Compte-rendu analytique par Jean-Marie Seeuws — Café Citoyen de Caen (27/01/2007)
Animateur du débat : Vincent Lequenne
» Politique et Société
Est-ce responsable d'avoir des enfants aujourd'hui ?
Fabrice DELESTRE, secrétaire de l'Arcadie de Caen - Avant de donner le micro à Vincent qui va animer le café aujourd’hui, juste deux petits point à aborder. Le premier, les adhérents du café citoyen, les membres du bureau et les habitués qui le souhaitent se réunissent le Samedi 10 Février prochain à 10 h ici même pour parler de l’avenir des cafés citoyens et éventuellement mettre en commun les idées qui pourront nous faire avancer. Après il y aura un déjeuner sur place je pense et le débat habituel l’après midi. Le second point est un peu lié au premier, je vous ai dit qu’il y avait des adhérents, qu’il y avait des habitués, ce serait bien parfois que les habitués deviennent des adhérents. Je me fais la voix de notre cher président et en même temps l’écho de plusieurs d’entre nous, l’appel à cotisation est lancé, c’est 24 euros et 12 euros pour les chômeurs et personnes en difficultés, à l’année bien entendu mais si vous voulez payer chaque mois ou chaque semaine n’hésitez pas. Voilà pour les deux points à aborder, je passe la parole à Vincent.
Animateur - Bonjour, on va entrer directement dans le débat, les chartes étant sur la table pour ceux qui ne connaissent pas le café, vous pouvez déjà faire une lecture pour ce qui concerne la déontologie des débats. Je présente le sujet, a priori la personne qui l’a proposé n’est pas là. Donc le sujet : est-ce responsable d’avoir des enfants aujourd’hui ? A priori la personne qui a proposé ce sujet l’entendait peut-être pas comme une angoisse mais pour savoir si aujourd’hui c’est bien raisonnable au regard des différentes crises que l’on connaît tant au niveau environnement qu’au niveau social, tel que présenté dans les médias et plus fortement en période électorale, est-ce qu’effectivement avoir des enfants, peupler un peu plus la planète, n’est-ce pas un peu condamner ces futurs humains de la planète Terre de demain, donc c’est un peu polémique. En même temps l’espèce humaine ne peut vivre sans enfants, je pense que le débat va s’axer autour des raisons d’avoir des enfants aujourd’hui et de l’espoir que l’on met. Enfin bref je ne veux pas aller plus loin je passe le micro à qui le veut.
1 - Bonjour je veux bien me jeter à l’eau, peut-être que tout le monde ne va pas être d’accord avec mon opinion. Je trouve que c’est totalement irresponsable de faire des enfants dans la situation actuelle. Il y a des pays qui sont ultra peuplés comme l’Inde, la Chine, que la Terre n’est pas extensible, que nos ressources ne sont pas extensibles, qu’il y a déjà des endroits où l’on manque d’eau et que dans ces endroits il y a des être humains qui n’ont peut-être pas un dollar par jour pour vivre et qu’il y a des sociétés privées qui leur demandent de payer l’eau quand même. On arrive dans des situations difficiles, dans des situations où l’on va avoir peut-être d’immenses migrations parce qu’il y aura des changements climatiques qui vont poser des problèmes, on risque d’avoir aussi des problèmes de guerre entre états pour l’accès à l’eau à la nourriture. Moi je crois que lorsqu’on fait des enfants on pense que c’est pour leur bonheur et je crois qu’avant d’en faire en ce moment il faut vraiment réfléchir et prendre en considération l’état actuel de la planète, qu’il ne sera pas possible d’aller dans d’autres galaxies avant bien longtemps et en plus on sait qu’il y a d’autres galaxies qui sont peut-être comme la Terre mais on ne sait pas si elles ne sont pas surpeuplées elles-mêmes. Donc voilà c’est pour lancer le débat, je sais que ne pas faire d’enfant n’est pas toujours bien vu, que je vais peut-être avoir des contradicteurs.
Animateur - On commence par la polémique sur l’avenir de la planète, donc est-ce qu’il y a un avenir pour les enfants aujourd’hui est-ce que demain les être humains seront heureux sur notre planète, ou au moins la génération à venir puisque on pose le problème aujourd’hui. Est-ce que quelqu’un veut réagir à cette intervention ?
2 - Je suis assez d’accord avec madame, je trouve que c’est un peu problématique et je me demande si c’est spécifique à notre époque, parce que j’ai l’impression que quand nous étions jeunes on ne se posait pas des questions comme ça. Je pense que c’est en vieillissant qu’on se demande ben oui, de toutes façons le problème ne se pose pas, mais on se demande si vraiment on offre à nos enfants tout ce dont ils ont besoin, tout ce qu’ils sont en droit d’attendre, a savoir ne serait-ce que du boulot, de la place sur terre comme disait madame, donc je ne sais pas. Je reviens sur un problème on en parlera peut-être après, c’est celui de l’adoption, pourquoi pas ?
3 - Ce n’est pas parce qu’on est dans un café citoyen que la question de faire des enfants ne revêt juste que cet acception là. J’oserais demander aux deux dames qui trouvent dangereux voire irresponsable de faire des enfants, si elles en ont,
2bis - Oui, j’en ai mais à mon époque la contraception était interdite.
3bis - Donc, vous en avez, d’accord Je crois néanmoins que faire un enfant ça a un certain nombre d’aspect, l’aspect citoyen en est un, le fait de peupler la planète, d’offrit des conditions de vie acceptables ou non en est un autre, le fait de faire ce choix en est un, mais je pense que faire un enfant revêt aussi d’autres formes. Il y a des volontés personnelles, des volontés d’accomplissement, des choses probablement tout à fait différentes et peut-être même un peu égoïstes, mais qui sont autant de paramètres à prendre en compte dans le choix que l’on a ou pas de mettre au monde, de décider de faire des enfants. Donc la vision purement citoyenne certes est totalement acceptable mais c’est vrai qu’on peut déjà se demander si ce n’est pas réduire considérablement l’acte ou le choix d’avoir des enfants que de réduire à leur propre devenir, pour se préoccuper uniquement de sa survie de ses besoins voire de la population globale de la planète. Je trouve que c’est un peu réducteur, les gens qui souhaitent avoir des enfants en général n’ont pas ce discours ou ne s’en préoccupe pas, ils disent qu’il y a d ‘autres choses qui prédominent là-dessus. Donc c’est peut-être bon d’en parler pour voir quel spectre ça revêt l’idée de faire des enfants.
Animateur - Donc Boris tu proposes de chercher au-delà du bonheur de l’enfant dans l’avenir de sa survie de savoir aussi quelle raisons le citoyen d’avoir des enfants, peut-être savoir, bon d’accord il n’y a pas que l’objectif, la liaison entre deux personnes déjà.
4 - Bonjour à tous, personnellement je pense que quand on met un enfant en route on ne se pose pas toutes ces questions. Alors on ne se demande pas si la planète est trop peuplée, s’il y en a beaucoup ailleurs. Cela se fait quelquefois parce qu’on le choisit mais malgré les moyens de contraception il y a encore des naissances qui ne sont pas forcément désirées. D’autre part il faudrait croire que la France est particulièrement irresponsable puisque d’après les statistiques en ce moment nous sommes les champions d’Europe pour la reproduction. On a deux enfants par couple je crois, alors que c’est inférieur ailleurs. D’autre part je pense qu’on pense quand même au bonheur de l’enfant en procréant mais il y a toujours une démarche un peu égoïste.
5 - Au départ j’étais parti avec un autre volet de la question parce que je l’avais comprise comme ça, est-ce irresponsable d’avoir des enfants, c'est-à-dire est-ce qu’il ne faut pas être responsable soi-même quand on a des enfants, c'est-à-dire que quand on accepte d’avoir des enfants il faut s’en occuper, ça c’est un problème. Je pense que c’est important. Mais pour en revenir aux deux positions antérieures je pense que c’est quand même une vue pessimiste et quelquefois un peu à la limite, un peu égoïste. Au 18° siècle il y avait Malthus, qui disait toujours il faut réduite le nombre de la population parce qu’à l’époque il n’y avait pas les moyens de la nourrir. Or dans le milieu où il était chez les agriculteurs, pourquoi on avait beaucoup d’enfants, parce q’il fallait travailler pour produite. On est dans une autre société, c’est vrai que maintenant on n’a pas les mêmes inquiétudes de ce cote là. Alors je pense que le problème d’avenir de la planète, vous avez tout à l’heure parlé de surpopulation dans d’autres pays, je pense que ce problème on pourra le régler mais il faut partager, il faut simplement faire en sorte que ces gens aient l’instruction suffisante, quand ils l’auront et les moyens de vivre ils auront moins d’enfants madame, vous comprenez. Alors je pense quel le problème il faudrait se le poser sous un autre angle plutôt qu’une vue pessimiste des choses.
6 - Je pense que la première question qu’on devrait se poser, c’est est-ce qu’avant toute chose, avoir un enfant n’est-ce pas un acte d’amour. Entre deux êtres qui sont les parents et entre les parents et les enfants. Je pose la question. Alors après évidemment considérer l’aspect citoyen on y pense quand l’enfant grandit, mais je pense que lorsqu’on conçoit un enfant ou plusieurs, puisque effectivement on est assez champion en France en ce moment, c’est avant tout un acte d’amour, je pense.
7 - Je suis assez d’accord avec ce que vient de dire la personne précédente. C’est avant tout un acte d’amour, c’est aussi une nécessité, celle de continuer l’aventure humaine. La question du jour est : est-ce responsable d’avoir des enfants aujourd’hui, alors je demande si ce n’est pas responsable aujourd’hui, ce sera responsable quand ? Il faut savoir que si on décide de ne pas faire d’enfant aujourd’hui, tout simplement pour attendre qu’il y ait de meilleures conditions environnementales économiques que sais-je, on va laisser passer une voir deux générations avant que tout rentre dans l’ordre, et il n’y aura plus personne capable de faire des enfants, et quid de l’humanité ?
8 - Je pense qu’on est dans une société où l’on voit bien qu’on refuse le risque quelque part, qu’il y a des peurs et que ça va être un peu dans ce sens les questionnements. Cela dit comme le dit monsieur il y a une morosité ambiante on l’entend bien et pourtant les couples font des enfants. Alors pourquoi ils font des enfants, d’abord parce qu’il y a des facteurs qui favorisent en dehors des questions. On voit par exemple qu’en Allemagne les femmes font moins d’enfants, pourquoi,parce que le regard que l’on porte sur la femme qui fait des enfants et qui travaillent n’est pas du tout le même qu’en France. En France c’est pas mal vu donc elles ne sont pas obligées de travailler, à partir de 4 ans il y a des aides etc et tout ça évidemment c’est tout un contexte social qui favorise, qui peut favoriser un petit ça. Donc quand on regarde les chiffres, après la guerre il y avait, après la première guerre et même pendant la guerre 44, les gens faisaient des enfants. Alors il y avait peut-être un problème de rattrapage après la guerre mais on voit bien que l’instinct de vie heureusement l’emporte sur l’instinct de mort et sur les peurs. Donc ça je trouve qu’il faut plutôt le valoriser.
9 - Quand j’ai réfléchi à la question j’ai l’impression que c’est une question un petit peu intemporelle, un petit peu comme on entend souvent, c’était mieux avant. Est-ce qu’avoir des enfants aujourd’hui c’est pire qu’en avoir à la période de la guerre comme disait madame, ou pendant les épidémies dans le passé. Si on se pose la question au niveau citoyen, il faut peut-être réfléchir sur quel projet aujourd’hui peut-on proposer à nos enfants, qu’est-ce qu’on peut faire pour qu’aujourd’hui justement les générations futures puissent s’épanouir dans le monde et qu’on puisse leur offrir quelque chose de mieux.
10 - Je voudrais revenir sur ce qu’avait dit la dame, je voudrais dire qu’après la seconde guerre mondiale les gens avaient tellement souffert qu’il y avait une envie de vivre et tout le monde se disait qu’il n’y aurait jamais plus de guerre, qu’il y avait donc espoir. Les gens faisaient des enfants mais il ne faut pas oublier quand même qu’il y avait des allocations familiales qui aidaient beaucoup à vivre, des allocations familiales beaucoup plus importantes que maintenant. Mais il ne faut pas oublier que la natalité que nous avons en France n’est pas due qu’à l’envie seulement de faire des enfants. Lorsqu’une personne est au chômage que dit l’assistante sociale, faites un enfant, et il y a des hommes chômeurs qui se plaignent actuellement parce qu’eux n’ont pas les indemnités parce que célibataires. Moi j’entends des chômeurs qui me disent si seulement j’étais une femme je ferais un enfant ce qui me permettrait de vivre deux ou trois avec les allocations. Et on se trouve avec des cas de femmes et moi je le vois, je vis en milieu rural je n’habite pas à Caen, on voit des femmes dans les milieux ruraux qui font des enfants tous les deux ans et demi trois ans à peu près avec des enfants qui sont abandonnés à la DAS ou qui sont élevés comme on peut parce que les CCAS des mairies rurales n’ont pas les moyens d’aider ces femmes-là, et il y a des enfants qui ont faim. Je peux vous dire que dans des villages ruraux du Calvados il y a des enfants qui ont faim. Alors est-ce responsable de faire des enfants quand on est sur qu’on va pouvoir, tout au moins quand on pense qu’on va avoir un emploi qu’on va pouvoir les nourrir, oui. Mais faire des enfants simplement pour avoir des allocations et en faire des malheureux qu’on abandonne et bien moi je dis non.
11 - Oui on est un peu dans le sujet, on peut faire des enfants pour avoir un HLM aussi, donc je crois qu’on est dans le vif du sujet. Faire des enfants c’est aussi la nature, il y aura toujours des enfants. Alors est-ce qu’on est responsable quand on a des enfants pour avoir un HLM est-ce qu’on est responsable dans notre vie de tous les jours, est-ce qu’on pense aux enfants pour le futur. Je vais prendre deux exemples, il n’y a pas longtemps, je ne suis contre personne, il y a un nouveau garage qui s’est monté route de Mathieu, sur deux ou trois hectares. Ce sont les meilleures terres du monde, on gaspille la terre agricole, est-ce qu’il ne faudrait pas penser par exemple à les mettre sur l’ex site SMN. Donc je ne sais pas s’il y a un maire de Pays qui s’occupe de savoir si on gaspille la terre agricole, on commence à en parler mais une fois gaspillée c’est une terre pour laquelle il y a fallu des millions d’années pour la façonner et puis voilà on la jette à la poubelle. Je crois que tout le monde s’en fout, pas tout à fait je pense quand même qu’il y a quelques petites réactions. Alors autre problème il y a quand même une surpopulation qui fait peur, dans les pays sous développés il faut les développer d’accord mais ce n’est pas demain la veille, ça fait longtemps qu’on dit on va les aider on va les aider. Si vous voyez l’ Afrique, elle est mal barrée, ils font des enfants donc le désert, il faut du bois pour se chauffer le désert avance il y a une natalité galopante, en Amérique du sud aussi, je ne vois comment ces pays là s’en tireront. Au Nigeria où il y a du pétrole, si vous divisez les barils de pétrole par les 150 millions d’habitants, combien demain ? Donc voilà au niveau international ça fait quand même un peu peur, je vous laisse la parole mais c’est vrai qu’on n’est pas responsable au niveau des pays sous développés, on n’en parle jamais de ça. Mais il y a des décisions qu’il faut prendre aujourd’hui, il faut le dire, et les politiques je n’entends rien dire là-dessus.
Animateur - Vous parlez effectivement de la responsabilité, pas vraiment de tout un chacun mais la responsabilité de l’homme politique. Peut-on légiférer sur le fait d’avoir des enfants, est-ce qu’un état peut se positionner pour interdire. Ça aussi c’est une question, il y a la responsabilité individuelle et la responsabilité d’une société. C’est pareil est-ce quand un enfant vient au monde et qu’il n’ a plus de parents soit physiques soit moraux pour une raison x ou y est-ce que la société se doit de s’organiser pour lui assurer un avenir, la responsabilité on peut tous choisir d’avoir un enfant et ne plus être là un jour pour eux et à partir de là quel est leur avenir dans la société, on va laisser un être humain pas forcément en age, avec la maturité suffisante pour pouvoir subvenir à ses propres besoins. Est-ce qu’alors on peut dire que la personne est irresponsable si prématurément elle n’a pas pu, elle a perdu la vie et ne peut plus assurer l’avenir de son enfant. Je pense qu’il y a aussi ce phénomène hasardeux et est-ce que dans ce cas la société doit s’organiser, est-ce que cette responsabilité n’incombe pas également un peu aux sociétés à elles de s’organiser comme il a été dit tout à l’heure pour leur donner un projet d’avenir parce que la responsabilité certes mais c’est surtout ce qu’on veut transférer aux enfants ce qu’on veut leur donner et à partir de ce moment je pense qu’effectivement c’est un geste responsable si on leur assure des raisons de vouloir vivre. Vous parliez d’un exemple concret, qu’est de gâcher un patrimoine terrestre, si on y pense on peut leur léguer ça et leur dire de défendre ces valeurs, peut-être que quelque part ce serait intéressant d’avoir des enfants responsables, je ne sais pas.
12 - Quand on dit c’est irresponsable de faire des enfants aujourd’hui, on ne parle pas forcément à nous, on parle en général. Alors il est clair qu’il y a des pays de surnatalité endémique, où il est clairement danger de survie de la population, où les problèmes graves se posent en matière sanitaire etc, où vraiment on se rend compte que le taux de survie du nouveau né est faible. Effectivement dans ce sens je pense qu’il est bon d’avoir des politiques de baisse de natalité dans un premier temps en attendant que les choses » aillent mieux » si c’est possible. Après il y a un autre aspect quand on dit est-il irresponsable d’avoir ders enfants aujourd’hui lorsqu’on vit chez nous, je crois que si on dit non, c’est aussi parce que clairement on a une crainte de l’avenir. Cette crainte de l’avenir on l’ a aussi parce que on vit à mon sens dans une société d’assurances tous risques, c'est-à-dire que la vie ce n’est pas la certitude, il faut penser que la vie, ce qui vit ce qui est mouvant, il y a forcément une part de hasard qui est dedans et que la certitude d’avoir, de faire des enfants et pouvoir leur assurer un avenir pérenne etc, ça c’est vraiment pour moi une question de l’homme moderne riche, c'est-à-dire que cette notion, cette vision du monde, cette vision de pérennité pour moi c’est une vision d’homme moderne riche. Et là je vais certainement faire bondir certains, une vision d’ancien régime, c'est-à-dire cette espèce de classe de noblesse qui pouvait comme ça, qui se disait que de toute façon sa progéniture serait pérenne. Or la vie ce n’est pas la pérennité, la vie c’est l’accident, la vie c’est la chance c’est la malchance, c’est la mort souvent, et on voit bien que la mort elle est très, très loin de nous, peut-être trop loin de nous pour qu’on ait vraiment le sens de la vie justement. Je crois qu’il faut avoir foi en l’avenir en ce sens que les enfants représentent aussi une certaine forme de matérialisation de l’idéal, c'est-à-dire lorsqu’on est un idéaliste et j’en suis, lorsqu’on a envie que le monde aille mieux on peut le faire pour tout un tas de concepts tous un tas de raisons, mais je connais des gens qui sont aussi idéalistes mais qui disent moi je le fais aussi pour ça puisque mes enfants j’ai envie qu’ils vivent mieux que moi, j’ai envie que ce soit plus beau que ce que je vis moi et en ce sens ça donne un sens et à la vie des enfants et à la vie des parents ce qui est quand même pas mal. Mais je pense qu’il faut sortir de cette idée que le monde, que la vie est quelque chose de pérenne que la vie est quelque chose de sécure que voilà, un accident de la vie peut vous amener à la rue on l’a vu la dernière fois, on en a parlé et ça peut arriver dans un claquement de doigt. On a fait un sondage, 47% des gens ont peur de devenir SDF, ça veut bien dire quand même que la vie n’est plus aussi sécure, aussi réglée qu’elle l’était avant. En ce sens faire des enfants c’est aussi combattre cette espèce d’idée un peu mortifère, voilà c’est faire en sorte que la vie soit prédominante sur tout le reste.
13 - Tout à l’heure on a parlé, est-ce que l’état pourrait limiter les naissances. Je suis très sceptique là-dessus, l’exemple de la Chine est tout à fait significatif. On a voulu supprimer en Chine tous les éléments féminins, on se rend compte actuellement, qu’il y a beaucoup moins de femmes et trop d’hommes. Il y a des phénomènes naturels qu’on ne peut éliminer systématiquement. L’homme voudrait dominer la nature il ne pourra pas la dominer complètement. C’est un problème, quand il y a diminution de l’espèce pour des raisons endogènes ou exogènes, et bien l’espèce que fait-elle, elle réagit comme un organisme naturel comme le corps contre les anticorps. Et bien la nature pousse à faire des enfants, elle pousse à la natalité. Donc je crois qu’il ne faut pas se faire trop d’illusion de ce coté là. Alors tout à l’heure, on se demandait que pouvait faire la société, je pense que la société peut aider les gens en difficulté, mais ne va pas, disons, s’occuper des problèmes qui concernent les rapports humains, je pense que c’est un peu illusoire de vouloir ça, parce que si la société s’en mêle on arrivera à déresponsabiliser complémenté les gens. Alors je pense que ce serait quand même dommage. Il faut aussi que quand on a des enfants c’et vrai il faut qu’on se sente un peu responsable parce qu’on a fait un choix et c’est tout à fait normal que l’on soit responsable. Moi je peux vous parler en connaissance de cause, malheureusement je vois trop de couples qui se séparent, des couples de concubins qui font des enfants, puis repartent avec une autre femme, ils refont des enfants et puis ils ne sont pas à la peine, les familles quand il y a des problèmes, les génitrices sont obligées de se débrouiller toute seules. Alors c’est vrai que la société il faut qu’elle les aide mais il faudrait faire un effort du côté de ceux qui n’assument pas leur responsabilité. Je prend un exemple, vous avez tous entendu parler du contrat de responsabilité parentale, bon les enfants qui ne vont pas à l’école qui ne sont pas suivis par les parents, ça concerne beaucoup plus les familles monoparentales que les familles avec deux parents en général, parce que les familles monoparentales la mère se retrouve seule quelquefois avec des enfants de plusieurs unions et elle n’a pas la possibilité de s’en occuper. Alors là il y a peut-être un petit problème, qu’est-ce qu’on va faire avec ses personnes là, on va faire un contrat, c’est très bien ça peut être efficace dans certains cas mais si on laisse le responsable dans la nature qui ne s’occupe de rien et bien on n’aura pas fait avancer le problème. Alors vous savez les solutions de la société ne sont pas toujours compétemment satisfaisantes et je pense qu’il faut de plus en plus responsabiliser toutes les personnes qui sont partie prenante dans cet acte de procréation.
14 - Je ne sais trop comment m’y prendre pour intervenir car beaucoup de ce qui a été dit est vrai, simplement faudrait-il le recadrer dans leur contexte. Lorsque l’on dit ce n’est pas responsable de faire des enfants, il ne faudrait plus en faire, quand on souhaite quelque chose on pense qu’on a raison, et on souhaite que chacun fasse ce que l’on croit bon de faire. Cela veut dire que si cette idée se répandait et devenait appliquée par tout le monde, ce n’est pas compliqué d’imaginer la courbe démographique, puisque si on ne fait plus d’enfant et que malheureusement on n’a pas encore trouvé la solution pour éviter les morts, dans x années il n’y aura plus personne sur terre. Alors cette solution on peut l’imaginer au niveau d’un pays en se disant que globalement puisqu’ il y a des pays où l’on fait trop d’enfants, si nous n’en faisons plus cela fera la balance. Mais cela ne me paraît pas, entre autre économiquement, réaliste. On se pose aussi la question parce qu’on craint l’avenir, c’est probablement vrai mais alors, je suis né comme d’autres ici pendant la guerre, pendant toutes ces années de guerre, de 1940 à 1945 il y a eu entre 500 et 600 mille naissances par an, est-ce que les gens de l’époque pouvaient être optimistes. Je suis né en 1942 pouvait-on voir l’avenir de manière optimiste ? Alors mes parents étaient peut-être complètement irresponsables comme les autres parents, mais ce n’est pas forcément un critère tout à fait vrai. Alors par contre une politique peut être menée pour soit freiner, soit inciter la natalité. La coercition stricte comme monsieur le rappeler pour la Chine ne semble pas très efficace, malgré cela la Chine a continué à avoir une courbe démographique importante. Mais un état peut inciter pour favoriser les naissances. On parlait tout à l’heure des allocations familiales, aujourd’hui elles représentent à peu près 10 % du budget des CAF contre 47% dans les années 50/60. sur le plan du pouvoir d’achat des allocations familiales ont fortement décru, je n’ai pas le chiffre en tête mais je pense qu’aujourd’hui les opérations comme celles que madame rappelait tout à l’heure et qui existent c’est vrai sont beaucoup moins intéressantes maintenant. Si il y a encore vingt ans ce pouvait être financièrement intéressant à court terme de faire un enfant pour toucher des allocations, ce n’est plus vrai aujourd’hui. Alors la question peut se résumer à cela, lorsque l’on est dans une situation où l’on considère possible de leur assurer un avenir, avec tous les aléas qui existent c’est vrai, mais c’est déjà un peu plus sérieux que de le faire alors que la situation du couple n’est pas stabilisée. Stabilisée ne veut pas dire bien sur que l’on est sur d’éviter un accident qui peut toujours arriver mais au moins on peut considérer avoir une certaine chance de pouvoir s’occuper de ses gosses. Je voudrais essayer de vous montrer pour illustrer ce que je disais tout à l’heure sur les conséquences qu’entraînerait l’arrêt de toute procréation. Il suffit de se promener dans certains villages, ce n’est pas pour les mêmes causes mais cela a les mêmes conséquences, lorsqu’un village n’évolue plus il meurt, les gens vieillissent il n’y a plus d’enfants, on ferme l’école puis les commerces et bientôt on ne voit plus que des maisons aux volets clos. On peut imaginer ce que deviendrait un pays qui ne ferait plus d’enfants. Je termine par un sourire à propos de l’incitation des gouvernants pour favoriser la natalité, en citant une déclaration de Michel Debré dans les années 50 ou 60 qui pensait qu’il faudrait arriver à 100 millions d’habitants, il avait dit « il faut faire des enfants sur une grande échelle » Je n’ai jamais essayé j’ai toujours fait cela de manière moins risquée.
15 - Vous parlez des pays où il y a beaucoup d’enfants telle que l’Afrique, sous l’ancien régime on faisait aussi beaucoup d’enfants parce qu’il y avait un fort taux de mortalité, donc c’est un petit peu pareil dans ces pays là. Et puis on s’aperçoit qu’en ce qui concerne les populations immigrées en France, dés l’instant où elles sont intégrées qu’il n’y a plus la polygamie etc elles font exactement le même, nombre d’enfants que nous à savoir deux. On voit bien aussi que faire des enfants ça dépend aussi de la situation économique culturelle etc. Et pour répondre à monsieur sur la stabilité de la réflexion qu’un couple peut avoir quant à sa stabilité, on s’aperçoit aussi qu’il y a une réflexion puisque dans les dernières statistiques les femmes font ces fameux deux enfants juste avant trente ans pour le premier et un peu après pour le second. Donc on voit bien que l’on attend que le couple soit stable que les gens aient trouvé un travail etc. Donc on voit bien que ces enfants sont faits aussi de façon responsable. Maintenant il y a en d’autres qui sont faits de façon irresponsable, vous vous souvenez de la panne d’électricité au USA, on s’est aperçu après cette panne qu’il y avait eu effectivement des naissances plus conséquentes, mais c’est très bien.
16 - Je voulais revenir sur ce qui a été dit, c’est vrai qu’avoir des enfants c’est aussi un acte de foi irrationnel dans l’avenir, on ne se pose pas la question c’est peut-être aussi bien comme ça, c’est vrai que je pense qu’on fait partie à différents niveaux d’une génération un peu dorée, on a été élevé dans les trente glorieuses où l’on nous a appris quelque part que le lendemain serait toujours mieux qu’aujourd’hui. A priori si on regarde l’histoire ce n’est pas toujours vrai, il y a eu des périodes un petit peu privilégiées et parfois il y a eu des incidents. Pour rebondir donc sur ce qui a été dit tout à l’heure ce qui est vrai au niveau de la vie d’une personne on peut le retrouver au niveau d’une société ce n’est pas pour ça qu’il faut anticiper le pire. On a parlé aussi des pays où il y a surpopulation, et on vient un peu à mon avis à se poser la question de l’aide. Pour aider ces pays il faut le faire avec beaucoup de précaution aujourd’hui parce qu’il existe des mécanismes de régulation naturelle où c’est vrai que dans un pays ou dans une population quand il y a surpopulation il y a des mécanismes qui se mettent en place pour je dirais réguler les naissances, on fait ça de manière naturelle et je pense qu’il est important de faire attention sur les actions qu’on peut avoir et faire ça avec beaucoup de prudence.
17 - Je vais vous dire, je suis peut-être un cas rare dans cette pièce, je suis l’aînée de 11 enfants dont 8 vivants, je suis née en 1934 et mon dernier frère en 1952, nous avons 18 ans d’écart, il a perdu sa mère très jeune, il était ingénieur arts et métiers. Quand j’entends dire que les allocations familiales dans le temps aidaient les familles, en ce qui me concerne moi et ma famille, nous étions deux en 1948 au lycée de jeune fille, je suis comme ma sœur fille d’ouvrier et c’est les bourses , j’ai eu des bourses pendant cinq ans. En plus de ça pour les allocations familiales madame en tant qu’aînée je touchais nettement moins que le dernier frère ? Alors je crois que ce qu’il y a pour las allocations il faut absolument surveiller, j’avais le service des bourses à coté de mon service à l’inspection, on donne des bourses aux familles entières il faudrait veiller à ce qu’on ne donne pas les bourses pour acheter une molto et tout. Enfin je pense messieurs et mesdames que s’il y avait eu l’avortement ou la pilule au temps de ma mère en 1934 moi je serais là mais mes derniers frères ne seraient pas là. Mais nous sommes une famille très heureuse mes cinq frères ont eu une belle situation, ils ont perdu leur mère très jeunes, je me suis retrouvée à la tête de mes cinq frères. Je pense qu’il faut aider les familles parce que quand même les livres et tout coûtent cher.
18 - Je crois qu’après tout ce qui a été dit dans ce débat, tout le monde a à peu près raison, il me semble impossible de dire s’il est responsable ou irresponsable de faire des enfants, parce qu’à moins d’être madame soleil, je ne pense pas qu’on puisse prévoir tous les aléas tous les avatars de la vie, n’importe quoi peut se produire au cours d’une vie. Les parents qui disparaissent, moi pour me citer je n’aime pas trop mais enfin, j’ai perdu mes parents à l’age de 2 ans j’ai quand même passé mes trois quarts de siècles avec des hauts et des bas mais je suis encore là et j’espère être encore là quelques temps. Quand à dire que dans les pays surpeuplés, bien souvent ils ont des enfants pour assurer pour aider les parents, ils font des enfants pour que le fils travaille et aide ses parents, et quelquefois, ce n’est pas l’idéal, pour vendre la fille à quelqu’un, mais il y a toujours une nécessité dans ces cas là. Je pense qu’on ne peut pas dire si c’est responsable ou irresponsable.
Animateur - A ce stade du débat vous remettez en doute complètement la question posée, est-ce qu’on peut se positionner en pensant, c’est un acte de volonté, aujourd’hui on peut choisir d’avoir ou non des enfants. Dans notre situation, dans notre culture on peut choisir, on a encore le droit à l’avortement et il y a un certain nombre de règles qui permettent de conserver ce droit. Par ailleurs notre culture véhicule la notion de responsabilité des parents et préconise de faire attention, on essaie dans l’éducation des enfants de leur dire de faire attention au fait qu’être parent c’est une responsabilité donc on les prépare à l’avenir en disant vous avez le droit de vivre en couple, vous avez le droit à tout point de vue d’avoir des relations sexuelles mais vous protéger de la parentalité. Donc déjà c’est un point et à partir de ce moment on peut se positionner en personne responsable, la société attend de vous, l’ensemble des gens réunis ici attendent qu’on soit responsable dans l’acte d’avoir des enfants, c’est pour ça que la question a surgi aujourd’hui. Maintenant effectivement on peut retourner la chose cette notion de responsabilité est-elle universelle, cette culture, je ne veux pas faire de polémique, est-ce que certaines cultures justement ne refusent pas le droit de réfléchir sur la question, ça aussi c’est un fait. D’autres sociétés comme vous parlez de la Chine par le biais d’une loi et je dirais d’implication socio-économique de l’état limite le droit aux familles d’avoir des enfants. Après c’est selon le niveau de la personne pour en avoir plus d’un. Il existe dans les sociétés humaines un petit peu toutes les manières de voir les choses, du droit à la contraception au non droit à la contraception, je ne pense pas par le biais d’une règle mais simplement par un choix culturel et une implication du plus haut niveau de la société d’une certaine culture, ce n’est pas pour autant que cette culture est véhiculée certaines personnes ne pratiquent pas la contraception, ça c’est pareil c’est assez diffus il y a les volontés et après il y a ce qui se pratique. C’est exactement comme le problème en France, le fait que pour l’instant on a comme tabou la fin de vie alors qu’à une époque on mettait aussi le tabou sur le début de vie. Maintenant le début de vie est moins tabou on peut parler de responsabilité de choix d’avoir des enfants pour l’instant on n’a pas encore le droit de choisir de mourir. Est-ce que cela n’a pas une implication sur le choix de donner la vie ça peut aussi influer.
19 - Finalement moi ce qui me gène le plus dans la question c’est le mot responsable lié au fait d’avoir des enfants. Je ne suis pas sur que ce soit un e question de responsabilité sauf à croire que justement il y ait une espèce de pérennité des choses, une espèce de sécurité. On peut avoir un enfant parce raisonnablement on peut penser qu’on va pouvoir l’élever correctement. En fait c’est ça que sous-tend la notion de responsabilité, mais ça pour moi cette question de responsabilité me gène, je n’ai pas l’impression que ce soit du ressort de la responsabilité des gens d’avoir des enfants, au-delà de cas dont on a parlé, avoir des enfants pour avoir des allocs, avoir des enfants pour avoir une HLM, des choses extrêmement utilitaristes de manière ponctuelle, je ne suis pas certain que ce soit une question de responsabilité. Je pense qu’il y a d’autres choses qui prévalent largement sur le fait de la responsabilité. Il y a l’envie probablement, on a parlé de l’amour, alors ça c’est probablement trop éthéré pour le café citoyen m^me si on peut comprendre ce que c’est. Il y a la notion, enfin encore une fois la notion de la vie, il y a la notion de la connaissance de l’avenir pour moi sous-tend la notion de responsabilité est quelque chose j’imagine très mince dans le choix d’avoir des enfants. Moi je ne peux pas savoir, je n’en ai pas mais tous les gens qui ont en fait je n’ai pas l’impression qu’il se pose cette question là. Quand j’entends monsieur Seeuws dire, moi je prends aussi l’exemple de mes parents, ma mère est née en 1941 et mon père a fait sa communion le 4 ou 5 JUIN 1944à Caen, donc on peut considérablement penser que mes grands-parents étaient totalement irresponsables et pourtant ils vivent tous les deux et plutôt correctement. Donc l’avenir n’est pas quelque chose d’écrit, pour mon malheur toutes ces choses sont bien fugaces.
20 - Je voulais intervenir avant ce que vient de dire Boris. On parle de la responsabilité, je pense qu’il faudrait peut-être qu’on voie comment les sociétés, les cultures voient l’enfant par rapport à ce que, moi je pensais au monde dans les pays d’Afrique où l’enfant est au centre de la société, c’est vrai que c’est quelqu’un, on vit pour l’enfant. En plus malheureusement pour eux l’accès à la contraception leur est quand même très milité à cause de l’argent il faut le dire clairement et moi je voulais intervenir sur autre chose. On parlait de naissance et de mort, on mettait en parallèle cela et naturellement la nature régule les naissances et les décès et donc la population. Je crois qu’en Afrique c’est vrai si on regarde les effets du sida, c’est ravageur et on parle de la responsabilité d’être parent et moi j’en suis à me demander et j’en suis à me dire pour certain, est-ce qu’ils ont le droit d’être parent à cause de ça. Évidemment qu’on ne leur enlève pas ce droit mais finalement faire un enfant pour eux c’est là je pense que là aussi, c’est une question qu’il faut se poser étant donné les dangers que représente cette maladie dans le secteur africain et maintenant asiatique aussi. Nous on se pose des questions sur le devenir de nos enfants en terme de con fort quelque part, est-ce qu’on pourra leur donner les mêmes chances qu’à nous, les mêmes droits qu’on a eus, les mêmes conditions de vie voire mieux parce que tout le monde espère mieux pour ses enfants et heureusement, mais finalement si on regarde la planète d’une manière générale pour certaines familles c’en est plus que là. Est-ce que pour certaines femmes ici c’en est plus que là donc la responsabilité, je suis d’accord avec Boris parce que finalement notre responsabilité nous on l’ pose en terme, je vais être dure, de confort, mais finalement est-ce qu’on ne devrait pas la poser ailleurs.
21 - Je voudrais rebondir sur l’idée de responsabilité. Ici nous sommes dans un café citoyen et qu’est-ce que c’est être citoyen, c’est être responsable mais pas seulement de sa vie familiale de son choix, c’est responsable aussi vers les autres, envers son environnement être solidaire et ne pas penser, quand je suis intervenue en premier je n’ai pas pensé qu’à la France, on vit la mondialisation maintenant, j’ai pensé mondialisation. Je suis d’accord avec madame, ça pose problème les gens comme en Afrique, on ne peut pas intervenir, on ne peut pas les empêcher mais ça pose problème. Il y a quelque chose, peut-être une éducation à faire, à apprendre que lorsqu’on est malade comme ça il vaut mieux éviter peut-être d’avoir des enfants, il y a toute une éducation à faire je crois. Mais et c’est peut-être notre travail de citoyen d’apprendre qu’il y a une différence entre avoir des enfants maintenant parce que l’enfant n’est plus du tout ce qu’il était à l’époque, je ne vais pas remonter à Mathusalem, à l’époque où je suis née on nous considérait comme un tube digestif jusqu’à l’age de sept ans, tu ne prendras la parole que lorsque tu auras l’age de raison, c’était sept ans, c’était vraiment une éducation très stricte et l’enfant on lui déniait toute intelligence, ce n’était pas l’enfant gâté de maintenant qui fait des caprices pour avoir n’importe quoi. Donc l’idée de l’enfant est complètement changée. Et je voudrais dire au monsieur né en 1941/42, je ne veux pas le rendre triste avec ça mais si il y avait des enfants qui naissaient à partir de 42, il ne faut pas oublier qui avait une dame qui avait été tuée, décapitée au temps du maréchal Pétain, qui était une normande, vous m’excuserez je ne retrouve plus quelle ville normande, parce qu’elle avait fait un avortement et que l’avortement était punie de la peine capitale. Donc les femmes entre se faire couper la tête et avoir un enfant préféraient avoir un enfant, cela s’explique. Et je voulais revenir sur la Chine juste pour mettre une petite chose au point, il n’y a pas plus de garçons, parce qu’on a limité les naissances, c’est parce qu’il il y a possibilité avec une échographie de voir si on attend une fille ou un garçon et comme on n’aime pas les filles on a forcément gardé les garçons et je ne sais plus combien de millions de chinois cherchent des femmes. Pour les femmes ici qui ne trouvent pas de mari voilà un débouché.
22 - Moi je veux juste dire un simple mot, si je dois retenir quelque chose de ce débat, c’est ce qui a été dit là-bas, la procréation est d’abord un acte d’amour entre un homme et une femme, un acte d’amour qui se poursuit dans l’amour de l’enfant lors de sa naissance et au cours de sa progression. Je crois que c’est ça le plus important, c’est la base de tout à mon avis.
23 - C’est à la fois un acte d’amour et un acte de survie aussi, moi je pense que c’est une réaction contre la mort, faire un enfant c’est vouloir que la vie continue et que dans une famille quand il y a un décès, quand un enfant arrive on est quand même heureux parce qu’on est sur que la famille va se pérenniser. Alors je voudrais dire, cette question vous savez nos ancêtres préhistoriques ne se la posaient pas parce chez eux il fallait se battre pour la vie et l’enfant dans le groupe était très important pour la survie de la tribu. De toutes façons quand il n’y avait pas assez de femmes, et bien on allait les prendre chez le voisin. Mais oui ça voulait bien dire quelque chose, ça voulait dire, on ne les prenait pas pour le simple plaisir, c’était pour faire des enfants ni plus ni moins. Vous vous rappelez l’enlèvement des Sabines par les Romains, les Romains n’avaient assez de femmes ils sont partis chez les Sabins pour leur prendre leurs femmes pour avoir des enfants. Alors je crois d’effectivement à mon avis, poser la question est-ce responsable, je trouve que c’est un peu intemporel et pas du tout près des réalités.
24 - Je suis arrivée très en retard, je vais peut-être redire des choses qui ont été dites, vous m’en excuserez. Le peu que j’ai entendu me fait réagir, je suis tout à fait d’accord avec monsieur, faire des enfants c’est d’abord un acte d’amour et un acte de vie. Je veux dire savoir quel sera leur avenir, c’est là où est le problème et la responsabilité, ce n’est pas le fait d’avoir des enfants qui en lui-même est un acte de vie, c’est de savoir qu’est-ce qu’on va leur léguer et c’est là que le problème se pose. Ça me fait toujours mal quand j’entends dire, même si on sait que ça pose problème, par exemple les naissances en Afrique et tout ça, mais de quel droit s’arrogerait-on l’autorisation et le droit de dire qu’untel ou untel ou tel peuple ou telle race ou tel individu quelque soit sa condition, sa culture, soit non autorisé ou limité dans le droit de faire des enfants. Là où il faut se poser des questions à mon avis c’est qu’est-ce qu’on fait au niveau mondial pour aider les pays comme l’Afrique pour les aider au niveau médicaments, au niveau thérapeutique, au niveau enseignement, au niveau structures pour que ces problèmes là n’arrivent pas, n’arrivent plus mais ce n’est pas le problème d’avoir des enfants qui est un acte qui manque de responsabilité, au contraire je pense que c’est un acte de vie qui est in dispensable effectivement. C’est plutôt ce qu’on fait après et ce qu’on fait pour cet enfant puisse vivre dans de bonnes conditions, c’est là la responsabilité, ce n’est pas la responsabilité de faire des enfants ou de ne pas en faire, il me semble que c’est ça.
Animateur - Là, on remet la notion d’acte responsable en d’acte d’amour. Est-ce que la société doit aimer ses enfants, la société humaine doit aimer ses enfants même si les parents biologiques les aiment ou ne les aiment pas ?
25 - Juste un point au niveau du débat, c’est vrai que je ne m’étais pas posé la question comme ça mais au fur et à mesure du débat quelque chose apparaît, c’est qu’en fait nous pouvons nous poser la question. On a parlé du droit à l’avortement quelque chose comme ça et en fait beaucoup de pays et même beaucoup de continents ne peuvent pas se poser cette question parce qu’ils n’ont pas de choix, pas le choix de l’avortement, pas le choix au niveau des structures sociales. Avoir un enfant aussi il y a quelques années quelques siècles c’était aussi pour les parents s’assurer leur survie, leur vieillesses. Nous on a la chance d’avoir un petit mutualisé ça mais dans beaucoup de continent avoir un enfant c’est aussi assurer sa survie quand on est age, quelqu’un qui va reprendre l’exploitation familiale si on cultivé la terre par exemple.
Animateur - Quelque part est-ce que les états ne défendent pas aussi cette vue là aujourd’hui, c'est-à-dire s’inquiéter justement. Quand on fait des statistiques au niveau européen sur les taux de natalité, le renouvellement des générations parce que c’est vraiment en ces termes que c’est posé, aujourd’hui la France est le leader européen avec deux enfants par couple en moyenne, çà n’assure pas le renouvellement des générations de toute façon. Il y aura forcément un déclin de la démographie on le sait, est c’est peut-être ce qui dirige le politique aussi parce qu’il se positionne dans un vieux précepte de dire, c’est peut-être aussi une vérité, est-ce qu’on n’est pas responsable de l’avenir des bienfaits que l’on a d’avoir des mômes pour travailler, sachant que le travail il n’y en a pas pour tout le monde qu’une minorité d’êtres humains peut subvenir aux besoins de travail je dirais physique, il en faut très peu pour qu’une société fonctionne. Donc on est dans une société où effectivement on est obligé d’occuper les gens de manière factice, et c’est peut-être ce qui chez certaines personnes qui réfléchissent sur l‘acte d’avoir des enfants provoque une certaine appréhension. Est-ce que l’enfant va être là pour qu’on lui refuse une raison de vivre ou est-ce que lui-même va avoir le goût d’aventure pour découvrir des activités, des nouveautés. Est-ce qu’aujourd’hui on n’a pas fait le tour du globe on connait tous les continents, on connait toutes les sociétés, on arrive bien à se dessiner une vue d’ensemble. Toutes les personnes ici ont parlé à un moment ou un autre de l’Afrique, il y a ça aussi qui nous est renvoyée, c’est peut-être cette peur là qui fait qu’on se pose la question de savoir si c’est un acte responsable ou non.
26 - Je crois que la responsabilité elle se pose aussi en aval, c'est-à-dire on entend bien c’est un problème politique dans lequel nous avons à jouer un rôle. On entend bien le discours, on parle de la dette que nous laissons à nos enfants, on parle de l’ascenseur social qui ne fonctionne plus, on parle des trentenaires qui commencent à se rebeller. Donc effectivement on parle des retraites qu’ils auront à nous payer parce que nous avons une espérance de vie beaucoup plus longue. Donc ce sujet là, d’abord on n’est pas tous d’accord, alors qu’on devrait, les intérêts sont convergents, en principe ça touche tout le monde et c’est sur les solutions qu’on n’est pas d’accord et c’est un peu grave. Le réflexe citoyen je ne sais pas s’il fonctionne très bien.
27 - Je pense que le débat sur la responsabilité d’avoir des enfants se pose à un niveau global, je pense que c’est normal d’avoir des enfants, je crois que quand on fait des enfants, c’est très rare que l’on regrette. On ne les fait pas toujours par amour, il y a des femmes qui se font faire un enfant, elles n’ont pas trouvé le grand amour mais elles ont un enfant, elles ont fait un enfant. Oui c’est une forme d’amour de soi-même, je ne sais pas trop. Je voulais revenir, en fait est-ce qu’on est responsable, il y a un problème de comment on va laisser la planète, on en parle. On a parlé de l’Afrique, aujourd’hui il y a le pacte de Nicola Hulot, je ne sais pas ce qu’il y a dedans mais c’est pour préserver la nature quand même. Est-ce que c’est responsable vis à vis de nos enfants de polluer, une voiture ça pollue est-ce qu’il ne faudrait pas qu’on dise tous à Nicolas Hulot, oui chiche Nicolas Hulot président de la République. Bon c’est une boutade mais est-ce qu’il ne faut pas qu’on se préoccupe plus de la planète qu’on va laisser. Voilà je pense que c’est ça le thème central.
28 - Moi, j’avais démarré justement l’introduction par l’état de la planète et nos ressources énergétiques etc. Et vous monsieur vous avez soulevé le problème des terres agricoles, on a tous besoin de manger et qu’est-ce qui nous nourrit le plus naturellement du monde c’est quand même la terre et non les artifices chimiques qu’on pourra peut-être nous donner à manger dans quelques temps mais qui ne plairont peut-être pas beaucoup. Donc il faut préserver la terre. J’avais parlé de nos ressources en eau aussi. Lorsqu’on se multiplie et multiplie comme ça a commencé en Inde, en Chine, mais même si on regarde le Japon, qu’est-ce qui se passe. Au Japon il n’y a plus de terre agricole, on est en train de construire des immeubles de plus en plus hauts, qui deviennent des monstres. Je sais qu’on les fait anti-sismiques, c’est quand même une région sismique. En Inde les milliers, je ferais mieux de dire les millions de personnes qui existent là, il va arriver un moment où il n’y aura plus de terre, plus rien, ce ne seront que des villes. Le problème était celui que j’ai soulevé, si on n’y met pas le holà un jour ou l’autre, ils ne tiendront plus en Inde, ou il faut que ça stoppe. Et je ne vois pas pourquoi raisonnablement on empêcherait les gens de se multiplier mais il faut une éducation, il faut que les gens réfléchissent à l’avenir de la planète, c’est tout à fait égoïste de se reproduire comme on se multiplie en ce moment sans penser aux générations futures. Si on fait des enfants ils auront eux-mêmes des enfants etc et il faut penser à leur avenir. Que ce soit un acte d’amour, d’accord, mais on peut faire l’amour avec une protection, c’est un acte d’amour si on veut. Il y a toujours des enfants abandonnés, et c’est un acte d’amour ça d’adopter des enfants abandonnés, de s’en occuper, ça c’est un véritable acte d’amour quand on n’a pas fait d’enfant soi-même de les prendre et de les élever, de s’en occuper. Je crois que c’est la solution et c’est moins égoïste que de faire des enfants en se regardant le nombril en disant ah ! Il nous ressemble beaucoup, il ressemble à sa mère, ça c’est l’égoïsme je crois.
29 - Alors la nombreuse famille que je représente, je suis vraiment ahurie, parce que sur mes dix neveux j’en ai un qui voulait avoir six enfants, il est à Ranville et il a sauvé deux postes d’enseignant, c’est le seul de la famille qui a six enfants les autres ont un ou deux enfants. Je crois que chaque être, moi à l’intérieur de moi-même je me suis dit mon neveu s’en va vers des difficultés. Et bien non il a donné une situation à ses six enfants, ce n’était pas à moi, la tante, de dire à mon neveu ne fait pas six enfants, je crois que chacun est responsable, d’autant plus que je suis célibataire et comme je vous ai dit l’aînée de 11 dont 8 vivants. Alors là je suis, je ne vais quand même pas dire à mon neveu pourquoi tu as fait six enfants, tu es en train de mettre la planète en danger et la France en danger en plus ;
Animateur - On évite de répondre systématiquement, je vais vous passer le micro, vous prendrez la parole après.
30 - Je reviens sur l’envie d’avoir des enfants, c’est assez naturel. Quand on se pose la question est-ce que c’est responsable ou pas, on regarde par rapport à la famille qu’on va pouvoir fonder, je ne sais si on regarde au niveau beaucoup plus géographiquement, au niveau du contexte plutôt est-ce qu’on va regarder vraiment au niveau du contexte, je crois qu’on essaie de voir si déjà par soi-même on peut leur apporter une certaine stabilité. On a parlé plus ou moins tout à l’heure des retraites, je crois que même si on les organise, par comme dans certain pays où c’est les descendants qui doivent prévoir la retraite de leurs parents. Je crois qu’au niveau politique il faut quand même y songer. Il y a aussi au niveau de la responsabilité, à se demander justement il y a un mouvement qui est en train de se développer sur la décroissance. Est-ce qu’il ne faut pas essayer de se limiter plutôt que de toujours vouloir acquérir des choses au détriment de certains peuples. Et puis je crois que les enfants donnent une certaine stimulation au niveau de sa propre vie.
31 - Juste une petite précision effectivement avoir six enfants en France très bien, très bien on manque d’enfants en France. Par contre si vous allez, je vais prendre le Nigeria puisque la natalité est galopante là-bas, ils font des enfants, des enfants, et c’est très difficile de développer un pays quand la population est multipliée par deux en vingt ans ou en quinze ans. Si on était 650 millions en France on étoufferait, ce serait difficile hein, on en serait où. En France on est beaucoup plus, non seulement on a un peu de sous mais on a la chance de pouvoir faire des enfants.
32 - La question que j’aurais envie de poser c’est avoir envie de faire des enfants, est-ce raisonnable, j’ai envie de retourner la question en disant, est-on prêt à être parents, voilà, parce que le fait d’avoir des enfants, c’est une chose, mais est-on prêts comme parents à aimer l’enfant. Je pense que l’enfant est aussi ce qu’on lui a donné, essentiellement ce qu’on lui a donné, le regard de la mère, l’amour même si les parents entre eux ne s’aimaient pas, je pense que l’enfant va avoir envie de vivre de donner et de construire. J’ai envie de dire, travaillant dans le milieu scolaire que ce soit dans l’orne ou en zep ici dans le calvados, dans un milieu citadin, je rencontre beaucoup d’enfants en perdition. On est pourtant au 21° siècle dans un pays civilisé et ce sont des enfants en grande souffrance. Alors le relais est pris par des structures, des éducateurs et pourtant ils sont à coté de nous, ils n’ont pas envie de vivre ils n’ont pas d’objectif. Ils sont dans des filières qui ne les aident pas. Ces enfants sont à coté de nous. Je veux dire on peut faire la morale aux pays étrangers, on peut faire la morale à des gens qui effectivement au niveau économique ont besoin d’espoir et l’espoir c’est l’enfant et ce n’est pas uniquement un objet économique mais là-bas je pense qu’ils savent, que ce soit en Afghanistan, que ce soit en Éthiopie ou au Rwanda, l’amour de l’enfant est présent il est au centre de la communauté. Et nous aiment-on nos enfants comme eux aiment les leurs.
Animateur - Alors on recentre le débat sur la notion d’amour plus que de responsabilité, c'est-à-dire se positionner en personne aimante et en société aimant ses enfants. Si la chose arrive et elle doit arriver puisque de toute façon c’est une lapalissade, si il n’y a pas d’enfants il n’y a pas à se poser la question de responsabilité. Don c je dirais globalement il y aura des enfants il faut je pense les aimer, la responsabilité c’est l’acte en fait qui vient derrière effectivement.
33 - Finalement l’enfant est au centre de la vie des familles. j’ai beaucoup parcouru l’Italie, un peu l’Espagne et le Portugal, les enfants sont considérés comme des merveilles surtout dans les civilisations méditerranéennes. J’ai aussi ma fille qui est allée au Sénégal qui y a passé pas mal de temps, elle est allée au Maroc et dans beaucoup de Pays d’Afrique. Au Sénégal une femme qui a plusieurs enfants peut très bien en donner un ou une à sœur à sa belle-soeur, à quelqu’un de sa famille. L’enfant est reçu avec plaisir il n’est pas abandonné, il n’y a aucune enfant abandonné au Sénégal. Je trouve qu’il a une importance primordiale dans l’avenir de la société de la planète.
34 - Je voudrais revenir à ce que tu avais dit tout à l’heure, c’est vrai qu’on est dans une société de consommation et on entend que les gens sont de plus en plus malheureux. Je rejoins ce que tu disais, est-ce que ce n’et pas l’amour vraiment qui est plus important que les biens matériels même si effectivement il en faut pour vivre.
Animateur - Bon et bien à ce point du débat apparemment on ne se pose plus trop de questions, comment relancer….
35 - Je veux revenir juste sur un petit point soulevé tout à l’heure celui de l’adoption. C’est vrai que faire un enfant c’est un acte d’amour j’en ai bien conscience, mais adopter est aussi un acte d’amour, ce n’est pas le même, ce n’est pas la même chose, c’est tout aussi difficile et problématique si ce n’est plus difficile et plus problématique. Ce que je voudrais vous dire pour avoir fait les deux, c’est la même chose, c’est exactement pareil, avoir un enfant biologique ou adopté un enfant c’est la même chose, voilà.
36 - Pour rebondir sur ce que vous dites propos de l’adoption, ce n’est pas exactement la même chose dans ce sens que quand vous voulez être parent, que vous avez quatorze ans, quinze ans, vingt ans, quarante ans on ne vous demande pas de compte. Quand vous voulez adopter on vous demande patte blanche, on vous analyse sous toutes les coutures, pour adopter on est passé au crible. C’est une grosse différence il faut se montrer capable. Quand on veut être parent à notre époque si c’est un enfant naturel on ne doit pas montrer patte blanche comme pour l’adoption.
Animateur - Donc là on demande effectivement d’être responsable et la société demande de rendre compte sachant qu’on peut avoir des enfants de manière libre sans aucun état d’âme et même pas forcément d’amour. Par contre on demandera à l a personne qui veut s’occuper de l’enfant des autres, effectivement, dans notre société avant de pouvoir passer à cet acte contrairement à ce que disait monsieur, dans certaine culture c’est plus un acte naturel et puis l’état ne légifère pas en la matière, chez nous on a un service d’action sociale et à partir de ce moment on ne peut pas faire ce qu’on veut au niveau de l’adoption.
37 - L’adoption bien qu’on est dans une société où l’état règle et régimente tout. Dans les sociétés comme vous dites en Afrique il y a un problème de solidarité, il n’y a pas besoin de l’état. Dans la tribu ou dans le groupe, on est très solidaire. C’est assez curieux d’ailleurs, je me rappelle une anecdote, j’avais dans ma compagnie un Africain qui conduisait le véhicule et ça faisait deux ans qu’il était militaire, qu’il n’était pas rentré chez lui. Un jour il bondissait de joie, il me dit j’ai un enfant. Alors moi en rigolant je lui dis mais dis donc c’est toi qui l’a fait. Il me répond non c’est pareil c’est mon cousin. Vous voyez ça ne pose pas de problème chez eux, l’enfant c’est l’enfant de la tribu, on s’en occupe, on l’aime, on l’aide, il y a une solidarité. Vous avez même des jeunes qui viennent d’Afrique avec une sorte de contrat entre les familles et un parent qui est en France pour son éducation et pour sa tutelle. Vous voyez qu’on n’est plus du tout dans la même société, je pense qu’on est dans une société où il n’y a plus de solidarité. Alors on compte sur l’état, c’est l’état providence. Si l’état ne s’occupe pas de l’avenir de nos enfants on va se dire c’est pas la peine d’en faire. Alors moi je dis non, ce n’est pas ce raisonnement qu’il faut avoir. La question qu’on pourrait se poser si on va dans cette voie, et bien qu’est-ce qui se passera, il y aura une diminution de la population, il y aura des besoins une société ne peut pas vivre comme ça. Automatiquement la nature aura du vide et l’économie encore plus. Et bien quand j’entend l’INSEE dire il faudra importer 30 ou 40 millions de personnes venant de pays d’outre mer et bien ça veut dire une chose, si on ne fait pas d’enfants il faudra en arriver là. C’est une vue égoïste de dire cela et ce n’est pas une vue, un acte d’espoir. On a parlé d’acte d’amour mais il y aussi acte d’espoir. Espoir dans les générations futures, on a l’air de dire et bien, on élimine presque les générations futures en disant c’est très bien comme ça, ça va agrémenter notre confort. Je crois que ce n’est pas une bonne solution.
38 - Je suis tout à fait d’accord avec mon prédécesseur mais je voudrais ajouter une petite chose. Quand vous parlez d’acte d’amour qui est important dans l’adoption et tout ça et qu’effectivement on demande plus de garantie, je crois que vous vous leurrez aussi. C’est un combat pour ceux qui adoptent, ça c’est vrai, il y a un dossier qui est très dur, encore que maintenant on voit qu’il y a plein de choses différentes. Mais ça ne vous garantit rien, un enfant ne vous garantit jamais rien et vous ne lui garantissez rien. Je veux dire, ça n’empêche pas que certains parents qui adoptent divorcent dans l’année d’après, tout s’en va à vau l’au, on se crée des illusions en disant que parce l’enfant est adopté on lui offre toutes les garanties, c’est faux, on offre exactement les mêmes garanties qu’à un autre enfant dans la société actuelle. Donc c’est vraiment une question d’individu et la question de la responsabilité d’avoir des enfants, moi je suis tout à fait d‘accord, j’ai des petits enfants et je remercie mes enfants de m’en avoir donné et j’espère qu’eux-mêmes en auront parce que c’est la survie de l’humanité, je veux dire s’il n’y a plus d’enfants il n’y a plus de monde non plus, c’est la vie. La question qu’il faut se poser c’est la responsabilité qu’on a une fois qu’on a fait nos enfants et l’avenir qu’on va leur donner et c’est ça cette responsabilité là, ce n’est pas de se dire, on l’a adopté, on ne l’a pas adopté, la responsabilité c’est oui il faut avoir des enfants parce que c’est la survie de l’humanité et après c’est de savoir la responsabilité c’est celle de leur donner les moyens de vivre correctement. Quand on parle, alors c’est pareil de cette population d’Afrique, moi je trouve que c’est une population qui a beaucoup à nous apprendre, je suis désolée chez eux il n’y a d’enfants abandonnés comme vous disiez et il n’y a pas de maison de retraite, donc on a peut-être des choses à apprendre aussi. C’est une autre culture, par contre on a failli, je pense on n’est pas assez, on est responsable mondialement. On a l’air de dire et bien en France avoir des enfants, mais on est un pays riche je veux dire la question ne se pose pas dans les mêmes termes dans les pays pauvres ou dans les pays en surpopulation comme vous disiez, où ils n’ont pas la même culture ni même présence médicale déjà. Quand on pense, il faut quand se pose cette question la surpopulation d’Afrique quand on dit ils ne devraient pas faire des enfants, nous on a laissé courir le sida. Pour quoi parce que le firmes pharmaceutiques n’ont pas voulu donner à des tarifs bas les produits existants pour stopper le sida ou limiter sa progression. Alors c’est pas là qu’il faut poser la question c’est la responsabilité de nos enfants c’est la responsabilité d’un choix de vie c’est après ou avant qu’il faut se poser la question.
39 - Sans vouloir offenser personne j’ai quand même l’impression qu’on a une vision du continent africain comme la vision du bon sauvage. Les populations africaines comme les nôtres se sécularisent, ça devient aussi une population d’individus. Pour y être allé je peux vous dire que les enfants vivent parfois dans des conditions abominables. Il y aussi des enfants à la rue, des enfants utiles, il y a des enfants soldats, des enfants qui sont de la chair à canon et en Afrique comme ailleurs, l’idée du village du village et des enfants que tout le monde élève etc , ça c’était bien quand l’Afrique n’était pas un pays en voie de développement et d’industrialisation .Les africain comme les autres européens au 19° siècle ont vu très vite l’utilité d’avoir de la main d’œuvre. J’ai vu, je n’en parle pas trop, j’ai vu des horreurs en Afrique des choses absolument abominables qu’on ne peut même pas raconter sur les enfants ; Donc je suis très étonné qu’on ait encore cette vision, pour moi c’est la vision du bon sauvage ? Je crois entendre nos philosophes du 18° nous parler du bon sauvage et ça m’étonne parce quand même la situation en Afrique est une situation d’extrême précarité qui amène les populations ici comme ailleurs à commettre des actes absolument abominables y compris vis-à-vis des enfants. C’était une première chose. Et ensuite j’avoue que pour moi cette question est une question d’individu, on est vraiment dans une société qui prône l’individu, où l’individu est mis en exergue. Est-il responsable d’avoir des enfants, déjà le simple fait de poser la question c’est se dire bon est-ce que pour moi, pour mon épanouissement personnel, la vision que j’en ai, alors que je n’en ai pas encore, est-ce que ça va être épanouissant est-ce que je vais m’accomplir en ayant un enfant. C’est vrai que pour moi j’ai tout un tas d’amis qui ont des enfants et quand je les vois trois heures par nuit, dormir changer les couches donner des biberons jusqu’à pas d’heure, je n’ai pas l’impression qu’ils sont épanouis et quand je les vois arriver avec des grosses cernes le matin je me dis oh la la comme je suis content de pourvoir sortir le soir et ne pas, et bien voilà. Probablement lorsque je leur en parle ils me disent oui mais l’épanouissement n’est pas là il est bien ailleurs. Mais encore une fois se poser la question c’est vraiment très personnel très intime, on va trouver à s’accomplir dans un tout de choses y compris en faisant des enfants. Mais on ne peut pas obliger à faire des enfants moi je fustige les gens qui à toute force nous montre leur bébé en disant ah regarde mais pourquoi n’en as-tu pas. D’accord parce que je fais ce que je veux et puis parce que voilà j’ai envie de dire laissez le temps aux gens laissez leur faire ce qu’ils ont envie. Mais je crois que vraiment il faut poser la responsabilité comme une question de société, encore une fois je redis ce que j’ai dit au début cela me semble très, très réducteur.
Animateur - Oui à juste titre tu pourfends les généralités, je pense qu’à travers cette notion il y avait une notion d’idéal qui transpirait. Les gens essaient de mettre dans leur vie aujourd’hui dans notre type de culture des idéaux et l’Afrique comme tu dis n’est pas une généralité avec un type de société et heureusement comme l’Europe n’est pas rendue à ce niveau là. Ça ne n’est pas pour défendre ce qui a été dit mais c’est le plus le concept qui a été évoqué qui intéresserait le débat à savoir certaines société se positionnent dans un cartésianisme et d’autres pas du tout à l’égard de leur organisation et de leur manière de voir. Et peut-être que ce que tu dis sur l’Afrique avec toute cette diversité du plus horrible peut-être jusqu’à un système plus idéal, c’est peut-être dû justement à cette liberté de champ d’action où les états sont encore peu régulateurs ou au moins ne se basent pas comme chez nous sur des bases cartésiennes. Je dirais ils sont dans une aberration totale totalement inexistants c’est peut-être çà qui fait le particularisme de ces états là. Nous on est ultra organisés avec des lois tellement nombreuses qu’on ne sait même plus les nommer toutes on n’en connaît même pas le contenu. A partir de ce moment la question d’être responsable chez nous elle peut se poser pour tout. On dira on est responsable de tout, une chose est sure c’est qu’on se noie dans un système de lois des fois qui ne trouvent même pas d’application au quotidien.
40 - Moi c’est très court, je crois qu’il y a une fracture de vue parce que certains voient la survie de l’humanité en se reproduisant en faisant des enfants, et d’autres, nous sommes moins nombreux à première vue, nous voyons la survie de l’humanité de l’espèce humaine en diminuant les naissances et en consommant moins et en respectant les ressources de la terre. Donc ce sont deux visions des choses, on pense on croit penser le bien de l’humanité mais avec deux visions totalement opposées des choses.
41 - Je sais qu’il n’est pas prévu qu’on réponde à quelqu’un directement mais je vais poser une question : est-ce qu’il est bien responsable de vouloir à tout prix la survie de l’humanité ?
Animateur - Oui ça peut être la suite à la question d’aujourd’hui. Oui on est pessimiste dans ce cas là
42 - Rapidement pour répondre à madame, je ne pense que ce soit des visions opposées. Il est clair qu’en Europe ce qu’on appelle la vieille Europe on a au maximum deux enfants par femme , on a un problème de survie, de pérennité de générations qui va faire qu’à terme la population européenne va décliner, ce n’est pas forcément une bonne chose. Si on regarde d’un point de vue mondial, là je suis d’accord avec vous, on est dans une démographie complètement galopante. On peut quand même raisonnablement penser que ça va galoper de moins en moins vite parce que justement, et je ne pense pas que ce soit une bonne chose, puisqu’ils ont la mondialisation d’un certain nombre de choses fait que lorsqu’il n’y a plus cette notion d’enfant utile, lorsque le niveau global d’un pays augmente on voit bien que le niveau de natalité diminue. Ça c’est un fait avéré sur l’histoire des nations, on peut penser que les deux grands pays, quasi continent que sont la Chine et l’Inde vont eux aussi voir leur niveau de natalité baisser. La Chine parce qu’il y a eu des lois drastiques, l’Inde probablement aussi parce que le niveau de vie va augmenter. Ce n’est par pour ça qu’il n’y aura pas de pauvres, ce n’est pas pour ça qu’on ne va pas dans le mur. Mais on peut penser quand même que la natalité prise chez nous, si on me demande à moi est-ce responsable de faire un enfant, je ne suis pas sur que ce soit la même chose que si on le demande à un africain si on le demande à un indien si on le demande à un chinois. Je ne pense qu’on ait la même vision des choses, la même vision du monde. Je ne suis pas sur que deux enfants par femme française change beaucoup le problème de la surpopulation mondiale. Par contre sept enfants par femme indienne, probablement, ou huit ou neuf mais déjà ils sont déjà à moins que cela. Je ne suis pas sur que pronostiquer 9 a 10 milliards dan 50 ans, je ne suis pas sur qu’on arrive à ça compte tenu du niveau de vie de ces pays qui augmente de manière très importante.
43 - Oui juste un point de détail, je voulais revenir à cette notion d’épanouissement, vous êtes resté à l’histoire des couches et des nuits blanches. Mais ça ne finit pas comme ça, vous avez l’adolescence, c’est atroce l’adolescence il faut bien se rendre compte de ça. Après il faut les caser les gamins, c’est encore plus horrible, même quelquefois vous les avez jusqu’à trente ans trente-cinq ans. Voyez réfléchissez bien.
44 - On va revenir à une question plus terre à terre, une question à laquelle il n’est pas facile de répondre. Si j’ai une maladie héréditaire grave est-ce que je peux avoir un enfant ou est-ce que je ne fais pas d’enfant.
45 - Je ne suis pas sur que je reste vraiment dans le sujet. Mais on a évoqué à plusieurs reprises les habitudes Africaines qui font que les familles sont solidaires, on s’occupe des enfants mais aussi des vieux. Ces affirmations sont en effet connues et probablement réelles. Mais chez nous jadis c’était aussi vrai. Ma grand-mère vivait chez nous et mes grands-parents paternels chez une tante. Certes il y avait des cas douloureux, des gens sans famille ou que la famille avait abandonnés mais la norme était de s’occuper de ses vieux. Puis cela a changé, à cause de nouvelles moeurs probablement conséquence de la vie moderne et donc petit à petit on a pris l’habitude de s’adresser à l’état pour pallier à cette lacune. Pourtant il me semble plus agréable d’être entouré de sa famille plutôt que par une association ou un fonctionnaire. Mais pour s’occuper de ses vieux il y a plusieurs conditions d’abord bien sur il faut que des enfants soient là, il faut aussi des conditions de logement qui permettent de le faire. J’évoquais tout à l’heure les mesures incitatives qu’un état pour développer une natalité s’il souhaite le faire mais encore faut-il que ce soit accompagné de mesures matérielles. Quand vous voyez près de Caen une ville neuve comme Hérouville qui a à peine 40 ans, constituée en grosse majorité de F3 et de f4 ce qui ne favorise ni la natalité ni l’hébergement des parents. Il y a une cinquantaine d’années je présidais une association qui s’occupait de ces personnes âgées restées seules, j’ai donc très jeune constaté la détresse que peut provoquer la solitude surtout au moment de certaines fêtes traditionnellement familiale comme Noël. Malgré nos visites on voyait bien qu’on ne remplaçait complètement pas la famille. C’est quand même mieux d’avoir autour de soi des enfants. Donc l’évocation de ces mœurs encore en vigueur en Afrique me fait penser qu’il s’agit de la conséquence de la modernité. Pourtant si on le voulait on pourrait concilier modernité et solidarité familiale alors que l’on a remplacé dans ce domaine comme dans d’autres la famille par l’état.
46 - Moi je trouve qu’il y a une contradiction assez révélatrice de notre société aujourd’hui, l’individu qui s’approche de sa mort, sent bien qu’il a besoin, en tout cas que la génération, le fait d’avoir des enfants est un substitut le moyen de dépasser la mort. Donc il y a bien cette question de la mort ancrée dans cette conception des génération futures et pour autant il y a un frein que je sens c’est le fait de finalement dire je ne fais pas d’enfant parce qu’on est dans un monde terriblement absent et qui peut conduire à tout un tas de maladies liées à la dégradation de l’environnement et j’ai l’impression que le réflexe c’est je ne vais pas faire d’enfant je vais être responsable. J’ai plutôt envie de dire qu’est-ce qui serait responsable, ne serait-ce pas plutôt faire des enfants et puis la responsabilité de la mettre sur soi quant aux conséquences de nos actions de tous les jours. La responsabilité pour moi ne se situe pas dans le fait de ne pas avoir d’enfant même si ça peut partir d’un constat assez véridique c’est vrai, mais plutôt dans le fait de prendre réellement sa responsabilité, prendre le poids de tout ce qui a été fait avant, bien évidemment des générations précédentes toujours est-il qu’il ne faut pas que ce soit sur les générations suivantes que repose tout le poids.
47 - Je rebondis sur effectivement sur la position qui a été prise là et je dis que les enfants sont les meilleurs dans la société pour la faire évoluer. D’ailleurs ceux qui sont dans l’éducation nationale le savent très bien, c’est qu’à travers les enfants on peut arriver à mobiliser à éduquer les parents. Quand une génération disons est un peu comme on dit perdue, c’est à dire qu’elle a perdu ses repères, si on donne de bons repères aux enfants je pense d’abord que çà aura un effet multiplicateur et que c’est très bon pour la société. Il faut compter sur les enfants effectivement il faut bien leur inculquer de bons principes et faire en sorte qu’ils soient un petit peu les vigiles du comportement de leurs parents. On voit bien sur la route les enfants assimilent effectivement bien certains principes notamment en matière de conduite auto et bien il y a des enfants qui disent aux parents attention c’est dangereux tu peux te renverser tu peux nous tuer, je pense que c’est très bon. Les enfants sont très utiles.
48 - Je ne voudrais monopoliser la parole mais pour moi ça me semble être le discours actuel, on attend toujours beaucoup des générations suivantes, c'est-à-dire l’exemplarité des enfants sur les parents, le fait que les enfants en les éduquant vont changer la société ? Finalement nous même, que dalle, j’ai envie de dire est-ce que l’exemplarité de l’enfant qui vient de naître qui n’a rien demandé qui attend tout du monde n’est pas quelque chose qui pourrait nous toucher et donc être beaucoup plus grand que l’inverse.
Animateur - Je pensais simplement au terme aujourd’hui dans la question qui est posée, c’est aujourd’hui la manière dont on médiatise les jeunes par exemple la notion « les jeunes » que je trouve souvent prise comme péjorative. On est dans un e société qui a tendance, je ne dirais pas chacun chez soi, chacun dans sa famille, mais justement le regard de la société sur les jeunes. Souvent je me demande justement si les gens indécis sur le fait d’avoir des enfants ou pas entendent beaucoup ce discours là. On a tous été jeune un jour mais aujourd’hui le fait d’être jeune n’est peut-être pas toujours bien. On dit les jeunes ont fait ceci, les jeunes ont fait cela. Dans un débat récent quelqu’un disait on est jeune parfois jusqu’à 35 ans parce qu’on continue à dire c’est les jeunes, quand il y a un problème on dit c’est les jeunes, notamment quand on parle des discours sur les banlieues ou autres. Je dirais que les fameux jeunes des banlieues sont arrivés là par la volonté de leurs parents certes, mais la situation dans laquelle ils se trouvent n’est pas que du ressort de leurs parents.
49 - Je voudrais revenir sur cette idée que les enfants éduquent les parents, je ne suis pas très sure. Pour avoir œuvré 40 ans dans l’éducation nationale, je suis un petit peu certaine d’avoir un peu éduqué certains enfants, pas tous, mais alors les parents j’ai du mal à y croire franchement.
Animateur - On va prendre les trois dernières interventions en cinq minutes et puis après on passera au choix du thème du prochain débat.
50 - Oui rapidement je constate quand même que l’avenir va quand même être dans les générations futures, parce que cette génération là elle est dramatiquement passéiste, ça y est c’est fini ce n’est pas nous qui allons changer quoi que ce soit. Moi peut-être encore mais dans deux ou trois ans je ne suis même plus sur. Ce qui m’affole c’est de voir à quel point ce qu’on appelle les enfants, les adolescents sont de plus en plus raisonnables voire pire pragmatiques. C'est-à-dire qu’il n’y a plus de rêve, il n’y a plus l’essence qui va faire bouger les choses. Ce qui fait bouger les choses c’est le rêve cette capacité que les gens ont à se lever pour aller contre le système. Je crois, j’observe que ça n’existe plus et ça me fait très peur. Qu’on ne demande rien aux parents parce qu’après tout les parents par essence c’est forcément raisonnable donc j’ai envie de dire un tantinet conservateur. Mais que les enfants avant même d’avoir vécu, prennent le pli des parents qu’il n’y ait plus cette sainte rébellion contre la société contre les parents contre etc me fait peur. J’observe les étudiants de la fac j’ai l’impression, peut-être que je me trompe, sont infiniment plus, et je m’excuse auprès des étudiants qui sont éventuellement à cote de moi, j’ai l’impression qu’ils sont infiniment plus moutons que je ne l’ai été. Ça me fait peur ça montre que la société est sclérosante et de plus en plus et ça vraiment j’ai une crainte de ça je ne pense pas qu’on soit vraiment dans un monde en train de changer, on est dans un monde sclérosé qui est en train de mettre en place un individu tout puissant où les gens se protégent y compris avec la famille. La notion de famille peut être aussi une notion de protection, on revient à Travail Famille Patrie qu’on connaît bien en France et j’avoue que je suis un peu inquiet par ça. Ce qui fait l’enfant c’est aussi le rêve, le jeu, l’insouciance et tout ça sont des choses très importantes pour créer une société.
51 - Je rebondis, c’est vrai que l’aspect de la société sclérosée c’est sur quoi je voulais intervenir avec Boris. Avoir un enfant c’est aussi quelque part faire bouger les choses, faire évoluer. On ne peut pas forcément se satisfaire de ce qu’on a et par rapport à ça, par rapport au sujet, c’est plutôt le projet. Notre responsabilité ce n’est pas forcément d’avoir ou de ne pas avoir des enfants, c’est de leur proposer un projet, autre chose. S’il y a des problèmes écologiques c’est aussi à nous des les solutionner et d’avoir des enfants parce que c’est un peu le sens des choses.
Animateur - Peut-être pour reprendre je dirais les discours très politiques d’avant élection, est-ce que le plein emploi garantira un petit peu l’avenir et l’envie d’avoir des envies. Plus personne ne demande la parole on va passer au choix des sujets. Je passe la parole à Fabrice.
Secrétaire - Je vous rappelle brièvement le fonctionnement pour le choix du sujet. Vous pouvez proposer un sujet plusieurs si vous voulez. Une fois pris en note je les récapitule, ensuite on les reprend un à un pour les mettre au voix. Vous pourrez voter autant de fois que vous souhaitez pour un ou plusieurs sujets et s’il faut un deuxième tour il y aura un deuxième tour.
Choix du thème pour le prochain Café Citoyen :
1 - Faut-il et pour quelle suite prendre en compte le vote blanc ? 15 VOIX
2 - Allongement de la vie, quelle conséquence ? 6 VOIX
3 - Que représente le travail dans notre société ? 12 VOIX
4 - Où en est l’esprit critique aujourd’hui ? 13 VOIX
5 - Qu’est-ce être riche, les riches sont-ils utiles à la société ? 12 VOIX
6 - Quel avenir pour le Proche Orient ? 12 VOIX
7 - Taxes et impôts, lois et règlements, pression hiérarchique, le citoyen a-t-il les moyens de vivre ses rêves ? 5 VOIX
8 - Quelle sécurité voulons-nous ? 5 VOIX
PROCHAIN DÉBAT, SAMEDI 10 FÉVRIER 2007 A 15 HEURES : Faut-il et pour quelle suite prendre en compte le vote blanc ?
Interventions
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