Compte-rendu synthétique par Christelle GANIER — Café Citoyen de Paris (24/09/2016)
Animateur du débat : Mehdi Guiraud
» Politique et Société
Notre époque a t'elle besoin de sens ?
INTRODUCTION DU SUJET :
La philosophie nous amène à réfléchir au sens.
Est-ce que le « non sens » nous fait baisser les bras ?
Aujourd’hui, il y a constamment les notions de recherche et de progrès.
2 idées sont liées à la notion de « sens» : le fond (la signification) et la direction.
Précision des termes :
- « notre époque » : le monde depuis 100 ans
- « besoin » : on n’a besoin d’un iPhone ?
- « sens » : il n’y a pas de sens prédéfini. Ça va dans tous les sens.
1. DU BESOIN DE SENS
- la question du sens renvoie à la religion qui peut aider à donner du sens à la vie mais pas pour tous. Pour certains, ce sera le sport.
- certaines personnes s’intéressent plutôt à s’amuser en passant leur temps devant des émissions de téléréalité ou en partant dans des clubs de vacances à l’étranger sans visiter le pays. Ils ne se posent pas la question de savoir s’ils ont besoin de sens.
- peut-être que ces personnes se posent la question mais que le sens est différent pour eux.
- il se sont peut-être déjà posés la question mais n’y croient plus. Beaucoup de gens sont déçus.
2. OBJETS ET SOCIÉTÉ
- la question du sens renvoie à l’obsolescence programmée des objets. Nous sommes trompés par le sens caché des choses.
- il y a tellement d’offres dans la société qu’il y a plein de manières d’accéder au sens.
- la société de consommation nous fait penser que les objets peuvent nous rendre service, nous faciliter la vie. Il y a l’idée de se rassurer par la technologie. Mais le plus souvent, les objets nous apportent plutôt du stress. Le matériel n’apporte rien, ne donne pas de sens. On est dans le consumérisme, dans quelque chose de formatée. On ne cherche pas plus loin, on ne cherche pas à s'affranchir. Exemple de l'iPhone : ça n'a pas forcément de sens de payer 750 € pour un téléphone.
3. LA TÉLÉVISION
- Michel Serres a remarqué que l'espérance de vie s'était allongée de 3h27 par jour et que cela correspondait au temps moyen qu'on passe devant la télévision. « On consacre ce temps à devenir plus cons ». La télévision n'apporte rien de positif, rien ne vaut une balade, lire… pour se ressourcer.
- la téléréalité et les séries peuvent être considérées comme des moments de détentes qui participent à notre équilibre. Elles représentent une manière de se ressourcer, de se vider la tête, d'aller dans d'autres imaginaires sans avoir trop d'effort intellectuel à produire. Cela permet de réduire l'angoisse du quotidien.
-> il faut trouver le juste milieu entre se vider la tête et s'abrutir.
4. SENS, CADRE COMMUN ET REPÈRES
4.1. Différents sens mais un cadre commun
- il y a autant de sens que d'individus. « Il faut de tout pour faire un monde ». C'est d'ailleurs à chacun de donner un sens, on ne doit pas attendre que ce soit le société qui le fasse. Si on attend après la société, on est foutu. Il y a beaucoup de choses à reprendre en main, il faut que ça bouge mais personne n'y va. On attend trop de l'autre. « Soit le changement que tu veux pour ce monde » Gandhi.
- il y a différentes amplitudes du sens : le sens large qui ouvre la créativité et le sens restreint, précis avec des jalons normés, peut-être un peu plus fermé.
- il y a un sens commun à définir lié au vivre ensemble. Il ne faut pas imposer de contraintes mais montrer ce qui est acceptable ou non, définir un rail, un cadre, des bornes. « La liberté des uns s'arrête où commence celle des autres »
- chacun donne son sens mais on partage un cadre commun qui est représenté par des valeurs communes. Cf Déclaration des droits de l'homme.
- avec les réseaux sociaux, on est interconnectés mais il n'y a pas beaucoup de sens. Il faut revenir à l'individu, au local, à soi mais en lien avec les autres.
→ Un cadre commun est possible avec des sens différents mais avec des valeurs communes.
4.2. Les repères permettent d’avancer dans un sens
- notre époque est un temps de crise, ce qui rend les repères d'autant plus nécessaires. Mais ce sont plutôt les gens qui ont besoin de sens, de repères, de liens. Cela rejoint le débat des jeunes qui se radicalisent car ils se sentent perdus et se rattachent à quelque chose qui leur donne un sens qui les rassure. La déception favorise le repli communautaire.
- le journalisme est sensé donner une forme de perspective à des choses abstraites. Il y a l'idée de jalons, on raconte une histoire avec des étapes qui donnent du sens à l'histoire globale, qui la rende logique. Ce sont des choix qui m'ont emmené vers quelque chose que je cherchais à obtenir.
On peut avoir plusieurs sens successifs.
→ Notre époque a besoin d'autant de sens que de personnes mais avec un cadre commun.
le sens = direction + signification + but. Il s'agit de garder le cap.
5. UNE ÉDUCATION AU SENS NÉCESSAIRE ?
Il est important de se poser la question suivante : « Quel sens ça a pour moi ? » Et non pas « Quel est le sens ? »
- On provoque ce qui nous arrive, on récolte ce qu'on sème. En Occident, aujourd'hui, il y a une vraie notion de choix. On est tributaire de notre enfance, de nos parents… Se pose la question de la latitude qui nous est donnée et de ce qu'on en fait. On a la liberté de donner du sens à sa vie. Avec l'exil forcé, on n'a plus cette liberté. Le contexte donne du sens à la liberté.
- Combien de personnes se posent la question et sont prêtes à voir leur responsabilité ? Cela renvoie à l'éducation, à l'enfance. N'y aurait-il pas plutôt besoin d'éveiller la notion de sens ?
L'intelligence multiple révolutionne le rapport à l'apprentissage, il s'agit désormais d'apprendre à apprendre. Avec l'éducation autonome, ce sont les enfants qui cherchent et choisissent par eux-mêmes le sens qu'ils veulent donner.
CONCLUSION
On ne peut pas généraliser le sens. Il n'y a pas une seule pensée, chacun a sa propre vision.
Ce n'est pas l'époque mais les êtres humains qui ont terriblement besoin de sens mais il faut sortir des sentiers et se recentrer sur l'individu.
Donner du sens, c'est important mais si on n'est pas tout seul. Cela renvoie à la question du vivre ensemble, du lien social, du faire, penser ensemble.
Il y a l'idée d'une histoire intérieure. C'est nous qui donnons du sens à notre époque. Ça part de notre action personnelle qui va s'intégrer dans un contexte. L'histoire intérieure et extérieure s’élabore jour après jour dans un contexte.
Propositions de thèmes pour le prochain café citoyen :
- Comment impliquer chacun et chacune dans les enjeux politiques ?
- Devons-nous être acteur de notre destinée ?
- Avons-nous besoin de silence pour être créatif ?
**** Question retenue : Faut-il mettre les enjeux environnementaux au centre de nos priorités ? ****
Interventions
Jacques
lundi 19 septembre 2016 15:50:23 +00:00
Qui disait "sens" disait généralement sens unique ;la question d'un tel besoin ne se posait même pas, côté locuteurs...ne serait-ce que le besoin de parler et de faire parler de soi : la question de leurs besoins ne se posait qu'aux auditeurs...aux auditeurs captifs, surtout !...!
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