Compte-rendu synthétique par Laurent Watrin — Café Citoyen de Nancy (14/10/2015)
Animateur du débat : Laurent Watrin
Le citoyen et l'individualisme
(Compte-rendu par Nadine Auzias)
Un nouveau lieu de rencontre, cosy, sympathique, le café-librairie «l’OREILLE EST HARDIE» pour aborder, avec une dizaine de participants, dont deux nouveaux arrivants (Leïla et Maxime (2)), un sujet au cœur des valeurs juridiques de la citoyenneté moderne.
Laurent propose de discuter les aspects positif et négatif de l’individualisme dans le champ de la citoyenneté.
Nadine rappelle les différents sens du mot « individualisme » :
- au sens courant et restreint, le mot désigne l’égoïsme, l’individualiste ne pensant qu’à lui sans se préoccuper des autres
- au sens politique, c’est une conception de la vie en société dans laquelle l’individu constitue la valeur centrale, d’où l’importance accordée aux libertés individuelles et aux droits de la personne ; l’individualisme est ainsi d’origine démocratique, son symbole est la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
- au sens sociologique, l’accent est mis sur l’autonomie de l’individu par rapport aux règles collectives, l’individu s’affranchit de ces normes imposées par d’autres, des tutelles traditionnelles qui pèsent sur son destin : en ce sens, l’individualisme est un processus d’émancipation à l’image du féminisme au cours du XXe siècle.
Pour Leïla, le terme péjoratif serait l’égoïsme mais elle ajoute que l’individualisme est au fondement de notre liberté. L’individualisation serait contraire à l’individualisme pour Maëlle, avec une capacité d’autonomie et de maturité de l’individu. Il s’agit d’une autogestion de l’individu qui est quelqu’un d’autocentré mais aussi responsable de ses actes, ce qui est une qualité pour un citoyen, toujours selon Maëlle.
La démocratie « libérale », fondé sur la reconnaissance de l’individu, est-elle bien considérée comme telle en France ?, questionne Laurent.
Pour Leïla, les lois récentes, sur le renseignement par exemple, visent à davantage contrôler les individus, souligne Leïla. La multitude des lois, censée éviter une « dispersion » de l’individu, devient un problème car il ne se sent plus libre, explique Maëlle. Nelly pense que la transgression fait avancer l’individu dans ce qu’il veut être.
Maxime (1) évoque les écrits du philosophe Clément Rosset, qui parle de société égo-grégaire : nous consommons tout individuellement, mais nous consommons tous de cette manière. En réalité, dit Maxime (1), l’identité individuelle est une « arnaque », elle n’existe pas mais il existe une identité collective.
La discussion s’oriente ensuite sur la judiciarisation des rapports sociaux et économiques. On assiste à une « judiciarisation à l’américaine », selon Nelly. La France est un pays qui a inventé de nombreuses juridictions spéciales, rappelle Laurent.
Les lois sont trop « individualisantes », ou contredisent la liberté individuelle, selon l’idée exprimée par plusieurs participants.
Maxime (2) : Les lois sont décidées par des personnes qui ne les appliquent pas pour elles-mêmes.
La déclaration des Droits de l’Homme, qui date de la fin du XVIIIe siècle, précise Nelly, doit être considérée en tant que fondement. Josy ajoute que cette Déclaration cadrait avec une mentalité de l’époque mais actuellement la société est « en dérive », selon elle. L’interrogation de Josy est celle-ci : la soif de liberté individuelle est-elle compatible avec le vivre ensemble face à une augmentation démographique importante et face aux problèmes écologiques ?
Maxime(1) insiste sur le fait qu’il ne faut pas perdre de vue l’AUTRE, car il a toujours quelque chose à nous apporter, et Nadine ajoute que la liberté ne s’oppose pas à la solidarité, l’autonomie ne conduit pas à l’isolement. On ne peut pas fonder le sens de sa vie en dehors du lien à autrui. Ce que montre aussi l’expérience vécue de Franck, lorsqu’il raconte ses activités bénévoles d’éducateur sportif.
Prochain RDV le mercredi 11 novembre 2015 à 18h45 – même lieu – sujet :
« La figure du patriarche sert-elle encore notre démocratie ? »
Interventions
Jacques
lundi 26 octobre 2015 12:30:57 +00:00
Le citoyen étant la cité, par essence, l'individualisme est un devoir civique : aucun sacrifice ne peut être consenti s'il n'y a pas contrepartie.
S'il n'est pas interdit de miser sur l'avenir, encore fallait-il au citoyen se méfier des bonnimenteurs et se placer le plus possible dans le temps présent, temps du vrai : les bonnimenteurs n'ont généralement aucun bilan à présenter : ils sont toujours nouveau, toujours de génération spontanée !...
C'est la marque des démagogues de toujours opposer l'individualisme au collectif, évidemment à leur profit !!!
Jacques
lundi 26 octobre 2015 12:40:25 +00:00
Le propre du nourrisson, c'est de dépendre d'autrui ...et le travail de l'homme, c'est de quitter l'enfance...sans oublier que vieillissant tous les jours comme ses père et mère, il est promis à retomber dans la dépendance de ses enfants devenus grands.
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