Compte-rendu synthétique par Boris Vaisman — Café Citoyen de Caen (12/09/2009)
Animateur du débat : Fabien Collet
» Environnement
Au-delà des élections européennes, l'écologie politique a-t-elle un avenir ?
Tout d’abord un intervenant rappelle que dans les résultats des dernières élections européennes, la poussée des écologistes est aussi due à la grande abstention et au vote de défiance vis-à-vis des partis classiques. De même, le fait que les élections européennes soient un scrutin proportionnel à un tour favorise l’émergence de formations classiquement habituées à remporter moins de suffrages. Au-delà, il semble évident que les préoccupations écologistes semblent prendre une part de plus en plus importante dans notre quotidien. La présence de personnalités médiatiques comme Nicolas Hulot ou Yann Arthus Bertrand influence aussi probablement considérablement l’opinion publique.
On repositionne aussi l’ « écologie politique » dans l’histoire. On note son parcours un peu chaotique et la présence de mouvances plus ou moins absolutistes autour des partis écologistes traditionnels. La principale interrogation sur l’avenir des partis écologistes concerne leur propension à s’enfermer sur des propositions de société uniquement centrées autour des préoccupations écologistes. Or l’idéologie a « infiltré » aujourd’hui toutes les grandes formations politiques. Le concept d’écologie devient peut-être une évidence comme l’a été celui de liberté il y a deux siècles en France. Il est transversal et va bien au-delà des clivages traditionnels.
Les participants « philosophent » autour de l’idée d’écologie, arguant principalement de son origine occidentale. Il y a une contradiction de fond entre ce sur quoi l’ensemble des pays est d’accord et l’action réelle entreprise pour préserver l’environnement. Certains pays nouvellement industrialisés privilégient largement leur croissance au détriment de son impact sur la nature ; au contraire, la « culpabilité des occidentaux » nous amène à des politiques dont on n’est pas certain de l’impact réel. A quoi sert la taxe carbone en France quand la Chine ou l’Inde polluent dans des proportions considérables ? Un participant relève aussi que le discours de responsabilisation individuelle ne pourra sauver la planète car les écarts sont gigantesques : le tri sélectif de chaque citoyen ne compensera jamais les tonnes de carbone « vomies » par les usines dans les pays en croissance. Il n’y a pas d’évidence éthique partagée par l’ensemble des pays. Les considérations écologistes occidentales sont aussi le fruit de l’Histoire, du passage des Lumières mais aussi des années 1970. Il faut avoir conscience des limites d’une société fondée uniquement sur l’idée de croissance pour prendre en compte l’ensemble de ces préoccupations. Un intervenant paraphrase le thème et évoque l’ « écologie religieuse » : en effet, les personnages médiatiques qui nous interpellent sur l’écologie ont une dimension messianique. Le seul réel avenir de l’écologie sera mondial et on craint même que les problématiques très fortes posées par la raréfaction des ressources ou la dégradation des climats entraînent un recul très net des idées démocratiques. « Si l’écologie s’impose, ce sera par la force » dit même un participant.
L’assemblée conclut en arguant que si l’écologie politique veut avoir une véritable force dans l’avenir, il faudra perdre le côté « Beatnik » véhiculé par certaines mouvances ; il faudra aussi cesser d’infantiliser la population en la culpabilisant et remettre l’homme à sa juste place par rapport à la Nature : celle-ci doit rester à son service mais il faut garder toujours présent à l’esprit que la survie de l’Homme dépend aussi du bon état de l'environnement.
Thèmes proposés pour le Café Citoyen du 26/09/09 :
- Y-a-t-il une dictature de la beauté aujourd'hui ? 10, puis 9 voix.
- Impôts, taxes, contributions : faut-il tout revoir ? 10, puis 8 voix
- Le stress au travail est-il le nouveau mal du siècle ? 9 voix
- Peut-on éviter la peopolisation ? 4 voix
- Faut-il inventer un autre système démocratique ? 5 voix
- Comment évolue la reconnaissance de l'égalité parentale ? 6 voix
- Quel urbanisme pour les périphéries de nos villes ? 5 voix
- La citoyenneté se limite-t-elle à la nation ? 5 voix
- Le Café Citoyen n'a-t-il pas besoin d'une autocritique ? 8 voix
- La fiscalité va-t-elle conduire à un nouvel exode urbain ? 7 voix
- La crise est-elle finie ? 4 voix
Thème choisi pour le 26/09/09 : Y-a-t-il une dictature de la beauté aujourd'hui ?
Interventions
La bipolarité de notre système politique s'effrite (mais tient encore bon il faut bien l'avouer) face aux multiples transversalités qui ont émergé depuis quelques années. Les politiques écologistes sont dans cette veine. Au delà des clivages, quasiment de l'ordre de l'intérêt général. De la gauche à la droite, l'écologie s'immisce dans tous les programmes. L'écologie est devenue incontournable.
Pourquoi ? Parce que le mouvement écologique possède la même force que le mouvement libertaire du XVIIIème siècle. Je veux dire par là que le mot « environnement » est aussi fort en potentiel de transformation sociale que le mot « liberté » l’était au XVIIIème siècle.
Jerzy Karczmarczuk
dimanche 30 août 2009 09:54:25 +00:00
Hmmmm... Mes deux filles et au moins deux de mes amis m'ont avoué qu'ils/elles avaient voté pour les partis écologistes, car ne savaient plus à qui, aucun parti ne leur inspirait confiance. Ainsi, il faut comprendre, qu'un élément du succès électoral des verts de toute orientation est d'être un //courant de substitution//.
Les verts parlent des choses utiles, comme la protection d'environnement, cela plaît à tout le monde, et voilà. Il est moins important le fait qu'ils n'ont pas vraiment des visions socio-économiques, ils ne peuvent pas gouverner... Les élections européennes sont différentes des nationales, ici on ne se pose pas tellement la question du *pouvoir sur nous tous*.
Mais, sincèrement, je ne crois pas que cette tendance soit persistante. La *vraie* écologie est à présent également au centre d'attention des partis traditionnels. Mais les questions de chômage, povoir d'achat, organisation des villes, règles du commerce, etc. domineront, et les "écolos" dans ces contextes sont faibles. Alors ma réponse est : sauf miracle - non, sur le plan national ils resteront très secondaires.
Hervé ROBERT
jeudi 17 septembre 2009 12:28:05 +00:00
Pour ceux que cela intéresse un bon article dans ma lecture favorite: le Canard Enchainé de cette semaine page 5 pour présenter un bouquin "les 2 âmes de l'écologies" qui rejoint en mieux dit ce que j'exprimai sur la scission à venir de l'écologie politique
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