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Compte-rendu synthétique par Thierry MERMETCafé Citoyen de Rennes (12/07/2012)

Animateur du débat : Thierry MERMET

» Éducation

La liberté passe-t-elle par la culture ?

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Fort de 17 participants à son rendez vous de juillet, le Café Débat Populaire Le Knock vous a concocté un compte rendu de ce temps partagé :
La société est culture et la culture fait société, une culture qui fait le vivre ensemble. Elle est affaire de codes de communication, de façons d'être que l'on intègre à l'instar de la langue maternelle : ce sont les cultures des traditions. C'est ainsi que se profile l'acception d'une culture unificatrice mais aussi aliénante: l'individu dans ce système n'ayant même pas conscience des conditionnements qui l'enserrent. Cet état de fait se retrouve dans cette culture de masse, globalisée, produit du libre marché mondial, à tel point qu'il provoque, en retour, l'émergence d'un sentiment d'insécurité culturelle propice aux replis communautaires. Et la boucle est bouclée. Mais au delà de cette considération sociétale, il est important de s'interroger sur ce que tout individu fait de tout ça, quel est son libre arbitre, qu'est ce que ça produit sur sa capacité à aller vers les autres ou à l'inverse de rester sur son quant à soi. Si la culture libère, est ce au bénéfice de l'individu, pour sa liberté d'existence intrinsèque ou dans son rapport à la société ?
On peut également s'interroger sur l'acception « savoir égal culture » à la lumière de tout ce qui est accessible par l'outil internet comme "approcher la connaissance d'un peuple aux antipodes de soi», "accumuler un savoir encyclopédique d'oeuvres d'artistes)
Y a t'il acculturation s'il n'y pas rencontre avec le réel ?
D'une culture « connaissance-information » à une culture "en relation avec l'artistique", parle t'on de la même chose ? De même, une culture versus divertissement est elle comparable à celle qui permet l'élévation "conceptuelle et spirituelle de la personne » ? Et à quoi renvoie la réaction de nos ados qui redoutent de « se taper des musées »?
Sur le plan individuel, au fond des choses, la culture libératrice demande de pouvoir créer, d'être libre de se nourrir individuellement. Dire les choses, aborder les choses c'est vital: une ouverture au delà des mots. Alors que dire de la culture monnayée, embastillée qui peine à trouver un public populaire : habite t'elle quelque chose ? parle t'elle à la société dans son ensemble ? Et si on fait focus d'une histoire du fond des temps: quelle puissance libératrice recouvrait les représentations picturales dans les grottes de Lascaux : libérer des têtes les craintes des dangers environnants, s'offrir la promesse de la chasse fructueuse à venir ? On n'enfermait pas alors l'art dans des lieux à lui réservé.
Une culture ne devrait mériter ce nom que si elle synonyme de dés-aliénation, d'émancipation, quand elle signifie intéressement à la différence, à l'étrange, à l'inattendu.
Peut on alors considérer dans le choix du Café Débat Populaire concernant la question du mois d'octobre : « est ce que la différence dérange ? » comme un prolongement de sa discussion de juillet ?
En tout cas, il serait heureux de rencontrer vos réactions sur son site.
Bon été

Interventions

Chouette1

Géraldine Faucheron

lundi 09 juillet 2012 15:28:22 +00:00

Dans un certain sens, la culture abreuve, assaie, aide, soutien et réveille le propre caractère.
Ce que l'on sait, connait superficiellement tout comme fortement nous aides au quotidien à la survivance de notre style et de notre être.

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Franck-Michel Cerna

mardi 31 juillet 2012 07:53:12 +00:00

Je me risque à tenter une modeste contribution, bien que le sujet me paraisse tout autant digne d'intérêt que difficile à appréhender...

Je suggère de tenter de cerner également la notion de liberté, terme que nous employons fort souvent et un peu à toutes les sauces. Le terme de culture fait aussi l'objet d'une utilisation abondante, mais vous en avez déjà dessiné les contours. Je me dis parfois qu'à force d'utiliser certains mots, on risque de finir par leur faire perdre leur éclat et leur saveur, comme dans une machine à laver... ils risqueraient de se délaver et perdre leur sens...

Liberté : mot redoutable, que j'ai du mal à cerner. Je peux faire ce que je veux, penser ce que je veux, et dire n'importe quoi ? Si j'étais seul au monde, alors, oui, je serais sans doute totalement libre, encore faudrait-il que je pense un minimum, or sans le langage, ce médium social, comment élaborer une pensée qui dépasse l'instinct de survie ? Si je ne suis pas seul, vivant dans un cadre social, rapidement, mes faits gestes et paroles vont être contraints, limités ou auto-limités, mis au service de ma volonté d'intégration sociale et/ou de domination. Je serais libre d'accomplir centaines actions plus ou moins codifiées, soumises aux usages, aux traditions, au droit coutumier, à la loi. Il y aura de la nuance dans ma liberté et des interdits relatifs à la société dans laquelle je vis. Si je suis libre de quitter cette société, ou de choisir librement d'y rester, je dois être en mesure d'en comprendre le fonctionnement, de m'y acculturer.

La liberté aborde ici la culture par son côté social, vie commune. D'un autre côté, si je veux pouvoir exprimer mon opinion, ou essayer de penser par moi-même, j'ai besoin du langage et d'un minimum connaissances, de la culture en tant que moyen d'ouvrir son esprit aux autres, à l'inconnu, à l'inédit. Là encore, ma pensée et mon comportement seront contraints : par les usages, les mots du langages, les supports de la connaissance (livres et autres média). Cependant, la connaissance du monde et des autres cultures peut m'aider à tirer mon degré de liberté vers le haut, à l'élargir, à créer de la nouveauté.

Si l’imagination ou la créativité viennent compléter les connaissances, des mondes nouveaux peuvent être à ma portée, remettant en cause l'ordre établi. La créativité permet peut-être de faire des sauts quantiques dans la connaissance, le cerveau ferait une hyper compilation de ses acquis pour franchir un cap, comme ce qui a pu se passer, un jour, ou un soir,dans la grotte de Lascaux... Mais là, je m'égare... Tout ceci pour dire que la connaissance et la culture peuvent ne pas suffire au progrès humain, mais y seraient pourtant indispensables. J'entends par progrès humain, davantage l'élévation des consciences que l'enrichissement matériel, bien qu'un minimum de confort et de sécurité y participent.

Pour résumer cet tentative laborieuse autour de la notion de "liberté", je dirais que cette dernière est conditionnée par la culture, mais pas prisonnière, sans quoi, elle y perdrait son âme.

Ouf, vous avez réussi à tout lire... merci à vous, et j'espère ne pas avoir trop noyé le poisson et le pèlerin, sinon, ne me publiez pas. Le débat doit avancer, si j'y contribue tant mieux, sinon, ce sera pour une autre fois.

Tieriaime

Thierry MERMET

jeudi 23 août 2012 14:28:31 +00:00

Quel contentement de découvrir votre prose en ce retour de vacance, moi "l'animateur et compterenduteur de débats" qui ne savait "à quel sein se vouer" pour obtenir des "comment taire" sur le site de Rennes à partir des comptes rendus mensuels!
Constatez comment je pratique les fautes d'orthographe juste pour signaler comment je me permets de prendre quelques libertés avec la culture.
Pour ce qui concerne une réponse à votre commentaire je ne vais surtout pas essayer de la faire point par point car une discussion de vive voix n'y suffirait déjà pas, confrontés que nous sommes tous, les uns vers les autres, à l'altérité du langage (in "Le maître ignorant" Jacques Rancierre). Je veux seulement mentionner ici que, si tant est que la culture libère, elle ne peut certainement pas nous affranchir de tout. La question serait alors plutôt : en quoi la culture peut nous libérer . . . un peu ?
J'ajoute que ce compte rendu du 12 juillet n'est pas le reflet fidèle de ce qui a été dit par les participants mais une extrapolation personnelle à partir de ce que j'ai "chopé" tout en animant. Il est donc partial mais n'est pas le mieux pour susciter des réactions ?
Pour finir, ni notre Café Débat Populaire, ni les comptes rendus qui en sont faits, ne cherchent, ni n'ont la prétention de faire le tour des sujets abordés. A la limite quelqu'un qui surferait sur Internet serait mieux en état de le faire. De plus on sait très bien que ce n'est moins l'accumulation des connaissances qui émancipe un individu que sa mise en lien avec les autres. C'est dans - se mettre en capacité d'échange - que cela se passe
Alors au plaisir de l'échange !

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Franck-Michel Cerna

vendredi 24 août 2012 05:00:04 +00:00

Merci bien, c'est une participation, sans plus, à l'échange. Je ne prétends pas détenir une once de vérité, et je pense aussi que c'est ensemble que l'on peut avancer vers davantage de lumière, chacun avec ses atouts et ses faiblesses, sa culture ou ses lacunes. J'aurais bien du mal à placer quelques citations, j'en connais peu pour ne pas dire pas du tout, à part quelques proverbes. Cela dit, j'aime bien écouter la radio, il y a souvent des émissions de grande qualité, je comble ainsi un peu mon vide culturel. Mais penser seul dans son coin n'a pour moi que peu d'intérêt. Il se peut que je m’égare, alors n'hésitez pas à contre argumenter.

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