Compte-rendu synthétique par Élisabeth Rodot — Café Citoyen de Argentan (04/10/2001)
Animateur du débat : Élisabeth Rodot
» Monde
Quelle mondialisation pour demain ?
Nous avons d’abord essayé de définir le terme de « mondialisation », en examinant ses effets positifs ou négatifs. Puis nous avons parlé de l’impact des récents attentats sur l’évolution des idéologies qui traversent notre planète.
Le mot mondialisation a, pour l’assemblée, un certain nombre de connotations négatives. Le terme suppose en lui-même l’idée d’uniformisation et de standardisation. ( exemple : Mac Do). Le modèle économique imposé à la terre entière est celui du libéralisme économique dont le prototype est le concept anglo-saxon basé sur le progrès technique et scientifique. 50% des capitaux qui circulent dans le monde sont américains et beaucoup d’entre nous déplorent l’aspect hégémonique de ce système. Celui-ci a pour conséquences de créer des inégalités profondes entre le nord et le sud mais aussi à l’intérieur des propres frontières des États. Le drame essentiel est l’absence de toute régulation de la part des états, ce qui laisse les pleins pouvoirs à la grande finance. Celle-ci est largement organisée autour du secret bancaire (paradis fiscaux, sociétés off shore…). Jusqu’à une date récente les américains et les britanniques se sont toujours opposés à la levée de cet anonymat.
La conséquence de cette dérégulation est un recul de la place de l’être humain au profit de l’argent. De cette perte de repères naissent, par réaction, des phénomènes de repli identitaire : beaucoup de personnes se tournent vers des paradis artificiels tels que la consommation matérielle, la drogue, les idéologies de remplacement, les sectes… Le problème vient aussi du fait que la mondialisation a dissous les rapports sociaux directs : avant on pouvait incriminer le patron, maintenant celui-ci n’est plus directement responsable des dysfonctionnements de l’entreprise. On ne connaît plus son interlocuteur, l’ennemi à combattre est diffus, polymorphe et insaisissable.
La mondialisation se caractérise aussi par une diffusion massive et accélérée des informations au niveau planétaire. Si celle-ci est positive pour faciliter la communication entre les êtres humains et permettre l’acquisition de savoirs, elle est aussi un instrument de manipulation des foules, on constate que les images sont l’objet d’une course au sensationnel et que face à ce déluge d’informations le citoyen manque cruellement d’outils d’analyse.
Face à cette civilisation hégémonique, l’occident vient de prendre conscience qu’un autre mode de pensée existe : la tentative des fanatiques islamistes de renverser ce modèle pour imposer au monde leur système de croyance remet profondément en cause nos valeurs occidentales. Nous sommes passés de la certitude au doute.
L’Islam nous fait prendre conscience du vide spirituel de nos sociétés qui ont déifié l’argent la science et la raison, et nous sommes maintenant à un carrefour où il nous faut choisir quelle direction prendre pour l’avenir. Les valeurs d’humanisme qui fondent nos démocraties doivent-elles être imposées à la planète entière, au risque de tomber dans un autre totalitarisme ?
Le danger d’un nouveau fascisme pointant à l’horizon serait peut-être celui d’avoir à déterminer un système de valeurs globalisant ainsi un mode de pensée qui deviendrait alors à son tour totalitaire.
Face à ce phénomène de mondialisation on a pu assister dans un passé récent à une montée de « l’anti-mondialisation » ( Porto-Allégre, Gênes…). : les militants de ces mouvements préconisent de changer les règles du jeu, d’instaurer des systèmes de régulation, de lever le secret bancaire….etc. Ils mettent chaque citoyen devant ses responsabilités de consommateur et appellent à un dialogue entre citoyens de base pour réfléchir ensemble au modèle de société à construire.
Ces réflexions sur ce mode de pensée opposé au système actuel sont malgré tout inscrites dans une vision globale de l’économie et de l’humanité : il s’agit de trouver ensemble quel village mondial on veut construire.
Interventions
Marre de retaper vos coordonnées ? Créez un compte ! Créer un compte permet d'être averti des nouvelles contributions, d'être reconnu et donc de ne pas avoir à taper ses coordonnées pour participer aux débats.