étranger ?

Mais cette identité que nous cherchons tant à définir, quel statut lui donner ? Est-ce quelque chose qui est donné une fois pour toutes ou qui est en devenir ? Certains pensent qu'il est important de bien se connaître, de comprendre ses racines, et qu'une nation s'élabore à partir d'une substance humaine. D'autres pensent au contraire que le passé, les racines peuvent être une prison, quelque chose qui fige, et que ce qu'il importe c'est ce que nous construisons pour notre avenir. Et en effet nous touchons là à l'essentiel de l'idée de citoyenneté (française ou autre) : faire que les liens qui nous ont unis dans le passé (culture, histoire, langue), aboutissent à un sentiment de fraternité, d'appartenance à un groupe auquel chacun a envie de participer, à l'élaboration duquel il peut apporter sa pierre. Si les fondations sont nécessaires, ce qui compte, ensuite, c'est de devenir un peuple capable de rayonner.

Justement, comment situer le rayonnement de la France aujourd'hui, à l'heure de l'Europe ? La perspective européenne va-t-elle laminer la nation ? La France, qui s'est longtemps construite CONTRE ses voisins (et, encore maintenant, contre les Etats Unis, en essayant de défendre l'exception culturelle française) n'a-t-elle pas un rôle à jouer dans une construction AVEC eux ? On construit l'Europe et en même temps on décentralise. Quelle place accorder aux régionalismes ? Les identités régionales ne doivent pas être vécues comme une attitude de repli mais au contraire comme un moyen pour avancer, pour enrichir une identité plus large en construction.

Pour chacun d'entre nous, il est possible de se sentir à la fois citoyen d'Argentan, normand, français ET citoyen du monde. Il n'y a pas contradiction mais emboîtements successifs. C'est à chaque citoyen de prendre conscience du rôle qu'il a à jouer dans l'élaboration de la société, à la fois au niveau local, régional, national et mondial…

Thèmes proposés pour le Café Citoyen du jeudi 05/06/2003 :

- Ma vie m'appartient-elle ?
- A quoi sert l'humour ? Thème retenu
- A quoi sert de manifester ?
- Les retraites.
- Citoyenneté mondiale/ locale ?
- Le naturel comme argument publicitaire ?
- La manipulation par la peur ?
- L'amour et l'esprit de sacrifice.