Compte-rendu synthétique par Marc Houssaye — Café Citoyen de Caen (13/05/2000)
Animateur du débat : Marc Houssaye
» Politique et Société
La majorité silencieuse
Il n'y a pas plus révélateur que le vote pour mesurer l'implication citoyenne d'une population. En effet, les élections sont des moments cruciaux où la démocratie s'exprime véritablement : le peuple élit ses représentants, ceux qui ont la charge de l'intérêt général et la responsabilité des décisions politiques. Il semble néanmoins qu'une partie de la population française reste muette en s'abstenant de voter. Comment pouvons-nous interpréter ce délaissement électoral ? Que pouvons-nous décrypter dans ce message lancé par cette majorité silencieuse ?
Tout d'abord, lors des élections, nous pouvons scinder la France en deux types de populations : la population votante et celle qui ne vote pas. Au sens strict, la majorité silencieuse correspond alors aux abstentionnistes. Mais cette notion de majorité silencieuse peut s'étendre. En effet, nous pouvons distinguer plusieurs actes de vote : le vote par conviction - dans ce cas, le vote s'appuie sur l'adhésion à des idées d'un parti - et le vote par contestation qui se résume à « voter contre » plutôt que « voter pour». Il nous faut cependant discerner le vote blanc pour lequel l'expression citoyenne est présente mais pour lequel la reconnaissance fait défaut : ce silence n'est alors pas celui des citoyens.
Il y a aussi la « masse indécise » ajoute un intervenant; cette grande part de la population qui ne sait pour qui voter et qui se décide au dernier moment à faire un choix sans conviction. Cette indécision, ce vote par dépit, pourraient alors être perçus comme la marque d'une insatisfaction silencieuse.
Les abstentionnistes ne voient plus l'intérêt de participer à la vie politique. Ce mutisme est symptomatique d'une méfiance à l'égard de la politique, de nos politiciens plus précisément qui, censés incarner la politique, ne montrent malheureusement pas l'exemple. Citons pour illustration les affaires de corruption et les luttes de pouvoir. Mais, se rendre compte de l'incapacité de nos gouvernants n'est pas un danger en soi. Le plus grave est de renoncer à sa citoyenneté.
Ce silence électoral est donc révélateur d'un malaise politique; il est issu d'une désaffection de la politique, il entraîne une « décitoyennetisation ». Ce silence contraste évidemment avec le tapage du militantisme. Mais il ne reste pas caché. Il ressort immanquablement lors de l'analyse des scrutins. Le taux d'abstention nous est toujours rapporté. Et s'il est vrai que les abstentionnistes ne sont pas complètement citoyens - il manque bien évidemment à leur plus grand devoir de citoyen - , il n'est pas utile de les juger avec mépris. Il nous faut comprendre pourquoi l'isoloir ne les attire plus. L'abstentionnisme résulte certainement de la méconnaissance du véritable sens du mot politique. Inversement, s'il existe des raisons d'être désabusé, l'abstentionnisme n'est certainement pas la solution.
Comment alors faire en sorte que ces abstentionnistes retournent aux urnes et recouvrent leur citoyenneté ?
Tout d'abord, il faut nous entendre sur le véritable sens du mot politique. On nous fait accroire que la politique est réservée à une élite. Pourtant, l'ensemble du corps social se doit de participer à l'élaboration de la société. Aussi devons nous insister sur la nécessité des lieux de débats qui permettront de réveiller l'âme citoyenne présente en chacun de nous. Nous avons tous nos opinions concernant les problèmes de notre société. Et de la confrontation des opinions émerge l'entendement.
Ensuite, il nous faut nous pencher sur l'offre politique actuelle. L'assemblée s'accorde à dire que le programme politique est inexistant. Aucun projet de société n'est mis en œuvre. Et voter se résume alors à choisir une figure politicienne, non des idées.
Enfin, les structures politiques semblent elles-mêmes altérées. La quête du pouvoir s'insinue dans la hiérarchie des partis. Les intérêts personnels ont tendance à supplanter l'intérêt général. La corruption est par ailleurs très prononcée.
Les citoyens préconisent donc le retour à la démocratie - à savoir l'établissement de lieux d'expression publique - et demandent à ce que les politiques proposent des projets de société.
En Bref, la réflexion citoyenne s'exprime :
Le vote est une des clefs de la citoyenneté. Lors des élections, le peuple élit en effet ses représentants, ceux qui auront la charge de l'intérêt général. Pourtant, on constate qu'une grande partie de la population délaisse le vote. La majorité silencieuse s'apparente alors aux abstentionnistes.
Mais le silence de l'insatisfaction politique est visible aussi dans la population votante. Ainsi, les personnes indécises qui choisissent au dernier moment sans conviction ou encore, dans une moindre mesure, celles qui votent par contestation. Nous ne pouvons inclure le vote blanc dans cette majorité silencieuse car son message, bien que non reconnu, est clairement explicite.
Pour que cette majorité silencieuse retourne aux urnes avec une conscience citoyenne, il a été proposé de faire redécouvrir le sens du mot politique par l'intermédiaire de lieux d'expression publique où chacun pourrait s'exprimer et débattre avec ses concitoyens.
De plus, les citoyens demandent à ce que de véritables programmes politiques nous donnent envie de voter pour des idées. Enfin, la structure des partis politiques semble être à remodeler puisque corruption et quête de pouvoir s'y incrustent.
Thèmes pour le Café Citoyen du 27 mai 2000 :
- Les mutuelles de la santé. 4 voix
- Faut-il défendre le patrimoine ? 1 voix
- Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Extrait de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789. A commenter. 1 voix
- Sommes nous libres de nous exprimer ? => Thème retenu
- Sommes nous libres de nous exprimer ?
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