Compte-rendu synthétique par François Toutain — Café Citoyen de Caen (17/01/1998)
Animateur du débat : François Toutain
» Politique et Société
Le rôle social du travail
L’occupation de diverses administrations par des coordinations de chômeurs depuis décembre 97 est la marque d’un malaise social profond. Une partie de la population française est en marge de la société de consommation et entend crier son mécontentement aux pouvoirs publics. Il était donc important de s’interroger sur le rôle social du travail et ainsi de mieux comprendre les raisons de l’exclusion de plus de six millions de nos concitoyens.
Malgré l’existence d’autres liens sociaux tels que, par exemple, le mariage et les associations, le travail est considéré comme le lien social fondamental de la société de consommation. Il est d’ailleurs intéressant de noter que cette position du travail dans la société n’a pas toujours existé : le travail était “la chose” des esclaves à Rome, des roturiers sous l’Ancien régime. Le chômage (du latin cauma, la chaleur) pouvait même avoir une dimension sentimentale, ainsi pouvait-on trouver des “chômeurs d’amour”.
Le sentiment d’exclusion des sans-emplois, ce sentiment d’être « en dehors du contrat social » trouve son explication dans le fait que le travail est devenu un pilier de la société moderne. De par le fait qu’ils ne travaillent pas, les chômeurs se trouvent de facto en situation d’exclusion. En outre le travail fonde notre identité personnelle. En effet, qui n’aura pas remarqué que les questions principales qui se posent lors d’une rencontre sont principalement centrées autour du travail avec le fameux : “que faites-vous dans la vie?” Dès lors il est aisé de comprendre le sentiment d’un chômeur. À trop vouloir ériger le travail comme référence sociale, nous sommes parvenu à exclure des individus.
Mais le travail est aussi le moyen de consommer. Sans travail, pas de consommation, autant dire que la vie d’une femme ou d’un homme est conditionnée par sa capacité à produire. Il résulte de cela que les chômeurs sont non seulement exclus du schéma de la fameuse reconnaissance sociale, mais encore et surtout de celui de la consommation. Et il est possible de déclarer que l’exclusion provient plus du fait qu’ils ne peuvent consommer que du fait de leur non-activité. L’exemple des rentiers, ou bien des gros actionnaires, permet de démontrer ce qui précède : ceux-ci n’ont pas d’activités professionnelles mais ne sont pas pour autant exclus puisqu’ils consomment.
La volonté des grands penseurs tels que Condorcet était de réduire le tripalium, de faire en sorte que le travail soit moins pénible et qu’il soit épanouissant. La Révolution Industrielle marquait la volonté des hommes de traduire dans la pratique ces idéaux : la science se plaçait dès lors au service du bien-être de l’humanité. Or, le résultat fut tout autre : production accrue, durée du travail similaire et disparition de la notion d’épanouissement. Comment en est-on arrivé à une situation où le travail est toujours plus stressant et soumis aux lois du marché ? La question reste entière. Il est cependant clair que la conception du travail comme pilier fondateur de nos rapports sociaux tend à disparaître.
Le travail doit être, avant toute chose, un facteur d’épanouissement et non plus uniquement un vecteur d’intégration sociale. En ce sens, il est temps que notre société cesse de le considérer uniquement comme une occupation du temps avec un salaire en fin de mois. Rechercher une idée motrice autre que celle du travail pour notre société semble être une voie à explorer dans les années à venir.
Interventions
Hazer PIERRE
mercredi 23 novembre 2011 14:06:25 +00:00
Le travail est extremment important dans la vie d'une personne car il nous permet de manger, d'aider ceux qui n'en peuvent pas, d'etre independant et de mener une vie de sanctification car, quand on ne travaille pas on a toujours le temps pour suivre les affaires des autres. Amen
nesrine
mercredi 16 janvier 2013 19:33:49 +00:00
le travail est une nécessité sociale;un devoir envers la partie* dit par CAMILLE JULIAN
Isabelle
lundi 06 janvier 2014 10:55:38 +00:00
Malaise profond, oui? A lire, un roman qui met ça en scène mais sur le mode joyeux: "Rêve général", de Nathalie Peyrebonne: une épidémie s'abat sur la France, tout le monde arrête de bosser, un régal.
Nephman
vendredi 07 mars 2014 18:11:53 +00:00
Le travail procure à l'homme une independance sociale. Avec le travail l'homme s'humanise, il devient plus humain; avec le travail l'homme a de la valeur et est consideré comme faisant partie de la société... Donc le travail valorise.
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