“La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées.”

Victor Hugo (1802 - 1885)

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Les relations entre les hommes et les femmes dans notre société, juste une question de constitution ?

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Interventions

Sydbarrett01

Jean-Jacques Parnet

mercredi 02 mai 2012 12:45:08 +00:00

Un petit texte à partager en cette année de commémoration de Jean-Jacques Rousseau

Cultiver dans les femmes les qualités de l'homme, et négliger celles qui leur sont propres, c'est donc visiblement travailler à leur préjudice. Les rusées le voient trop bien pour en être les dupes ; en tâchant d'usurper nos avantages, elles n'abandonnent pas les leurs ; mais il arrive de là que, ne pouvant bien ménager les uns et les autres parce qu’ils sont incompatibles, elles restent au-dessous de leur portée sans se mettre à la nôtre, et perdent la moitié de leur prix. Croyez-moi, mère judicieuse, ne faites point de votre fille un honnête homme, comme pour donner un démenti à la nature ; faites-en une honnête femme et soyez sûre qu'elle en vaudra mieux pour elle et pour nous.

S'ensuit-il qu'elle doive être élevée dans l'ignorance de toute chose, et bornée aux seules fonctions du ménage ? L’homme fera-t-il sa servante de sa compagne ? Se privera-t-il auprès d'elle du plus grand charme de la société ? Pour mieux l'asservir l'empêchera-t-il de rien sentir, de rien connaître ? En fera-t-il un véritable automate ? Non, sans doute ; ainsi ne l'a pas dit la nature, qui donne aux femmes un esprit si agréable et si délié ; au contraire, elle veut qu'elles pensent, qu'elles jugent, qu'elles aiment, qu'elles connaissent, qu'elles cultivent leur esprit comme leur figure ; ce sont les armes qu'elle leur donne pour suppléer à la force qui leur manque et pour diriger la nôtre. Elles doivent apprendre beaucoup de choses, mais seulement celles qu'il leur convient de savoir. [...]

De la bonne constitution des mères dépend d'abord celle des enfants ; du soin des femmes dépend la première éducation des hommes ; des femmes dépendent encore leurs mœurs, leurs passions, leurs goûts, leurs plaisirs, leur bonheur même. Ainsi toute l'éducation des femmes doit être relative aux hommes. Leur plaire, leur être utiles, se faire aimer et honorer d'eux, les élever jeunes, les soigner grands, les conseiller, les consoler, leur rendre la vie agréable et douce : voilà les devoirs des femmes dans tous les temps, et ce qu'on doit leur apprendre dès leur enfance. Tant qu’on ne remontera pas à ce principe, on s'écartera du but, et tous les préceptes qu'on leur donnera ne serviront de rien pour leur bonheur ni pour le nôtre.

Jean-Jacques Rousseau, Émile ou De l'éducation, livre V, 1762

Plutôt progressiste pour son époque, non ?

Et un autre plus actuel.

La relation homme / femme s'inscrit dans un système général de pouvoir, qui commande le rapport des hommes entre eux. Cela explique qu'à l'origine, les premiers coups portés contre le patriarcat le furent par les hommes et non par les femmes. Avant de penser à ruiner le pouvoir familial du père, il fallait d'abord abattre le pouvoir politique absolu du souverain et saper ses fondements religieux. Telle est l'évolution que connaissent toutes les sociétés occidentales à travers révolutions et réformes, et cela jusqu’au XXème siècle. Mais, si les hommes eurent à cœur de construire une nouvelle société fondée sur l'égalité et la liberté, leur projet, d'abord politique puis économique et social, ne concernait qu'eux- mêmes, puisqu’ils s'en voulaient les seuls bénéficiaires.

Les hommes ont lutté pour l'obtention de droits dont ils prirent soin d'exclure les femmes. Quel besoin avaient-elles de voter, d’être instruites ou d'être protégées, à l'égal des hommes, sur leurs lieux de travail ? L’égalité s'arrêtait aux frontières du sexe, car, si la plupart des hommes cherchaient à se débarrasser du patriarcat politique, ils voulaient à tout prix maintenir le patriarcat familial. D'où l'avertissement constamment répété, au XIXème siècle, par les conservateurs et l'Église : en luttant pour plus de liberté et d'égalité, vous portez atteinte à la puissance paternelle et vous sapez les fondements de la famille...

Le combat mené pendant deux siècles par les démocrates fut sans conteste la cause première de la chute du système patriarcal. Mais il n’en fut pas la raison suffisante. Ce sont les femmes, alliées aux plus justes d'entre eux, qui achevèrent péniblement le travail. Il leur fallut presque deux siècles pour faire admettre à leurs pères et époux qu’elles étaient des « Hommes » comme tout le monde : les mêmes droits devaient s'appliquer à leurs compagnons et à elles-mêmes, ils devaient partager ensemble les mêmes devoirs.
L’évidence enfin reconnue est lourde de conséquences. Non seulement parce qu’elle met fin à un rapport de pouvoir entre les sexes plusieurs fois millénaire, mais surtout parce qu’elle inaugure une nouvelle donne, qui oblige à repenser la spécificité de chacun. Les valeurs démocratiques furent fatales au roi, à Dieu-le-père et au Père-Dieu. Elles rendirent par là même caduques les définitions traditionnelles des deux sexes et n’ont pas fini de laisser perplexe et d'inquiéter une partie du monde. [...]

Le XXème siècle a mis fin au principe d'inégalité qui présidait aux rapports entre les hommes et les femmes. Il a clos, en Occident, une longue étape de l'humanité commencée il y a plus de 4 000 ans. Il est probable que les hommes se seraient mieux accommodés de l'égalité dans la différence, c'est-à-dire du retour à l'authentique complémentarité des rôles et des fonctions. Malheureusement pour eux, l'expérience de nos sociétés prouve que la complémentarité est rarement synonyme d'égalité et que la différence se transforme vite en asymétrie. L’époque n’est plus à la séparation primitive des sexes, mais au contraire au partage de tout par Elle et Lui.

Élisabeth Badinter, L'un est l’autre, Odile Jacob, 1986.

Deux textes, deux époques, deux visions. Dans le premier, c'est la nature qui dicte à chacun sa place, dans le deuxième c'est une donnée historique, sociale, politique qui influence le rapport entre les hommes et les femmes.

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Bernieri (BARLINO)

mercredi 16 mai 2012 14:42:13 +00:00

Ayant écrit quelques lignes sur des sujets assez proches,je suis persuadé que beaucoup de choses restent à dire et j'envisage de rédiger un essai sur ces thêmes. Je rappelle l'incontournable ouvrage de Sylviane Agacinsky : " Politique des sexes " chez POINTS
Cet ouvrage me semble indispensable pour qui veut faire le point, s'intéresse à l'aspect juiridique et surtout à l'évolution de la pensée féministe .
Ce débat étant donné la qualité des participants(es) sera sans aucun doute de qualité et pour moi une excellente occasion d'en savoir plus.( peut être même d'y voir plus clair? )

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Bernieri (BARLINO)

mercredi 16 mai 2012 14:43:52 +00:00

Ayant écrit quelques lignes sur des sujets assez proches,je suis persuadé que beaucoup de choses restent à dire et j'envisage de rédiger un essai sur ces thêmes. Je rappelle l'incontournable ouvrage de Sylviane Agacinsky : " Politique des sexes " chez POINTS
Cet ouvrage me semble indispensable pour qui veut faire le point, s'intéresse à l'aspect juiridique et surtout à l'évolution de la pensée féministe .
Ce débat étant donné la qualité des participants(es) sera sans aucun doute de qualité et pour moi une excellente occasion d'en savoir plus.( peut être même d'y voir plus clair? )

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François Bernieri(Barlino)

mercredi 16 mai 2012 15:22:54 +00:00

J'écris.Ecrire est d'abord une forme de débat avec soi même, et les thêmes résonnent ou raisonnent d'eux même, parfois au plus près de l'actualité immédiate. Le sujet est des plus prégnants et ce café citoyen sera sans aucun doute très vivant si l'on enjuge par la qualité des experts . Pour faire le point, je recommande quant à moi la lecture de "Politique des sexes "l'ouvrage de Syviane Agacinsky qui fait un point précis de la situation des femmes dans nos sociétés modernes avec une analyse très fine des évolutions constatées dans le combat féministe .(Incontournable pour actualiser son point de vue )
Je cite par exemple : "L'égalité s'oppose à l'inégalité et non pas à la différence " page 189
"Reconnaitre pleinement l'hétérogéneïté de l'espèce donne le vertige" page 124
A bientôt FB

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