Compte-rendu synthétique par Alexis Brun — Café Citoyen de Caen (25/11/2009)
Animateur du débat : Marc Houssaye
» Politique et Société
Faut-il et comment rendre les hommes responsables de leurs actes envers les générations futures ?
L’assemblée constate tout d’abord que l’énoncé du sujet possède une connotation juridique ; si tous reconnaissent la part de responsabilité morale de chacun dans le devenir de notre planète devant les générations futures, pour beaucoup, il est hasardeux d’en conclure aussitôt à une culpabilité conséquente. Un certain nombre d’assertions et d’interrogations surgissent : tandis que pour certains, agiter le spectre de la culpabilité serait un frein à la responsabilisation de l’individu, pour d’autres, la responsabilité serait un préalable à l’émergence du sentiment de culpabilité ; sentiment nourri par l’inaction alors que l’individu ressentirait le devoir d’agir. D’aucun évoquent aussi l’importance de cultiver le plaisir de la responsabilité et la nécessité pour chacun d’en prendre sa part, à son niveau, par de petites actions concrètes ; quelques-uns y voient là une façon de se donner bonne conscience pour mieux se déresponsabiliser face aux problèmes de fond et aux grands remèdes à y apporter.
Car, en effet, n’y a-t-il pas certaines personnes physiques et morales (politiques, grands groupes mondiaux industriels et financiers) dont les capacités de décision et d’actions sont, au quotidien, déterminantes pour le devenir de la planète ? N’en portent-ils donc une part de responsabilité plus lourde que le simple citoyen ? Assurément. Même s’il est vrai que le citoyen doit assumer la responsabilité qui lui incombe dans l’évolution des choses, il n’en subit pas moins chaque jour, les décisions de dirigeants politiques élus sur la base d’un programme, qu’une fois en fonction, ils ne se préoccupent plus guère de mettre en place. Cette pratique des élus, laquelle tend à se généraliser, est un aveu flagrant de déresponsabilisation devant les électeurs eux-mêmes. Or, comment sanctionner à l’heure actuelle une telle attitude autrement que par un vote citoyen symbolique de mécontentement ? S’il on ajoute à cela, d’une part le volume pléthorique d’informations orientées relayée de façon identique par tous les grands médias, d’autre part les messages institutionnels encourageant chacun à préserver la planète qui cohabitent avec les spots publicitaires nous invitant tous à une consommation débridée, l’individu éprouve un sentiment de contradiction, de désarroi, d’impuissance devant l’état de la planète et la complexité du système. L’individu en est réduit bien souvent à une simple prise de parti à l’issue d’un battage médiatique. Comment agir par ailleurs, lorsque l’on ne s’estime pas compétent en termes de connaissances pour juger de l’opportunité d’aller dans telle ou telle direction ? Pour autant, doit-on avoir toutes les cartes en mains pour agir et se responsabiliser ? Ne se complait-on pas dans une culture du doute ?
Parallèlement, l’on remarque que la reconnaissance de la responsabilité morale précède toujours la reconnaissance de la responsabilité pénale. La notion de crime contre l’humanité a été reconnue lors des procès de Nuremberg par suite des crimes nazis perpétrés lors de la seconde guerre mondiale, l’on peut donc présager dans quelques années de l’émergence de la notion de crime contre les générations futures. Cependant, hélas, on ne peut effectivement légiférer ni prononcer le verdict d’un crime dont l’étendue n’est pas encore identifiée non plus que ses responsables… L’on constate également qu’il y a une vraie prise de conscience de la part du citoyen des enjeux écologiques, mais que la faible volonté politique s’efface devant les pressions des lobbies industriels et financiers.
Or, s’il est trop tôt pour identifier les responsables-clef des misères qui se profilent – ou trop tard pour s’en préoccuper tout de suite – la question demeure : que faire maintenant ? Quelles pourraient-être les mesures concrètes à prendre pour améliorer les choses ?
– Un des pouvoirs d’action du citoyen réside dans le choix de consommation ou de non consommation par un boycott volontaire de produits.
– Être citoyen, nécessite une formation ; cette formation passe par l’éducation : l’enseignement scolaire, la famille, l’entretien de liens sociaux… La connaissance permet de prendre du recul vis-à-vis de son environnement. Un citoyen bien éduqué donne un homme responsable. Cette éducation est aussi entre autres du domaine du politique. L’enjeu consiste à éduquer les générations futures, les responsabiliser sans en venir à les culpabiliser.
– Réinstaurer le principe des cahiers de doléances comme aux temps des Lumières, sur lesquels les politiques pourraient s’appuyer, pour une réappropriation de l’espace politique par le citoyen.
– Instaurer un modèle économique et social non basé sur les principes production / consommation. La société doit se restructurer de façon à faciliter les bonnes pratiques. Par la mise en place de grands chantiers par les politiques. Pour cela, l’émergence d’une volonté politique au niveau mondial est indispensable.
– Geler la mise en application débridée de procédés issus de la recherche scientifique pour lesquels une phase de tests et d’analyses insuffisamment poussée et étalée dans le temps n’a pas été effectuée.
Interventions
Ghida Abbas
samedi 19 mars 2011 10:32:55 +00:00
-quels sont les textes et les institutions juridiques qui permettent de controler les responsables politiques?
-que nous apparennent les cas de responsables politiques poursuivis en justice?
-les affaires qui mettent en cause des responsables politiques renforcent-elles ou fragilisent-elles la democratie?
quels sont les moyens pour un citoyen de mettre en cause les decisions d'un responsable politique?
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