» Démocratie et Citoyenneté

Rôle et pouvoir du citoyen ?

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Nous sommes dans une société où les gens oublient qu’ils sont des citoyens et qu’ils ont le pouvoir de contribuer à l’élaboration de la société. Quelles sont les causes de la démission ambiante, quels pouvoirs revendiquer et quelles solutions inventer pour réveiller la conscience citoyenne ?

Certaines personnes se sentent exclues parce qu’elles n’ont plus de travail, ne paient pas d’impôt et sont ainsi placées en dehors du cercle des décisions et responsabilités. L’exclusion provient également d’un malaise psychologique, d’un sentiment d’incompétence, d’inutilité. Les problèmes de la société sont alors, pour ces personnes, très éloignés des préoccupations privées. Le système de démocratie représentative a atteint son paroxysme et d’une certaine manière exclut lui-même la majorité des citoyens d’un engagement personnel. De ce fait beaucoup d’individus ne se déplacent même plus pour voter parce qu’ils ont le sentiment que leur vie ne changera pas vraiment, faute d’une écoute suffisante de la part de leurs représentants. D’autres se sont installés dans un confort personnel qui consiste à se désintéresser de la « chose publique » et cultivent au contraire une forme de protectionnisme ou d’individualisme.

Le système nous a transformés en « spectateurs-consommateurs », nous enferme dans un modèle de représentation sociale où chacun n’existe qu’en possédant, et étouffe toute velléité d’engagement et de prise de risques au service de la collectivité. Cependant certains osent s’engager mais sont vite découragés par l’inertie ambiante et l’absence de reconnaissance de l’énergie investie. Sur ce sujet, une intervenante déplore « personne ne participe dans la classe de mon fils ».

Nous avons constaté que la violence du système économique et financier avait fait reculer le pouvoir réel des politiques : ce sont les multinationales qui ont le pouvoir de décision en matière économique. Aller voter pour des représentants politiques semble avoir de moins en moins de sens dans ce contexte. En outre les politiques se satisfont d’un système électoral où ils peuvent être élus en obtenant seulement 10 ou 15% de voix à un premier tour d’élection, faisant fi des abstentionnistes ou votes blancs.

Beaucoup de citoyens déçus de cette démocratie font le choix de ne plus cautionner ce système électoral trop peu crédible à leurs yeux. Ils exercent ainsi leur pouvoir de contestation. D’autres au contraire estiment que voter est un acte citoyen qu’il est important de conserver. Une intervenante donne l’exemple d’un parti politique allemand qui contrairement aux autres, se situe dans l’action de terrain : il est donc important de pouvoir continuer à voter pour des représentants qui se donnent le moyen de changer le cours des choses. Quelqu’un d’autre déclare avoir toujours voté « contre » tel ou tel parti plutôt que « pour ». Tout citoyen a également le pouvoir de s’engager à titre personnel, dans le monde associatif ou syndical…pour participer, et apporter sa pierre à l’édifice et ainsi éviter de subir et se sentir inutile. Il est aussi possible de se présenter soi-même aux élections ; cela suppose toutefois le soutien d’un parti politique de l’emprise duquel il est difficile de s’écarter ensuite. Tout citoyen a néanmoins le pouvoir de s‘engager sur des actions concrètes au niveau local, de voisinage… D’autres solutions ont également été avancées : savoir transmettre les valeurs, donner l’exemple, vivre en accord avec ses idées et assumer ses devoirs.

Créer des lieux de paroles et de débats d’idées peut aussi contribuer à long terme à redonner une conscience citoyenne et faire contre-pouvoir à un système jugé par trop monolithique.