Compte-rendu synthétique par Céline Chabut — Café Citoyen de Saint-Denis de la Réunion (26/03/2013)
Animateur du débat : Céline Chabut
» Monde
Quel avenir pour la Palestine?
COMPTE-RENDU DU DEBAT SUR LA PALESTINE
26-27 mars 2013
Association invitée : Réunion Palestine Solidarité, représentée par Selma Yek.
Afin de bien clarifier les termes qui seront utiles au débat ainsi que l’histoire de la Palestine, Jean-Pierre présente un powerpoint que l’on peut résumer ici :
On ne peut comprendre ce qui se passe en Israël et en Palestine actuellement, sans remonter à l’histoire de l’Empire Ottoman et de son effondrement. Convoité par les grandes puissances coloniales, cet empire, qui occupe tout le sud et l’est du bassin méditerranéen depuis le XVIIè s sera divisé entre la France et l’Angleterre après la première guerre mondiale.
Parallèlement à cette évolution de l’empire Ottoman, on assiste à des pogroms en Russie à la fin du XIXè- s (pogrom = action violente préméditée, menée à l'instigation de la police tsariste avec l'aide de populations locales contre les communautés juives d'Europe). A ce moment nait le sionisme. En 1897 a lieu le 1er congrès du mouvement sioniste mondial à Bale. Theodor Herzl (1860-1904) est le fondateur du sionisme. Les trois principes fondamentaux du sionisme sont :
- L’existence d'un peuple juif ;
- L’impossibilité de son assimilation par d'autres peuples…
- …d'où la nécessité de créer un État particulier, qui prenne en charge le destin de ce peuple.
- À ces trois fondements du sionisme, le Congrès de Bâle de 1897 ajoute un quatrième : le droit des Juifs à s'installer en Palestine, alors province de l’Empire Ottoman.
Le mouvement se dote :
- d’une structure d’appareil politique, d’une banque, d’une presse en hé-breu
- et surtout, entreprend d’acheter des terres en Palestine.
En 1916, Français et Anglais se partagent le Proche Orient : ce sont les accords secrets Sykes-Picot la partie nord revient aux Français, le sud aux Anglais ; une zone internationale est décrétée dans la zone actuelle d’Israël et de la Palestine.
Le rôle de l’Angleterre sera déterminant : en 1917, avec la déclaration de Balfour, elle se déclare favorable à l’établissement d’un « foyer national juif » en Palestine.
Sous mandat britannique, de 1919 à mai 1948, 452 000 immigrants juifs entrèrent en Pales-tine.
En 1933, l’arrivée d’Hitler au pouvoir accélère l’immigration juive en Palestine : 150 000 Juifs arrivent entre 1933 et 1935.
Cela provoque en 1936 une révolte arabe contre l’occupation britannique et l’immigration juive. Ces révoltes arabes seront violemment brisées par les Britanniques.
- Après 1945, le génocide change tout : des centaines de milliers de Juifs émigrent en Pales-tine.
- 1946-1947 : Les Juifs demandent ouvertement l’indépendance et rompent avec les Bri-tanniques qui veulent restreindre l’immigration. Ils remettent leur mandat à l’ONU.
- le 29 novembre 1947, l’Assemblée Générale des Nations unies, adopte la résolu-tion 181 : un État juif sur 56 % de la Palestine - dont les juifs représentent à l’époque 32 % de la population et ne détiennent que 7 % des terres ; un État arabe sur les 44 % restants et un régime de tutelle internationale pour Jérusalem et les Lieux Saints.
La Ligue Arabe refuse. La guerre civile commence : en mai 48, à la veille de la proclamation de l’Etat Israélien, 400 000 Palestiniens ont déjà été chassés du territoire assigné aux juifs par l’ONU.
- 1948 : naissance de l’Etat d’Israël
- 1948-1949 : Guerre immédiate : Israël écrase la résistance palestinienne. 800 000 pa-lestiniens sont chassés de chez eux.
- Création de l’OLP en 1964 et début de la lutte armée
- 1967, guerre des Six jours. Israël occupe le reste de la Palestine (Gaza, Cisjordanie et Jérusalem Est)
- 1970 : chassés de Jordanie, les Palestiniens s’installent au Liban.
- En 1977, la droite nationaliste arrive au pouvoir. En 1978, Israël envahit le Liban sud.
- 1982, Israël envahit le Liban et assiège Beyrouth. Les combattants Palestiniens sont dispersés. Massacre de Sabra et Chatila
- 1987, début de la 1ère Intifada
- 1993, la reconnaissance mutuelle d’Israël et de l’OLP et Accords d’Oslo
- 25 février 1994, en plein ramadan, le colon Baruch Goldstein assassine 29 fidèles Palestiniens dans la Mosquée d’Abraham, 2ème lieu saint de l’Islam.
- 1er juillet 1994, Arafat revient en Palestine
- 28/09/1995, Rabin et Arafat signent les Accords d’Oslo II
- Le 4 novembre 1995, Rabin est assassiné par un juif extrémiste
- 28 septembre 2000, Ariel Sharon se rend sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem provoquant des heurts et la seconde Intifada
- Le 6 septembre 2002, Ariel Sharon annonce que les Accords d’Oslo n’existent plus.
La situation actuelle : plus de quatre millions de réfugiés Palestiniens dans le monde dont plus du quart vit dans des camps.
- Il y a plus de 4500 prisonniers politiques en Israël.
- Violence des colons : arrestations, bombardements, assassinats.
Depuis l’annonce de la reconnaissance par l’ONU de la Palestine en tant qu’Etat observateur, fin 2012, la colonisation des territoires occupés s’est renforcée.
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Suite à cette présentation, pour le moins éclairante, Selma Yek, de l’association Réunion Palestine Solidarité (RPS) explique comment elle a décidé d’agir pour soutenir le peuple palestinien par le biais d’actions citoyennes. Après une présentation succincte de la campagne BDS, Boycott Désinvestissements Sanctions, nous visionnons un reportage diffusé sur i-TV, où l’on voit des enfants palestiniens de 10 ans se faire arrêter ; le commentateur rappelle que l’UNICEF vient d’alerter l’ONU sur ces pratiques en publiant récemment un rapport ; ces enfants risquent en effet 10 ans de prison s’ils sont reconnus coupables d’avoir lancé des pierres sur un véhicule de l’armée israélienne.
La question est : après des années de luttes pour obtenir la reconnaissance d’un Etat palestinien, l’ONU vient d’accorder à la Palestine le statut d’Etat observateur (mais elle reste non membre de l’ONU). Cela aura-t-il un impact sur la vie des palestiniens ? Sur les relations internationales ?
- On constate que dès que l’ONU a eu accordé ce nouveau statut à la Palestine, Israël et les Etats-Unis ont sanctionné la Palestine, en lui supprimant des aides financières.
- Pourquoi ce nouveau statut gêne-t-il autant certains états, comme les Etats-Unis et Israël ?
- Parce que désormais, la Palestine peut porter plainte contre Israël pour non-respect du droit international, pour violation des droits des palestiniens, pour crimes…
- Le problème vient en partie du fait que la création de l’Etat d’Israël est « artificielle », et promulguée au nom d’une religion, et non d’une histoire, d’une culture et d’une culture communes.
- Les jeunes soldats israéliens sont soumis à un bourrage de crâne, qui les pousse à considérer les palestiniens comme des ennemis d’Israël.
- Les attaques contre la Palestine se situent aussi au niveau de la gestion de l’eau : par exemple, en Cisjordanie, les canalisations sont détournées ; en Palestine, la terre est sèche, alors que sur les terres israéliennes, la terre est bien irriguée. L’eau est utilisée par Israël et revendue aux Palestiniens 4 fois plus cher…
- Il y a aussi un hold-up territorial à Hébron, et un colonialisme particulier : le colonialisme par substitution : on chasse les habitants pour s’emparer de leur terre.
- On cite aussi la construction d’un mur.
- L’arme principale des palestiniens pour se défendre est leur démographie : c’est un rouleau compresseur qui est perçu comme une menace par Israël, qui a du mal à lutter contre cette croissance numérique des palestiniens.
- L’armée israélienne, malgré sa puissance, n’a pas pu dissimuler sa déroute en 2006 au sud Liban contre le Hezbollah.
- Poser le problème en termes de procédure juridique est une perte de temps : Israël se fiche du droit international. La référence, c’est le droit divin. C’est un Etat théocratique, une société ethno-religieuse.
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