Compte-rendu analytique par Claire HINCELIN — Café Citoyen de Corbeil-Essonnes (05/04/2011)
» Politique et Société
L'art de manipuler les masses
Café citoyens Corbeil Essonne
Mardi 3 mai 2011
Qu’est ce que l’éducation populaire ?
18 participants
Chaque saut de ligne représente une passation de micro entre participants.
Présentation de la charte de la Nouvelle Arcadie
Proposition pour cadrer le débat : construire une définition commune de l’éducation populaire, réfléchir aux objectifs, enjeux et limites de l’éducation populaire.
Le débat commence par une participante qui déclare qu’il y a énormément de définition pour l’éducation populaire et qu’il sera difficile d’en trouver une qui convienne à tous.
L’éducation populaire peut être définit de manière historique, culturelle…
L’éducation populaire est ce qui a permis, entre autre, aux populations précaires de partir en vacances pédagogiques.
L’éducation populaire c’est permettre à toutes les personnes qui n’ont pas accès à la culture d’accéder aux savoirs, pour être acteur de sa vie et décoder le monde.
L’éducation populaire c’est un échange de savoirs entre les gens, un enrichissement personnel.
Est-ce abstrait ? y a-t-il des lieux spécifique pour l’éducation populaire (EP) ?
Les MJC ont été créées dans le but de pratiquer l’EP.
Des lieux de débats et de rencontres, tels les agoras au temps romain, sont des lieux d’EP.
Pourquoi Populaire ? Est ce en référence au peuple ou au fait que c’est pour tout le monde ?
L’éducation, sans être populaire, ne l’est t elle pas, dans le sens où tout savoir est fait pour être divulguer ?
Si tout le monde a le savoir, n’est ce pas dangereux ? Est ce que des spécialistes, des experts ne sont pas nécessaire ? Est-ce que tout le monde peut détenir la vérité ? Comment savoir si le savoir qu’on nous transmet est juste ?
Il est important de pouvoir être critique face aux informations et aux savoirs qu’on nous transmet. Pouvons-nous faire confiance à nos sources ?
Il y a une différence entre savoir technique et savoir (être, faire…) Chacun à des connaissances, pas besoin d’expert en EP.
Important de montrer à des ouvriers par exemple qu’ils sont capables de, aptes à recevoir des connaissances, des compétences et à les transmettre.
L’EP a pour objectif qu’il n’y ait plus ceux qui savent et ceux qui reçoivent.
L’éducation ne se limite pas aux savoirs, elle doit aussi apprendre à s’en servir. C’était un des premiers objectifs de l’EP.
Aujourd’hui comment faire ? Les savoirs et les modes d’éducation sont confisqués par les catégories socio professionnelles élevées. Importance du tutorat.
Contre ex de l’EP : proposer aux jeunes des quartiers défavorisés ayant de bons résultats scolaires d’accéder aux grandes écoles comme l’ENA ou science politique. Pourquoi ne valoriser que des écoles dites de voie royale et pas aussi l’artisanat par exemple ?
L’EP conçut uniquement comme un levier vers les études supérieures n’est pas possible.
Comment aider les personnes mises à l’écart suite à une mauvaise expression écrite ou orale à acquérir des compétences et à leur permettre d’avoir la parole, de s’exprimer, d’être entendu ?
Le rôle des MJC et/ou maisons pour tous a été très important pour faire vivre l’EP. Les cafés citoyens, réalisés dans la MJC, comme ce soir, redonne vie à ce lieu.
Si les cafés citoyens peuvent être considéré comme un « acte » d’EP alors cette dernière permet de se rendre compte que l’on connait tous des choses et qu’on peut les partager.
Tout le monde est capable d’acquérir des savoirs et de transmettre des connaissances, mais les jeunes n’ont à présent plus la possibilité de faire des expériences, d’interroger le boulanger du coin pour essayer de comprendre l’environnement dans lequel ils vivent.
Les collectivités locales devraient proposer des stages de découverte.
La société actuelle nous pousse à être spécialisés dans un domaine alors que le goût du savoir consiste à vouloir en connaitre toujours plus dans tous les domaines.
Une reconnaissance de l’EP est nécessaire actuellement pour qu’elle poursuivre son chemin.
Un expatrié nous dit qu’il a le sentiment que l’éducation a une place très importante en France, mais comment sait on que quelqu’un est éduquer ?
Eduquer vient du latin educere qui signifie emmener vers. L’éducation est sans fin, on n’est jamais totalement éduquer, on a toujours à apprendre.
Les savoirs sont disponibles grâce aux bibliothèques, à internet….mais il reste difficile de pouvoir les trier et les décoder.
L’EP doit permettre de mettre les débats à porter de tous.
Avant l’EP avait pour objectif de donner l’accès à l’information, maintenant il faut déjà donner envie aux personnes d’avoir accès à l’info.
Quelles sont les limites de l’EP ?
Les freins doivent être nombreux car l’EP semble de moins en moins présente.
La disparition des mouvements de jeunesse et des lieux de formation pourrait l’expliquer en partie.
L’absence de lieux où nous pouvons nous réunir pour échanger.
Il y a de nombreux musées, expositions… où nous pouvons avoir accès à la culture et aux savoirs.
Il faudrait soutenir d’avantage les initiatives locales.
L’EP chacun la fait tous les jours, avec des associations, dans son travail, à la maison, en étant acteur dans sa ville…il manque peut être des structures pour accueillir des initiatives.
Pourtant certains ont le sentiment qu’il y a de plus en plus d’ouverture et d’échanges entre les personnes. En particulier grâce aux réseaux sociaux.
Une des limites est peut être qu’on ne sait plus écouter les gens, surtout quand ils ont des opinions différentes des nôtres.
Nous habitons dans une ville avec plus de 30 nationalités différentes. Connaissons-nous leur culture ? Qu’est ce qu’on connait d’eux ? Toutes les cultures se sont enrichi les unes des autres. Pourquoi ne pas faire l’effort de se connaitre d’avantage ? La politique de la ville ne devrait elle pas faire en sorte que les gens qui partagent un même lieu, une même ville, se connaissent ?
Le café citoyen de Corbeil Essonne a été crée en partie pour permettre aux habitants de se réunir et de se connaitre d’avantage.
Il y peu de lieu de rencontre, d’espace tel que le café citoyen, peut être que l’EP s’est déplacé sur le web ? La notion de convivialité est réduite mais les réseaux sociaux facilite les échanges, la parole, permet de partager des liens. Peut être plus facile pour les timides.
Peu de participants sont convaincus de cette dernière remarque.
Ce soir, la MJC tient tout à fait son rôle en accueillant le café citoyen. Elle le fait aussi avec d’autres activités, mais il manque aussi des participants, des acteurs, des citoyens pour rendre le lieu plus vivant, plus accessibles à tous, plus populaire.
L’EP peut être un tremplin, un passage, pour poursuivre sa route en ayant des cartes en mains.
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Sujet retenu pour le prochain café citoyen :
Comment concilier liberté et sécurité en démocratie ?
Interventions
Les 10 stratégies de manipulation des masses
1/ La stratégie de la distraction
Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux. "
2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions
Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.
3/ La stratégie de la dégradation
Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.
4/ La stratégie du différé
Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.
5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge
La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? « Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans ».
6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion
Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…
7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise
Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures.
8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité
Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…
9/ Remplacer la révolte par la culpabilité
Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!…
10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes
Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.
Noam Chomsky "anarchiste socialiste"
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