Compte-rendu synthétique par Laurent Watrin — Café Citoyen de Nancy (17/12/2010)
Animateur du débat : Laurent Watrin
» Politique et Société
Peut-on consommer de façon citoyenne ?
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Ce compte-rendu du café citoyen du vendredi 17 décembre 2010 à Nancy est une synthèse des échanges. Commentaires bienvenus...
En pleine période de grande consommation, ce débat réunit une douzaine de participants. Les échanges nous font passer de l’acte d’achat au développement durable, dans le cadre international, à la notion de responsabilité personnelle et familial, puis à la question du sens, et enfin à l’idée de bonheur qui résiderait, pour certains, plus dans l’Etre que dans l’Avoir…
D’emblée, la majorité semble considérer le respect de l’écologie comme faisant partie de la citoyenneté. Noëlle ne sait pas toujours « quelle attitude avoir » pour consommer de façon citoyenne, mais il lui paraît « évident qu’un produit qui n’a pas fait 2000 km est meilleur » non seulement pour l’environnement mais aussi pour notre économie et, notamment, « pour nos paysans ».
Etre citoyen c’est aussi une question de morale. Pour Patrice, «c’est avoir une conscience ». Mais sait-on toujours comment est produit ce qu’on achète, s’interrogent plusieurs voix ?
La doyenne de l’assemblée, qui se définit elle-même comme « vieux jeu », explique que son frère lui reproche souvent de ne pas « faire marcher le commerce » parce qu’elle apprécie, notamment, de recycler ses vêtements et retravailler les textiles. Pourtant, selon elle, éviter ainsi le gâchis est une façon de consommer de manière citoyenne. Un autre participant renchérit : le problème c’est la surconsommation par rapport aux autres, notamment au niveau mondial. L’animateur évoque les rapports d’experts affirmant que nous consommons plus que ce que la terre peut produire.
L’animateur relance : « et le plaisir de consommer ?! »
Noëlle saute sur la provocation : « j’aime bien les mangues et je ne veux pas me priver de ce plaisir ». Laurent mentionne l’idéal exploré par Thomas More dans « l’Utopie », qui décrivait une sorte de société de consommation et de citoyenneté parfaites. Si l’on n’y prend garde, le développement durable comme utopie ne peut-il devenir une forme de « totalitarisme », interroge Laurent ? On n’a pas besoin de consommer beaucoup pour se faire plaisir, selon Noëlle.
Le débat s’oriente sur le problème des déchets engendrés par l’excès de consommation. « Surconsommation = surpollution », résume une participante. Il faudrait peut-être revenir à certains équilibres « anciens », notent plusieurs personnes. Une dame se souvient avoir vu « dans le Nord de la France, des chevaux utilisés pour ramasser les poubelles ».
Question pratique de l’animateur : « est-ce qu’on fait tous du tri sélectif ? »
« A Nancy, ce n’est pas facile », selon la voix qui citait le Nord en exemple.
La discussion s’engage ensuite sur la difficulté de respecter des normes écologiques et sociales dans le cadre du commerce international. Par exemple, Noëlle se demande s’il faut considérer, partout, le travail des enfants comme de l’exploitation et s’il faut, par conséquent, avoir la volonté de l’interdire. Question sans réponse…
L’animateur résume les propos échangés depuis le début, et note que plusieurs fois le lien a été fait entre la consommation citoyenne et la famille.
Bénévole dans une association caritative, une personne explique qu’elle croise régulièrement des familles surendettées qui achètent beaucoup de choses tout en expliquant : « ce n’était pas cher ! ». Une dame poursuit : « parfois, les parents consomment pour compenser… ». Noëlle note que « certains enfants n’ont même pas eu le temps de désirer quelque chose avant de l’avoir ». Puis elle ajoute : « la société de consommation n’est sans doute pas la voie vers le bonheur ».
Une autre participante va plus loin : « on ne peut pas parler de consommation citoyenne sans parler de métaphysique, de bien et de mal, de religion même… ». Cette dame ressent aujourd’hui une prise de conscience qui permet de considérer, selon elle, que « faire des économies » rejoint la question du sens.
« Mais dans les pays émergents, on pense l’inverse », rétorque un autre participant. Cohérence difficile, encore une fois, entre les exigences des uns et les besoins des autres…
Pour finir, l’animateur lance un tour de table sur notre seuil de tolérance en matière de consommation citoyenne. Pour éclairer la question, il raconte sa propre intolérance à la contradiction de notre système : « une de mes anciennes responsables, dans une structure qui promeut le tri sélectif, ne trait jamais ses déchets ! ».
Une voix ne tolère pas les 4x4 en ville, une autre ne tolère pas les gens qui n’aiment pas… les 4x4 en ville ! Cette contradiction finale provoque les rires de l’assemblée.
Sujets mis aux votes :
- la publicité en ville
- l’animal dans la ville
Le premier thème obtient la majorité. Prochain rendez-vous : vendredi 28 janvier 2011 à 18h30, MJC Pichon, Nancy.
Interventions
Huor
lundi 24 janvier 2011 11:54:53 +00:00
consommer de façon citoyenne revient à briser les liens obscurs entre la fabrication et la consommation.
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