Compte-rendu analytique par Thierry MERMET — Café Citoyen de Rennes (14/02/2013)
Animateur du débat : Thierry MERMET
L'Homme est-il naturellement violent ?
L'humanité, aux temps nomades, n'exerçait sa violence que dans une logique de survie, la solidarité grégaire étant la règle générale. Puis au cours de la sédentarisation, l'Homme avec sa capacité d'intentionnalité qui le distingue de l'animal, a créé des notions de statut, de pouvoir, de propriété. Est on violent quand on poursuit la satisfaction de ses besoins vitaux fondamentaux ? si la réponse est non alors l'animal ne l'est pas car sa conduite est exclusivement instinctive . . . et c'est l'Homme, qui agissant lui par intention, introduit alors la caractérisation de la violence. La violence est présente dans tous les abus, quand pour servir des intérêts égoïstes l'assujettissement de l'autre s'installe. Dans le cas particulier de la femme battue, on peut avancer des explications plus ou moins lourdes qui vont de la violence survenant quand les gens ne savent pas s'expliquer à celle destructrice du côtoiement de 2 névroses pathologiques. Sans atteindre de telles proportions, on ne peut nier qu'une violence latente existe dans le couple et dans la relation avec les enfants. Accepter l'autre dans sa demande, interdire, autoriser, sont autant d'occasions de l'exercer. Doivent elles être assumées sous la forme d'une négociation ou par des temps consacrés à l'écoute, dans un respect égalitaire de l'autre, le débat est ouvert mais si, à tout le moins, « on fait comme on peut », c'est une œuvre ma foi civilisatrice qui, au final, se tisse.
Le petit de l'Homme naît dans la violence de la vie, dans la rudesse de l'altérité, en proie à ses pulsions, besoins, caprices et quand on observe de très jeunes enfants dans un parc,on peut y constater bien des conduites agressives de tous ordres. Ce sera tout le rôle et la fonction de ses géniteurs et de l'organisation sociale de « l'humaniser » pour qu'il puisse vivre la co-existence avec les autres dans la non agression. Notre modèle de civilisation a tout fait pour sceller dans le marbre des lois et conventions pour garantir la sécurité de tous, mais c'est un équilibre de la peur qui est ainsi érigé, et non l'état d'esprit premier de la concorde. Ainsi le côtoiement de personnes qui ont été exclues de la compétition sociale, du travail, permet de se rendre compte que leur posture de vie est "désarmante", que leur monde de douceur dissout notre violence potentielle. Dans la société, morale, religion travaillent à pacifier mais il est difficile de concerner toute la société quand désespérance et inégalités broient les existences de beaucoup, quand la loi du marché, l'appât du gain l'emportent sur toute autre considération dans un capitalisme déshumanisant.
La violence survient aussi quand l'individu, face à la société, n'est pas pris en compte dans ses besoins, n'est pas écouté. L'emprise de la société s'oppose souvent au légitime besoin d'avoir une pensée propre, d'exister chacun en tant que tel . . . et dans ce cas là c'est la société qui est violente. On peut pointer aussi la violence des institutions qu'elle soit à l'école, dans les hôpitaux, les maisons de retraite qui se déshumanisent, mais aussi celle du cadre de vie avec les transports des mégalopoles, les cités dortoirs . . . .
Mais comme le souligne Josette, sur ce sujet, il est important de sortir du cadre de la famille, du couple pour embrasser la société et le vaste monde. Cela nous sert à voir que tout est lié indissociablement et ce que tout ce vernis civilisationnel serait de bien peu de poids si nous devions de nouveau « nous battre au jour le jour pour la vie ». Et rendu là, il nous reste juste à espérer que les 13 participants de ce café débat seraient plus à même de mettre en œuvre des réactions plus solidaires qu'individualistes
Interventions
René Rouleaux
jeudi 21 février 2013 12:56:30 +00:00
Je marque un désaccord possible avec "l'état d'esprit premier de la concorde". La concorde n'est sûrement pas l'état d'esprit premier, du moins chronologiquement. Disant cela, je ne remonte pas à l'origine absolue de toute chose (je n'y étais pas), je veux seulement dire que "le point de départ", en pratique, c'est la guerre. "Péché originel" ou pas, il y a une perturbation déjà-là que la République, à la suite des grandes religions, s'efforce tant bien que mal de neutraliser.
Par ailleurs, en "monétariste" des mots, je me défie notamment du mot "violence". Deux confusions sont particulièrement funestes. La première, entre violence naturelle et violence humaine (comme, d'ailleurs l'évoque la contribution). La deuxième, entre la notion "physique" de violence comme déploiement de force, et sa notion éthique comme agir de domination, orgueilleux et haineux vis-à-vis d'autrui.
Pour ce qui est de la violence purement humaine, je ne crois pas beaucoup à la "violence institutionnelle" et guère plus à la "violence économique". Selon moi, c'est exactement se payer de mots. Mais il faudrait tout un débat pour clarifier ça... à vous lire, donc, amis.
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