Compte-rendu synthétique par Thierry MERMET — Café Citoyen de Rennes (16/05/2013)
Animateur du débat : Thierry MERMET
» Démocratie et Citoyenneté
Quelle place peuvent prendre les jeunes dans la cité ?
À ce café débat populaire de ce vilain mois mai, la plus forte affluence de la saison – 18 – a été dû à la présence de 8 jeunes, invités à l'occasion de ce débat sur les jeunes. Des jeunes à vrai dire contactés, à partir de leurs engagements dans la cité, et qui n'étaient pas en mal de paroles. Nous les plus anciens, nous avions choisi, ce soir là, de leur laisser la plus large possibilité d'expression.
C'est, bien sûr, le fossé entre les générations d'adultes jeunes et plus âgés, propice aux conflits qui caractérise l'entame des échanges. A priori le jeune voit ses désirs buter sur la manière dont leur validité est ou non reconnue. C'est peut être l'engagement à plusieurs qui est alors de nature soit à forcer l'entendement ou la prise en compte, soit à modifier les représentations des adultes dans leur position de pouvoir. A ce titre, et pour enfoncer le clou, on propose souvent aux jeunes des situations précaires - stages répétés, CDD de corvée et mal rémunérés, etc - et quand on sait que précaire vient de « obtenu par la prière » . . .
Le temps du jeune c'est déjà celui d'une disponibilité plus grande, c'est aussi un temps qui permet, peut être, de lui laisser la place à une créativité plus large et diversifiée, alors qu'à l'inverse, la pratique professionnelle peut en gêner l'épanchement. Un temps qui permet l'engagement à plusieurs, un engagement qui semble être le 1er levier pour prendre sa place dans la cité, un temps pour se rassembler dans le but d'être force de propositions. Que ce soit, mettre à profit un temps plus disponible pour parcourir les quartiers en vue d'obtenir, par pétition, la création d'un ligne de bus « entre quartiers populaires », ou s'engager dans un bénévolat au bénéfice des plus démunis, dans tous ces cas de figure, le jeune se forme, le jeune apprend à vivre avec les autres, le jeune poursuit son intégration sociale. Si l'engagement dans la cité est d'abord une question de mentalité personnelle - « je me considère comme une personne adulte, riche de ses expériences » « c'est aux jeunes de se battre afin de faire valoir leurs idées » et devenir acteur de la cité. Pour les jeunes, il s'agit, en effet, d'une vraie bataille : « quand arracher seul, rien ne tombe, il faut arracher collectivement ».
Et quelle place peuvent prendre les jeunes dans les instances de pouvoir . . . créés par les générations précédentes ?
serait il, par exemple, judicieux de mettre en place des quotas de jeunes dans un conseil municipal, général ? : les jeunes répondent que non.
qu'en est il de la vie des partis ? : et bien, là aussi, c'est difficile pour les jeunes. Souvent sollicités pour la militance de base ou comme fournisseurs d'idées nouvelles, quand il s'agit de prendre des décisions, ou de franchir le dernier cap décisionnel, ils ne sont plus conviés
et dans l'humanitaire ? : de même, accéder au secrétariat ou au conseil d'administration, c'est niet
S'il existe une multiplicité des formes d'engagement, certains types d'investissements collectifs sont propices également à du transgénérationnel. C'est le cas notamment en écologie où jeunes et moins jeunes se retrouvent plutôt et unis. Est ce le cas de la culture, et plus précisément de la musique ? il semble que oui - fête de la musique par ex- même si les manières de la pratiquer peuvent différées. Il est, en outre, assez fréquent de voir les parents encourager leurs enfants dans la pratique musicale.
Dans la recherche des espaces où le jeune peut prendre une place, il a été évoqué le domaine de l'informatique, et bien sûr, celui d'internet et des réseaux sociaux. En informatique, les jeunes excellent massivement par rapport à leurs aînés. Ils sont souvent sollicités pour les sortir du pétrin mais y a t-il alors un quelconque échange de service ou une reconnaissance qui monte d'un cran ? Dans les entreprises, fort de cette expertise, le jeune est souvent placé dans les secteurs où c'est utile sur ce plan là : est ce une bonne place, une bonne reconnaissance ou un cantonnement ? Enfin, le débat s'enflamma entre les adultes plus âgés, quand il fut question d'internet. Certain y voyait comme un espace où le jeune pouvait damer le pion à la génération du dessus, et par là, obtenir une place à part entière, comme un espace de liberté pour eux, les autres de parler de bulle spéculative, de plantage . . . d'aliénation.
L'enjeu qui sera toujours présent, où que qu'on soit cette planète, c'est que le jeune devra toujours se faire reconnaître par les adultes installés, qu'il aura toujours à faire ses preuves ? Si c'est à la fois un parcours initiatique, un parcours de formation, doit il se faire dans le dur, car l'adulte plus âgé reproduit souvent ce qu'il a lui-même connu, ou en créant les conditions d'une écoute à la fois complice et en éveil - les jeunes ont grandement besoin d'être entendus, écoutés, considérés - l'adulte plus expérimenté jouant alors un rôle de veilleur ? si la réponse semble d'évidence, la mise en pratique beaucoup moins. Ce partage transgénérationnel est alors à concevoir sans affrontement, dans le consensus
Et que dire de notre propre expérience transgénérationnelle dans ce café débat ? A l'issue du débat, il fut demandé à chacun de noter 2 idées force restées à l'esprit. Ainsi un « moins jeune » d'écrire : « de bonnes idées de la part des jeunes ici présents et une grande motivation pour se faire comprendre », « un jeune » : « prendre la parole individuellement est plus compliqué qu'en groupe » ou « le jeune est capable d'apporter une part d'utopie aux non jeunes » ou une autre jeune : « je constate l'importance des inégalités sociales plus grande que la différence « jeunes-vieux ». Gageons, qu'à la lumière des prises de positions, émanant de ces jeunes, qui forçaient le respect voire l'admiration et donc de la possibilité qui leur fut faite de pouvoir les exprimer, les vieux de ce soir n'avait peut être pas tout faux
Interventions
Jacques
vendredi 10 mai 2013 11:22:28 +00:00
Il pouvait y avoir beaucoup de définitions de la jeunesse : ce pouvait indifféremment viser les enfantelets, les adolescents, les adulescents... voire ces grands-vieillards complètement retombés en enfance qui jetaient une lumière bien troublante sur ce qu'il était convenu d'appeler "maturité" ou "réussite" !...
Sur le plan administratif public, pourrait-on commencer par confier la présidence de toute assemblée au plus jeune de ses membres : ce n'est que lorsque le plus jeune a compris qu'on peut légitimement penser que tout le monde a compris et qu'il faut arrêter de débattre pour rien.
D'ordinaire, on donne la présidence au plus vieux, pour que rien ne change jamais !?
oui mais ce jeune pourra t'il résister aux pressions, voire au syndrome de Peters (faire tout pour ne pas monter qu'on ne comprend pas) ? à moins qu'une assemblée ainsi présidée montre par la même que tous s'efforceront à ce que l'enjeu des décisions soient comprises par le-la Président-e. Je préfère quant à moi la culture du consensus mais je partage l'idée que la présence de jeunes dans une assemblée est toujours fondamental signe de vie. Quant à la Présidence "au plus vieux" ce n'est peut être pas toujours le cas (car il faut montrer aussi un certain dynamisme) mais par contre les verrouillages par le bureau interposée est une pratique généralisée, on appelle ça la gérontocratie !
Jacques
jeudi 30 mai 2013 11:57:26 +00:00
Lorsque je parle de donner toutes les présidences de toutes les assemblées aux plus jeunes de nous, nous parlons de trentennaires aguerris, élus à la loyale : nous ne parlons pas de jeunes malgré-nous de 16-18 ans !?
Ensuite, l'une des meilleures stratégies que je connaisse, pour saper les fausses évidences, c'était de jouer l'idiot jusqu'à ce que ces fausses évidences s'écroulent sur elles-mêmes ; maintenant, une assemblée peuplée seulement de voyous venus faire le coup de poingt, ce n'était plus un problème de préséance : c'était un gros-gros problème de système de recrutement !?!
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