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Compte-rendu synthétique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (23/12/2000)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Monde

Les Etats-Unis : un modèle de liberté ?

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Les États-Unis ne laissent pas indifférent. Idolâtrés un certain temps, ils sont aujourd'hui plutôt méprisés voire diabolisés. Quoi qu'il en soit, au delà de toute controverse, cet État fédéral, de par son histoire et l'organisation sociale à laquelle il a abouti, mérite toute notre attention; Car le modèle de société américaine possède ses spécificités. Au cœur de ce système, une conception remarquable de la liberté.

Une grande impression de liberté semble émaner des États-Unis, « une liberté d'entreprendre, celle de réussir ». « Aux États-Unis, il nous est donné à tous la possibilité de triompher socialement ». On y fait l'apologie de la « libre entreprise ». L'Amérique, c'est d'abord, à ses débuts, le Nouveau Monde. « C'est la découverte d'un nouvel espace ». Et les vastes étendues animèrent certainement de grands mouvements libertaires. « L'architecture démesurée des mégalopoles reflète une liberté de mouvements ».

De plus, « les États-Unis possèdent encore la fougue, la vivacité de l'adolescence ». « Aux États-Unis, on se réfère beaucoup plus à la Constitution, aux textes fondateurs, qu'en France où codes, décrets et arrêtés ont pris plus de poids au fil du temps ». Certes son Histoire est récente comparée à celle du Vieux Continent, mais elle possède l'exaltation d'un nouveau-né. Et c'est incontestablement cette évasion qui permit aux bâtisseurs de ce nouveau monde d'élaborer un système social inédit.

N'oublions pas « qu'il y a deux cent cinquante ans, les Américains étaient des Européens », souligne un intervenant. Et qu'à partir de cette charnière historique, « l'Europe et les États-Unis ont suivi une évolution propre ». Comme nous l'avons dit pendant le débat, il ne s'agit pas de confronter deux modèles ni d'annoncer quel est le meilleur, quand bien même nous serions capable de le savoir; mais bien de mettre en exergue leurs particularités notamment concernant la liberté.

En France, le triptyque républicain soude liberté, égalité et fraternité. Ces trois valeurs sont indivisibles car aucune d'entre-elles ne peut être pensée isolément. La liberté n'a pas de limite en soi. Aussi doit-elle être, selon la tradition française, contrebalancée par l'égalité et la fraternité. Le modèle américain, quant à lui, privilégie la liberté.

En France, « nous faisons la distinction entre la sphère publique - issue d'une loi normalisée, entendue et voulue par tous les citoyens - et l'espace individuel dans lequel chaque citoyen est libre de faire ce qu'il veut ». Aux États-Unis, il y a confusion entre ces deux espaces. L'individu est la référence sociale. La société américaine est individualiste.

Le rapport à l'entité "groupe" aux États-Unis diffère de celui de la France. « Pour la pensée américaine, le groupe est globalement porteur de contraintes ». Alexis de Tocqueville le nomme dictat de la majorité. Aussi l'individualisme prédomine-t-il aux États-Unis. Il s'oppose à l'universalisme, cher à l'esprit des Lumières, qui conçoit l'autorité dans le consentement mutuel. « Tentez de sauver quelqu'un qui veut se suicider aux États-Unis, et l'on considérera que vous portez atteinte à sa liberté. En France, c'est votre devoir de porter secours, faute de quoi vous êtes passible de non assistance à personne en danger. C'est qu'en France, nous possédons une longue tradition philosophique qui estime que tout individu appartient au corps social ».

Le point central du débat se situe dans cette tourmente : « nous sommes attirés par le libéralisme mais nous en voyons les méfaits; cependant que nous sommes enfermés dans un égalitarisme qui entrave, freine les ambitions personnelles de chacun ». Le libéralisme qui déploie les libertés individuelles reste pour beaucoup d'entre-nous une sorte d'idéal. Et cette aspiration est renforcée par l'impression que « l'égalitarisme, dominant dans notre société française, conduit à l'assistanat ».

La liberté est une des valeurs fondamentales d'une société. Elle est le résultat d'un équilibre entre la volonté individuelle et l'astreinte aux lois sociales. Le libéralisme tend à conforter la première. L'égalitarisme la seconde. Les deux peuvent conduire à une exagération; Soit que le tissu social se trouve relâché selon une propension à l'individualisme soit que l'État pénètre trop notre sphère personnelle. Il reste à concevoir que l'entendement aboutit à l'acceptation de règles communes non dans le but de restreindre nos libertés mais d'en acquérir d'autres.

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