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Compte-rendu synthétique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (22/09/2001)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Politique et Société

Le sexe dans notre société

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Le débat débuta timidement autour des relations hommes/femmes dans notre société. On parla d’abord de la parité. Pour ensuite rapporter le problème des inégalités. Les droits sont les mêmes pour tous. Mais Il subsiste des inégalités à abolir, notamment dans le domaine professionnel où, à compétences égales, le salaire d’une femme, pour le même poste, est très inférieur à celui d’un homme.

Parallèlement, d’un point de vue philosophique, certains participants ont remis en cause le dogme de l’équivalence entre les hommes et les femmes. Il y a, dit-on dans la salle, des caractères plus féminins, d’autres plus masculins. Par exemple, « L’esprit combattant, agressif, de l’homme contraste avec la nature douce et sensible d’une femme ». Substituer la notion d’équivalence à la notion d’égalité revient à « oublier la nature de chacun d’entre-nous ». Certains condamnèrent le féminisme exacerbé et le comparèrent au machisme. D’autres nuancèrent leur propos et avancèrent que ces prises de position, certes radicales, contribuent à dénoncer les inégalités qui persistent. Mais, s’interroge quelqu’un, « ne dérivons-nous pas vers une société asexuée, dans laquelle tout le monde est identique à tout le monde ? » Gardons-nous en effet de ne pas confondre égalité et équivalence.

« En trois à quatre générations, notre société a considérablement changé ». Particulièrement concernant le regard que l’on porte au sexe. « Nous sommes passés d’une époque où l’on cachait tout, à une époque où l’on montre tout ». On note au passage l’utilisation abusive du sexe dans la publicité. Les références sexuelles agiraient comme « des ficelles inconscientes poussant à la consommation ». Toujours est-il qu’au delà de l’application commerciale de ces changements de mœurs, nous devons nous pencher sur les conséquences de cette profusion de sexe.

Beaucoup d’interventions insistent sur les programmes télévisés de plus en plus osés. « L’érotisme est très présent dans nos écrans. » On parle de « banalisation », de « subversion », « d’impudeur ». Quelques personnes défendent cependant la pornographie, en ce sens qu’elle apporte une satisfaction libidinale. Tout individu a en effet besoin de satisfaire ses besoins sexuels. La pornographie reste d’ailleurs pour quelques-uns le seul moyen d’assouvir sa sexualité.

Pour certains, il faudrait mettre en place une « véritable éducation sexuelle, théorique et pratique ». Par ailleurs, on se demande pourquoi le sexe serait la seule chose que l’on ne pourrait pas apprendre sur Terre. Des peuples, notamment orientaux, en ont bien fait un art.

Pour d’autres, au contraire, enseigner le sexe n’est pas envisageable. « Cela supprimerait une certaine magie. » On ajoute que le sexe serait une affaire « innée ». On voit mal pourtant comment la découverte des plaisirs charnels pourrait s’effectuer sans l’échange, la transmission de savoir, la pratique. Et le risque, sous couvert de cette axiome, de laisser à leur propre sort des individus qui découvrent leur sexualité.

Il est vrai qu’associer les concepts d’éducation et d’intimité déstabilise. Mais ce n’est peut-être qu’un leurre. On rappela pendant le débat que les combats d’envergures gouvernementales contre les maladies sexuellement transmissibles, et notamment le S.I.D.A. lancèrent de vastes campagnes de sensibilisation. Une « désacralisation » du sexe s’est imposée. Il fallait faire prendre conscience de l’importance du préservatif. Pour autant, beaucoup de jeunes restent ignorants quant à la sexualité elle-même. Quelqu’un rapporte que « les connaissances sexuelles des jeunes sont d’une pauvreté affligeante ».

Mais ne faut-il pas convenir que la sexualité est aussi quelque chose qui s’apprend, qui s’expérimente ? « C’est somme toute », lance-t-on dans la salle, « apprendre à ressentir de plus en plus finement des sensations . C’est connaître son propre corps, celui de l’autre aussi ». « Certes, cette apprentissage des corps peut paraître désuète dans notre société matérialiste mais cela contribue à la découverte et à l’épanouissement de soi-même » insiste un citoyen.

Interventions

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Jean GABARD

lundi 30 avril 2012 20:19:58 +00:00

La Théorie du Genre en question ?
La théorie du genre semble aujourd’hui s’imposer dans la société moderne. L’introduction de celle-ci dans les manuels scolaires de SVT de classe de première ES et L des lycées a cependant entraîné une vague de contestation. Qu’en est-il alors de cette théorie ? Et quelles en sont les répercussions dans les relations hommes/femmes et l’éducation des enfants ?
La « théorie du genre » affirme que la différence de comportement et de résultat entre les hommes et les femmes est surtout la conséquence de la construction sociale. Cette idéologie s’est développée dans les années 1970, surtout aux Etats-Unis, et se retrouve aujourd’hui dans l’actualité.
Les études sociologiques faites par les féministes du « genre » permettent de constater des conséquences de l’éducation mais ne peuvent cependant absolument pas démontrer que les inégalités de comportement et de résultats entre les hommes et les femmes ne s’expliquent que par la culture.
Celles-ci résultent déjà de différences biologiques et notamment hormonales, parfaitement vérifiables aujourd’hui. On sait qu’à la naissance le petit garçon est littéralement « bombardé » de testostérone pour se construire physiquement homme et que cette hormone est aussi celle de la hardiesse et du mouvement. De même, au moment de l’accouchement, la femme voit son taux d’ocytocine augmenter considérablement afin de faciliter « l’accordage » avec le petit enfant…
La théorie du genre n’accorde que peu d’importance à ces différences biologiques et elle oublie totalement la différence de structuration du psychisme. Et pourtant il y a bien une énorme différence au départ entre la petite fille qui naît d’une personne du même sexe et le petit garçon qui naît d’une personne de sexe différent.
Chaque petit enfant perçoit celle qui l’a mis au monde comme une divinité toute-puissante. Cela s’imprègne dans notre inconscient et fait que chaque humain homme ou femme continue de fantasmer sur la femme même si cette Femme, comme le dit Lacan, n’existe pas dans la réalité. En se rendant compte de la différence des sexes, le petit garçon apprend qu’il ne pourra jamais devenir comme sa maman et qu’il doit renoncer à jamais à son premier modèle et à la toute-puissance. Il subit alors une castration psychique terrible qu’il ne peut supporter qu’en la refoulant. Le refoulement, pour lui, consiste à se persuader qu’il n’a jamais voulu être comme sa maman et ainsi qu’il n’a pas de raison de souffrir. Pour cela, il lui faut démontrer qu’il est préférable d’être un garçon qu’une fille. Qui n’a pas vu des petits garçons exhiber avec fierté leur « zizi » et affirmer que « les filles sont nulles » ?
A la différence du petit garçon, la petite fille n’a pas à changer d’identification. Elle peut se dire qu’elle deviendra toute-puissante comme sa maman et qu’il lui suffit de grandir.
Les sociétés patriarcales ont presque toujours cherché à accentuer ces bases inconscientes pour marquer la séparation entre les sexes, inférioriser le sexe féminin et empêcher le retour à la mère. Il fallait donc (et il le faut encore) mettre fin à tout ce qui peut être construction sociale sexiste. La théorie du genre y a largement contribué et a servi la démocratie en contrant les arguments naturalistes des sociétés traditionnelles. Mais, aujourd’hui, elle fait de toute différence une injustice comme si l’asymétrie était toujours associée à une forme de domination. Certes, elle maintient la mobilisation contre des discriminations sexistes encore trop nombreuses mais exacerbe la guerre des sexes au lieu d’essayer de la dépasser.
Dénier la différence des sexes fait en effet de l’homme le coupable idéal de toute inégalité de résultat et de la femme une éternelle victime : si la femme se trouve moins performante, l’homme est accusé de l’avoir discriminée ; si elle pense avoir des aptitudes supérieures, l’homme est rendue responsable de sa mauvaise éducation et enjoint de faire un travail sur lui pour se bonifier.
En déniant la différence des sexes et donc en s’évitant ainsi de la gérer, cette idéologie accentue les problèmes inévitables liés à l’altérité.
Plus dramatique encore, cette idéologie ne donne pas aux fonctions symboliques non interchangeables de père et de mère la possibilité de s’exercer. La mère sur le même plan que le père ne voit plus la nécessité de nommer un homme dans la fonction d’autorité pour faire intégrer les limites au petit enfant. Cette maman dont les capacités ne sont pas en cause, peut vouloir limiter l’enfant mais celui-ci, la percevant toute-puissante et donc sans limite, ne cherche qu’à l’imiter. Il n’a qu’un seul but : faire plaisir à sa maman pour rester dans la fusion et la toute-puissance avec elle, c’est à dire hors la loi.
En voulant éviter les névroses qu’a pu engendrer l’autoritarisme sexiste, l’idéologie du genre fait de « l’autorité parentale » « une autorité pas rentable » qui ne permet pas aux enfants d’intégrer les limites. Elle les laisse dans l’angoisse de l’unité, sans père et sans repère.

En recherchant l’unité de sexe comme d’autres ont recherché l’unité de race ou de classe, cette idéologie dérive. Elle a des conséquences graves sur les relations hommes/femmes et l’éducation des enfants et risque de nous entraîner vers l’utopie et la confusion ! … Ne sommes-nous pas déjà un peu dans l’indifférence ?

Jean GABARD


Jean GABARD
Auteur de « Le féminisme et ses dérives – Rendre un père à l’enfant-roi »,
Les Editions de Paris, réédition novembre 2011.

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