Compte-rendu synthétique par Nicolas BAGUENARD — Café Citoyen de Paris (19/01/2011)
» Économie
Peut-on continuer à vivre à crédit ?
Café citoyen de Paris du mercredi 19 janvier 2011
Thème : Peut-on continuer à vivre à crédit ?
Pour commencer le débat, le citoyen qui avait proposé le thème la dernière fois indique qu’il existe différentes approches du crédit. Le crédit se retrouve à plusieurs strates. Il y a le crédit des Etats et plus généralement ceux de la sphère publique, appelé dettes souveraines. Il y a le crédit des particuliers qui sont des dettes privées. Le crédit peut aussi s’entrevoir d’un point de vue environnemental, car les générations actuelles ont par leur mode de vie un crédit sur la nature, crédit que devront rembourser les générations futures. Finalement, l’introducteur au débat termine en posant la question de la pertinence du crédit actuellement.
Un citoyen reprend et indique que la question des dettes souveraines est devenue cruciale dans la crise économique actuelle. Néanmoins, il se demande si ce thème n’est pas un alibi pratique pour réduire l’importance des services publics si utiles pour la population. Les grosses sociétés continuent à créer d’importants bénéfices et elles ne supportent en rien le poids de la dette. Pourtant supprimer des postes de professeurs par exemple n’est pas très judicieux dans une époque où l’éducation nous démarque des autres pays.
Un autre citoyen fait un parallèle avec la révolution tunisienne qui se déroule en janvier 2011. En Tunisie, les gens se sont révoltés sans réfléchir aux conséquences. En France, les gens hésitent à faire grève, car ils ne peuvent plus se permettre de perdre du revenu nécessaire pour rembourser les crédits pris.
Une citoyenne est toujours surprise par le nombre de cartes de crédit disponibles et proposées. Cette situation est dangereuse pour les personnes qui s’y laissent prendre.
Un citoyen indique que le micro crédit a souvent été loué et encensé pour ses vertus pour les classes économiques défavorisées. Mais des études récentes montrent que le micro crédit a parfois amené en Inde à des situations personnelles dramatiques, les gens ne pouvant plus rembourser.
Il est rappelé par un citoyen l’importance du crédit dans le développement du capitalisme. En effet, le crédit est créateur de richesse, car il stimule l’initiative économique par des acteurs qui au départ n’en ont pas les moyens. Il est aussi créateur de monnaie. Historiquement, l’accès au crédit s’est répandu après la seconde mondiale en France et à l’entre deux guerre aux Etats-Unis, ce qui correspond à une phase de développement économique important.
La question qui se pose aujourd’hui est bien, est-ce que le crédit doit être maintenu tel quel ? Est-il adapté aux enjeux économiques actuels ? Le progrès de l’économie n’est pas une finalité en soi.
Une citoyenne est plus timorée et pense que pour les particuliers, l’accès au crédit est une opportunité pour se forger un patrimoine. Ainsi, les particuliers peuvent acquérir leur résidence principale grâce au crédit, ce qui constitue une sécurité dans la vieillesse. Un citoyen réplique que malgré un salaire confortable, il n’a pas accès au crédit pour s’acheter un bien immobilier.
Une intervenante indique que le recours au système bancaire n’est pas le seul moyen existant pour obtenir un crédit. Ainsi, les sociétés africaines ou chinoises pratiquent la tantine. Avec ce système de mise en commun des épargnes, des individus peuvent acquérir des biens importants et rembourser la collectivité sans intérêt.
Un citoyen regrette les effets pervers du crédit. Le crédit abondant et facile d’accès crée des risques de surendettement pour les particuliers. Ensuite, c’est la collectivité qui doit rembourser les conséquences. Ce citoyen pense qu’il faudrait interdire le crédit à la consommation qui a des effets néfastes.
Un citoyen rappelle le conditionnement psychologique dans lequel plonge le crédit facile les gens. Le crédit donne l’impression que l’on peut s’offrir tout et tout de suite. Finalement, on remet à plus tard comment on va s’en sortir pour rembourser. Notre génération peut être assimilée à la troisième génération, qui est celle qui détruit dans le fameux dicton. Ce dicton dit : la première génération construit (celle des années 50 et 60, la deuxième fait fructifier (celle des années 70 et 80) et la dernière détruit ce que les précédentes ont construit.
Il y a un paradoxe, souligne l’intervenant, entre l’Etat qui est totalement fauché et le patrimoine des Français qui lui reste important. Mais un autre participant réplique que justement les privés ne veulent pas payer pour les erreurs du public. Le chiffre de 22000 € de dette publique est annoncé par contribuable, un autre affirme qu’il ne serait que de 9000 € si l’Etat vendait tous les biens publics.
Le crédit est une hypothèque pour l’avenir. Depuis la disparition de l’étalon Or en 1971, la question du remboursement du crédit rejoint celle des échanges internationaux. Il existe une tentation pour les Etats de laisser dériver l’inflation afin de rendre le poids de la dette plus supportable. Mais en Europe, cette possibilité est limitée étant donné les missions dévolues à la BCE qui se doit de contrecarrer une inflation trop forte.
Finalement, un citoyen se demande si la solution pour sortir des dettes souveraines ne serait pas d’effacer d’un coup de baguette magique toutes les créances dues. Au final, tous les acteurs seraient gagnants. Les créanciers, qui sont souvent les pays en forte expansion économique seraient gagnants, car ils pourraient continuer à vendre aux pays occidentaux. Cette option a déjà été pratiquée avec les pays d’Afrique et cette stratégie s’est souvent révélée utile.
Voici les thèmes avec les votes correspondants pour le prochaine thème :
-comment faire participer les excluts au débat public? 13
-l'humain peut il devenir responsable? 14
-la recherche technologique doit elle avoir comme finalité l'épanouissement de l'homme ? 16
-a l'instar des pays d'afrique du nord, la révolution est-elle encore possible dans les pays développés? 17
- comment faire pour parvenir à un monde sans conflits armés? 15
Interventions
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