Compte-rendu synthétique par françois harotte — Café Citoyen de Nancy (17/09/2014)
Animateur du débat : Laurent Watrin
» Éducation
Quelle éducation pour demain ?
Une vingtaine de participants pour ce premier café citoyen de la saison 2014-2015, à Nancy, pour la première fois à la « Taverne du Livre ». Ce café-librairie, situé au 11, rue des Quatre-Eglises, accueille désormais nos débats le deuxième mercredi de chaque mois.
« Il y a du boulot ! », commence Véronique, pour « mettre en mots » (Denys) un sujet aussi global que l’éducation. Parmi les participants, bon nombre d’enseignants, retraités pour la plupart, orientent le débat sur l’Education nationale.
Plusieurs voix insistent cependant sur le rôle essentiel de la famille pour «éduquer». C’est même l’éducation des parents « qui manque le plus », selon Ingrid. Ce que semble confirmer l’expérience professionnelle d’Hélène, jeune éducatrice : « les enfants ont besoin de limites », dit-elle, « j’ai rencontré certains parents qui ont peur de ne pas être aimés par leurs enfants s’ils les sanctionnent ».
Annie évoque aussi la « démission des adultes » et note qu’une part de l’éducation, au sens large, était auparavant dévolue, selon elle, à des institutions, disparues ou en perte de vitesse, comme le clergé, les mouvements de jeunesse, l’armée, les syndicats ou les partis politiques.
Que ce soit dans le cercle familial ou au sein de l’école, la transmission des valeurs apparaît au cœur des interventions. Transmission plus aisée pour l’enseignant dans le passé ? Plusieurs participants estiment plus difficiles d’obtenir des élèves la discipline, le respect, la concentration.
D’après Daniel, jeune retraité de l'Education Nationale, «autrefois, on instruisait en apportant des connaissances. Aujourd’hui, il est difficile, voire impossible, d’enseigner. Il faut être un surhomme ! Les élèves sont trop difficiles. Les méthodes de pédagogie et le système éducatif formatent les professeurs qui ont intérêt à être dans la ligne lorsqu’ils sont inspectés». Daniel ajoute que, selon lui, les objectifs européens de l’éducation ajoutent au malaise français. Et de déplorer le recrutement par Pôle Emploi de professeur à 9 euros de l’heure…
Plusieurs voix regrettent la disparition des savoirs de base.
Marie-France estime que l'Etat se repose parfois trop sur les associations et les bénévoles dans le champ éducatif.
Pour Anne, les élèves stressés, et impatients, « qui veulent tout et tout de suite », révèlent l’individualisme de notre époque. Le « chacun pour soi » serait renforcé, selon elle, par la mode du zapping, liée aux téléphones mobiles, à internet… Franck met en cause « la télévision qui fait du mal et qui n’a rien à faire dans la chambre de enfants ».
A qui la faute ? Faut-il désigner des responsables ? L’Education nationale paraît difficilement réformable (Jean-Pierre). Les parents sont souvent déboussolés, confrontées à des situations économiques qui engendrent des séparations et des recompositions familiales (Hélène).
Faire la leçon aux enseignants relève de la mission impossible. Jean-Pierre estime que les enseignants sont devenus des « spécialistes », alors que l’éducation c’est aussi « savoir mieux se comprendre, transmettre (le mot revient) des codes », mais aussi forger les siens, devenir libre…
Parents perdus, enseignants bloqués ? Tableau noir ! Mais Guy rappelle que dans l’Antiquité déjà, les nouveaux « disciples » passaient pour moins bons que leurs aînés… Sourires dans l’assemblée.
François se demande s’il n’y a pas distorsion entre nos souhaits de parents : offrir le «meilleur» à nos enfants (valeurs, diversité, liberté…) et la case ultime de l’enseignement, à savoir l’uniformité académique et ambitieuse des «diplômes et examens».
L’acte d’enseigner passe aussi par un lien affectif. Laurent parle de « l’amour » du métier d’enseigner. Sans tomber dans la « séduction » - l’éducateur n’est pas là pour plaire - plusieurs voix jugent essentielles les relations entre personnes pour transmettre aussi bien des savoirs que du savoir-vivre.
Quelles propositions pour une éducation de demain ?
Modifions l’Education nationale de l’intérieur, propose Guy. Comment ? En recrutant des enseignants après trois ans passés en entreprise. Guy rappelle aussi les méthodes éducatives Freinet, Montessori, Steiner-Waldorf… qui demeurent, selon lui, intéressantes et trop marginales.
Véronique suggère de mettre en avant l’envie, le désir, la réhabilitation du goût à l’effort et du vivre ensemble.
Maëlle voudrait que l’école transmette d’abord la qualité de la vie, le respect de la nature, les valeurs de solidarité.
« Le savoir, c’est à l’école, le savoir-être, c’est partout », dit Jean-Pierre, qui réclame davantage de place pour l’enseignement de la philosophie.
Lionel plaide pour l’éducation aux sens, ainsi qu’à la morale, afin de conjuguer la diversité des connaissances.
Franck est favorable à la mise en situation, pour découvrir les savoirs concrètement.
Catherine revendique la méthodologie et la sélection des informations plutôt que l’entassement des savoirs. Hélène approuve cette proposition.
Nelly juge utile de renforcer le rôle de « l’école des parents ».
Anne évoque l’intérêt des moyens modernes : visio-conférences, internet, en milieu rural par exemple.
Laurent trouverait utile une éducation aux médias.
Bien des sujets restent à déblayer. Comme le dit Véronique, effectivement, il y a encore « du boulot » !
Prochain sujet : « comment sortir de nos préjugés ? »
Rendez-vous le mercredi 8 octobre 2014 à la Taverne du Livre- Rue des Quatre-Eglises - Nancy
Le café citoyen de Nancy, chaque second mercredi du mois à la taverne du Livre
Interventions
Guy grandieu
vendredi 12 septembre 2014 09:52:18 +00:00
Une solution d’aménagement des rythmes scolaires dans les écoles maternelles et élémentaires tenant compte des recommandations du rapport de ANM :
Aménagement de l’année : en 4 périodes de 7 semaines de travail suivies par 2 semaines de vacances et 1 période de 8 semaines de travail suivies par 8 semaines de vacances. Des décalages entre académies ou grandes régions sont à préciser.
Aménagement de la semaine : en 9 demi-journées dont le samedi matin (même pour les parisiens).
Aménagement de la journée : 3h par matinée et entre 1h30 et 2h les après-midi en fin d’après-midi. Ces heures d’enseignement sont réservées aux matières faisant appel à une concentration importante. 1h à 1h30 après le repas consacrée aux activités d’éveil et ou sportives toujours assurée par les enseignants.
3) Les rythmes scolaires : Si le centre de cette réforme est l’enfant et uniquement l’enfant il faut alors prendre en compte le rapport produit le19 janvier 2010 (Bull. Acad. Natle Méd., 2010, 194, no 1, 107-122, séance du 19 janvier 2010) par un groupe de travail de l’Académie Nationale de Médecine. Ce rapport met en évidence la nécessité de prendre en considération, dans l’organisation des temps scolaires de la journée, de la semaine mais également de l’année, les rythmes biologiques et psychophysiologiques de l’enfant.
Les conclusions et recommandations destinées aux décideurs et aux parents, de ce rapport, doivent être la base de tout aménagement du temps de l’enfant de la maternelle au collège.
2) La formation des enseignants :
a) tous les enseignants, quelque soit la matière enseignée et le niveau d’enseignement, doivent être formés à de nouvelles méthodes pédagogiques prenant davantage en considération l’élève, la nécessité du travail en groupe et l’utilisation, adaptée à l’enseignement, des moyens technologiques de notre époque. Il parait aujourd’hui urgent de s’appuyer, en les adaptant, sur des expérimentations qui ont fait leurs preuves de type Freinet, Montessori, Steiner …. ,
b) en plus pour les enseignants des classes maternelles et élémentaires des formations dans les domaines des activités d’éveil et sportives adaptées à l’âge des enfants qu’ils se destinent à accueillir. Acquisition de méthodes pédagogique nécessaires à la découverte et à l’enseignement des langues étrangères.
c) pour les enseignants amenés à dispenser des cours, du CAP au Doctorat, dans des domaines techniques ou scientifiques, devront tous les 5 ans faire un stage de 3 mois dans une entreprise dont le secteur de production correspond au mieux à la spécialisation de l’enseignant.
-Les modes de recrutement
a) par concours externes si le candidat remplit les conditions défini ci-dessus.
b) tout vacataire, contractuel, maitre auxiliaire ne pourra être embauchés que s’il à déjà travaillé pendant 3 ans en entreprise. Sa titularisation pourra être obtenu par concours externe mais aussi par concours interne après 3ans d’enseignement et sera titularisé ou remercié après un maximum de 6 années d’enseignement
Quelques propositions pour refonder l’éducation nationale.
Le classement PISA actuel de la France et le lien entre «éducation et économie» qui n’est plus à démontrer, nous l’imposent!
1) Le recrutement des enseignants : tous les enseignants, quelque soit la matière enseignée et le niveau d’enseignement, doivent être recrutés après, au minimum, trois années d’exercice d’une fonction d’employé ou de responsable dans une ou d’une entreprise privée ou publique.
RUZE Daniel
vendredi 12 septembre 2014 12:35:39 +00:00
A vrai dire je m'interroge : j'irai ou j'irai pas ?
-Car discuter de l'école , ce n'est pas parce qu'on a été élève dans sa scolarité que l'on peut se permettre de dire tout et n'importe quoi.
-En vingt ans les associations de parents d'élèves se sont largement "infiltrés" dans le système éducatif...au point de vouloir , trop souvent , apprendre aux enseignants à faire leur métier. Ces associations qui se retrouvent assez bien avec ces idées qui circulent de supprimer les notes (c'est loin d'être l'opinion de tous les parents), de noter par compétences....
-Il faut savoir qu'il est de plus en plus difficile d'enseigner...face à des éléments perturbateurs (ils ne sont pas nombreux , mais quelques uns dans une classe, ça suffit pour mettre tout parterre . Ceux là sont bien trop soutenus en général par l'administration qui leur trouve souvent de bonnes excuses. Ils sont en classe plus pour casser du prof que pour s'instruire !
-sur le sujet l'Europe n'arrange pas les affaires :il est clair ,au niveau de l'OCDE, que l'objectif ne doit pas être d'instruire mais de former des gens adaptables et malléables sur le marché du travail.
Oui , si l'objectif du café citoyen est de se retrouver autour d'une table ronde pour rechercher une sorte de consensus, pour "ronronner"....alors , il vaut mieux que je reste chez moi !
PS : Dans certaines disciplines , on manque manifestement de professeurs. On peut comprendre que beaucoup de jeunes n'aient pas envie de se lancer dans la galère . Non le métier ne fait plus recette !! Va t-on finir par se poser les bonnes questions ??
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