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Compte-rendu synthétique par Laurent WatrinCafé Citoyen de Nancy (10/12/2014)

Animateur du débat : Laurent Watrin

» Économie

Citoyen ET consommateur

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Une douzaine de participants réunis pour ce débat introduit par Noëlle qui propose une série de questionnements : y’a-t-il une attitude citoyenne par rapport à l’acte de consommer ? Seul, peut-on avoir une influence ? Quel rôle pour l’Etat ? Peut-on « mieux » consommer, éviter le gâchis ? Noëlle évoque ainsi la date péremption légale des médicaments, plus courte que la possibilité réelle de les consommer…

Maëlle et Ingrid rebondissent précisément sur cet exemple : le principe actif d’un médicament dure dix ans, celui de l’aspirine ne se dégrade pas dans le temps…

« Consommer, aujourd’hui, cela signifie acheter, pour la plupart des gens », selon Nadine, qui voit une autre manière de consommer quand, par exemple, «on mange les légumes de son jardin ». « Oui, mais vous achetez les graines », note Franck. Un premier tour de paroles laisse entendre que nous devrions consommer selon nos besoins.

Au fil de la discussion, la majorité constate pourtant que le "désir" de consommation et la surabondance des produits, dans le cadre de la mondialisation des échanges, engendrent un cercle vicieux : « tout est fait pour nous pousser à consommer », résume Véronique. L’on peut tout de même « réfléchir », estime Alain, pour éviter « les incitations » et le « conditionnement » (terme utilisé à plusieurs reprises).

Pour Maëlle, la spéculation sur les denrées alimentaires aurait renforcé un système de consommation où, selon elle, « le prix est finalement calculé selon ce que les gens peuvent débourser plutôt qu’en fonction de la valeur des choses ».

Anne interroge : « depuis quand parle-t-on de consommation ? Les années 70, je pense. Avant, on achetait selon les besoins, la société était aussi plus rurale. ». Et d’évoquer les paradoxes de la société de consommation : « qui peut se passer du téléphone portable aujourd’hui ? ». Pourtant, en avons-nous besoin réellement ?

Maxime, qui travaille à temps partiel dans la grande distribution pour financer ses études, estime que dans notre société où le travail a perdu du sens, la consommation est devenue, pour beaucoup, une « échappatoire ». Dans les années 40, les ouvriers lisaient plus de livres et produisaient eux-mêmes des choses, selon Maxime.

Le sens et le contenu du travail auraient-ils une influence sur l’évolution des modes de consommation ?

Maëlle pense qu’une certaine angoisse de se fatiguer pour faire quelque chose traverse une partie de la société, d’où, par exemple, selon elle, « la consommation de plats cuisinés ». Franck ajoute que l’arrivée des grandes surfaces a développé les nouvelles consommations. Ingrid se souvient de ces Lituaniens rencontrés en France, il y a vingt ans, « hallucinés » par le choix dans nos magasins. C’était avant la chute du Mur de Berlin… Ingrid confie préférer les magasins qui offrent un choix restreint de produits.

Ces considérations amènent la majorité des participants à constater que le citoyen se trouve bien souvent « soumis » au désir de consommer, même si Maëlle affirme pouvoir y échapper facilement.

« Mais ce qui est plaisir, c’est le désir seul, pas la possession », lance Noëlle. La formule rappelle à Franck un souvenir d’enfance : petit, il désirait ardemment un ballon de rugby. Après avoir économisé pendant plusieurs mois, raconte Franck, « j’avais réuni la somme nécessaire : 6 francs ! Et au moment d’acheter, je me suis dit : non, il y a d’autres choses plus utiles. Je n’ai pas acheté le ballon mais j’ai eu des mois de plaisir ! ».

Anne avance l’idée que la société du temps libre se traduit surtout par du « temps d’achat ». La régulation de la consommation serait, selon elle, avant tout une affaire d’éducation et d'esprit critique.

Avec ironie, Noëlle préconise de "mettre des PV aux grandes surfaces pour incitation à la débauche de consommation".

Les notions de démesure et de conditionnement des esprits dominent les débats.

Maxime rappelle une anecdote de l’histoire américaine : dans les années 30, un lobby de femmes revendiquant la cigarette, à une époque où fumer était un acte masculin, s’était vu soutenu par une marque de tabac. « L’industriel avait gagné », conclut Maxime. Selon lui, nous serions « aliénés » par les grands industriels et l’Etat aurait « abandonné son rôle de régulateur ». Pire, si l'on en croit Véronique : « lorsque la consommation repart, on nous dit que le pays va mieux ». Anne souligne le paradoxe : « consommer des produits donne du travail aux gens… »

Devant cette boucle bouclée, que peut faire le citoyen ? Et la situation est-elle si grave ?

« Je n’ai pas le sentiment d’être coincé dans un système », dit Maëlle, qui tente de penser à contre-courant : « on nous parle de pouvoir d’achat… Mais acheter n’est pas un pouvoir ! Et je n’ai pas le sentiment qu’il soit impossible de vivre si on ne consomme pas.»

Ne pourrait-on pas être un citoyen-consommateur ?

Noëlle insiste : "beaucoup de gens achètent de façon irraisonnée", et se demande comment est-ce possible de gaspiller de la nourriture ? Pas facile de revenir au bon sens, quand « la foule est méprisée », selon Anne. Nelly prend la parole : « mais si je veux un yaourt, je suis obligée d’acheter un pack… ». Plusieurs voix lui répondent : non ! Car la loi n’oblige pas le citoyen à consommer plusieurs exemplaires s’il n’en veut qu’un. « Je ne savais pas », avoue Nelly.

Consciente d'avoir négligé bien des champs de la discussion, l'assemblée termine ses échanges sur l’idée que le conditionnement du consommateur n’empêche pas le réveil du citoyen et l’esprit critique. Autrement dit, « consommer » c’est un vrai travail... de citoyen !

Prochain débat :
« Quel avenir pour le travail ? »
Rendez-vous le mercredi 14 janvier 2014
A la Taverne du Livre - 11, rue des Quatre-Eglises - 54000 Nancy

Interventions

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Brayer

mercredi 10 décembre 2014 11:05:33 +00:00

Dans une émission de télévision, Jen-Pierre COFFE m'avait dit :
"Dans Consommateur, il y a Con, et les industriels l'ont bien compris !".
Avait-il raison ? ça pourrait être un point de départ du débat ...

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