Compte-rendu synthétique par Charlène LE NUÉ — Café Citoyen de Gournay-sur-Marne (09/02/2011)
Animateur du débat : Charlène LE NUÉ
» Démocratie et Citoyenneté
Comment former un citoyen responsable ?
Premier café citoyen de Gournay-sur-Marne: Comment former un citoyen responsable?
La question posée présuppose que la responsabilité n’est pas nécessairement une qualité intrinsèque du citoyen, que le citoyen n’est pas nécessairement en mesure de prendre des décisions éclairées. Pour autant, il convient peut être d’abord de s’interroger sur ce que serait un citoyen responsable, sur la notion de responsabilité en matière de citoyenneté.
L’un des citoyens présent dit qu’il faut former les gens. A l’école, on accumule beaucoup de connaissances mais le travail n’est pas axé sur la réflexion personnelle. Les élèves ont un mal fou à raisonner. Ils imaginent que ce sont les connaissances qui sont les plus importantes mais paradoxalement, ils se demandent parfois ce qu’ils vont bien pouvoir faire de toutes ces connaissances.
Au XIXe siècle, les lois Ferry avaient pour objectif certes d’élever le niveau de formation des travailleurs mais également de former des citoyens éclairés. Or, de part les pressions économiques actuelles, sans refuser que l’école forme à la citoyenneté, les parents attendent d’abord qu’elle prépare au monde du travail.
Selon l’un des participants, ce sont les parents qui, avant l’école, sont responsables de la formation des enfants à la citoyenneté. D’autant plus, qu’à l’école, les problèmes éducatifs sont parfois si importants qu’il n’y a plus de socialisation. Le premier endroit au sein duquel on a une expérience de la citoyenneté, c’est la famille. On ne peut décharger la responsabilité des parents. Pour autant, les parents ont-ils les moyens de former leurs enfants à la citoyenneté? Il faut éduquer les enfants, certes, mais le travail sur les adultes est également primordial, d’une part, car ces adultes sont aussi des parents mais également car on ne peut tabler que sur les enfants qui vont mettre un certain temps à grandir et à être réellement acteur de la société, les acteurs actuels de la société, ce sont les adultes.
Alors que l’un des participants dit que les jeunes ne s’intéressent aujourd’hui qu’au clinquant, un autre lui répond que les jeunes ne sont en réalité pas dupe et qu’il faut être optimiste, ils ne correspondent pas à l’image qu’on a d’eux.
La discussion se poursuit sur le fait que pour créer un esprit citoyen, nous avons besoin de lieu et de temps d’échanges. Or, ce type d’endroits, comme les cafés citoyens, ne sont pas nombreux. Aujourd’hui, le lien social se tisse surtout par le partage de hobbies ou la pratique de sports. Nous avons régressé par rapport à l’Antiquité où il y avait des agoras et des forums. Dans le modèle athénien, les gens se sentaient tous concernés: ils n’étaient pas des individus, mais formaient un groupe. On a en nous un malaise, la sensation d’avoir perdu quelque chose.
Selon les participants, la question du pouvoir se pose. Qui a le pouvoir réellement et quelle influence peut-on encore avoir dessus? (cf Suisse et la démocratie directe). En tant que citoyen, désire-t-on réellement le pouvoir avec la responsabilité que cela implique? Comment faire prendre conscience aux gens qu’ils ont un rôle à jouer? La démocratie représentative n’aide pas à développer la conscience du rôle qu’a le citoyen à jouer, cependant, l’appareil politique et l’école ne sont pas les seuls en cause. On constate qu’il y a peu de cohésion sociale en France et ceci, peut être expliqué, selon l’un des citoyens présents, par le fait que la population a considérablement changé: d’un cadre culturel uniforme, on est passé à une diversité mal gérée. Nous n’avons plus le sentiment d’appartenir à un groupe unifié, ce qui est renforcé par la construction européenne. La culture démocratique ne serait pas implantée aussi fortement dans toutes les origines. La vie en maison individuelle, comme c’est le cas à Gournay, ne favorise pas non plus la cohésion sociale et incite à l’individualisme.
Les gens ne se sentent pas citoyens, ni impliqués dans la vie de la cité, et ceci est peut-être également lié à la taille de nos sociétés.
Selon l’une des personnes présentes, dans les pays en pleine révolution comme la Tunisie ou l’Egypte, la population sait ce qu’est la démocratie: c’est le but à atteindre. Dans notre pays, se pose le problème du projet collectif. Si le collectif n’est pas porteur de projet, il n’y a pas d’adhésion au collectif.
Sachant l’ampleur des problèmes systémiques et les capacités d’abstraction et de compréhension de gens, il convient probablement de partir de problèmes du quotidien, par lesquels les gens se sentent directement concernés pour ensuite remonter vers un niveau plus général. L’exemple donné est celui de l’avenir de nos enfants.
Une citoyenne estime qu’il faut oser envisager que les choses n’arrivent pas par hasard, tout cela a été voulu: la déliquescence systémique, qu’il ne faut pas hésiter à appeler un chat un chat. Il faut également oser comprendre par l’intelligence. Elle estime que même si les langages codés, le marketing, les concepts sont là pour nous embrouiller, n’importe qui a l’intuition de ce qu’est la vérité. Nous sommes parasités par le niais du monde, le brouhaha qui nous envahit et il est temps de revenir à l’essentiel.
L’assemblée s’accorde à dire qu’il faut apprendre aux gens à chercher l’information par eux-mêmes, la véritable information, d’autant que la connaissance est la porte vers la liberté de choix.
L’ensemble des participants regrette qu’il n’y ait plus aucune exemplarité. «Le poisson pourrit par la tête». L’un des participants souligne l’effort fait par la RATP par ses campagnes publicitaires humoristiques visant à enseigner un certain civisme dans les transports en commun.
La discussion prend fin sur le fait que nous sommes tous responsables de cette situation de fait. On laisse faire. On achète. Nous sommes tous acteurs de cette société déliquescente. Selon l’une des membres de l’assemblée, la télé est l’un des problèmes majeurs de cette société et il faudrait que chacun la bannisse de son foyer. Elle a remplacé l’Eglise et les images qu’elles diffusent entre directement dans le cerveau, sans qu’aucun esprit critique ne vienne s’interfacer entre l’image et le cerveau. Il est nécessaire de développer l’esprit critique pour faire le tri parmi toutes ces informations.
A la fin du débat, différents thèmes sont proposés pour le prochain café citoyen de Gournay qui se tiendra le mercredi 9 mars:
- Le travail favorise-t-il encore la cohésion sociale? 6 voix
- Y-a-t-il un abrutissement de la conscience politique? 3 voix
- Croissance économique et écologie sont-elles compatibles? 2 voix
- A quoi sert la télé? 1 voix
- Peut-on vivre sans voiture? 4 voix
- Ne s’éloigne-t-on pas du bon sens? 4 voix
- La décroissance est-elle envisageable? 6 voix
- L’argent fait-il le bonheur? 1 voix
- Education et économie sont-elles conciliables? 2 voix
--> Après le deuxième tour, c’est le thème «Le travail favorise-t-il encore la cohésion sociale» qui l’emporte.
Prise de notes réalisée par Thomas Legauffre. Compte-rendu réalisé par Charlène Le Nué.
Interventions
Juste
lundi 15 décembre 2014 14:21:51 +00:00
Bonjour, je suis très heureux de tomber sur votre titre. voici un an que j'ai écrit un livre ayant pratiquement le même titre à savoir comment former au mieux des citoyens responsables en cette ère de changement inouï? Je viens d'ailleurs de le publier sur Amazon.com. D'ici là ce sera valider pour la consultation. Assurément je pense que vous pourrez toujours y puiser quelques éléments de réponse. seulement je me suis focalisé un peu plus sur la situation en Afrique pour ma rédaction. Toutefois, je pense qu'en unissant nos idées nous pourrons arriver à sortir nos nations du gouffre.
Merci
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