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Les biens communs

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Débat sur les biens communs
Les Récréateurs, jeudi 17 Janvier 2013 (St Denis)

PRÉSENTATION DU SUJET, Par Céline Chabut et Philippe Vincent
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Synthèse de la discussion :

- Pour remédier aux problèmes que pose la gestion des biens communs, une participante demande pourquoi on ne parle jamais de la démographie. Nous sommes trop nombreux, il faut laisser la place à d’autres espèces. Il faut tout faire pour que le taux de natalité soit stabilisé à 2 enfants par femme environ. Il est vrai que plus le niveau d’éducation augmente, plus la population baisse, et plus la misère diminue. Comment imaginer la décroissance et l’augmentation de la population ?

- Un autre participant s’étonne : pourquoi les citoyens ne font-ils rien ? Pourquoi n’agissent-ils pas davantage pour protéger et prendre en charge les biens communs ? Pourquoi ne participent-ils pas aux processus de décision des mairies, des conseils généraux…? Ils ont leur mot à dire…Ils devraient réagir et agir, réclamer des transports en commun corrects, de l’eau de bonne qualité…

- Une personne rappelle que si on pille les ressources fossiles, la nature s’en fiche, en réalité…

- La gestion de l’eau interpelle : le but des entreprises privées est de faire du profit en offrant au départ un cadeau financier aux mairies, qui est en réalité un crédit à très long terme ; alors qu’une gestion municipale permet d’entretenir les réseaux, et de préserver l’eau à la source, ce qui évite d’utiliser en excès des produits chlorés.

- Un participant rappelle la gravité de ce sujet des biens communs : c’est un thème essentiel qui devrait mobiliser la population et servir de ciment social.

- Un participant évoque la crise que traverse le monde de la presse. 1700 titres disparaissent chaque année. Il rajoute que la presse est liée par des contrats publicitaires, des pressions économiques, et que les débats que l’on peut écouter à la télé par exemple sont insatisfaisants.

- Je réponds que l’Arcadie est née justement de ce constat : le débat est partout biaisé, ou proposé sur le coup de l’émotion, toujours avec les mêmes interlocuteurs. L’Arcadie se propose donc de restaurer le débat sur la place publique, par et pour les citoyens.

- Quelqu’un pose la question du dilemme dans lequel se trouve le fonctionnaire : il doit obéir à son supérieur hiérarchique et exécuter les ordres. Comme le souligne un auteur, le fonctionnaire du Ministère de la Pêche va défendre les intérêts de l’Etat pour lequel il travaille ; il ne va pas défendre ceux du bien commun que sont l’océan et les poissons. Il est prisonnier de sa fonction, et de l’organisation pyramidale de la fonction publique.

- Philippe Vincent, qui intervenait plus particulièrement sur le logiciel libre et internet, en tant que biens communs culturels, montre en effet qu’une organisation peut fonctionner d’une façon ouverte, non pyramidale. Il explique précisément comment sont nés internet et les logiciels libres, les copyleft. La philosophie de ces outils est précisément de « croître et de multiplier ». La propriété privée n’intéresse pas ses concepteurs. Il est vrai qu’une idée de génie n’appartient jamais vraiment à son émetteur ; elle est le fruit de tout un réseau de réflexions, de méditations, de découvertes, d’expériences, qui ont lieu bien en amont, dans les générations précédentes. Celui qui formule l’idée de génie le doit à ses prédécesseurs ; il en est le récepteur et l’émetteur ; mais cette idée ne lui appartient pas. Elle fait partie du bien commun. Tout le monde peut créer, avoir une idée, quel que soit le « niveau » de cette idée ou de cette création. La brevétisation, l’appropriation intellectuelle, la privatisation d’une découverte la tuent, la sclérose, l’enferme, puisqu’elle ne peut plus être complétée, enrichie par d’autres. C’est donc une sorte de gâchis ! Lorsque l’oeuvre d’un auteur comme Victor Hugo est « tombée » dans le domaine public, certains la « ressuscitent » en en faisant une nouvelle version ; et là, ils déposent à nouveau un brevet sur cette création. Le but est donc objectivement, à nouveau, de faire du profit à partir d’un bien commun.

- Un participant relève le fait qu’internet n’est pas entièrement gratuit : cela coûte, en termes de matériel informatique, d’entretien, d’utilisation de matériaux polluants...

- Philippe répond que certes, cela peut coûter, comme la fabrication d’un livre peut coûter… ; mais jusqu’à aujourd’hui, aucun outil n’avait jamais permis d’envoyer des millions de mails gratuitement, dans le monde entier, ni de communiquer en une fraction de seconde avec le monde entier, à égalité.

- Nous concluons en rappelant l’importance de l’enseignement, qui permet d’informer, de sensibiliser la population et d’éveiller les adultes responsables de la société de demain.