Compte-rendu synthétique par Vincent Gosselin — Café Citoyen de Laon (12/05/2010)
» Économie
Culture et tourisme, facteur de développement ?
ARCADIE DE LAON
Café citoyen du 12 mai 2010
« Culture et patrimoine, vecteurs de développement »
Le débat est ouvert à 20h
Ce sujet, voté au dernier café, était particulièrement motivé par l'importance et la valeur du patrimoine de la ville de Laon (plus de 80 monuments historiques dont une des premières cathédrales gothiques; pour une ville moyenne de 28.000 habitants). Toutefois, dés les premières interventions, les participants du café constatent que la détention d'un patrimoine considérable n'est pas suffisant pour garantir un développement du territoire basé sur la culture. Les débatteurs soulignent que la culture, au delà du patrimoine et de sa mise en valeur, doit être comprise comme la mise à disposition des divers outils culturels (musée, festival, …), leur partage.
Le premier lien établi entre la culture et le développement économique est défini par un intervenant sous le concept de « l'image » d'un territoire. L'amélioration de l'image du territoire par la culture revient à développer son attractivité au regard des touristes et des investisseurs. Toutefois, quand ce
territoire a un patrimoine immobilier historique important, la notion du coût de la valorisation est vite exprimée dans le débat. Avoir un tel patrimoine est à la fois une chance pour une ville et une charge financière considérable.
Par ailleurs, le patrimoine seul ne constitue pas un atout suffisant pour l'attractivité du territoire. L'accent est mis, par les intervenants, sur l'intégration de ce patrimoine dans une vision plus globale de la culture intégrant l'action politique et les actions individuelles. Voir le patrimoine comme une fin en soi revient, selon certains participants, à créer une « ville-musée ». Cette vision n'apparait pas propice à générer une dynamique culturelle suffisante pour en faire un levier de développement.
Le débat prend alors une tournure différente quand un intervenant souligne que la culture, avant de se penser en termes de vieilles pierres ou d'argent, doit être perçue comme ce qui fait l'âme d'un territoire. La culture, c'est ce qui fait le lien entre les Hommes; c'est au delà d'une simple activité économique. D'autres intervenants tiennent à souligner que sur des territoires connaissant la crise de leurs activités économiques traditionnelles, la culture peut prendre le relais d'un moteur de développement en panne.
D'autres débatteurs insistent sur le fait que le patrimoine n'est pas que matériel. Une culture tournée sur l'histoire peut vite devenir statique. Le patrimoine historique ne doit pas être figé et doit être mis en scène et actualisé, peut-être sous la forme de festivals. C'est à cette condition, selon certains intervenants, que les liens entre les membres d'une communauté peuvent continuer à être vivants.
Des intervenants font évoluer le débat sur la valorisation de cette culture. Il apparaît alors que la culture pour être mise en avant, doit bénéficier d'une action importante en matière d'offre de culture et d'accessibilité à cette culture. Plusieurs idées concrètes sont présentées aux débatteurs: un marché du terroir (patrimoine gastronomique) itinérant dans des lieux peut-être moins beaux mais plus accessibles, une description des éléments du patrimoine accessible directement aux promeneurs par la mise en place de panneaux d'information, la gratuité des lieux culturels pour les populations les moins favorisées économiquement, etc... Toutefois, le développement de l'offre de
culture nécessite parfois des moyens matériels que les villes moyennes n'ont pas toujours.
Pour répondre à l'argument financier, certains intervenants soulèvent que l'ouverture d'un territoire passe d'abord par la volonté d'ouverture de ses habitants. Certaines villes vivent repliées sur elles-mêmes, bloquées parfois par des mentalités de quartier. La première ouverture doit se faire alors au sein de la communauté.
Les différentes interventions rappellent également que la culture, avant d'être destinée aux touristes, doit s'adresser aux habitants du territoire car elle relève de la définition de leur identité. Le débat revient alors sur l'image du territoire. Les débatteurs soulignent qu'on ne peut pas donner une bonne image de son territoire à l'extérieur si les habitants de ce territoire n'ont pas, au préalable, une bonne image de ce dernier. Il faut être fier de son territoire pour donner envie aux gens de l'extérieur de venir et de rester, d'investir et de participer au développement.
Le débat s'est ensuite orienté sur la façon de rendre un territoire accueillant par sa culture. Les intervenants mettent en avant la qualité du lien social que génère la culture et son impact sur l'aspect accueillant d'une population. Le développement d'un lien social fort apparaît alors comme un préalable à l'utilisation de la culture comme vecteur de développement. Plusieurs participants insistent sur la nécessité pour les différents acteurs de la culture de travailler ensemble. La notion d'acteur de la culture revêt d'ailleurs un caractère assez large incluant certes les services publics culturels et les associations socio-culturelles, mais également toutes les bonnes volontés participant par leur action souvent bénévole ou leur mécénat au développement de la culture local.
La notion de partenariat est alors largement évoquée. Des débatteurs précisent toutes les difficultés du travail en commun et notamment sur la définition du projet culturel et les modalités de sa mise en oeuvre. Toutefois, plusieurs participants s'accordent pour dire qu'une vie culturelle gérée uniquement par un service culturel public refermé sur lui-même et vivant de ses adhérents comme
d'une rente, ne peut pas être un vecteur de développement. Le lien social doit être créé dés la conception de l'outil culturel et être développé tout au long de la réalisation du projet.
Au delà des interactions au sein d'un même territoire, des participants interpellent le groupe sur la possible interaction des territoires entre eux. En effet, la coordination de l'action culturelle apparaît comme un outil indispensable au développement de territoires plus grands que la commune
(intercommunale, département, région). Par ailleurs, le concept de partenariat, s'il peut être difficile à mettre en oeuvre, permet d'élargir les contacts, les réseaux et de partager les charges.
A ce niveau de débat, la culture apparaît comme une façon globale de penser la communauté avec des impacts en matière d'infrastructure, de transport, d'aménagement, de cohésion sociale... et dans cette gestion d'un système global, l'autorité publique apparaît comme l'organisateur. Dès lors un certain nombre de craintes sont exprimées par les participants dans le cadre des réformes de ces autorités publiques et de leurs moyens financiers, notamment la réforme des collectivités territoriales.
Au delà de l'investissement financier, des personnes présentes insistent sur la nécessaire volonté politique de concevoir globalement la culture d'un territoire, plutôt que de voir la culture comme une dépense obligatoire. L'autorité publique pourrait favoriser le lien culturel et l'investissement de tous les acteurs de la culture sus-évoqués. La culture ne peut être un vecteur de développement si elle n'est pas basée sur le partenariat. La culture n'apparait dans le débat ni comme un bien public ni comme un bien privé. Au contraire, l'investissement mixte (public/privé) tant en matière de temps que d'argent apparaît indispensable. La culture ne peut être un vecteur de
développement d'un territoire que si elle s'appuie sur la volonté des habitants.
A l'issue du débat plusieurs thèmes sont mis au vote. Le thème retenu pour le prochain café-citoyen est « la croissance est-elle le seul développement durable? ». Il est décidé que le prochain café aura lieu en septembre.
Le débat est clos à 22H
Interventions
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