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Honoré de Balzac (1799 - 1850)

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Compte-rendu synthétique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (10/04/2010)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Politique et Société

Comment le citoyen peut-il faire évoluer la société ?

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Les intervenants ont d'abord souligné la démobilisation générale. Ils ont décrit une société bloquée. Souffrant d'inertie à tous les niveaux. Manquant cruellement de citoyens actifs. Comme indiqués en guise d'introduction, les chiffres sont éloquents. Le taux de syndicalisation a en effet été divisé par 4 en 50 ans (de 30% en 1945 à 8% en 2004). L'abstention électorale atteint des niveaux records (abstention désormais supérieure à la majorité). Dans les associations, entre 2000 et 2005, le pourcentage de simple adhérent est passé de 19 à 33% alors que le pourcentage d'adhérent actif est passé de 59% à 48%. Les modèles traditionnels de participation à la vie publique (partis, syndicats, associations) sont-ils en crise ? Sont-ils en train d'évoluer ? Faut-il les revivifier ? Faut-il inventer de nouveaux moyens pour faire s'impliquer le citoyen dans la vie collective ?

Pourquoi un tel désengagement ? Plusieurs raisons sont évoquées. Pour certains, le citoyen se serait aujourd'hui effacé devant le consommateur. Qui plus est, il semble aujourd'hui plus aisé de trouver la satisfaction dans les cercles restreints comme la famille voire les amis plutôt que de chercher à comprendre la société dans son ensemble. Dans notre « société éclatée », l'individualisme nous a éloigné du sentiment d'appartenance à une communauté unie. On s'interroge d'ailleurs sur ce que signifie aujourd'hui le « bien commun » ? Pour d'autres, la complexité et la diversité des problèmes de notre société, et du monde en général, conduiraient le citoyen à cultiver un sentiment d'impuissance. Quoiqu'il en soit, qu'il s'agisse de dilettantisme, de désintérêt ou de fatalisme, force est de constater un manque évident de volonté générale.

Pourtant, il existe des outils permettant au citoyen de contribuer à la vie collective. Le plus emblématique est certainement le vote. C'est, par excellence, le moyen de participer à la vie publique. L'inlassable progression de l'abstention électorale nous montre malheureusement que le vote n'est de nos jours plus considéré comme un moyen d'expression efficace. On explique alors que ce désintérêt est du au manque de projets de société. Mais également aux comportements des politiciens. Plus soucieux de faire carrière que de servir la collectivité.

Peut-on pour autant faire évoluer la société en s'abstenant d'aller voter ? Certains le pensent. L'abstention est alors vécue comme un moyen de « faire pression » sur les politiques. Une pression toute relative quand on sait que l'impact médiatique se dissipe finalement assez rapidement. Le danger peut aussi résider dans le fait que l'on peut faire dire ce que l'on veut à cette abstention revendicative. En effet, comment distinguer l'« abstention active » de l'« abstention passive » ? Bon nombre de citoyens préconisent donc la reconnaissance du vote blanc, c'est-à-dire la comptabilisation des votes blancs dans les suffrages exprimés. Cette reconnaissance du vote blanc permettrait de clarifier le paysage politique en même temps que de combattre l'abstentionnisme. Abstentionnisme qui, quoi qu'on en dise, reste tout de même un mauvais exemple, notamment pour les hommes et les femmes cherchant à établir la démocratie dans d'autres pays.

Comme le rappelle un citoyen, avant de vouloir changer la société, il faut se changer soi-même. Or, « la notion d'intérêt général échappe à beaucoup de gens » pour des raisons d'intérêts personnels ou corporatistes. Tant que le citoyen ne sera pas responsable, la société ne pourra évoluer. Et se responsabiliser, cela passe notamment par donner de soi. Mais tandis que l'on donne de l'argent ou des biens, voire son sang, à des œuvres caritatives, on est plus réticent, voire récalcitrant, à accorder régulièrement un peu de son temps, que l'on préfère plutôt occuper par des loisirs.

Orienter ses choix de consommation peut également être un des leviers pour que le citoyen influe sur la société. Cet exercice nécessite certes de s'informer. Sur la composition, la provenance, les modes de fabrication des produits que nous achetons. Ces discours moralistes font appel à la conscience de chacun d'entre-nous. A la formation d'une éthique personnelle. S'interroger sur notre manière de vivre, sur notre manière de consommer, permettrait d'harmoniser nos pensées, nos aspirations et nos actes. On cite également d'autres initiatives individuelles : héberger sur son canapé des gens de passage (un site Internet existe pour faciliter les mises en relation), faire du stop, boycotter des produits... Pour beaucoup, le changement passerait avant tout par des actes individuels. Actes par lesquels on se forgerait une règle de vie.

Cependant, de nombreux comportements alternatifs sont montrés comme dangereux dans notre société actuellement. Quand ils ne sont pas passés sous silence. Il faut dire que les mass-médias jouent un rôle prépondérant dans notre société. Force est de constater que leur traitement de l'information démoralise plus qu'il n'enthousiasme. En mettant l'accent sur les accidents, les désastres, les faits divers. En se complaisant dans une sorte de catastrophisme. Si des canaux relayant des initiatives positives était créés, nul doute que le citoyen se trouverait encourager à explorer d'autres voies. S'aventurer dans les recoins alternatifs de notre société, que ce soit dans le domaine du logement, de l'alimentation, du travail, nous éloigne de la généralité, de la norme. Et demande beaucoup d'efforts.

Car changer soi-même, pour un confort de vie ou pour mettre en adéquation ses pensées et ses actes, voilà déjà un chemin ardu, semé d'embûches. Alors « faire évoluer la société », n'est-ce pas trop ambitieux ? Et si, finalement, nous ne voulions pas faire évoluer cette société ? Et si finalement nous souhaitions plutôt nous en détacher ? Ne plus avoir affaire à cette société de plus en plus contraignante ? Trouver un peu de calme et de tranquillité. Certes, cette attitude est bien loin de celle d'un révolutionnaire projetant son idéal sur la place publique. Mais c'est peut-être le début de quelque chose. Un retrait nécessaire pour voir le monde autrement. Le déclenchement d'une processus de maturation. Ne dit-on pas que les petites rivières forment les grands fleuves ?

Mais si nous sommes relégués à nous contenter de nos actes personnels, n'est-ce pas à cause d'une panne du politique ? Les citoyens déplorent en effet le décalage entre les errements du Parlement français (Assemblée nationale et Sénat) et les préoccupations voire les attentes populaires. Le divorce entre gouvernants et gouvernés est-il pour autant consommé ? Il pourrait bien l'être si les citoyens ne contribuent pas suffisamment à l'élaboration des lois. Aujourd'hui, pétitions et manifestations ne suffisent plus. Elles contribuent même à entretenir la sclérose sociale. A quand les citoyens force de propositions ?

Seulement parfois, pour faire évoluer la société, il faut aller contre l'opinion publique. Et avancer des idées audacieuses. Défendre des convictions. Formuler des doctrines lumineuses. Comme ce fut le cas lors de la légalisation de l'avortement. De l'abolition de la peine de mort. Il serait souhaitable que les penseurs et les philosophes s'expriment d'avantage. S'engagent. Investissent l'espace public. Le citoyen ne s'en trouverait que plus éclairé.

Finalement, n'est-ce pas dans les périodes critiques que les décisions courageuses sont prises ? Gide croyait en la vertu du petit nombre, que le monde serait sauvé par quelques-uns. Et si les citoyens les plus éclairés se devaient de tracer les plans d'un nouveau modèle de société ? Condition sine qua non selon certains pour que l'ensemble de la population puisse envisager un autre avenir. Et suivre une nouvelle voie.

Thèmes proposés en fin de séance :
1 – Prévention : est-ce que cela marche vraiment en France ? 11 puis 8 voix
2 – Faut-il rendre le vote obligatoire ? 9 voix
3 – La maîtrise des finances publiques sera-t-elle un enjeu politique ? 6 voix
4 – La libre pensée : une alternative à la bien-pensance ? 7 voix
5 – La recherche scientifique est-elle vraiment indépendante ? 11 puis 9 voix
6 – Faut-il remettre en cause le droit de propriété ? 5 voix
7 – Faut-il revoir le statut de l'élu ? 10 voix
8 – La citoyenneté se limite-t-elle à la nation ? 5 voix
9 – La classe politique française, dans son ensemble, fait-elle encore de la politique ? 5 voix
10 – Quel urbanisme les communes doivent-elles mettre en place ? 4 voix

Thème qui sera débattu le 24 avril 2010 : La recherche scientifique est-elle vraiment indépendante ?

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