Compte-rendu synthétique par Boris Vaisman — Café Citoyen de Caen (13/11/2010)
Animateur du débat : Boris Vaisman
» Politique et Société
Y a-t-il une crise identitaire ou une crise des identités ?
Les deux termes ne sont pas totalement identiques même si leur champ sémantique est proche. La crise identitaire renvoie à la question : « Qui sommes-nous ? » au sens collectif alors que la crise de l’identité renvoie plutôt à « Qui suis-je ? ». L’ensemble des participants semble d’accord sur le fait que nous vivons une crise identitaire. Le débat récent sur l’identité nationale est significatif à plus d’un titre car il repose la question sous-jacente de ce que c’est d’être français aujourd’hui. On voit alors poindre le conflit possible entre les différentes identités culturelles sur notre sol. Même si l’on conçoit que notre laïcité devrait justement être garante de l’expression de ces diversités, on reconnaît aussi les failles et les problèmes posés par l’intégration des minorités. L’un des participants fait remarquer les peurs engendrées, la société qui se sécurise de plus en plus en une « parodie » du roman « 1984 » de Georges Orwell où l’on devient méfiant de l’autre plutôt que conscient d’appartenir à une même nation. Pour les participants, cela est largement du au fait que l’Occident qui était auparavant un eldorado économique et de liberté pour des populations pauvres et opprimées ne domine plus sur la scène internationale ni du point de vue économique – notre dette est abyssale, il y a une ruine de nos économies au profit de la spéculation -, ni du point de vue des libertés – crispation vis à vis de l’autre, problèmes posés par les attentats islamistes, insécurité réelle ou ressentie. On reconnaît aussi que la globalisation a engendré une perte des identités et des peurs d’appartenir à un « village mondial » finalement beaucoup trop grand pour la plupart d’entre nous. D’autre part, on note aussi une crise voire une peur des idéologies après les conséquences funestes que l’on a connu pendant tout le 21ème siècle. Or ces idéologies étaient aussi fédératrices et le manichéisme qu’elles véhiculaient entraînait aussi un sentiment d’appartenance à un groupe ou un autre.
Or, d’un point de vue plus individuel, c’est aussi dans la confrontation que naissent des identités structurées. Même si les valeurs humanistes reconnaissent l’unicité d’un individu et donc sa richesse intrinsèque, le psychologue constate aussi que chacun d’entre nous a un besoin naturel d’appartenance à un groupe qui partage ses idées, ses valeurs et un projet commun. Sans vouloir que l’identité de l’autre soit totalement moulée sur la sienne, ce qui serait un totalitarisme, on note néanmoins une très nette perte des symboles et des rituels, lesquels par définition sont structurants et lient les hommes entre eux. On constate aussi que le progrès technique n’a souvent pas été suivi d’un progrès pour l’humanité. Toutes les technologies modernes maîtrisées dès le plus jeune âge deviennent des facteurs d’exclusion lorsqu’elles adressent aux personnes âgées.
Opposition des cultures, opposition des âges, besoin de ressembler à l’autre sans être son clone, besoin d’appartenir à un groupe sans être manipulé par lui ; perte des modèles, des repères voire choc des civilisations : tout cela entraîne des conflits intérieurs psychologiques fort chez l’individu qui ne sait plus bien où il se trouve. Au niveau collectif les liens se distendent entre les individus, les générations et les cultures. De ce constat tragique, les participants semblent pourtant rester optimistes car il croit au respect de l’identité de l’autre et au retour à une certaine forme de morale collective qui fera que le droit à la différence se transformera en « droit à l’indifférence ».
Sujets proposés pour le prochain café citoyen
1) Qu’en est-il de la politesse aujourd’hui ? 11 voix
2) Freud a-t-il toujours une place dans notre monde actuel ? 6 voix
3) Enseigner l’histoire a-t-il encore un sens ? (CHOISI) 13 voix
4) Posséder entraine-t-il le bonheur ? 8 voix
5) Faut-il réformer le fonctionnement du café citoyen ? 4 voix
6) La citoyenneté se limite-telle à la nation ? 4 voix
7) Réformer : mission impossible ? 4 voix
8) Que voudra dire « être Français » dans l’avenir ? 6 voix
Interventions
BONNARD
vendredi 12 novembre 2010 09:18:46 +00:00
Depuis quelques années, j'éprouve un malaise de plus en plus intense, une sorte de honte d'être Française. En contact avec des personnes étrangères, j'ai été témoin de pratiques surprenantes de la part de l'administration française et parfois d'associations humanitaires fortement dépendantes de l'Etat : est-il conforme à la constitution française d'interroger des personnes sur leur religion et leur origine ethnique (cette pratique n'est pas isolée, elle est instituée et même formulée par écrit), de se permettre d'humilier des gens en profitant de leur peur d'être expulsées? Alors oui, je traverse une crise de mon identité en tant que française à tel point que j'ai même cessé mon activité pour ne pas cautionner ce système.
La France dans son ensemble est également sujette à une crise identitaire dans la mesure où un nombre grandissant de Français et d'étrangers séjournant dans notre pays ne se sentent plus acceptés ou intégrés dans leur diversité.
Ce qui a fait longtemps la spécificité de la France, c'est de constituer un socle solide grâce à la cohésion de ses diverses identités.
Ne pouvant participer au débat, je vous pris d'y associer ma contribution et vous en remercie.
Eloise
Nathalie RECCO
lundi 15 novembre 2010 21:50:53 +00:00
Partout on entend que nous vivons une crise sans précédent : c'est d'abord une crise d'identité personnelle qui nous ronge, pris que nous sommes dans un rythme qui nous échappe et qui favorise la montée de l'individualisme.La France, jadis terre d'accueil est en proie à de vieux démons, en témoignent l'exhumation du texte de Pétain sur le statut des juifs du 03 octobre 1940, la dernière chasse aux roms, le "tout sécuritaire" avec le projet du fichier Minsk.Dans le sujet que je vous propose, il va convenir de distinguer la notion de crise identitaire "qui sommes-nous"au sens large, d'une crise des identités"le vivre ensemble, malgré la culture plurielle, ce que nous sommes, nous, au milieu de "tout ça" ".Il convient également de définir la notion d'identité national, thème de campagne du président Sarkozy au sein d'une France plurielle.Qu'est-ce que l'identité nationale?
C'est le sentiment qu'éprouve une personne à faire partie d'une nation et qui constitue un sentiment propre à chaque personne : il y a intériorisation des repères identitaires résultant de la visibilité des points communs de la nation qui peuvent prendre la forme de symboles (la Marseillaise par ex.).Cette visibilité est en général organisée par l'Etat afin d'en imprégner les individus dès leur enfance.Le rapprochement au sein d'un même ministère de l'immigration, de l'intégration et de l'identité nationale a suscité une polémique dans la mesure où cela laisse supposer que les risques pesant sur l'identité nationale sont directement liés à l'immigration.Il ne s'agit pas de confondre cette nation avec le patriotisme, pour les raisons que l'on sait.
La perspective d'une démocratie en danger pourrait prendre ses racines ici, dans la négation des différentes entités culturelles et cultuelles de notre pays, dans ne soit plus garale non respect du devoir de mémoire.Il semblerait que la laïcité ne soit plus garante du "vivre ensemble".
Emmanuel TODD a bien décrié cet état de fait dans l'émission de F.O Gilsbert "Semaine critique" il y a quelques semaines où l'on retrouvait également Hassen Chalgoumi, l'"imam républicain", qui tentait lui aussi de lutter pour un respect des valeurs républicaines à côté d'une pratique religieuse modérée.
La démocratie, c'est le droit des peuples, de TOUS les peuples.Est-e que le projet de la Maison de l'Histoire de France va permettre un rapprochement entre les peuples ou va-t-elle être la vitrine d'une France rabougrie?Ce projet va-t-il constituer un remède identitaire nécessaire?
En tout état de cause, peut-on encore parler de démocratie, de défense des valeurs républicaines et du respect de notre histoire de France si au nom d'une crise identitaire et de l'Etat nation, le monde colonial devait être rayé de la carte et l'affaire Dreyfus passée sous silence?Que dire du respect du citoyen si on en vient à une société du tout contrôle et du tout sécuritaire où le spectre restant semble être une parodie de 1984 de George Orwell???
Henry Jacqueline
mercredi 03 septembre 2014 12:18:20 +00:00
Une femme dont les origines parents frèsres et soeurs sont connus, à rencontré un homme à qui elle a décliné une autre identité parents, dont la mère issue de la noblesse,frères et soeurs. e Il se trouve que ce couple à eu une fille portant le même prénom qu'elle et ayant la même date de naissance c'est certainement une coincidence mais comment l'aider à retrouver sa vrai personalité
Merci
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