Compte-rendu analytique par Jean-Marie Seeuws — Café Citoyen de Caen (08/04/2006)
Animateur du débat : Pierre-Michel Bon-Gloro
» Politique et Société
Pourquoi assiste-t-on à une montée du racisme en France ?
Animateur - Je vais laisser la parole à celui qui a proposé le sujet, c'est toujours comme cela que l'on fonctionne. Cela permet de définir un peu plus la proposition faite la dernière fois. Je vous rappelle le fonctionnement du café citoyen, espace libre de parole avec certaines règles très simples : on parle les uns après les autres, on ne parle pas quand on n'a pas le micro, pour demander la parole on lève la main, l'animateur essaie au mieux d'organiser la distribution de la parole, de façon à ce que tout le monde puisse parler. Je rappellerai aussi que ce n'est pas mal de se prêter à un exercice qui consiste à raccourcir les interventions, essayer qu'elles ne dépassent pas quatre à cinq minutes. D'ailleurs on remarque qu'en général quand on dépasse ce temps là, on ouvre plusieurs sujets à tiroirs et que finalement ça ne permet pas à la personne suivante de rebondir et ça nuit au débat, ce n'est pas forcément de nature à le rendre vivant et ça permet à plus de personnes de participer. Donc sans plus attendre je passe la parole.
1 - J'ai proposé ce thème la dernière fois suite à un rapport remis par la commission nationale consultative des droits de l'homme, le 21 mars 2006 sur le bureau du Premier ministre. Il est notamment indiqué qu'alors que l'on constatait que les actes racistes antisémites diminuaient, par contre on assistait à une montée de propos racistes de personnes qui se prétendent racistes. Donc le rapport indiquait que l'on assistait à une baisse du tabou face au racisme. La question que je me pose, est, est-ce du au fait que le racisme ne n'est plus condamnable, est-ce que l'on assiste à une baisse de nos valeurs morales et républicaines, et pourquoi les personnes se sentent aujourd'hui racistes ou si elles l'étaient déjà depuis longtemps, se croient aujourd'hui autorisées à le dire plus facilement en public et lors d'un sondage ?
2 - La personne qui a proposé le sujet prend en compte un sondage dont j’ai entendu parler brièvement dans les médias, mais connaît-on les modalités de ce sondage, la façon dont il a été mis en place, quelles sont les questions qui ont été réellement posées, pour savoir réellement si c’est quelque chose qui fait découvrir un paysage nouveau aujourd’hui. Voilà quelles sont les modalités, est-ce des questions ouvertes ou des questions précises, dans quel ordre ont-elles été posées ?
3 - Moi, je trouve qu’on observe une recrudescence soit de propos racistes soit d’actes racistes. Moi je ne me base pas sur des sondages, je pense qu’on le voit assez fréquemment soit dans des petites coupures de presse ou dans des faits relatés au niveau télévisuel. Alors les raisons, je ne sais pas, il y en a qui viennent à l’esprit. Effectivement dans une période où chacun est de plus en plus individualiste et oublie un peu le sens des autres on a une tendance effectivement quand il y a un problème, et Dieu sait qu’en ce moment il y en a, des problèmes socio-économiques ou des problèmes relationnels, on a tendance à penser, que c’est forcément l’autre, celui qui est en trop, l’intrus, qui arrive comme le motif servi sur un plateau, je dirai, pour permettre ce genre d’excès. C'est une des raisons, il y a peut-être aussi une raison éducative, qu’on a oublié de transmettre et qu’on laisse passer parce que les événements les plus frappants ou les plus massifs, racistes, sont passés et qu’avec le temps on a une tendance à oublier bien des événements et bien des choses, et je pense que lorsque l’on parle du devoir de mémoire c’est aussi un devoir de culture et un devoir d’apprentissage par rapport aux jeunes pour ne pas oublier jusqu’où peut aller la haine de l’autre.
4 - Moi je me suis interrogé à partir de la définition du terme racisme, j’ai consulté le dictionnaire et cela m’a fait pas mal sourire et je suis vraiment tombé dans une espèce d’incompréhension. Racisme au départ cela part de la théorie de GOBINEAU sur la hiérarchie des races d’après leur profil physique et donc sur leur capacité mentale culturelle etc, après les expressions de racisme nationales se sont développées, on se rend compte que cela a touché tout à fait autre chose, ça a pris un sens extrêmement large et finalement flou. Est considéré comme racisme finalement tout rejet toute hostilité vis à vis d’un groupe de personnes qui ne pensent pas de la même façon qui ne partagent pas les mêmes valeurs. On peut très bien parler de racisme anti-femme ou anti-homme, racisme entre les sexes, racisme par rapport à des religions. Finalement le concept est extrêmement flou, finalement tout rejet toute hostilité vers personne qui ne partage les mêmes valeurs que soi-même. Alors je voudrais savoir de quoi on débat finalement, ça n’est pas très clair.
Animateur - Est-ce qu’on ne parle pas de xénophobie à la place du racisme justement ?
4 - Tu ne veux pas que je réponde directement à la question ? Non ma réflexion elle est différente. Je pense que ce n’est pas parce qu’on a un rapport sur le bureau du Premier ministre que ça fait force de vérité, déjà. Donc cette proposition de thème doit être en elle-même débattue, y a t il vraiment une montée du racisme aujourd’hui ? Je me pose la question parce que j’ai l’impression qu’il y a une volonté de faire une espèce de zoom médiatique sur tous ces événements est-ce que ça en fait, mais peut-être, je ne sais pas pour l’instant on a l’impression est-ce que c’est bien réel, on fait un zoom médiatique sur tout un tas d’événements, est-ce que c’est pour ça que ces événements sont qualifiants pour toute une population ou est-ce que simplement on a décidé pour des raisons à déterminer que c’était ça qu’on allait mettre en exergue. Je crois qu’il faut bien peut-être comprendre quels sont les intérêts politiques à montrer qu’il peut avoir du racisme, qu’il peut moins en avoir tout ça pour orienter un débat politique, un débat public, des pensées de population etc. Moi je suis quand même surpris de voir que tout d’un coup on a découvert qu’il y avait des banlieues, tout d’un coup, ça fait cinq ans et puis là en novembre on a découvert qu’il y avait des jeunes qui étaient mécontents, tout d’un coup. Tout ça m’étonne, cette façon d’orienter la pensée m’étonne. Alors je ne veux pas faire de la manipulation de bas étage, mais il me semble quand même qu’en soit le thème peut être débattu. On peut choisir de le débattre ou ne pas le débattre le thème mais si on s’oriente vers la question pourquoi y a t il une montée du racisme, on va forcément essayer de trouver des causes à la question et peut-être que ces causes sont des causes nationales, françaises comme il peut en avoir depuis cent cinquante ans, deux cent ans et pas plus. Pourquoi y en aurait-t-il plus aujourd’hui qu’hier, c’est une question qu’on peut se poser. Peut-être qu’il n’y en a pas forcément plus aujourd’hui.
5 - Moi je dirais qu’il y en a beaucoup plus, parce qu’il y a un homme politique qui veut mettre sur pied une loi sur l’immigration sélective. Déjà j’ai été très interpellée, ça veut dire quoi immigration sélective ? Toi t’es grand, t’es beau, t’as des belles dents, t’as bac plus trois tu peux venir chez nous. Je vais vous citer un truc banal : ma voisine du dessus est enseignante, elle vit seule dans des bâtiments qui sont à part de l’université où ne vont que des étrangers pour apprendre la langue française, ils écrivent la langue française chez eux mais ils se perfectionnent. Et bien à cause de cette loi de ségrégation sélective, l’année prochaine, ces cours seront fermés et elle-même sera au chômage.
6 - Je voudrais surtout parler du sondage, l’expression du racisme et le racisme véritablement. J’ai l’impression que ce qui est analyse est un phénomène conjoncturel et pas un phénomène structurel. Je ne pense qu’on devienne raciste en cinq minutes, c’est quelque chose de très lourd comme opinion, donc ce qu’on mesure là c’est l’évolution de l’expression. C’est à dire apparemment il doit y avoir un fond de racisme et des gens peuvent basculer et le racisme évoluer ou ne plus l’être, mais j’ai l’impression qu’il y a un fond de racisme qu’il faut essayer de comprendre et ensuite savoir à quel moment on s’autorise à l’exprimer ou ne pas s l’exprimer, mais je ne pense p as qu’on puisse augmenter le racisme de 10 à 15%, c’est à dire le racisme de personnes qui changent de tout au tout en une année. Je pense que c’est plus des gens qui sont racistes fondamentalement et qui s’autorisent à l’exprimer. Alors pourquoi s’autorisent-ils à l’exprimer dans cette situation là ? . C’est là que le contexte politique effectivement peut influer. Pourquoi se sent-on autorisé à exprimer des choses qu’on ne s’autorisait pas préalablement ? Alors il y a ce phénomène conjoncturel et politique, puis le phénomène plus structurel, pourquoi est-on raciste à la base et est-ce que c’est un phénomène finalement au crochet de tout le monde que l’on contrôle plus ou moins ? C’est une question un peu de culture, d’éthique de morale et à quel moment on bascule et on s’autorise à être raciste ? Pour certains ça peut-être des problèmes économiques, d’autres parce que c’est des pulsions qu’ils ont envie d’exprimer. Il faut savoir à quel moment ce qu’on analyse véritablement qu’on on parle de racisme. Sur la question de l’immigration sélective, je crois le choix est plus, c’est pas tellement sur la race, c’est plus sur l’employabilité des gens qui seraient autorisés à rentrer sur le territoire français, donc c’est autre chose à priori qu’une question raciale. Je crois qu’il aussi distinguer entre xénophobie, entre étranger et racisme. Le racisme est connoté sur la race le reste sur la différence qui peut être non pas racisme mais un rejet important sur d’autres populations qu’on n’appelait pas racisme sur les Italiens sur les Portugais sur d’autres. C’était tout aussi violent.
7 - D’abord une observation, la façon dont la question est posée, on demande pourquoi il y a une augmentation du racisme, on ne demande pas ce qu’est le racisme, on ne demande pas si c’est vrai, on demande simplement de savoir pourquoi. Pour reprendre les précédents interventions, mais en les abordant peut-être d’une autre manière, l’assimilation du racisme avec d’autres sortes d’ostracismes me paraît dangereuse pour plusieurs raisons. La première est que dès l’instant où l’on qualifie de racisme un petit peu n’importe quoi, le racisme étant absolument intolérable, fait que l’on n’arrive plus à discuter sereinement des problèmes que l’on rencontre. Pour moi le racisme comme l’a dit Damien, peut-être que je me trompe, c’est exclusivement le fait de se considérer supérieur à quelqu’un d’autre parce qu’il est d’une autre race. Cela n’a donc rien à voir avec regretter l’immigration parce que comme l’a dit monsieur, on a connu l’immigration des italiens des polonais etc, il y avait bien sur bêtement un rejet mais cela n’a rien à avoir avec le racisme, les Polonais par exemple jusqu’à preuve du contraire sont de la même race que nous, par conséquent ce n’était pas du racisme. Parler de racisme lorsqu’on parle d’immigration, parler de racisme lorsqu’on parle des banlieues entraîne le premier danger je viens de le dire , on s’empêche d’en parler sereinement. Le deuxième danger est que dès l’instant où l’on fait un mauvais diagnostic, on n’arrive pas à corriger les maux. Donc si le problème est autre que le racisme et qu’on se cache derrière ce mot on ne voit pas le mal. Le troisième danger est que s’il y a un mal par hypothèse et que ce mal est assimilé au racisme, rapidement et même peut-être inconsciemment en tout cas bêtement on va assimiler ce mal ou ces maux, on va considérer comme responsables tous les gens de la même race. Donc il y a au moins ces trois raisons là qui me poussent à dire qu’il faut bien faire la distinction entre le racisme et tous les autres ostracismes.
8 - Bonjour à tous, et aujourd’hui vu le sujet j’ai envie de préciser mon bonjour. Bonjour à tous, mesdames et messieurs grands ou petits, riches ou pauvres, blancs ou colorés, socialistes ou capitalistes. Parce que pour moi il n’y a qu’une race pour aller au-delà de la définition scientifique et biologique du siècle dernier, pour moi il y a la race humaine, la race végétale, la race animale et, en tant qu’humble apprenti humaniste, j’essaie moi et je réussis à peu près à ne pas être raciste dans aucun domaine que je viens de citer, même si je vais à l’encontre de ce monsieur vient de dire mais puisque chacun a le droit d’avoir des différents avis. Tout petit j’ai eu l’occasion d’être raciste sans le savoir, parce qu’est-ce qui guide l’acte de devenir raciste, c’est la peur fondamentale chez tout être humain depuis toujours. Tout petit je suis arrivé au Maroc, j’avais huit ans, je suis arrivé de nuit, je n’ai rien vu, et le matin, j’avais atterri dans une ferme, je vais me promener, et qu’est-ce que je vois un arabe donc djellaba et tout le tralala. Puisque à l’époque on disait arabe parce qu’ils n’étaient pas encore marocains du fait qu’ils n’étaient pas indépendants. J’ai pris peur je suis parti compte tenu que je n’ai pas su raisonner, faire face du haut de mes huit ans. Donc et bien voilà, et puis après j’ai réalisé le lendemain en les revoyant que celui-là en plus était le plus gentil, que je n’avais aucune raison d’avoir peur qu’il n’allait pas m’écraser et bien voilà pour une première petite intervention courte.
9 - C’est vrai qu’il me semble important de faire la distinction entre le racisme et la xénophobie. La xénophobie c’est la peur de l’étranger donc xénos phobie. Alors que le racisme induit une classification des hommes en race. Je me demande d’ailleurs si le fait de classifier en race n’a d’autre but que le racisme. Le fait de classer les hommes n’a aucune raison d’être sinon pour conduire à ce genre de considération. Donc je pense qu’aujourd’hui on peut parler plus de xénophobie que de racisme, parce que les gens qui manifestent de la défiance vis à vis des étrangers ne les considèrent pas à mon avis comme inférieurs à eux du point de vue humain, mais ont la peur qu’ils pourraient prendre leur travail prendre leur place dans la société française. Moi je pense que pour essayer de trancher dans la question, il faudrait peut-être s’interroger sur le phénomène de peur comme vient de le dire l’intervenant précédent. Qu’est-ce qui ferait aujourd’hui on aurait peur, ce sont des mécanismes inconscients que traverse la société française. Est-ce que vraiment aujourd’hui les Français ont peur de certaines choses ?
10 - Oui je crois qu’on glose un peu sur la xénophobie et le racisme. Si problème il y a clairement c’est le racisme et pas la xénophobie. On voit très bien que celui qui pose problème n’est pas le Suédois, le grand blond aux yeux bleus. Donc il va falloir quand même essayer de bien regarder si problème il y a quel peut être ce problème. C’est peut-être un problème de culture, un problème même de choc de culture. Le racisme qui existait vis à vis des polonais des italiens au début du siècle était un problème purement social, c’est à dire vraiment selon la phrase consacrée les étrangers qui viennent prendre le pain des français. Aujourd’hui on a certainement un peu de ça, parce qu’effectivement dans le domaine de l’emploi les choses sont difficiles pour tout le monde, mais je crois qu’il y a aussi clairement peut-être un choc des cultures et une façon qu’a la France de se voir elle-même marque son échec dans le domaine de l’intégration. Avant le principe français d’intégration était avent tout un principe de citoyenneté, d’appartenance à une entité nationale quelle que soit sa couleur de peau, c’est le droit du sol qui prime sur le droit du sang etc. Dans les pays anglo-saxons c’est un petit peu différent on a un principe largement communautariste qui fait un agrégat d’un certain nombre de communauté qui ne rejette pas plus ni moins que les Français, mais qui en tout cas prend en compte la culture de l’individu. La culture française est largement différente, c’est avant tout être français avant d’être d’origine, africaine, asiatique etc on est avant tout français. Alors qu’est-ce que ça veut dire être français ? C’est reconnaître le fait républicain comme vrai, c’est éventuellement avoir le droit de vote, c’est pouvoir s’exprimer en tant que français avant tout, et certainement on a un peu mis de coté par culture issue de la révolution la culture personnelle la façon qu’avait chacun d’appréhender le monde. Aujourd’hui on voit qu’il y a clairement, tout le monde semble le reconnaître, un échec de l’intégration à la française, et ça forcément on se le prend en pleine figure entre guillemets pour parler trivialement, parce qu’on observe les pays qui nous entourent, ces pays n’ont pas du tout la même façon d’intégrer parce que leur mode d’intégration est largement plus pragmatique que le nôtre. Donc encore une fois l’idéalisme français a failli par rapport au pragmatisme anglo-saxon, je le déplore personnellement parce que, pour un tas de raisons qui sont hors du sujet, mais en tous cas on est en train aujourd’hui de mettre l’accent sur notre propre incapacité à considérer la personne’ d’origine étrangère comme personne et pas seulement comme abstraction qu’on appellera le citoyen français.
11 - Je me demande s’il n’y a pas aussi une forme de manipulation politique mais propagée par les médias à savoir qu’on a une propension énorme à nous présenter, par exemple quand il y a des faits médiatifs dirons-nous, on va nous asséner au niveau télévisuel ou au niveau journalistique et je pense que c’est tout à fait manipulé, par exemple il y a un problème dans une cité on va vite vous montrer à la télévision la mère maghrébine ou turque en précisant elle est de telle nationalité, même si elle est française on va vous dire elle est d’origine. alors que justement si un incident se propage avec un suédois grand aux yeux bleus ou une autre race, on ne va pas du tout accentuer, bon il y a eu une bagarre à tel endroit, point final. Je pense qu’effectivement il y a une forme de manipulation qui veut qu’on insiste toujours en montrant du doigt très souvent certains types de population. C’est pareil on nous montre tous les problèmes liés à l’extrémisme islamique, mais on ne nous montre pas ce que d’autres pensent de la religion islamique, on a tendance à nous montrer toujours ces côtés négatifs qui enfoncent certains types de population. Je pense que c’est quand même une manipulation certaine pour pousser les gens à une forme de racisme.
Animateur - Je rappelle que le sujet a été ouvert par la personne qui l’a proposé et qui a donné un petit accent sur la problématique en essayant de distinguer entre est-on vraiment plus raciste en France aujourd’hui ou est-on décomplexé à exprimer des sentiments qui sont pas forcément modifiés. Est-ce que vous pourriez repartir là-dessus ?
12 - Rapidement il ne faut tout de même pas oublier qu’il y a eu le choc français du 21 avril 2002 au premier tour des élections qui à mon avis n’est qu’un problème mathématique en soi. L’arrivée de Jean Marie LE PEN au deuxième tour a certainement fait en sorte que certaines personnes se trouvent décomplexées parce qu’elles trouvent une certaine légitimité à tenir des propos racistes ou désobligeants vis à vis des personnes immigrées. Après il faut bien voir que c’est encore une fois que c’est conjoncturel et très accidentel si encore une fois les médias ont très largement alimenté le débat etc mais je ne suis pas certain qu’il y ait un problème plus important aujourd’hui qu’avant et peut-être qu’après tout on est les plus mal placés, c’est une personne d’origine étrangère qui pourrait mieux en parler, après tout le racisme pour l’instant on en parle en tant que concept mais ça se vit le racisme, ça se subit alors c’est certainement pas à nous de gloser sur la question, pour certaines personnes c’est très réel. Et pour des personnes âgées d’origine étrangère, elles sont capables de nous dire si ça a diminué, si ça a augmenté, si par rapport au moment où ils sont venus les gens ont changé, l’attitude a changé.
13 - Moi je vais persister dans la multidéfinition en glosant un peu plus, parce que je le répète la race selon la définition scientifique théologique il y a longtemps que ça ne fait plus rire personne, parce que les Suédois ne sont pas une race supérieure, la race aryenne ne sont pas une race supérieure, les blancs ne sont pas supérieurs, même si les jésuites grecs, non pas grecs pardon espagnols, avaient décrété que les Indiens étaient nuls et idiots donc on devait les flinguer parce qu’ils étaient nuls et idiots donc tout ça c’est du passé. Moi je reste au multiracisme culturel, alors justement s’il y a une recrudescence des racismes en France c’est tout simplement à un racisme protectionniste un racisme économique. Il n’y a pas qu’en France qu’il y a une montée du racisme entre guillemets. Dans les pays nordiques censés être des saints à ce niveau, aujourd’hui comme par hasard ils deviennent xénophobes anti machin anti truc patati patata, donc ce qui montre bien que même nous blancs, caucasiens entre guillemets on s’accepte, mais malheureusement les vrais caucasiens en Russie sont flingués parce que bronzés. Donc déjà là aussi selon qu’on se trouve d’un coté des Pyrénées on est vu ou pas bien vu. Petite anecdote au niveau du racisme linguistique qui me fait rire, si par exemple mon voisin qui est en face, blanc caucasien, je le traite de sale blanc bec, il va éventuellement s’exciter, il va porter plainte pour insulte. Mais si mon voisin en face de moi, je lui dis sale négro, il va protester en me traitant de raciste, or je suis le même homme face à lui, je ne suis pas raciste mais pour lui je suis raciste. Donc ça montre bien qu’il y a des racismes culturels linguistiques et aujourd’hui les noirs qui nous dérangent, c’est parce que certains deviennent des êtres supérieurs. Par exemple Zidane toute l’équipe de foot les blacks blancs beurs, champion du monde sont des dieux, mais si d’aventure ils s’étaient fait flinguer dès le premier tour et bien cela aurait été des pauvres arabes qui ne savent même pas taper dans un ballon qui n’ont qu’à retourner chez eux taper dans un chiffon. Donc tout est toujours très relatif, mais tout ça je le répète part des peurs que chacun a pour x raisons. Tout à l’heure je prenais l’exemple de David DOUILLET était en face de moi il pourrait facilement me traiter de petit blanc bec parce qu’il sait qu’il peut me m’écrabouiller, sous-entendu s’il pense qu’on est sur un territoire pour organiser un truc il sait qu’il est plus fort que moi dans un domaine et moi je vais me barrer et ainsi de suite, comme on voit dans le racisme des mafias à Marseille où chacun élimine l’autre pour avoir le territoire et bien là c’est pareil compte tenu que c’est la crise et là on voit bien en Russie avec le pétrole, il y en a qui sont moins blancs d’autres ceci. Et aussi au niveau du racisme ethnique qui n’en est pas un parce qu’un être humain pour moi qu’il soit blanc vert ou rouge j’en est rien à cirer, mais pour certains le nouveau groupe de l’ANC en France qui veulent mener un combat contre l’esclavagisme du moyen age, comment se fait qu’ils ne s’excitent pas contre l’esclavagisme des noirs entre eux dans les pays d’Afrique c’est bizarre, parce que peut-être ils veulent exister et prendre le pouvoir, ils sont devenus cultivés donc ils disent puisque je suis là puisque je suis intégré et bien moi aussi je pourrais prendre une partie de pouvoir. Tout comme ceux qui ont créé SOS RACISME sont tous devenus députés, demain ils seront ministres et ainsi de suite parce qu’ils ont compris qu’il y a un filon pour prendre le pouvoir et chacun prend le pouvoir où il peut comme il peut. Quant à l’antiracisme ou pseudo racisme de LE PEN ça me fait rire, L E PEN il va à la pèche aux voix comme tout le monde, il sait qu’en face il y a des dépositaires de voix, il dit je vais bombarder des conneries parce que je sais que certaines oreilles sont sensibles à ces conneries et notamment peuple affamé n’a pas d’oreille. Donc j’en reviens à me répéter à partir du moment où on a peur de ne pas trouver du boulot, qu’on est jeune qu’on a peur de ceci qu’on a peur de cela et bien on répond à tous ceux qui vous vantent toute sorte de bêtises qu’ils soient de droite de gauche ou du milieu parce que pour moi il n’y a pas de différence, parce que je rappelle je suis du parti du bon sens
14 - Moi je pense que la France n’est pas un pays raciste mais il y a des racistes en France. Quand je prends un domaine tel que le sport on a vu le traitement qu’a subi notre champion du monde Euris BARBER à Paris, je ne sais pas exactement ce qui s’est passé mais la façon dont elle a été traitée n’est pas digne quoi, j’ai lu également un camerounais à Toulouse, un footballeur qui a subi des injures racistes des supporters Toulousains parce que probablement il n’était plus celui qu’ils attendaient, il était partant de son groupe, sollicité par Lyon donc un supporter lui a dit sale nègre on n’a plus besoin de toi à Toulouse tu n’as qu’à partir espèce de sale nègre. ça l’a beaucoup choqué. On a des insultes aussi du côté de Bastia d’Ajaccio tout ça bon. Mais je dis une fois de plus ce n’est qu’une petite minorité qui essaie de faire avancer ces injures là. Quant je vois au niveau politique, des propos comme ceux de Jean Marie LE PEN, ce n’est même la peine d’écouter un monsieur comme celui-là, s’il n’y avait que des gens comme celui là on dirait que la France est un Pays raciste. Mais je trouve qu’il n’y a que deux ou trois personnes qui tiennent des propos aussi consternants comme celui là je dis bon on n’a qu’à se passer d’eux. Donc je pense et je dis que la France n’est pas un pays raciste mais qu’il y a des racistes en France finalement comme dans tous les pays et comme dans tous les pays quand tout va mal on s’adresse aux étrangers quand tout va quand ça ne tourne pas rond la première victime c’est l’étranger.
15 - La France n’est pas raciste, bon c’est pas tout à fait cela quand même, il y a aussi les médias qui ont le chic et la manière de montrer toujours le problème des banlieues avec les blacks, les beurs ou je ne sais pas quoi et depuis le problème des banlieues tout le monde le sait on n’a rien fait, rien fait, rien fait, on a simplement enlevé les carcasses de voiture qui ont été brûlées. Voilà je reviens à mon idée, si le Français est raciste, je reviens à mon sujet sur la précarité, les gens quand ils sont touchés essentiellement par le chômage, ce sont les femmes et les étrangers, pour un même poste on ne le donnera pas ni à une femme ni à un étranger, ni à un jeune.
16 - Pour compléter un petit peu la liste, vous parlez des femmes et des étrangers, mais il y aussi les malades, les handicapés, ceux qui n’ont pas Bac plus trois, plus quatre, il y a aussi le racisme dans le domaine universitaire certains scientifiques se croient supérieurs aux littéraires, comme disait le monsieur tout à l’heure qui a parlé juste avant la dame, dès que les gens ont des problèmes ils vont rejeter la faute sur les personnes qui sont en minorité, les personnes vulnérables. Ca peut être les étrangers qui sont quand même moins nombreux que les Français. Je dirais que le racisme, c’est on se défoule sur la personne vulnérable, c’est plus un problème peut -être moral, on dévie tous les problèmes sur les personnes isolées, faibles, qui ne peuvent pas se défendre.
17 - Moi aussi je suis vraiment très inquiète devant la montée du racisme et de la xénophobie en France, les gens hésitent de moins en moins de dire qu’ils vont voter pour LE PEN, y compris dans des campagnes où il y a des populations où depuis des générations sil n’y a même pas quelqu’un qui a un visage étranger. Il y a une peur, alors pourquoi danse une société qui est en crise, on revient toujours au même sujet, qui tente de se refermer sur elle-même, qui tente de se refermer sur quoi ? Il n’y a pas de race française enfin. Alors on dit c’est de la faute à l’étranger mais c’est quoi d’abord. On dit étranger mais ce n’est pas vrai la plupart sont française, l’Algérie était quand même un département français on l’oublie souvent. Beaucoup de personnes d’origine algérienne sont françaises. Alors on dit la crise des banlieues c’est la crise des étrangers il n’y a qu'à tous les renvoyer chez eux. Mais ce sont des français, il faut qu’on soit responsable de notre pays, ce sont des gens comme nous. Donc on en revient à la xénophobie, c’est plus le délit de quoi, je ne sais même pas quoi. C’est quoi un français c’est un blond c’est un brun c’est un roux, il n’y a pas de race française. Les gens ont peur, peur, de je ne sais pas quoi non plus. Je n’arrive pas à être raciste, je ne sais pas je ne comprends pas les gens qui sont racistes.
18 - J’aimerais d’abord répondre au monsieur qui nous a , qui a comparé une insulte du style sale blanc bec vis à vis d’un blanc et sale négro vis à vis d’un noir. Je pense qu’il y a un fait qu’on ne peut pas passer sous silence et qu’on ne peut pas effacer d’un trait de plume, c’est le contexte historique. Quand vous me dîtes sale nègre, il y a une histoire qui fait que je vais réagir différemment que le blanc. Le blanc n’a pas d’image de colonisé collée à ça. Si vous vous insultez entre blancs, il n’y a pas l’idée dans laquelle le blanc que vous insultez soit inférieur, c’est une insulte. Ca c’est la première chose. La deuxième chose c’est que le concept de racisme est souvent lié à la couleur. C’est absolument faux. Mon grand-père était breton, je suis très français, mon grand-père était breton ,blanc. Je viens d’acquérir la nationalité française après quinze ans en France, je ne me suis pas marié pour. Ma légitimité à être en France est beaucoup plus forte qu’un blanc qui arrive de l’Europe de l’Est. Ce que je veux dire par-là c’est que le contexte historique est la base de tout. C’est vrai on peut le prendre simplement comme une insulte et puis ça peut s’arrêter là, mais nous, moi j’ai vécu plus en Afrique, il y a quinze ans que je suis en France, on a peut-être pas dans nos sujets de conversation en tête sans arrêt la colonisation, l’esclavage, je ne suis pas petit-fils d’esclave, par contre j’ai été colonisé. Ces sujets là on les méconnaissait chez nous, mais par contre mes parents souvent je les ai entendu dire en parlant d’un noir qu’on voyait à la télé, qui faisait des choses pas bien : oh ! le négro. Mais on ne le ressent pas pareil, ma mère est métisse, on ne le ressent pas pareil. Je ne pense pas, on ne peut pas dire que la France soit raciste, mais je pense que la France est très conservatrice et que le conservatisme est un terrain favorable au racisme à la xénophobie. Et puis le concept de racisme en France parce que j’y vis, peut-être que c’est pareil ailleurs est mis à toutes les sauces le mot racisme, alors que je suppose il se définit de manière claire par rapport à une histoire. Voilà ce que je voulais dire.
Animateur - Je suis très content de cette dernière intervention qui a le mérite de bine préciser de fort belle manière d’ailleurs, qu’en effet entre deux expressions entre deux qualifications ordurières dans le cadre d’une insulte, il est bien évident que derrière chaque expression, chaque insulte n’ouvre pas la même représentation d’une réalité. Blanc bec n’est pas ressenti comme l’autre expression.
19 - Il se fait que personnellement je suis fils d’immigré flamand et que j’ai subi aussi bien que j’ai adhéré intégralement à l’identité française, j’expliquerai après ce qu’est pour moi l’identité française, quand j’étudiais l’histoire, nos ancêtres les Gaulois, pas de problème, j’enregistrai, bien que mes ancêtres n’étaient pas du tout les Gaulois, quand j’étudiais l’histoire de Napoléon, j’étais très fier j’étais content ou peiné devant une défaite, un peu comme quand on adhère à une équipe on est complètement démoralisé si l’équipe qu’on a choisi perd ? Cette expérience aurait pu aussi susciter une haine parce qu’après tout, la Flandre a été conquise sans demander son avis par Louis XIV et maintenant il y a des mouvements qui revendiquent l’identité flamande même dans le Nord de la France dans des zones comme Dunkerque par exemple dans les bistrots les gens parlent flamand, en France. Alors aussi par rapport à la question des races j’étais pantois en retrouvant mes manuels de géographie de l’école primaire, la façon dont on décrivait la mentalité des pays d’Afrique, j’étais absolument ahuri. Quand on décrivait des nègres, moi je n’ai jamais été en Afrique, je ne connaissais absolument rien, j’avalais tout cru ce qu’on apprenait dans les manuels de géographie, ils étiraient absolument naïfs on pouvait les acheter avec des verroteries, je ne sais pas si vous avez vu cela. Tout au long de l’expérience que l’on a des rencontres réelles avec des gens de provenance différente on peur de former un jugement et intégrer une vision humaine beaucoup plus nuancée. Moi j’en ai tiré comme conclusion que n’importer quoi est prétexte quand on se sent mal à l’aise vis à d’un autre, alors on cherche des raisons raciales, des raisons nationales, des raisons de religion, des raisons de milieu social pour l’insulter. Je ne vois pas d’autre chose et tout ça bien que j’ai été éduqué dans une religion, je pense à une citation d’un apôtre sur le christianisme, pour un chrétien il n’y a plus ni juif ni grec ni homme ni femme, que tous sont égaux au regard de Dieu, tous sont susceptibles d’être aimés sans à priori, sans rejet. Voilà une réflexion d’ensemble à la fois sur le racisme la xénophobie l’identité nationale.
20 - Moi je voudrais dire par rapport au commentaire que vous avez fait suite à l’intervention de monsieur selon l’individu que l’on est vous avez dit on ne perçoit pas la même chose par rapport à une insulte, blanc -bec ou négro, sale blanc bec ou négro. Par rapport à cela j’ai une fille qui vit dans un département français d’outre mer, où la population est à 95% noire, il y a des camarades d’école qui l’insulte, qui l’appelle la blanchette en faisant des commentaires des insultes racistes. Elle perçoit cela complètement comme des termes racistes. Pour moi le racisme n’est pas propre à une race, les blancs ne sont pas plus racistes que les noirs. Des racistes il y en a partout. Je dirai pas que la France, je ne pense pas qu’on puisse dire que la France est un pays raciste ou pas il y a effectivement des racistes. , il y en a partout et donc pour compléter dans le même esprit que ce que je vous ai donné comme exemple, j’ai un ami qui est français qui revient de la côte d’ivoire suite aux événements, il vivait vraiment un rejet très très fort de la part de la population de la côte d’ivoire, alors que lui y a vécu pendant quinze ans dans ce pays là il adorait la population, mais il y a eu un rejet à un moment donné parce que c’est un pays en crise et donc c’était forcément les blancs qui étaient coupable de leur problème
Animateur - Je ne crois pas que c’est ce qui a été dit ni par moi ni par d’autre. Ce qu’on a voulu dire c’est qu’évidemment le racisme n’est pas l’apanage d’une couleur. Ce qu’on voulait dire est que derrière une insulte de cet ordre là il y a évidemment des réalités qui sont bien différentes, et qu’une des réalités différentes c’est qu’en effet jusqu’à preuve du contraire ce sont bien les populations africaines qui ont été colonisées et pas l’inverse. Dans cette optique là certaines insultes renvoient quoiqu’on en dise à ces réalités en plus du reste en plus du caractère très désagréable et très blessant de l’insulte qui peut être ressentie indistinctement par la personne de couleur blanche insultée par une personne de couloir noire et vice versa. Il y a une représentation de la réalité qui est bien différente entre ces deux formes là, d’ailleurs elles sont ressenties comme telles puisque la preuve en est, il me semble qu’on hésite moins à traiter quelqu’un de blanc bec que de sale négro.
21 - Je crois que le combat qu’on mène actuellement contre le racisme a une part, je pense une part d’erreur, c’est en tous les cas comme cela que je le ressens. Lorsque madame disait tout à l’heure, ce sont des gens comme nous , elle répond, elle donne la légitimité à la question, ce sont des gens comme nous. Or, pour moi on combattra le racisme lorsqu’on arrivera consciemment ou non à carrément éliminer la question du prescrit et je pense que le combat que d’aucuns mènent contre le racisme, est un combat qui à mon sens est truffé d’erreurs dans la façon qu’on a de justement tout autant que le racisme, marquer la différence de la personne, parce qu’elle a une couleur de peau différente. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est face à une personne handicapée, encore une fois on peut étendre, face à une personne de couleur, je suis fier de pouvoir lui dire qu’il est con, s’il est con et pas s’il est noir ou handicapé. Donc c’est ça le problème, c’est qu’à force de mettre en exergue les différences pour les éliminer, encore une fois, cette personne est noire mais elle est comme nous. Alors pourquoi on dit qu’elle est noire si elle est comme nous. Donc encore une fois je pense qu’on se trompe de méthode, je pense qu’il faut et d’abord on le voit bien par rapport aux gens qui sont racistes, mais attend ton épicier là quand même Mohamed il est, mais c’est Mohamed c’est pas pareil, preuve que quoi, preuve que cette personne là elle connaît, elle a complètement éliminé dans son esprit le fait que Mohamed pouvait être de religion même différente ou issu d’immigration. Donc éliminons tout ça, je pense qu’en disant haut et fort que les gens sont comme nous, on fait le lit de ceux qui se posent la question de savoir s’ils sont comme nous. Et j’essaie de combattre ça parce qu’encore une fois on se verra comme tel, comme personne et uniquement comme personne quelle que soit la couleur, quelle que soit la religion etc, une fois qu’on aura éliminé ces foutues questions, ne nous posons pas la question de savoir s’ils sont comme nous, on le sait, point.
22 - Je pense qu’il y a deux niveaux, il ne faut pas dire ils ne sont pas comme nous, il y a des différences physiques sociales etc mais il y a l’identité de l’être humain et c’est là il faut quand même dire, c’est la déclaration des droits de l’homme, tous les hommes sont égaux quelle que soit leur race, on est tous égaux, ce qui n’empêche pas les différences, même dans les religions, tu aimeras ton prochain comme toi-même et là il n’y a pas de différence ( interruption venant de la salle peu audible mais qui en substance conteste le mot de race dans la déclaration des droits de l’homme)effectivement entre les races et entre les personnes. Donc il faut accepter la différence tout en reconnaissant qu’il y a un niveau supérieur qui est l’être humain, et au niveau humain on est tous identique on a les mêmes aspirations, le même respect on a droit à la même reconnaissance. Donc il faut faire attention il y a un principe d’égalité tout en reconnaissant les différences. , Il faut que les deux existent, sinon si on dit : il n’y a que les différences, on ne sait pas à quel moment on dépasse les différences et pourquoi on dépasse les différences.
23 - Je ne voudrais pas être traitée de raciste parce que je dis que des personnes sont comme moi ou que moi je suis comme des personnes. Il y a des différences entre nous tous, il y a des personnes noires des personnes blanches des personnes asiatiques, il y a des personnes handicapées, il y a des différences, on ne pourra jamais les gommer, elles existent. On a le droit de dire, oui on est tous égaux et il faut respecter les différences de chacun, mais on ne peut pas les gommer, il faut les respecter, je pense que c’est l’essentiel.
24 - J’écoute, je le reconnais avec une idée préconçue puisque j’ai dit tout à l’heure que faire l’amalgame entre le racisme et les autres ostracismes me paraissait à la fois dangereux et en tout cas au minimum empêche d’aborder sereinement les problèmes. Je vais reprendre comme exemple pour commencer l’échange de tout à l’heure. Lorsque l’on traite quelqu’un de blanc bec on lui reproche l’attitude qu’il a eue. Lorsque l’on traite quelqu’un de couleur par l’épithète de sa couleur on s’en prend à sa race. Alors que si on dit à un africain, vous être un » blanc bec » cela s’assimile à ce qu’on pourrait me dire, on lui reproche une attitude. Cet exemple pour montrer que la confusion paraît dangereuse. Avec Damien on pourrait former ici une enclave flamande puisque nous sommes tous les deux d’origine flamande, mes ancêtres sont nés à Gand comme Charles Quint, je suis peut-être un bâtard de Charles Quint, sait-on jamais, mais en plus j’ai l’inconvénient de porter un nom qui s’écrit de manière telle qu’en français il ne se prononce pas. J’ai eu quelquefois des problèmes de contact, pour autant ça n’était pas du racisme. Quelqu’un a cité tout à l’heure les injures sur un stade de foot. Je ne suis pas un spécialiste, dans mon existence j’ai du mettre trois fois les pieds dans un stade de foot, mais je n’y ai pas rencontré des gens qui pendant qu’ils regardent le match sont très sereins. Ce sont plutôt des gens un peu excités. Est-ce que dans ces cas là les propos sont assimilés au racisme ? Peut-être que probablement il faut faire la part des choses, je sais qu’on dit qu’à Saint-Germain il y en a qui en font leur vocation. Mais encore une fois ce mélange empêche de faire la part des choses. Il est exact que le Français comme dans d’autres pays a une crainte de tout ce qui est étranger. Je suis arrivé du Nord dans un village normand, le comportement des villageois m’a donné le sentiment d’être étranger, mais pour autant je ne crois pas que ces villageois agissaient par racisme. Pour apprécier si un pays est raciste il faut regarder ses lois, En France il n’y a aucune loi qui fait la différence pour des droits entre les gens selon leur couleur, il y a eu des pays il y en a peut-être encore où les droits sont différents selon votre couleur si elle est différente de celle des habitants du pays, en France cela n’existe pas. Aussi quand je dis que faire le mélange, l’assimilation entre racisme et autres problèmes c’est empêcher de trouver la solution.. Par exemple il ne devrait pas être interdit d’examiner le problème de l’immigration de façon sereine sans le mélanger avec le racisme. Or actuellement dès que vous abordez ce problème on vous accuse de racisme et on ferme la discussion. A l’inverse parler des banlieues en ne parlant que des noirs ou des arabes c’est accuser toutes ces races des exactions commises.
25 - Je voudrais d’abord, l’exemple des deux messieurs me fait penser aux Italiens qui à une certaine époque se faisaient traiter de Rital ce qui correspond aussi un peu aux insultes. On voit bien qu’il y a des populations qui ont été complètement assimilées, il ne reste plus en survivance que leur nom, pour le reste ils sont français à part entière. Ce n’est pas la même chose, je pense notamment aux jeunes qui sont d’origine, mais ils sont français, il faut quand même le rappeler, et qui posent problème. On ne se pose pas la question pourtant il y a un passé colonial aussi, pour les Asiatiques. Je me suis demandé pourquoi, peut-être j’ai essayé de trouver une réponse, peut-être parce qu’ils sont moins nombreux d’abord, puis aussi peut-être ils demandent moins, on les entend moins demander une reconnaissance, demander légitimement une place dans notre société ? Une autre chose aussi à laquelle je pense, l’école, elle a le devoir d’intégrer, or on voit qu’elle a créé des ghettos dans certains lieux dans certaines écoles où il y a une population étrangère énorme et il n’y a pas ce brassage qui est nécessaire et qui existe dans nos écoles à nous en Normandie. Je remarque pur être dans ce milieu là une générosité des jeunes, je pense à des petits, une générosité des lycéens plutôt, ils sont globalement pas racistes du tout. Mais ce que j’ai ou remarquer à leur contact, c’est que les filles avaient beaucoup plus à gagner à l’intégration que les garçons, et ça pose problème.
Animateur - Au risque de sortir un petit peu de mon rôle bien défini d’animateur, je voudrais une nouvelle fois, et cela peut permettre de relancer le débat enfoncer le clou sur cette intervention de tout à l’heure, et sur laquelle je voudrais marquer une différence par rapport à ce que vous venez de dire, madame, différence entre ce que pouvait ressentir un asiatique à une époque, par rapport à la population noire. Certain pourront répondre et donner leur avis. Moi je pense que quand vous avez autour d’un stade de foot, des gens qui miment le cri du singe parce qu’un noir a le ballon, ça rend pour moi une notion ethnologique du racisme, à une époque en tout cas où une population a été classée, on s’est interrogé en tout cas, classé dans la population des singes. Ce n’est pas le cas des asiatiques. J’enfonce le clou et vous pouvez rebondir là-dessus si vous le voulez.
26 - Il faudrait peut-être revenir à la question initiale, est-ce qu’il y a une montée de l’expression du racisme en France ? Oui c’est ce que je dis, on n’y a pas répondu. C’est à dire qu’on a dit sur les stades, sauf que monsieur semble y avoir répondu de façon implicite, il semblerait que d’après vous il y a une expression plus importante du racisme qu’avant, vous avez donné comme exemple ce qui se passait sur les stades. Moi je pense qu’effectivement il y a une montée des expressions du racisme en France et pas seulement en France mais en Europe et que ceci est lié à la peur grandissante devant les événements politiques qui se passent en France, voilà ma position. Je pense que devant la peur des problèmes posés économiques et politiques beaucoup de gens se défoulent en quelque sorte sur les gens en position de faiblesse, en particulier les étrangers
27 - Lorsque j’ai proposé le sujet c’est un petit peu dans ce sens que je voulais aller, on assiste à une expression de plus en plus forte des propos racistes. Je vais donner un exemple, et quand je dis racisme par rapport à ce que dit monsieur , je pense à faire l’amalgame entre racisme xénophobie et antisémitisme, dans mon esprit si je n’ai posé que racisme c’est que je pense qu’on a très vite tendance à glisser de la xénophobie vers le racisme. Lorsqu’on regarde ce qui s’est passé en Allemagne pré-nazie, je dirai, dans les années trente trente-deux, on a d’abord commencé par la peur de l’autre, en se disant il y a des problèmes socio-économiques la faute est à l’étranger on n’a pas cherché à comprendre les contre coups de 1929, qu’est-ce qu’on va faire pour lutter contre les conséquences de 1929, on a cherché à stigmatiser une partie de la population en disant voilà l’ennemi voilà celui qui est à l’origine de tout notre malheur. ? Cela permettait d’économiser toute une réflexion intellectuelle de société pour essayer d’aller vers l’avant qu'est-ce qu’on va essayer de faire. J’ai le sentiment qu’en France aujourd’hui, sans ramener totalement, on glisse à l’identique de ce qu’a fait l’Allemagne en 1930/ 1935, au lieu de vouloir résoudre les vrais problèmes on glisse vers cette idée que c’est l’étranger qui est la faute de tout et on oublie de se poser les vraies questions. Si l’état français comme vous l’avez dit n’est pas raciste, c’est vrai lorsque l’on regarde la loi rien n’indique que l’état français est raciste. Par contre le risque, si la société devient de plus en raciste, est de mettre en place un pouvoir qui lui serait raciste et réformerait le droit. C’est pour cela que je pense qu’il y a nécessité d’avoir un sursaut. Lorsque j’ai en face de moi quelqu’un qui tient des propos racistes je ne peux pas le tolérer, je suis obligé de lui dire stop. La semaine dernière je suis allé rendre visite à ma grand-mère dans une maison de repos, ils sont deux par chambre, il y avait le fils de la personne âgée qui était là, qui ne me connaissant pas me tient des propos racistes, du genre les blancs sont supérieurs il faut mettre la racaille dehors etc. Il ne me connaissait pas il néanmoins il se permet de tenir ce genre de propos, personnellement cela me choque. Dans le temps il n’y a que cinq ou six ans cela ne se faisait pas avec un tel aplomb, c’est ça qui m’alerte.
28 - Donc là je vais rassurer mon ami blanc de couleur foncée comme ça j’aurais au moins appris qu’à l’avenir si je veux insulter un blanc de couleur foncée je le traiterai de sale blanc bec, puisque si je dis sale négro, j’ai pas le droit de la dire, donc je le traiterai de sale blanc bec. Donc pour en revenir à la race, et moi je n’arrête pas de m’énerver, donc la race ça n’existe pas, là on parle des français. D’abord je vais vous dire, je suis français depuis peu, depuis 1860, avant on été savoyard du duché de la Savoie de la Sardaigne du Piémont de je ne sais quoi, enfin bref, on a choisi la France. Mais il y a quelques centaines d’années quelques millénaires quelques encore plus, je crois qu’il n’y avait qu’une étiquette des humains qui se trimballaient pour essayer de trouver de l’eau ou de quoi bouffer tout le tralala, et quand ils trouvaient à manger, ils s’installaient, ils mettaient un drapeau et ils disaient et bien nous maintenant on va s’appeler ceci les Visigoths les machins, les je ne sais quoi, les Arabes les trucs. Donc tout ça c’est hyper comique quoi. Mais j’en reviens à ce que j’appelle le racisme linguistique qui me fait sourire pour éviter de pleurer. Quand un homme politique quel qu’il soit traite une certaine partie infime des jeunes de voyous de racaille, c’est le scandale. Par contre quand cette partie des jeunes, eux, ont le droit en tant que rebelles de traiter le responsable politique de tous les mots que je n’emploierai pas, là tout le monde, enfin pas tout le monde certaines personnes applaudissent trouvent ça normal. Je trouve certains groupes rappeurs dits poètes des temps modernes, notamment le groupe NTM, j’aimerais que ce groupe essaye d’aller s’installer dans certains pays arabes en essayant d’adopter le même sigle, et bien il verrait que dans la demi-heure qui suit ils sont flingués. Parce qu’on on sait que dans ces pays là c’est la pire des insultes, je pense qu’ils n’oseraient pas s’appeler comme ça.. Ici ils devraient déjà remercier de pouvoir tout dire, de traiter le ministre de l’intérieur de sale petit nabot accessoirement blanc mais qui serait accessoirement noir ce serait sale petit nabot. Moi quand je dis par exemple que je n’aime pas PPDA on va dire bon ben oui, demain si je dis que je n’aime pas son remplaçant qui va être de couleur blanc foncé noire on va dire ah ben oui il est raciste, je suis désolé. Alors là pour rassurer encore notre ami je vais dire qu’un niveau des plus belles femmes du monde, si je pouvais, mais je sais qu’elle va me trouver inférieur en tant que fauché donc elle va me montrer du doigt, me trimballer au bras de Naomie CAMPBELL, plutôt que » Claudia Chiffon » voyez là je peux me permettre de dire Claudia chiffon , pratiquer l’humour, mais si elle était blanche foncée si je disais la même chose on me traiterait de raciste. C’est pour ça que ce racisme linguistique qui a lieu en permanence, il y a un truc qui me fait moins sourire en ce moment, parce que là ils ont déjà prévenu, le clan de Fofana qui se trouve être accessoirement blanc foncé n noir, qui se trouve être accessoirement musulman, ils ont déjà annoncé la couleur si j’ose dire, si demain fofana était condamné, sous-entendu un peu trop sévèrement, que la communauté juive aurait intérêt à faire attention à leur petite casquette et compagnie. Donc eux ils ont le droit dans ce pays de proférer ce genre de menace raciste xénophobe antisémite enfin bref mais par contre dans l’autre sens il ne faut rien dire. Et aussi un autre petit truc qui me dérange
Animateur - Rapidement s’il vous plaît.
28suite - Oui je termine, un petit truc qui me dérange souvent et là je suis d’accord les médias sont un peu responsables, si dans mon cimetière il y a trois tombes profanées, mon village s’en occupe et on dit trois tombes profanées. Mais pourquoi on met en avant quand il s’agit de tombes de musulmans ou d’israélites, pourquoi, et après ça donne éventuellement à certains délinquances pour garder un nom soft, tient on va aller voir il paraît qu’il. y a des tombes ceci cela. Donc c’est un peu comique ce racisme linguistique. Ce n’est que mon point de vue bien entendu.
29 - Je pense que mon intervention a été mal comprise. Simplement je pense qu’on n’arrivera plus à être raciste d’avoir des propos tendancieux à partir du moment où les seules différences que l’on fera ne seront pas des différences que l’autre ne maîtrise pas. Quand monsieur dit que les autres sont libres et égaux en droit quel que soit, non pas quel que soit, tous les hommes sont libres et égaux en droit, point. Mettre la différence quelle que soit leur religion quelle que soit leur couleur de peau quel que soit tout ça, c’est déjà encore une fois distinguer des gens là où il n’y a pas de distinction à faire. Quand on regarde ne serait-ce qu’un caucasien, morphologiquement c’est le type où il y a le plus de différence. Donc pourquoi voir des différences entre la peau de monsieur et la mienne, alors que nous tous qui sommes de type caucasien on ne fait pas de différence. Il n’y a pas de différence à faire, il n’y a même pas de question à se poser. Les seules différences que l’on peut admettre, que l’on peut envisager sont des différences de caractère de comportement de culture éventuellement de point de vue mais surtout pas, encore une fois se poser la question des différences de couleur pour moi c’est faire le lit de ces racismes. Je pense qu’on largement gagné à partir du moment où on ne se posera plus la différence de couleur. Et après tout si on se pose la question de la différence de couleur entre monsieur et la mienne, on peut se poser la question de la couleur de cheveux de madame par rapport à celle de mademoiselle, et ça on voit bien que c’est débile. Donc ne nous posons pas la question des différences en ces termes. Il n’y a pas de différence il n’y a pas de question à se poser sur la différence morphologique des gens. Se poser encore une fois la question c’est faire le lit de tous les racismes, ne serait-ce qu’en y répondant d’ailleurs, ne serait-ce qu’en disant il n’y en a pas, c’est déjà faire le lit de tous les racismes. Je pense que le combat anti-raciste aujourd’hui a certainement u côté qui fait aussi le lit des racismes, et ça me gène profondément, parce que j’entends des propos qui sont certainement des propos de gens que clairement on pourrait mettre en cause et pourtant la maladresse des propos fait que forcément en face il va y avoir dans le camp adverse celui qu’on veut combattre, il va y avoir des gens qui vont dire et bien voyez ils répondent à la question comme quoi on a le droit de se la poser.
30 - Je reviens à la question de savoir s’il y a une montée du nazisme en France, moi je, du racisme excusez-moi, ce que je veux dire moi je pense qu’actuellement je ne suis pas, je ne vais pas dire l’optimisme de Boris mais le scepticisme de Boris, je ne suis pas rassurée là-dessus. Je trouve qu’effectivement on rencontre je vois autour de moi des gens qui se permettent ouvertement de dire en parlant d’un arabe oh c’est un bougnoule dans le langage courant, on en voit de plus en plus. Et moi, c’est vrai, dans ces cas là, j’ai un caractère assez explosif, on me regarde toujours en disant elle va exploser, ce qui arrive mais je trouve qu’on en voit de plus en plus. Je trouve également qu’effectivement on voit de plus en plus quand même des croix gammées qui de dessinent à droite à gauche en toute impunité, on en voit de plus en plus et on n’en voit pas qu’à l’extérieur, on en voit aussi dans certains établissements scolaires, c’est arrivé. Donc on ne peut pas non plus éloigner les jeunes totalement de ça. Et puis je voyais aussi une chose dont on peut faire plusieurs analyses, c’est le score de Jean Marie LE PEN, moi je veux bien qu’on dise qu’il y avait beaucoup de déçus de la politique, mais enfin avec toutes les phrases racistes qu’il a dites étant donné toutes les actions tout son parcours on est quand même adultes citoyens, je me dis comment se fait-il qu’il y ait autant de gens qui ont voté pour lui aux dernières élections. Je le dis on ne peut pas ignorer tout son parcours et ce qu’il prône, je me dis, même si c’est pas du racisme à bloc il y a quand même quelques petites choses qui montrent quelque chose de sous-jacent qui grimpe qui grimpe et qu’on voit émerger. C’est ce qui me fait penser qu’il y a quand même une montée du racisme en France. Ou si elle existait parce que le racisme c’est aussi au niveau de la législation la France n’est pas raciste c’est quelque chose d’individuel mais quand l’individuel commence à devenir un peu plus collectif ou à prendre des proportions un peu plus ouvertes ou un peu plus extériorisées c’est que ça devient un peu plus collectif aussi. Et pour en revenir à ce qui n’est rien à voir avec la montée ou la descente du racisme, sur les propos de monsieur, j’ai bien compris ce qu’il a voulu dire, je pense qu’effectivement on est tous des être humains et à ce titre là il n’y a pas de différence mais moi ça ne me gène pas du tout de dire de quelqu’un il est noir et de reconnaître sa race noire à partir du moment que dans mon esprit elle n’est pas inférieure à la mienne. C’est justement ce qui caractérise et qui en fait sa richesse, cette différence mais qui n’est pas ni supérieure ni inférieure, c’est ce qu’a dit ………interruption pour changement de micro……… On est tous différents on a tous nos richesses mais sans connotation de hiérarchisation ni de valeur.
31 - Moi je me pose la question suivante, est-ce qu’il n’y a pas derrière la montée du racisme une trace comment dirai-je une augmentation du totalitarisme, du déclin en fait des idées démocratiques.
32 - A priori il n’y a pas de raciste dans la salle on essaie toujours à priori, enfin ils peuvent se manifester, on essaie à priori tous de trouver ce qui pourrait nous rapprocher. Et moi quand on dit on est tous égaux il n’y a pas de différence, je me dis non, ce n’est pas vraiment la bonne question, c’est pas la bonne réponse finalement. Est-ce que le fait d’être noir apporte une richesse ? Non ! Un tel est noir, il n’y peut rien. Donc cette question, en fait reconnaître ce caractère comme étant, comme faisant partie intégrante de sa richesse individuelle et personnelle induit de ce fait une hiérarchisation, sous-entend une hiérarchisation. Quand je dis que le simple fait de classifier les hommes en race n’a d’autre but finalement, même si on s’arrête là, si on continue quel que soit le sens à se poser la question et d’y répondre, n’a d’autre but que le racisme. Donc même si on s’arrête dire qu’il y a plusieurs types, caucasiens mais qu’on est tous égaux différents, la finalité même de ce genre de question, qu’on soit pour ou contre, qu’on dise qu’on est tous égaux ou différents, ou qu’il y en est qui sont supérieurs à d’autres, la finalité fait le racisme. Donc cette question là, je ne suis pas adepte généralement et je ne crois pas faire de l’obscurantisme, mais cette question là est un piège et révèle bien une mentalité simplement de conduire à la différenciation et ne pas nous considérer tous ensemble égaux en droit, et uniquement en droit.
33 - Monsieur a au moins le mérite de dire ce qu’il pense, mais quand j’écoute monsieur j’ai plutôt l’impression de beaucoup d’ignorance parce que, je vais préciser ce que je veux dire. Les différences morphologiques sont reliées à une adaptation à l’environnement, il n’est pas prouvé que votre cerveau soit différent du mien. Vous parlez de Fofana, quel rapport y a t il entre Fofana ou les jeunes de banlieues et d’ailleurs on résume toujours la France aux banlieues des grandes villes. Moi je suis noir, je vis à Caen, quel rapport y a t il entre ce qui passe dans les banlieues parisiennes et moi. Or le fait qu’on soit raciste, en soi cela ne me dérange pas parce qu’en fait même les noirs sont racistes entre eux tous les noirs. Le racisme pour moi est la chose la plus naturelle qui soit. Le mot est trop fort, en réalité c’est du protectionnisme. On a un territoire, on est riche, ça nous embête quand même de voir des gens débarquer, ça c’est vrai. Alors vous citez un certain nombre d’exemples chez les Arabes en banlieue parisienne fofana la Côte d’Ivoire, il n’y a pas d’unité africaine. Il y a autant de cultures africaines que de pays africains. Moi je suis d’Afrique centrale, je n’ai rien à voir avec la côte ouest, rien à voir. Je vais vous dire quelque chose, dans ma famille on est plutôt embêtés quand une de mes sœurs a un petit ami d’Afrique de l’Ouest. Mais le problème est qu’on n’a pas la conscience du mot racisme, le racisme moi je l’ai appris en France. C’est vrai j’étais dans un lycée mixte, il y avait des blancs et c’est vrai je me rappelle quand on était petit il nous arrivait de dire sale blanc bec, c’est vrai, mais on n’en avait pas conscience. Parce que dans ces pays là dits civilisés vous avez théorisé tout vous avez discuté sur à peu près tout, nous ce n’est pas le cas, nous on n’a pas la conscience de l’impact de ces mots. Or vous vous êtes censés l’avoir, avoir cet impact, vous êtes censés en avoir conscience. Et moi ce qui me choque c’est pas le mot racisme, que monsieur soit raciste avec moi ou il ne discute pas avec moi, ça ne me dérange pas dès lors qu’il ne me touche pas, que son racisme n’a pas d’impact sur ma vie économique, ça ne me dérange pas. Le problème du mot racisme est que si vous êtes raciste vous allez en vouloir à tous les noirs à tous les Arabes, or moi je ne vois ce que j’ai à faire là-dedans, c’est tout.
34 - Je ne répondrais pas à ces débats qui sont hautement philosophiques. Vous avez dit qu’il y a autant de races en Afrique que de pays. Je connais bien Madagascar où j’ai été conçu d’ailleurs de parents normands vivant à Madagascar. Il y a des dizaines de races qui se méprisent et qui sont racistes entre elles. Je reviens à l’idée première, pourquoi on assiste à une montée du racisme en France, je reviens sur ce débat là. Primo il y a une montée du racisme dans beaucoup d'États européens, en Allemagne en Angleterre etc Deuxièmement le racisme c’est d’abord une sorte de propagande. Le racisme ce n’est pas seulement la théorie du racisme dont vous avez parlé, c’est également le nombre de gens racistes, le taux de raciste en France. La question posée est est-ce que le nombre de racistes en France augmente actuellement et son expression. Et bien il augmente, je vais vous dire pourquoi, parce que les médias s'arrangent pour que ce taux augmente. L'Express quand il présente le problème de l'Islam en France dernièrement sur dix pages avec photos, quand vous avez lu ça, vous avez peur que la culture islamique soit imposée par la loi du nombre dans cinquante ans. Tous est exposé dans ce journal pour qu’on ait peur, et par conséquent on dit cela il faut les renvoyer chez eux. Dans une des expressions du racisme c'est de dire et bien les islamiques, les musulmans doivent rentrer chez eux parce qu'ils sont musulmans, et pourquoi on le dit, parce que le journal express nous a démontré par a plus b dernièrement que c’était un véritable danger pour la culture européenne pour sa stabilité future. En particulier le problème turc c’est la même chose, le problème culturel fait peut, on ne veut pas les faire rentrer, certains ne veulent pas les faire rentrer, d’autres veulent renvoyer les Turcs chez eux, veulent renvoyer les Arabes chez eux parce que par le fait du nombre ils vont devenir une force politique extrêmement importante, en tout cas culturelle puisqu’ils ont la prétention d’islamiser l’europium, et ça ça a été exposé dans les journaux. Donc actuellement on revient à cette notion de manipulation par les médias qui est orchestrée politiquement, il y a un certain nombre d’hommes politiques en France qui par l’intermédiaire des médias renforcent la peur des islamistes en France, pas tellement des noirs parce qu’ils ne sont pas encore très nombreux mais surtout des musulmans. Je pense que c’est ça qui fait qu’il y davantage comment dirai-je de racisme parce qu’il y a davantage de manipulation par les médias. Le résultat des courses on le voit sur les stades, on dit sale noir machin etc pourquoi, parce que ces gens ont été manipulés par les médias dans le sens de déjection ………. Quand je vois vos débats sur le principe du racisme la couleur de peau etc moi je dis ce n’est pas le problème, je vais vous dire pourquoi. En Allemagne quand on voit comment le nazisme est monté en Allemagne ou en hollande mais tout spécialement en Allemagne, il faut savoir qu’en Allemagne c’était le pays le plus tolérant vis à vis des juifs, étant entendus que les pays les plus intolérants étaient la France et les pays catholiques en particulier l’Espagne. Comment se fait-il que ce pays allemand après la guerre de 14/18 qui était le plus tolérant vis à vis des juifs est devenu le pays le plus antisémite du monde. C’est tout simplement parce qu’il y a eu la propagande d’Hitler et la manipulation des allemands par les médias. et moi je vous dis qu’en ce moment on est en train de monter des nationalismes en Europe, d’ailleurs je ne suis pas seul à le dire, il y a un grand sociologue qui a été reçu à lé télévision dernièrement dans différentes émissions comme on ne peut pas plaire à tout le monde et celle de la deuxième chaîne dont je ne connais plus le nom, comment voyez-vous l’europium dans quinze ans, la réponse était je vois dans l’europium une montée du nationaliser, certes il a dit nationalisme mais il fallait peut-être ajouter socialiste, c’est à dire nationalisme musclé, c’est à dire nationalisme qui rejette l’étranger parce qu’il devient un danger pour les valeur et la société européenne. Voilà ma position
35 - Pour moi le problème n’est pas un racisme idéologique, c’est une montée de réactions contre le pouvoir économique qui sont en fait, je l’ai déjà entendu ici dans d’autres cafés citoyens, débat pour l’Europe au-delà de l’europium débat pour le monde on est dans une économie mondiale et la peur personnelle des français c’est d’être confronté justement non pas au plan ethnique mais au plan économique, voir son pouvoir diminuer. Combien de fois des gens ont dit ah oui mais la chine, la chine, là-bas ils ont une façon d'utiliser les enfants…………….On vit pour une défense de qualité de vie et pourquoi pas plus pour les Chinois que pour l’Afrique que pour la France. C’est plutôt une peur économique et les médias vont dans ce sans là. [Des bruits de fond ont rendu difficilement audible cette intervention.]
36 - Entre un idéal où on ne devrait même pas se poser la question de la différence de race et la réalité où on se la pose, est-ce qu’on n’a pas intérêt à être plus pragmatique et pourvoir utiliser des types comme discrimination positive ou d’autres qui nous permettent de faire face à des réalités plutôt que rendre utopique. Alors que peut-être des races ont été soumises au départ dans une optique de discrimination de classement pour déterminer des supériorités, mais maintenant si cette réalité existe, je pense qu’il vaut mieux les appréhender telle qu’elles sont que de dire mais non de toutes façons il n’y a aucune discrimination à avoir vis à vis d’un noir d’un arabe tout le monde est identique. C’est pas vrai il y a une différence de perception entre les races en France et je crois qu’il faut les avoir en tête. Alors est-ce que c’est pas la discrimination positive ou par des lois on va résoudre le problème, parce qu’on on prend une mesure elle est toujours incompétente, il vaudrait milieux arriver à la source du problème et la source du problème est de ne pas faire de distinction entre les races, mais comment peut-on y arriver ? On revient à tous ces phénomènes historiques font que l’on peut régir différemment à la même insulte. Si un juif est traité de sale juif il a en tête l’holocauste et quelqu’un qui n’a pas vécu ou ne fait pas partie de cette communauté ne peut pas imaginer ce qu’il ressent. C’est donc compréhensible que chaque communauté ressente différemment et ne puisse pas considérer que l’on traite tout le monde de la même façon. Juste une deuxième remarque, je pense qu’effectivement le problème ru racisme est renforcé par la xénophobie, je crois que c’est deux choses à analyser en commun. Il y a effectivement le problème de l’élection d’avril 2002 et du phénomène LE PEN, mais il y a aussi à mon avis le référendum de mai 2005 avec le rejet de la constitution européenne qui est aussi une forme de rejet et de repli sur soi, on se replie vis à vis de l’extérieur et vis à vis de l’intérieur, il y a une double forme de repli qui à mon avis accentue effectivement le racisme à l’intérieur de la France.
37 - Juste une seconde pour amener une note positive, je crois qu’il y a un domaine où il n’y a pas de racisme, c’est dans l’art. Quand vous voyez des artistes danseurs, musiciens dans le cinéma et bien aucun aucune forme comme disait Boris il n’y a plus de race en fait, on accepte autant un noir qu’un blanc sur sa valeur personnelle.
Animateur - Je prends les deux dernières interventions avant de passer au choix du prochain sujet.
38 - Je reviens sur mon ancien propos à savoir que la France n’est pas raciste mais il y a des racistes en France. D’abord moi je suis black, je suis fier de l’être, je suis fier de ma peau je suis fier de l’être, c’est Dieu qui m’a fait comme cela. Alors quand j’entends monsieur parler des jeunes, ce ne sont pas les jeunes qui ont allumé » le feu. Quand j’entends parler de Fofana, je ne veux pas en parler, parce que Fofana c’est un français qui a commis un meurtre et puis il est jugé selon la loi française, alors nul n’est censé ignorer la loi, on n’avait pas besoin de faire allusion au culte de Fofana. Et puis je voudrais dire également à tous les français , la France est composée d’une population bigarrée qu’on le veuille ou non, black blanc beur comme en 1998 quand on a gagné la coupe du monde c’est ça la France que nous vivons. Et puis autre chose par rapport aux propos de Jean Marie LE PEN ou autre je voudrais revenir sur un petit truc du président Chirac qui demande aux jeunes pourquoi vous avez peur pourquoi on a peur, je fais appel à tous les français et je dis il y a un proverbe qui dit si tu craches en l’air ça va retomber sur ta face. Ne croyez pas que si je craches en l’air ça va retomber sur votre face vous Marc qui êtes assis là-bas, ça va retomber sur ma face. Dans un pays quand ça va mal on dit que c’est l’étranger, alors s’il faut voter LE PEN ou DE VILLERS ou autre comme vous voulez qu’il sache que tout va retomber pas seulement sur les étrangers ça va retomber sur nous tous, ça ne concerne pas que les étrangers ça concerne nous tous.
Animateur - Dernière intervention.
39 - Ma dernière intervention a pu paraître comme philosophique mais j’ai toujours tendance à penser qu’il ne faut pas opposer idéalisme et pragmatisme c’est les deux cotés d’une même pièce et le fait de se refuser une question et d’approfondir ce sujet là nous prive de moyen de penser les moyens pour résoudre le problème. Il faut les deux. Alors moi je ne suis pas forcément contre la discrimination positive, peut-être qu’aujourd’hui on arrive à un stade où l’égalité nécessite une part d’inégalité de traitement, peut-être temporaire il faudrait en discuter, c’est peut-être le sujet d’un autre débat, mais il ne faut pas opposer et c’est ce qu’on tendance à faire ceux qui ne veulent pas que le débat progresse, ceux qui se contentent d’aller dans la rue pour manifester un quelconque mécontentement, il ne faut pas opposer idéaliste et pragmatisme. Débattre comme on fait ici en Arcadie permet de changer de position et de transcender le monde.
Animateur - Rappel des modalités du choix ,présentation des sujets et vote.
1 - Humanisme : réalité d’hier ou utopie de demain ? 8 voix
2 - Face à une société de plus en plus multi-culturelle quelles solutions envisager ? 15voix
3 - Pourquoi ne pas instaurer le référendum d’initiative populaire ? 4 voix
4 - Pourquoi ne pas refondre le système électoral ? 3 voix
5 - Le système électoral actuel peut-il favoriser l’élection des extrêmes ? 5 voix
6 - S’oriente-t-on plutôt vers un universalisme ou un choc des civilisations ? 15 voix
7 - Les français ont-ils peur ? 12 voix
8 - L’euthanasie devoir d’humanisme ou pratique inhumaine ? 16 voix
PROCHAIN DÉBAT LE SAMEDI 22 AVRIL 2006 : EUTHANASIE : DEVOIR D’HUMANISME OU PRATIQUE INHUMAINE ?
Interventions
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