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L'an 2000 va-t-il changer quelque chose ?

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2000, ce nombre rond s'érige comme un symbole d'espoir et de renouveau pour beaucoup d'entre nous. Date charnière entre deux siècles, plus encore, entre deux millénaires, l'année 2000 ne cesse d'être sacralisée. On la retrouve partout, dans tous les secteurs. On l'utilise même commercialement. Le compte à rebours de la Tour Eiffel concrétise parfaitement l'idée d'une attente. Ce 2000 semble alors nous tenir en expectation. Qu'espérons-nous pour l'an 2000? Qu'exigeons-nous pour ce troisième millénaire? Des questions quant à notre avenir propre, quant à l'avenir de notre société, nous nous en posons tous. Aussi, devions nous savoir dans un premier temps ce que l'an 2000 signifie pour chacun d'entre nous. Ensuite, nous avons établi, des aspirations personnelles voire collectives, ce que nous voulions voir se développer dans le siècle prochain.

Les fins de siècles et à fortiori de millénaires entraînent dans l'inconscient collectif la résurgence de phénomènes névrotiques liés à la peur, aux présages et à la superstition. Ainsi, certains citoyens n'hésitent pas à interpréter ce virement de siècles en y voyant quelques signes de prédestination. Il est alors possible de faire une comparaison avec l'an 1000 qui, selon certains historiens, déclencha des paniques et des peurs collectives. Ces nombres ronds fascinent inconsciemment. Mais le caractère irraisonné de la superstition fait réagir d'autres citoyens.

En effet, l'année 2000 n'a pas la même valeur pour tous. Elle se fonde sur le calendrier grégorien qui prend comme repère initial la naissance du Christ. N'oublions pas que d'autres civilisations mesurent le temps au moyen de repères différents. Notre calcul occidental du temps n'est donc qu'arbitraire. Et il est par conséquent peu probable que surviennent en l'an 2000 des phénomènes surnaturels. On pourrait alors qualifier ce phénomène "an 2000" de phénomène fictif puisque conventionnel.

Néanmoins, l'impact psychologique est important. Qu'elle soit arbitraire ou non, cette date est présente dans nos esprits. Que suggère donc ce 2000 si imposant ?

L'an 2000 nous propose tout d'abord de nous arrêter et de faire un bilan sur le siècle écoulé. Du haut de ces quatre chiffres, il nous est possible d'avoir une vision d'ensemble du siècle passé. Aussi, pouvons nous dégager les éléments majeurs, les événements clefs de ce vingtième siècle. Nous revoyons notamment les deux guerres mondiales et les camps de concentration. Ensuite, cet arrêt nous donne l'occasion de mesurer l'ampleur de notre siècle, de lui donner une place historiquement. Enfin, par l'intermédiaire de ce grand récapitulatif, certes davantage malheureux que réjouissant, chacun d'entre nous prend conscience et peut entreprendre de bonnes résolutions pour le siècle futur.

Ce recul sur le passé, cette vision globale de l'activité de plusieurs générations, permettent d'aborder ce nouveau millénaire avec des expériences et des leçons. L'envie d'aborder ce troisième millénaire sur des bases saines et cet espoir de renouveau catalysent les idées nouvelles pour un élan vers l'avenir. On voit renaître l'engouement pour des projets de société. Tout le monde tente d'apporter sa part d'innovation. Pourtant, ces aspirations demeurent individuelles et ne semblent pas relayées au niveau collectif. Même si l'idéal d'une société meilleure est très présent, sa réalisation semble pour beaucoup lointaine voire impossible. Certains assimilent ces utopies à des illusions, d'autres à de véritables projets de société. C'est la jeunesse qui semble surtout avoir besoin d'idéaux pour y trouver la force de construire une société à l'image de leurs rêves. Citons l'exemple des Droits de l'Homme; hier pensés par des idéalistes, de nos jours reconnus par l'ensemble de la société.

Le siècle à venir reste tout de même à construire. Que voulons nous y voir se développer ? Beaucoup d'entre nous espèrent le retour à des relations plus saines entre les individus. En effet, nous voulons tous qu'une société plus égalitaire efface l'écart entre les nantis et les exclus. Parallèlement, nous insistons sur le droit à la différence. La société ne saurait être un regroupement d'individus identiques et normalisés. De plus, le renouveau de la démocratie est souhaitée. Recouvrer sa citoyenneté est donc essentiel.

Ainsi, à la question "L'an 2000 va-t-il changer quelque chose?", les citoyens répondent négativement. En effet, même si cette date inspire le renouveau, ce sera aux citoyens eux-mêmes d'élaborer, à partir de l'ensemble des aspirations individuelles, un projet de société.

En Bref, la réflexion citoyenne s'exprime :

Nous avons tous envie que l'an 2000 apporte des solutions. Cependant, nous savons tous que des changements magiques ne s'opèreront pas et que cette date n'est qu'un moyen nous permettant de prendre conscience d'une certaine envie de renouveau. Aussi, cette attente est-elle mêlée d'appréhension et de crainte. Cet arrêt sur l'an 2000 nous donne l'occasion de faire un bilan sur ce vingtième siècle qui s'achève; et cette entrée dans un nouveau millénaire s'accompagne d'un élan vers l'avenir. L'inconnu fait alors ressurgir en nous une part d'impétuosité. Nous voyons renaître des utopies; et les aspirations individuelles se prononcent de plus en plus. Néanmoins, ces engouements ne semblent pas encore s'inscrire dans un cadre collectif. Nous pouvons seulement espérer qu'un mouvement collectif naîtra de la réunion de ces envies personnelles.

Thèmes pour le Café Citoyen du 27 novembre 1999 :
- Les hommes politiques sont-ils des justiciables comme les autres ? 9 voix
- Les limites du pouvoir journalistique. 6 voix
- Les citoyens sont-ils suffisamment informés des projets de société ? 2 voix
- Est-il acceptable que les citoyens soient traités avec mépris et arrogance ? 3 voix
- Interdire ou responsabiliser ? 2 voix
- La réflexion et l'action citoyenne. 6 voix
- Kosovo : six mois après, quel bilan ? 2 voix
- La responsabilité du citoyen face à l'exclusion. 12 voix