» Politique et Société

Le Progrès tient-il ses promesses ?

ShareThis

Café Citoyen MJC ALBI
Les Cafés Citoyens, un espace de rencontre entre le cœur et la raison
 Mardi 8 octobre 2013 à 20h.
 Thématique : Le progrès tient il ses promesses ?
 30 personnes
 MJC d’ALBI : http://mjcalbi.fr/, 13 Rue de la République, 81 ALBI
 1 photographe : Alexandre Le Morvan : http://www.alexandrelemorvan.com/blog/
 1 journaliste : Radio Albiges : http://radioalbiges.jimdo.com/

Début : 20h15

Introduction
La séance commence par le rappel des principes de base des Cafés Citoyens. Posée sur chaque table, la Charte est énoncée oralement par l’animateur puis la parole est donnée à Danielle qui avait proposé le thème d’aujourd’hui.
Danielle introduit le sujet par l’intermédiaire de 2 citations.
« Le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas ». André Malraux (petite digression : l’auteur français n’a jamais prononcé cette formule mais l’Histoire lui attribue la paternité de cette citation)
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». François Rabelais
Après l’amorce de citations, elle explique la difficulté de définir le « progrès » en raison de la polysémie de ce terme. Danielle rapporte trois sens :
- Mouvement en avant

- Accroissement quantitatif ou qualitatif d’un phénomène (le fait de gagner du terrain)
Exemples: progrès de la sécheresse, incendie, désertification.

- Processus évolutif orienté vers un terme idéal.

« Mais de quelles promesses parle-t-on ? »
Thierry, médecin, prend la parole et expose son point de vue à l’égard du progrès dans nos sociétés. Selon lui, le progrès renvoie à l’idée de mouvement qui se retranscrit dans nos sociétés par un objectif technique. Cette notion du progrès liée indéniablement à l’idée d’amélioration est subjective et se comprend dans une finalité sociale. Comment améliorer les conditions de vie des citoyens ?

Il prend ainsi l’exemple des 35h. Cette amélioration dans le monde du travail était censée apporter un progrès social qui générerait un bien être supplémentaire grâce au temps libre dégagé par la diminution du temps de travail. Or, ce qu’il constate dans son cabinet médical, c’est une hausse significative d’état dépressif de la part des patients qui lui font part du sentiment d’inutilité ou de désorientation face à ce surplus de temps libre.

Progrès et Ethique
Bérangère prend la parole. Selon elle, la notion de progrès s’inscrit dans une aspiration d’amélioration matérielle et morale de l’humanité. Cette idéologie a fait ses 1er pas dès le 16ème siècle avec le courant Humaniste. Seulement, cet idéal axé sur une rationalité froide et instrumentale a initié un mouvement d’émancipation générant deux effets antinomiques. Bénéfique pour l’Homme, il prit une véritable autonomie avec son environnement grâce à la science. Néfaste pour la Nature, qui devint l’ennemi à dompter et assujettir. Après plus de 4 siècles de découvertes scientifiques, le 20ème siècle mit le coup de grâce. La technique a écarté l’éthique, engendrant un véritable « désenchantement du monde » (plus précisément une « démagification du monde », expression de Max Weber). Mais il reste une chance. Le 21ème siècle a toutes les cartes en main pour inverser la tendance. En réhabilitant l’imagination et l’affect au progrès technique, l’union entre extériorité (science) et intériorité (sens) est possible. Comment atteindre une modernité raisonnée et raisonnable ? De quelles manières peut-on harmoniser la raison et l’émotion dans notre quête de sens et de bonheur?
« Ce n’est pas le progrès qu’il faut interroger mais son usage ».
Christian prend la parole et fait remarquer que nos entreprises sont régies pour la plupart par les techniques de management dite de la terreur, ce qui conduit le plus souvent sur un surmenage au travail (Le travail en miettes. Georges Friedmann, 1956)
S’ensuit alors une discussion sur la relation entre progrès et éthique. Certains proclamant que le progrès débute dès l’antiquité avec une tendance amorale tandis que d’autres affirment que le progrès a toujours été liée à la morale. Au final, tous concluent qu’avant de faire avancer la société encore faut-il s’améliorer soi-même.
Pour prétendre gouverner la cité, il faut apprendre à se gouverner soi-même
Socrate
Le dialogue prend alors une autre tournure. Guy énonce avec humour que la moitié de la salle n’aurait jamais survécu sans le progrès. Auparavant, l’espérance de vie était très faible à cause des conditions d’hygiènes déplorables et la prolifération de maladies mortelles…
Aujourd’hui, nos conditions d’hygiène se sont considérablement améliorées, l’accès à l’eau et à l’électricité sont des promesses tenues par le progrès mais qui sont tombés sous le poids de la normalisation. Guy déplore que tout notre confort matériel, social et sanitaire soit devenu une habitude de vie, une banalité.
« Il n’y a pas un progrès mais DES progrès. »
21h00 : l’animateur donne ensuite la parole aux jeunes citoyens présents.
Progrès et Nature
« On aspire à un progrès plus humain, plus simple, plus naturel »
Si les jeunes révèlent un pessimisme notable quant à l’usage des technologies afin de contribuer à leur bonheur (reconnaissance de jouir d’un confort matériel et communicationnel mais perte de l’idéologie glorieuse du progrès) ils sont en revanche plein d’espoir et d’idées quant au développement de leur bien être par un rapprochement sain avec la Nature. Le groupe de jeunes s’exprimait d’une même voix sur les excès du matérialisme contemporain et le souhait d’une harmonisation en Homme et Nature.
Ce point est confirmé par Mark qui fait part de son sentiment d’incompréhension à l’égard des évolutions technologiques. « Tout va trop vite aujourd’hui » affirme-t-il. Un malaise s’installe face au savoir complexe et globalisé. Son avis est avalisé par d’autres qui confirment qu’aujourd’hui les chercheurs ne jouent pas bien leurs rôles dans leur effort de vulgarisation scientifique.
« Plus de Nature et moins de matériel »

Origine du progrès
Afin de mieux comprendre les tenants et aboutissants de cette thématique, l’animateur pose alors la question de l’origine du progrès aux citoyens.
Les avis divergent là-dessus. Certains proclament que le progrès est apparu dès le 16ème siècle avec les Humanistes notamment Francis Bacon et sa recherche de promouvoir la Science pour le bien de l’Humanité. D’autres pensent que le 19ème siècle, siècle du positivisme, fait naitre le progrès moderne. Puis, Aurélien rappelle que le progrès est le fruit d’une très longue histoire qui remonte probablement à notre nature humaine... Chaque peuple, chaque culture, chaque religion a contribué à l’édification du progrès en Occident, sciemment ou non, directement ou indirectement.

Finalité du progrès
En dépit des aspirations des philosophes humanistes qui ne pouvaient considérer le progrès des sciences sans un progrès intellectuel et moral, l’assemblée a partagé le constat que le couplage de ce deux notions n’est pas réalisé dans le monde d’aujourd’hui. Et sans pourtant apporter de réponses sur l’origine de cette disjonction, et dans l’attente de trouver la clé qui permettra une conjonction nouvelle entre progrès et éthique, l’assemblée a convenu, unanimement, de la nécessité d’un renforcement de l’engagement de la part des citoyens pour contrôler les usages des avancées des connaissances humaines.

22h00 : c’est l’heure du choix du sujet pour le mois prochain. Les citoyens proposent des thèmes :

Nombre de votes Thèmes
16 La responsabilité du citoyen
9 L'individu adolescent et son intégration dans la société
12 La décroissance
12 Quelle éducation populaire pour quelle transformation sociale ?
13 L'engagement aujourd'hui
13 Quelle humanité pour demain ?
10 A-t-on besoin de racines et qu'en est-il de notre hospitalité ?
10 La résilience
14 Où sont les frontières de la société ?

Et, dans la lignée du débat de ce soir, celui qui remporte les suffrages est :

La responsabilité du citoyen.

Rendez-vous le Mardi 12 novembre à 20h à la MJC d’ALBI pour en débattre !

MJC d’Albi
13 Rue de la République
81000 ALBI
Tél : 05 63 54 20 67
Fax : 05 64 54 61 55
Mail : mjcalbi@wanadoo.fr

Animateur Secrétaire de séance
Thomas BRUN Aurélien FAUCHES