Compte-rendu synthétique par Sylvain VICTOR — Café Citoyen de Caen (11/12/2010)
Animateur du débat : Marc Houssaye
» Éducation
Enseigner l'histoire a-t-il encore un sens aujourd'hui ?
Cette problématique est issue d'une situation paradoxale récente. En effet, le gouvernement a proposé de diminuer le nombre d'heures d'enseignement de l'histoire dans certaines filières scolaires. Or, l'actualité utilise couramment des références à l'histoire (parallèle des grèves de septembre 2010 avec mai 68, politique actuelle et vision politique de De Gaulle...). L'enseignement de l'histoire serait-il donc moins utile pour certains élèves ?
L'histoire est un facteur essentiel de compréhension du présent en permettant de prendre du recul par rapport à ce qui survient. Cette fonction d'aide à la compréhension revient plusieurs fois au cours des échanges : comprendre l'origine des guerres, comprendre les mécanismes humains... Il apparaît ainsi que l'important n'est pas l'histoire en elle même mais le sens de l'histoire. Le passé pour le passé n'a que peu d'intérêt. Il s'ensuit une réflexion sur cette notion de sens : par qui est-il élaboré (choix des programmes scolaires, choix des faits historiques...) ? Dans quel but ? (construire des mythes ? Donner des repères aux individus pour qu'ils puissent se situer dans un monde qui évolue en permanence ?) Enseigner reste une action subjective. Enseigner l'histoire l'est d'autant plus.
Les interventions soulignent ainsi qu'il y a plusieurs versions de l'histoire, plusieurs interprétations. L'Histoire ne serait pas universelle. Les États par exemple, comme la France, ont orienté l'enseignement de l'histoire pour bâtir le concept de nation. Les faits ne sont pas trop contestables (même s'il reste la question du choix des faits qui sont mis en exergue). Par contre, les explications et les interprétations sont plus délicates. C'est un sens donné par un individu suivant un angle de lecture donné. L'une des conclusions est qu'il faut donc avoir plusieurs éclairages pour se faire sa propre idée.
Les intervenants ont insisté sur l'importance de l'enseignement de l'histoire pour former un citoyen (citation de Bossuet sur l'éducation ; conclusion d'un participant « on devrait tous être féru d'histoire »...). L'histoire fait le lien entre les générations, entre les aïeux (le passé) et les enfants (le futur). Elle permet de transmettre des acquis et de semer l'idée de l'appartenance à une communauté.
Les discussions avec des personnes ayant vécu certaines périodes historiques apportent beaucoup en donnant du vécu, de la substance biologique aux faits historiques. L'histoire peut également porter sur l'art, les sciences, permettant ainsi de constater des évolutions et les progrès réalisés. Les autobiographies apportent aussi un éclairage intéressant.
La question du public et de sa maturité à percevoir l'importance de l'histoire est abordée. Jeune, l'histoire était perçue comme rébarbative pour une bonne moitié de l'assistance. Ennui apparemment lié à la manière d'enseigner du professeur (difficultés à faire vivre l'enseignement, à faire des analogies avec d'autres périodes pour faire ressortir les « constantes » des mécanismes humains).
Les périodes historiques enseignées font transparaître des lacunes car les programmes scolaires ne les abordent pas toutes avec la même intensité. Certains souhaitent des « cours de rattrapage pour adultes », notamment ceux qui se sont intéressés à l'histoire après leur scolarité.
La manière d'enseigner l'histoire est aussi capitale. Est-ce une succession de faits présentée le plus objectivement possible ? Est-ce un positionnement par rapport à ces faits ? Est-ce une prise de recul (méta point de vue) pour comprendre ce qui s'est passé et en tirer des leçons pour éviter les mêmes erreurs ?
Le rôle des nouvelles techniques (Internet, télévision par satellite...) qui augmentent la quantité d'informations sur le quotidien (l'actualité) pose aussi question. Est-ce un enrichissement pour mieux comprendre ou est-ce un danger (risque « d'overdose » qui empêche de prendre du recul) ? L'histoire touche aussi deux dimensions : les individus (aide à la construction de soi) et le groupe (esprit d'appartenance à une communauté). Mais l'utilisation de l'histoire pour faire naître et entretenir un esprit de groupe peut aussi conduire au rejet des autres, et, à terme, à des conflits ou des guerres.
Pourrait-on finalement enseigner une histoire commune à l'ensemble de l'humanité ? C'est peu probable pour bon nombre de participants. La vision asiatique par exemple serait différente de la vision occidentale. En outre, une vision évolue dans le temps, au fil des époques (Cf. la présentation du colonialisme en France). Le choix des faits semble primordial mais il y a autant de vision de l'histoire que d'individus. La diversité des visions apparaît donc comme une richesse pour s'éclairer mutuellement sur le sens des actes des humains (et de nos propres actes).
Thèmes proposés en fin de séance :
1 – Enseigner a-t-il un sens ? 3 voix
2 – L'enseignement et l'éducation ? 3 voix
3 – Peut-on tout dévoiler au nom de la transparence ? 12 puis 9 voix
4 – La République est-elle le meilleur réceptacle pour la démocratie ? 7 voix
5 – La vitesse est-elle toujours synonyme de progrès ? 6 voix
6 – Nos démocraties ont-elles besoin de plus de transparence ou de plus de discrétion ? 9 voix
7 – Comment former un électeur responsable ? 12 puis 10 voix
8 – Comment éduquer à la citoyenneté ? 7 voix
9 – Consommer est-il synonyme de bonheur ? 10 voix
10 – La citoyenneté se limite-t-elle à la Nation ? 7 voix
11 – Peut-on agir par l'acte d'achat ? 11 voix
Thème qui sera débattu le 8 janvier 2011 : Comment former un électeur responsable ?
Interventions
tonton manzan
vendredi 27 septembre 2013 05:23:33 +00:00
l'histoire permet de comprendre le présent et mieux construire l'avenir. Sans l'enseignement de l'histoire la solidarité dans un État ne peut exister.Le citoyen modèle est le "fils" de l'enseignement de l'histoire.
Marre de retaper vos coordonnées ? Créez un compte ! Créer un compte permet d'être averti des nouvelles contributions, d'être reconnu et donc de ne pas avoir à taper ses coordonnées pour participer aux débats.