Compte-rendu synthétique par françois harotte — Café Citoyen de Nancy (18/12/2013)
Animateur du débat : Laurent Watrin
» Politique et Société
L'euthanasie
Une quinzaine de participants pour ce sujet d’actualité. Le gouvernement prépare un nouveau projet de loi sur la fin de vie. Un panel de citoyens, réunis par le comité national consultatif d’éthique, à la demande du chef de l’Etat, préconise la possibilité d’un «suicide assisté» et une «exception d'euthanasie» dans certains cas précis. Plusieurs cas médiatisés de "fin de vie" ont récemment relancé le débat. Le dernier en date étant celui de la mère d'une élue écologiste, regrettant l'impossibilité du suicide assisté à domicile.
En préambule, Laurent rappelle que l’euthanasie est légalement encadrée chez plusieurs de nos voisins européens : Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, et Suisse où l’on parle de « suicide assisté ».
De son côté, la France, avec la loi Léonetti, met l’accent sur les soins palliatifs. Le plus souvent, l’absence d’anticipation ou la non-actualisation des vœux de la personne malade, souvent incurable (mais l’incurabilité est-elle toujours objective ?) reste la difficulté primordiale. Double avis médical, souhait conscient réitéré et écrit, accord d’une personne de confiance figurent dans les textes officiels.
Le premier tour de table met en lumière des expériences personnelles. Le non-acharnement thérapeutique n’est pas forcément appliqué, explique Valérie. La fin de vie est un problème plus éthique que médical, selon Ingrid. La préparation et « l’acceptation d’un droit à ne plus vivre » semblent des éléments essentiels pour Nelly. Une personne de confiance est nécessaire, surtout lorsqu’il y a impossibilité de s’exprimer (Lucienne).
Noëlle, à l’origine du sujet de ce débat, pense qu’on doit pouvoir décider d’en finir avec la vie « quand ce n’est plus une vie : l’inculpation de non-assistance à personne en danger ne doit pas se retourner contre le proche ». On doit «essayer de se dire au revoir » avant le tout dernier instant et également de ne pas les vivre obligatoirement à l’hôpital. Le cas par cas semble meilleur qu’une loi supposée idéale. Un fichier central des dernières volontés pourrait exister. Faire les choix quant au cercueil, à la cérémonie pourrait faire partie de la démarche concertée. A quel moment choisir « sa » fin de vie ? La perte de pleine conscience ne se décrète pas…Les avis et intérêts de toute la famille se révèlent être un barrage fréquent.
Il est bien souvent difficile de dire à quel moment prendre les décisions, souligne Alain. Antoinette se déclare « contre l’euthanasie autant que contre l’acharnement thérapeutique »; elle a indiqué à son médecin traitant ses recommandations personnelles. Antoinette ajoute que tant qu’il y a de la vie, il reste de l’espoir.
Françoise rapporte l’exemple d’un acharnement – « une machinerie » dit-elle - de huit mois inutiles. Elle juge la loi Léonetti insuffisante.
Valérie évoque « le doute » quant à l’incurabilité d'une maladie, l’inévitable culpabilisation des personnes qui « accompagnent », et les compétences et la parole médicales qui jouent un rôle important dans le « choix ».
Clémentine reprend l’idée du respect de la volonté de la personne. Elle cite le choix du don d’organe, avant de mourir, en notant que la carte de donneur n’a aucune valeur juridique actuellement. Sur l’euthanasie, Clémentine évoque la mort « donnée » à son chien, qui l’a bouleversée : « au fond, qui suis-je pour avoir décidé à la place mon chien ? ».
François s’étonne de notre difficulté d'accepter que la mort puisse être une dernière liberté personnelle : le suicide ne serait donc pas un choix, mais une erreur "condamnable", qui culpabiliserait y compris l’entourage ?
Laurent a recueilli des avis de médecins anesthésistes, qui veillent d’abord à arrêter les souffrances les plus atroces, tout en étant conscients qu’un doute subsiste. Selon lui, une "belle fin de vie" passe avant tout par une vie sociale remplie.
Valérie estime qu’il y a un monde entre l’euthanasie et le suicide médicalement assisté : en s’en remettant à d’autres, on les engage.
LE DOUTE EST TOUJOURS PRESENT
Florence, arrivée en cours de débat, est infirmière dans un service traitant les patients atteints de cancers : « plus on avance, plus on passe des certitudes aux questions ! Les médecins doivent se tenir au plus proche des patients ». Elle rappelle le processus bien établi : rencontres, annonces, propositions, suivi, remises en questions, changements. Elle pense que la loi Léonetti est bonne si elle est appliquée avec bon sens. Un médecin n’est pas tout puissant seul. Les décisions thérapeutiques extrêmes sont prises collégialement par différents spécialistes de services différents. « Les soins palliatifs peuvent durer de quelques jours à de longs mois, pendant lesquels on tâche de soulager les familles et d’adapter le traitement. Le rôle de l’infirmière référente est important. Le patient peut souhaiter mourir, le médecin reste là pour soigner et soulager ».
Ingrid rappelle qu’on évoque, ici, les cas les plus graves, mais la difficulté est encore plus grande avec des malades jeunes. Selon elle, on ne peut pas imposer à autrui l’insupportable, et pour répondre à Clémentine : « le malade à l’état de « légume », tout comme le chien, n’est pas en état de se suicider», explique Ingrid.
Clémentine répond qu’elle garde le sentiment « égoïste » de ne pas avoir laissé crever son animal dans la douleur, selon son ressenti propre. « J’ai estimé que j’avais fait au mieux pour sa fin », précise-t-elle. Mais le doute est toujours là…
Noëlle fait remarquer que « bien des handicapés ont une vie plus intense que des bien portants ; faisons attention ! ».
Alain se demande que penser de ces comas qui durent des années.
Laurent ajoute qu’un souhait de mourir peut aussi ressembler à un appel à l’aide et qu’il n’est pas rare d’avoir les remerciements d’avoir été «sauvé» par la suite.
Prochain café-citoyen le mercredi 15 janvier : « Le stress au travail ».
Les sources de réflexion ne manquent pas, dont celle du site de l’INRS : http://www.inrs.fr/accueil/risques/psychosociaux/stress.html
Interventions
Jacques
mercredi 18 décembre 2013 11:35:23 +00:00
Il n'est pas illégitime que la communauté se préoccupe du devenir de chacun de ses membres...mais l'on peut dire qu'en s'amusant à prolonger notre agonie pour le plaisir, ou plutôt l'argent, on est bien mal servi.
Il est ici bien malheureux que les opposants à la mort choisie ne dirigent pas mieux leurs ardeurs en faveur de ceux qui leur demandent quelque chose !...
Maintenant, tant que la frontière avec la HOLLANDE ou la SUISSE n'était pas fermée, le débat franco-français sur l'euthanasie était sans grand intérêt : la liberté, ça se prenait : ça ne se décrétait pas !?!
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