Compte-rendu analytique par Jean-Marie Seeuws — Café Citoyen de Caen (26/05/2007)
Animateur du débat : Fabien Collet
» Politique et Société
Quel journalisme pour demain ?
Animateur - Le sujet aujourd’hui : quel journalisme pour demain ? Je vais donner la parole à celui qui a présenté ce sujet.
1 - J’ai proposé ce thème par qu’il me semble qu’il y a une grande transformation du rôle du journalisme, pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’il y a de plus en plus d’informations et que ça remet en cause, sinon la crédibilité de l’information, du moins notre capacité à tout ingurgiter et à avoir du sens derrière tout ça, et il me semble qu’il y a des nouvelles technologies qui ont développé, on va dire, une information beaucoup plus transversale ou horizontale avec les blogs sur internet notamment. Je trouve que l’image du journalisme est un peu ébranlée, le journalisme qui était censé avoir une réflexion sur la société, ou rapporter des faits et puis en amener la discussion, le journaliste du 19° est à mon avis un peu mort et on pourrait s’interroger sur ce que sera le journalisme de demain.
Animateur - Si je comprends bien on a quitté le cadre de la pensée unique et on a une multiplicité d’informations, donc comment traiter cela et quel rôle doit avoir le journalisme sur le sujet.
2 - Je vais commencer par poser la question, comment peut-on définir le journalisme. Je veux bien croire, et c’est vrai, que les moyens techniques se sont considérablement développés, qu’il y ait pléthore d’informations et qu’au travers de cette masse il est peut-être difficile aujourd’hui de se faire une idée objective à travers l’information reçue, mais je me pose la question en fait de la définition du journalisme. A mon point de vue cette définition doit être identique à celle qui devait être celle d’hier. Donc cela implique pour moi l’observation je dirais du delta, de la différence dans l’exercice du journalisme aujourd’hui. Est-ce que dans le fond on ne dérive pas par rapport à une définition qui devrait être valable aujourd’hui comme hier. Donc la question que je pose quelle est la définition du journalisme.
En aparté : excusez-moi peut-on se présenter, est-ce que cela se fait ou pas.
2bis - Oui si vous voulez je peux me présenter, ce n’est pas habituel mais ça ne me choque pas. Comme vous pouvez le juger à mon aspect, le temps a passé pour moi, je suis donc à la retraite et en activité j’étais un commercial dans un environnement technique.
Animateur - Donc pour reprendre ce que vous disiez, le journalisme était un technicien et aujourd’hui il y a peut-être une dérive à ce niveau et la multiplicité des moyens d’information a transformé ce rôle. Donc votre question c’est qu’est-ce que le journalisme, qu’est-ce qu’un journaliste.
2ter - Il demeure l’information et la capacité de produire une réflexion. Donc c’était hier à valoir pourquoi ce ne serait pas à avaloir aujourd’hui. S’il y a dérive, on peut s’interroger d’une part sur les supports, sur les moyens, et parfois aussi la connivence avec quelque groupe que ce soit.
Animateur - L’indépendance du journaliste.
3 - J’ai noté avec intérêt ce qu’a dit Marc sur l’évolution du journalisme, car effectivement on est passé du papier journal, c'est-à-dire de l’écriture et finalement d’un e période où le journaliste était avant tout un littéraire. Actuellement je ne pense pas que le public attende forcément de la littérature mais il est beaucoup plus exigeant sur l’information. Alors ce qui se passe, Marc a parlé de massification de l’information, je dirai aussi la diversité des sources, la rapidité de communication avec les blogs, tout cela exige de la part du journaliste un très grand professionnalisme. Si les lecteurs ne sont pas toujours habilités à pouvoir faire le tri, son rôle principal au journaliste est d’être un vulgarisateur. Donc il faut qu’il sache trier, il faut qu’il sache sélectionner, qu’il sache évaluer, il faut qu’il sache contrôler, faire des enquêtes, il faut qu’il sache communiquer, partager avec d’autres journaliste pour donner la meilleure information possible. Donc cela demande une professionnalisation du journaliste. Je ne veux pas monopoliser la parole mais plus tard je parlerai de la déontologie, parce qu’il y a le problème du pouvoir médiatique qu’on appelle le quatrième pouvoir et est-ce que la vocation du journalisme n’est pas d’être un contre-pouvoir.
4 - Bonjour, je me présente avec plaisir, le temps a passé aussi sur moi, si, si, sans laisser de traces, enfin pas trop, J’ai eu beaucoup de mal aussi à définir ce qu’était un journaliste parce que ça englobe en tas de choses. Je crois que c’est le point de rencontre entre le désir d’informer et le désir d’être informé. On pourrait considérer que les premiers journalistes étaient ceux qui dessinaient des scènes de chasse dans les grottes de Lascaux pour informer les gens qui ne pouvaient pas sortir de la grotte. Ca a évolué au cours des siècles il y a eu des journalistes à l’époque romaine qui après sont devenus des historiens mais sur le moment ils étaient surtout, ils décrivaient surtout ce qui se passait dans leur environnement immédiat. Maintenant je crois qu’il faut distinguer entre deux formes de journalistes, il y a un journaliste qui informe, qui cherche, qui fait des enquêtes qui va chercher les renseignements sur le terrain, et il y a un journaliste uniquement d’information, ce qu’on appelle les médias, et pour ça il y a une grosse différence entre les deux. Il y a des journalistes qui au péril de leur vie s’impliquent dans des enquêtes, au péril de leur vie ça a peut-être commencé par Marat évidemment, et d’autres qui ne font que lire des dépêches d’agence devant un prompteur. Depuis qu’il y a une carte de journaliste, cette carte est attribuée un peu à tout le monde sans faire de différence, la déontologie est plus ou moins respectée et j’aimerais bien connaître l’avis de tout le monde sur la différence qu’il y a à faire entre ces deux formes de journaliste.
Animateur - si je reprends un petit peu ce que vous disiez, il existe un journaliste mais aujourd’hui il n’a plus le monopole de l’information, et pour faire le lien avec ce que vous disiez c’est qu’à l’origine dans les grottes de Lascaux tout le monde pouvait être journaliste et aujourd’hui il y a une professionnalisation mais on assiste aussi peut-être au travers de nouvelles émission télé, où les gens peuvent devenir journaliste de leur côté, à un retour. Donc une question par rapport au journaliste et à sa spécialisation de son métier.
5 - Juste une précision, il y a plusieurs différences de métier dans le journalisme. Il y a les journalistes qui investiguent sur le terrain et il y a d’autres quine font que relayer une information qui a été rédigée, préparée par toute une équipe. Donc je pense qu’on ne peut pas englober le journalisme et le métier de journaliste dans une seule sphère, il y a énormément de branches, des différences de médias, entre la presse écrite et la télé ce n’est quasiment pas le même métier et ensuite en fonction de ce qu’on nous demande de faire.
Animateur - Vous semblez bien connaître le sujet.
5bis - Oui je ne me suis pas présentée, je m’appelle Katia et effectivement je travaille dans le média.
6 - Enchantée chère consœur, Martine presse écrite, diplômée de l’IUT de Tours. Quelqu’un a parlé de la carte de presse, je crois qu’on ne la donne pas à tout le monde, il faut être dans un média depuis au moins trois mois à temps plein et avoir au moins 80% de ses revenus dans la presse, parce qu’on peut faire un autre métier, par exemple écrire des bouquins, comme Patrick Poivre d’Arvor qui pendant un temps n’avait pas la carte de presse parce qu’il était d’avantage écrivain que journaliste. Donc on ne donne pas la carte comme ça n’importe comment. En plus il faut faire un dossier et écrire à la commission de la carte de presse, rue Bellechasse à Paris, et il y a une commission qui se réunit avec de professionnels, des directeurs de journaux, des syndicalistes et on attribue ou pas la carte de presse. Il faut monter un dossier et il faut la signature du directeur qui vous embauche.
Animateur - Donc à priori dans le journalisme si je comprends bien il y a une certaine cooptation qui se fait, une certaine reconnaissance professionnelle, mais on pourra par contre se poser la question de l’indépendance et de la déontologie par rapport à ca.
6bis - En principe les journalistes sont indépendants, mais quand ils sont dans un journal ils sont contraints et forcés de respecter, de prendre la ligne de conduite du journal. Alors en principe on cherche nous même un travail dans la presse en fonction du journal dans lequel on veut travailler, avec lequel on a des affinités. Mais il y a quand même des journaux, c’est rare, mais par exemple La Mayenne Libre dans lequel le directeur déclare qu’il ne lit jamais un papier d’un journaliste, ils ont appris le métier, ils savent ce qu’ils disent et prennent la responsabilité de leurs écrits, je ne relis jamais leur article. Donc ça c’est un directeur qui est très rare.
7 - Je pense que ce n’est pas les journalistes eux-mêmes, enfin le fait que les journalistes soient différents qui fasse que le journalisme se transforme aujourd’hui. Je pense que si le journalisme doit se remettre en question aujourd’hui c’est parce qu4 il a changé de rôle dans la société. Avant le journaliste rendait compte de la réalité et d’ailleurs information ça veut bien dire quelque chose, informare vient du latin mettre en forme, c'est-à-dire mettre en forme quelque chose d’incompréhensible. Aujourd’hui on a une perte de sens dans notre monde actuel , on ne sait plus trop où l’on va, on ne sait plus vraiment quels sont les notions de progrès, ça veut dire quoi progresser, ça veut dire quoi tout un tas de choses et on se pose une question de sens et alors qu’il fallait rendre compte avant seulement, aujourd’hui je pense qu’il y a une profonde interrogation sur le sens même de la société dans lequel elle va et c’est assez différent du rôle du journalisme qui doit avoir une sorte de recul et un code de déontologie. Amon sens il y a quelque chose de différent, le journalisme doit pousser sur le sens même de ce qui se passe, c’est quand même assez différent.
Animateur - on revient à ce que vous disiez, il y a peut-être différents rôle dans le journalisme, il y a celui qui témoigne, il y a aussi celui qui va mettre en forme le reportage pour avoir aussi une interrogation et une ligne éditoriale.
8 - Mon intervention va être un peu sur autre chose, c’est une réflexion que je me faisais sur le rendu du journalisme aujourd’hui. Je fais une nette différence sur une forme de journalisme qui peut-être celui que l’on a par les médias télévisuels avec je dirais, et cette remarque là ce n’est pas que pour le journalisme, c’est un petit pour tout ce qui est artistique et autre. aujourd’hui le fait qu’un média comme la télévision peut passer d’une semaine sur l’autre à je dirais des nouvelles en constante évolution , qui peut passer du coq à l’âne assez rapidement, je mets ça en différence par rapport à une presse écrite qui va investiguer plus longtemps sur certaines choses et qui va aussi nous laisser peut-être une marque, moi je parle en tant que lecteur de presse, j’ai l’impression d’être plus marqué par les écrits, c'est-à-dire que quand j’ai l’opportunité de lire un article sur un sujet qui m’intéresse je ne l’ai pas oublié au bout de six mois ou un an. Par contre quand j’ai regardé un média télé, ça dépend de la mémoire de chacun, mais je remarque et je trouve que c’est de plus en plus vrai, les gens consomment du média télé, c'est-à-dire, et ça se renouvelle beaucoup et on oublie facilement, je parle vraiment en matière de politique, on oublie éventuellement les promesses faites une semaine, un mois avant parce que les gens peuvent passer du coq à l’âne et c’est très marquant, c’est une méthode de communication beaucoup plus, qui marque vraiment l’instant, alors que celui qui va prendre le temps de lire éventuellement une presse d’investigation sur des sujets, quelqu’un qui creuse, je pense qu’au niveau du journalisme on va trouver ces deux opportunités. Une opportunité de « fabriquer » l’information du moment, ça se rapproche de la manipulation des masses et un journalisme qui va travailler de longue haleine, peut-être avec des convictions ,mais pas forcément et qui va peut-être retourner un sujet sous toutes ses facettes, mais au final il y a vraiment un travail d’enquête et peut-être l’information qui en ressort amène plus de justesse, et moi je pense que c’est en cela qu’il faut réfléchir sur le journalisme de demain et qu’il faut peut-être aussi faire le tri dès à présent et que ça soit affiché entre une forme de journalisme qui est, trop rapide, même dans la psychologie humaine, qui ne s’arrête pas justement sur l’évolution d’une personne, l’évolution d’un phénomène de société, qui va passer sur les faits divers une forme de presse de faits divers, on prend un fait divers et on le décortique mal, et après les gens dans leur inconscient de manière différente mais pas forcément sur une base fondée, ça ne va pas les amener je dirais à construire quelque chose, un raisonnement, de raisonner sur une problématique médiatique, voilà c’est un peu l’idée, maintenant si quelqu’un a des idées sur la question, mais vraiment distinguer une forme d’investigation, exactement comme des écrivains, il y a des écrivains qui peuvent écrire dans tous les domaines, et d’autres qui vont essayer de construire quelque chose qui peut être une logique d’une vie, et qui peuvent parfois être plus profonds et toucher un peu plus. Voila pour moi il y a ces deux choses à différencier, ce n’est pas forcément le journalisme d’aujourd’hui ou celui de demain, c’est le journalisme de toujours, même dans un journal de presse écrite, le journalisme peut-être un journalisme d’investigation et travailler sur le long terme et éventuellement écrire par ailleurs, et puis le fait divers.
Animateur - Votre intervention peut attirer deux idées, d’abord qu’il y a sans doute une information commerciale, parce qu’aujourd’hui les journaux doivent être vendeurs, et peut-être une information qui a plus de sens avec plus de recherche. Et puis également une réflexion intéressante c’est que le support est conditionné par la forme mais également pouvait conditionner le fond de l’information.
9 - Je m’appelle Marie, je suis scientifique et pas du tout dans le milieu du journalisme. Il me semble qu’au cours des vingt dernières années on a quand même vu une évolution de l’in formation qui nous est dispensée sous deux formes. La première c’est un peu celle que vous avez évoquée, c'est-à-dire que le journalisme de faits divers a pris une place nettement plus importante dans la proportion de l’information qui nous est présentée par rapport à ce qu’elle était dans le passé, voire même je dirais prépondérante dans la presse aujourd’hui. Alors pourquoi ? Parfois on peut penser que quelque part c’est une forme de mépris, j’ai envie de dire de la part de la profession, par rapport aux attentes de leurs lecteurs, ils considèrent que leurs lecteurs, finalement, ne sont pas intéressés par la réflexion, mais peut-être que je me trompe, je ne sais pas, c’est une question qui est ouverte, pour moi une possibilité de réponse est celle-là. La seconde modification que je vois dans l’évolution de l’information, c’est le fait que justement, peut-être depuis la première guerre du golf ,au début des années 90 disons, l’information est donnée de manière beaucoup plus brute, c'est-à-dire on nous donne des images, on nous donne des faits tout en vrac sans tri ou avec un tri fait de manière difficile et plus guère d’analyse, plus guère de proposition de schéma d’analyse, de réflexion , de recul historique etc. Cette part du journalisme, disons d’investigation qui me semblait l’une des choses intéressantes justement n’est plus faite du tout et ça laisse le citoyen lambda un peu désorienté, parce qu’on n’est pas tous historien, on n’est pas tous journaliste, on n’a pas tous le bagage nécessaire à l’analyse et qui plus est, le fait que certaines pistes soient initiées permet de mener la réflexion plus loin. Là aussi dans la question du journalisme et aussi vous avez dit propagande ou manipulation, je me demande comment ça joue un rôle. Évidemment donner des pistes de réflexion ça joue un rôle de manipulation, de propagande, mais ne pas en donner joue dans un autre sens.
10 - J’aimerais profiter de la présence de gens qui ont l’air de s’y connaître, pour trouver la réponse à une question que je me pose depuis longtemps. Si je ne me trompe pas, il y a un seul statut de journaliste, alors qu’il y a une multitude de façons d’exercer ce métier. Je ne vais revenir sur les différents types de journaliste, cela a été décrit avant moi, mais par exemple en faisant la comparaison entre un grand reporter et Karl Zéro, je ne vois pas vraiment de similitude. Qu’ils aient tous les deux la même carte et tous les deux le même statut ne me choque pas mais ça me semble bizarre. Donc le journalisme de demain, il faudrait d’abord définir ce qu’on appelle un journaliste, quel est son rôle exact, pour ensuite pouvoir répondre à toutes les questions qui viennent d’être posées à savoir la modification des supports d’information, du rôle de l’information. Pour répondre à tout cela il me paraît indispensable de d’abord définir ce que doit être le métier de journaliste.
11 - Je veux bien essayer de donner une petite éclaircie. Je ne pense qu’il n’est pas forcément indispensable de définir le métier de journaliste. Justement comme on le disait tout à l’heure il y a tellement de supports média différents et variés, qu’il y a autant de métier de journaliste que de support média. On n’a pas du tout le même métier en télé qu’en presse écrite ou en radio, ça n’a rien à voir. Mais je pense qu’on n’est pas obligé d’avoir tous la même identité, de faire tous le même travail, c’est pareil il y a des journalistes qui ne travaillent que sur des blogs, je veux dire qu’il y a une telle diversité qu’aujourd’hui on ne peut pas faire une seule définition, il me semble. Par rapport à ce que vous disiez, on parlait de la différence entre la télé et la presse écrite, je pense que la télé on l’a subie, la presse écrite vous choisissez ce que vous avez envie de lire, c’est ce qui fait la différence entre le fait qu’un article qui est lu parce qu’on l’a décidé, qu’on l’a choisi à un moment bien précis de la journée on le garde en soi et on ne l’oublie pas, quand on est devant la télé on prend. C’est vrai que le média télé est un média qui à mon gout suscite plus l’intérêt et l’ouverture d’esprit des gens en disant voilà ce qui se passe, si ça vous intéresse allez en presse écrite ou à Internet etc, on n’ a pas le temps en télé de développer quoi que ce soit, on n’a pas le temps.
12 - on a parlé beaucoup de variété de journaliste, moi ce qui m’intéresserait aujourd’hui est de savoir s’il y a un dénominateur commun. Alors pour moi un dénominateur commun, chacun fait un métier peut-être différent, est la déontologie du journaliste. Je pense que c’est à travers cette notion qu’il faut retrouver le journaliste tel qu’on l’attend, nous qu’on soit lecteur, spectateur ou bloggeur, parce que le blog aussi c’est très bien mais on peut se méfier aussi des blogs, il faut avoir une très grande prudence vis-à-vis des blogs. Donc la déontologie est de savoir, premièrement est-ce que les médias doivent être un pouvoir, c’est une bonne question. Actuellement la dérive du journalisme, on a assisté à ce qu’on appelle le pouvoir médiatique. Alors le pouvoir médiatique c’est en fait une réalité, le journaliste peut se considérer comme un véritable pouvoir, c'est-à-dire avoir une certaine influence surf les lecteurs, sur les auditeurs. D’un autre côté on peut assister aussi à une médiatisation du journaliste, on voit des journalistes qui sont devenus de véritables stars des médias et on peut se poser la question à ce sujet, est-ce normal qu’un journaliste tienne le journal télévisé pendant des années sans qu’on puisse le changer, c’est la grosse question que je me pose. N’est-ce pas une sorte de mandarinat et quand on est mandarin on se croit détenteur d’un certain pouvoir. Alors il faut voir aussi pour les journalistes, quels sont leur moyen d’indépendance, alors évidemment on dit, indépendant ce n’est pas facile car ils dépendent de groupes qui sont financiers, mais est-ce que les journalistes n’ont pas, on a parlé à une époque et on a créé la clause de conscience, est-ce que les journalistes font jouer la clause de conscience, c’est la grosse question. Qu’est-ce que les journalistes font pour être libres eux-mêmes. Alors je pense qu’effectivement il faut bien se poser la question, comment voit-on le journalisme futur, est-ce que le journalisme va rester un pouvoir médiatique ou bien va-t-il devenir un véritable contre-pouvoir.
Animateur - Je retiens de toutes les interrogations que vous avez pu poser, je pense que quelque vous vous posez la question du rôle du citoyen, parce qu’en fait quand on donne, c’est nous qui donnons le pouvoir aux journalistes, et donc comment nous on gère l’information, comment on la traite, c’est un peu ce que vous dites.
13 - Ce que je voudrais dire maintenant, c’est que ce qui fait la richesse du journalisme, de la presse, c’est sa variété, tout l’ensemble des formes de journalisme qui offrent un choix continuel au citoyen. Si je fais appel au souvenir de ma prime enfance, il y avait déjà des journaux basés uniquement sur le fait divers, il y avait le petit journal dont chaque première page était illustrée par une catastrophe, il y avait l’illustration qui relatait des faits plutôt mondiaux, il y avait des journaux d’opinion comme Ce soir, journal communiste dans lequel j’ai appris à lire, toutes les formes de journalisme étaient déjà représentées. Bon maintenant on peut y ajouter la télévision, parce que c’est une autre forme de média, mais il y a aussi les blogs, internet, comment le citoyen peut-il se retrouver dans cette profusion. Moi je me souviens à la télé récemment, au cours d’une manifestation de jeunes après l’élection présidentielle, il y avait des pancartes qui disaient : médias partout, information nulle part. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Animateur - Est-ce que quelqu’un a une idée là-dessus ?
14 - Je veux bien rebondir sur l’intervention précédente, pour moi il n’y a pas vraiment problème du journalisme aujourd’hui, sinon qu’on arrive à une saturation du journalisme en fait. C'est-à-dire le monde est devenu tellement complexe, avec tellement de choses à dire que finalement on arrive au bout du bout, on ne pourra pas rendre compte de tout. La complexité du monde arrivera bien à être domptée un jour, pour moi. Et ce n’est pas en multipliant le nombre d’informations, le nombre de One Shot on va dire, c'est-à-dire de fait brut en parlant de tout et de rien en même temps qu’on va rétablir la citoyenneté. Parce que le but premier du journaliste est de rendre compte de la réalité, mais aussi de former les citoyens, c'est-à-dire faire en sorte qu’ils puissent s’accaparer l’information et se construire personnellement une réflexion. Aujourd’hui la complexité du monde fait qu’on essaie de s’attacher derrière cette profusion d’information, d’autant plus que la mondialisation s ‘étend de plus en plus, on a des informations de partout, sauf que le zapping de l’information ne nous permet pas personnellement de construire. Le but même de l’information étant de faire en sorte que chacun d’entre nous, chaque citoyen, puissions découvrir notre propre vision du monde et puis s’enrichir aussi, je pense qu’en fait le gros souci aujourd’hui c’est, un que le citoyen n’a pas trop le temps pour réfléchir sur la société, on est pris par la société qui nous demande de travailler de plus en plus, et puis un zapping de l’information qui fait qu’on ingurgite, ça rentre par une oreille, ça sort par l’autre et on a l’impression d’être informé. On essaie de rendre compte de tout comme si c’était suffisant et moi je pense que ce n’est pas suffisant, il faut justement donner les moyens aux citoyens de prendre du recul sur le monde et d’avoir du temps finalement, en plus.
Animateur - Si je comprends bien, trop d’informations tue l’information. Peut-être que le rôle du journaliste est d’offrir une certaine synthèse par rapport à ca.
15 - Je rebondis sur une intervention antérieure qui rebondissait sur la mienne. Pour reprendre votre remarque, je reconnais tout à fait que dans le MEDIA télé on peut souvent connaître l’effet d’annonce et en cela il a y des émissions qui peuvent être très courtes, je pense par exemple au dessous des cartes, qui va cerner je dirais de manière très synthétique des problématiques, qui vont peut-être nous appuyer pour réagir sur d’autres problèmes qui vont nous être présentés de manière beaucoup plus sobre, et en plus accompagnés d’une bibliographie derrière. Ca, je dirais, apporte un plus dans une émission justement télé puisque comme vous le disiez c’est un effet d’annonce, c’est d’apporter après une revue de presse ou donner quelques directions et ça donne de la force à ce média, sinon il faudrait qu’il s’étende sur deux ou trois heures de présentation et encore on reste souvent sur notre faim. Donc je sais que dans le média, ce que je disais tout à l’heure n’est pas une critique systématique mais c’est au plus effectivement, moi je fais vraiment le tri des patates parce qu’il y a vraiment pour moi, et c’est malheureusement essentiellement quand même dans sa grande majorité, enfin je ne retrouve pas beaucoup de médias qui vont creuser certaines situations alors que dans le média écrit, et le média écrit c’est pareil il peut avoir aussi un effet d’annonce parce que lui-même n’est pas un livre, donc certains articles sont très succincts mais vont peut-être...
[ICI UNE INTERRUPTION DE CETTE INTERVENTION PUIS UN BROUHAHA AVANT D’ENTENDRE CLAIREMENT L’INTERVENTION SUIVANTE]
15 - Le sujet est intéressant, il me rappelle un peu un sujet qui avait été traité dans le cadre du café citoyen, qui était politique, média, manipulation, c’était très intéressant également. Le sujet est d’importance actuellement, mais peut-être le journaliste faudrait-il le considérer dans le système dans lequel il évolue, c'est-à-dire notre société, notre société occidentale, voir comment elles sont organisées, comment elles fonctionnent. Je ne veux pas lancer la polémique, mais je ne ferai que rapporter rapidement les propos d’un académicien qui, en séance publique en 1998, disait que sur la plupart des états membre de l’ONU, avait dans leur cœur une corruption qui dévoyait l’ensemble de leur activité. Je pense effectivement, c’est quelque chose de fort, ce n’est pas anodin, je pense qu’il y a un tabou à ce sujet là puisque personne n’en parle, et donc effectivement le journaliste, le journalisme évolue dans ce milieu là, dans un milieu d’argent. Donc effectivement le journalisme que ce soit média télé papier ou radio est nécessairement soumis à la concurrence et donc à la nécessité de profit pour pouvoir continuer et puis manger le soir, payer son loyer ou acheter sa maison. Donc tout ça est dans un système perverti par l’argent, surtout par l’argent voire exclusivement par l’argent, donc il faut recadrer un peu ça. J’en veux, je dirais à la connivence entre journaliste et les politiques. Je me souviens, j’étais bien jeune, c’était après les élections je crois en 1995, je ne sais plus quelle année, en tout cas il y avait PPDA que tout le monde connaît, c’est une star, qui annonce il y a un accident d’avion, 200 morts, il y a un reportage sur TF1, là où il était à l’époque, donc très émouvant, il y avait plein de morts, donc nous on est des humains donc évidemment on est émus au moins cinq à six minutes. Ensuite, 10 secondes, le président Mitterrand à l’époque de 1988 a fait passer des images subliminales à la tété, 10 secondes, et ensuite carambolage sur une autoroute, il y avait 40 ou 50 morts, et ce reportage a duré cinq minutes également. Donc 10 secondes entre deux choses qui émeuvent notre nature humaine, c’est un peu délicat , comment penser la réelle volonté de passer l’information, surtout en média télé, dans le sens où c’est vrai il y a une multitude d’informations et bien souvent on oublie rapidement les informations précédentes parce que comme Madame le soulignait on fait appel à la sensibilité des gens qui vont être touchés, émus par telle ou telle chose et de fait ça va frapper la mémoire ou au moins l’attention du moment et faire oublier ce qu’il y avait avant. Vous pourrez faire l’expérience chez vous, c’est vrai que c’est assez spécial, on regarde les informations et très rapidement on oublie les informations précédentes au fur et à mesure qu’on regarde les autres. Comme information un peu particulière également, je me souviens j’étais bien jeune à l’époque, celle de De Grossouvre, alors peut-être certains on mémorisé autre chose, mais moi je me souviens que le journaliste qui parlait de cet assassinat, enfin le suicide de De Grossouvre, dans le cabinet à l’Élysée, il s’est suicidé de deux balles dans la tête avec son fusil par derrière. Donc on pouvait se demander comment peut-il faire, et il a tiré deux fois, donc ça m’a étonné et alors moi je suis bien naïf, je m’étais posé la question. Donc je crois que le réel point important sur le journalisme de demain c’est celui que vous avez évoqué, c’est la déontologie et la réelle conscience vertueuse et citoyenne de rapporter l’information et non plus de faire vendre son journal. Donc je pense qu’il y a une réelle réflexion à avoir sur cette déontologie, comment la faire appliquer, peut-être en supprimant l’argent, finalement il y a plein de solutions puisque c’est l’argent qui pervertit, il faudrait trouver un système sans argent, peut-être, excusez-moi, par exemple, enlever ce qui pervertit les activités humaines sur terre. Donc il y a une réelle, ben c’est par l’épuration petit à petit, l’épuration de nos modes de vie je dirais, il n’y aucune connotation autre, donc les petites choses comme les virus, il vaut mieux les enlever, mettre des anticorps plutôt que de les laisser évoluer. Donc une réelle réflexion à avoir sur la déontologie et comment aussi bien le journalisme que le politique, je ne fais que rapporter les propos d’un académicien, je ne m’engage pas là-dessus, ce sont des choses qui se disent ouvertement à l’Institut à Paris en séance publique, donc, et en plus ce sont des immortels.
16 - Une des tendances actuelles et justement dans le monde diplomatique il y a eu des articles là-dessus, c’est le recul du journaliste d’investigation. On assiste au développement d’une sorte de fast info, rapide superficielle sans recul, on en arrive à se demander si les journalistes ne sont pas réduits malgré eux à retransmettre les dépêches d’agence. Finalement ce qui se passe est qu’on a de plus en plus de médias mais paradoxalement on a l’impression d’avoir une information de plus en plus uniforme, parce que les dépêches d’agence justement sont les mêmes. Le présentateur d’information le matin est-ce vraiment un journaliste. Il y a aussi une autre question qui devrait être posée dans ce débat c’et la question de la gratuité, question incontournable. Finalement on peut se demander si le gratuit n’est pas dévalorisant pour le métier de journaliste car on distribue les gratuits un peu comme les prospectus publicitaires dans les boites aux lettres et tout ça finalement n’arrange pas, parce que le journaliste d’investigation s’il recule c’et essentiellement à cause d’un manque de moyens financiers. Le développement du tout gratuit risque de ne pas arranger les choses dans ce sens, gratuite mais médiocrité c’et ce qu’on risque d’avoir.
Animateur - Je me permettrais juste de souligner que la gratuité est souvent un aperçu parce qu’il y a souvent un financement autre, les gens ont toujours besoin de revenus donc il y a toujours un financement quelque part.
17 - Je voudrais élargir un peu, enfin moi au départ j’étais assez intéressé par les lectures de journalistes, les pionniers du journalisme Françoise Giroud, comme Philippe Labro et d’autres. C’est vrai que je pense qu’il y a eu une évolution du journalisme, de la façon de faire du journalisme. Par exemple à l’époque c’était les pionniers qui mettaient en place des journaux, qui essayaient de trouver des moyens pour faire passer l’information et le journalisme a évolué. Maintenant on a l’impression que les médias, surtout la télévision est très présente, il y a peut-être un peu moins de liberté de pouvoir présenter l’information, mais maintenant on est dans un journalisme peut-être plus direct qui prend moins de recul. Ceci dit, tout à l’heure on disait qu’il n’y avait pas d’analyse quand on présentait les journaux télévisés de 20 heures, ce n’est pas tout à fait vrai, il y a quand même des journalistes politiques qui analysent certains faits. Il ya aussi maintenant les magazines comme je pense Envoyé spécial qui analysent les sujets qui sortent un petit peu de l’instantané du journal de 20 heures et qui permettent aux téléspectateurs de pouvoir avoir une vision plus distante par rapport au sujet. Et puis il y a aussi une forme de journalisme peut-être plus rare, c’est quand les journalistes ou certains auteurs font des essais sur des thèmes économique, politiques, divers etc c’est une enquête en fait qui est menée et là ça permet au lecteur de prendre de la distance par rapport à un thème, un sujet qui lui apporte des informations et qui lui permet de prendre une certaine réflexion par rapport à un journal quotidien. Ca peut-être des enquêtes scientifiques, des faits politiques ou autre chose. Et puis il y a aussi le journalisme économique différent du fait divers qui traite à la fois d’événements économiques d’actualité et qui peut prendre une certaine distance pour relier avec l’histoire économique ou certain fait précédents pour comprendre l’actualité, Donc je crois que le journalisme est un peu divers et c’est vrai qu’il ne faut peut-être pas même si c’est important s’attacher au journal de 20 heures qui est instantané qui donne l’information brute qui ne permet pas de réfléchir sur le coup. Je pense qu’il y a quand même possibilité quand on a la facilité et la capacité à le faire, c’est de pouvoir trouver des moyens d’information différents de la télévision ou de la radio pour pouvoir analyser certains faits lorsqu’on souhaite réfléchir. Dernière chose, là par exemple on l’a vu pendant la campagne électorale, mais ça rejoint l’instantané de l’information, c’est l’utilisation d’internet, on s’aperçoit que les journaux, j’ai vu un reportage sur Arte sur la campagne présidentielle, en fait c’est le journal le Monde qui s’appuyait sur Internet. Est-ce que demain ce nouveau média va transformer la manière de faire du journalisme, ou est-ce qu’il va renforcer l’instantané brut qu’on peut sentir dans le journal de 20 heures, à savoir une information brute qui n’est pas analysable, ou est- ce que ça va être un moyen de prendre du recul par le citoyen et de pouvoir analyser sur des blogs etc. Dernière chose est-ce que le journalisme selon les pays et selon les écoles a-t-il une influence sur manière de diffuser l’information, est-ce que demain par exemple le journalisme américain le journalisme européen, je pense par exemple au journalisme anglais avec la BBC, est-ce qu’il y aura un changement de la diffusion d’information, est-ce que les citoyens pourront avoir la capacité de discerner les différents faits sur la manière dont ils sont traités.
Animateur - Je note deux ou trois idées nouvelles dans ce que vous venez de dire, c’est la vision du journalisme à l’étranger, c’est un point qu’on n’a pas du tout abordé. Et vous avez parlé de formation, c’est vrai que la formation du journalisme on n’en n’a pas beaucoup parlé.
18 - Je vais essayer de faire très, très court, j’ai évidemment beaucoup de choses à dire. Je crois que je vais simplement essayer de faire mon métier en vous informant. On tape à bras raccourcis sur le média télé c’est celui sur le quel je travaille. Donc je vais juste faire mon travail et vous informer sur comment on prépare un journal télé, en tout cas sur France Télévision. Il y a une conférence de rédaction le matin qui est faite, il y a toutes les équipes de journalistes, donc je vous parle évidemment de Normandie, il y a toutes les équipes de journalistes qui sont présentes dont le présentateur. Il y a une ligne qui est faite pour le journal soit du midi soit du soir, il y a une équité totale sur les sujets qui sont présentés par rapport aux faits divers. Donc il n’y a pas plus de faits divers que de faits politiques, de faits de société, c’est vraiment équitable. Ensuite, mais pardon ? Non, madame je pense que chacun choisit son information, c'est-à-dire qu’il y a des gens qui aiment les faits divers, il y a des gens qui se nourrissent de ça et il ne faut pas oublier que tout le monde n’est pas capable de discerner et de comprendre des phénomènes de société plus lourds. Il y a des gens qui n’ont pas envie d’entendre parler de la guerre dans d’autres pays, il y a des gens qui n’ont pas envie d’écouter, de savoir ce qui se passe à travers le monde et il y a des gens pour qui le malheur des autres, et la détresse des autres fait peur, donc ils zappent. Je pense qu’il ne faut pas dire que les gens qui regardent la télé ou les gens qui lisent la presse écrite, les gens qui achètent Voici sont ceci ou cela. En fonction de notre période de vie, en fonction de notre mode de vie, de notre ressenti, chacun a le croit de s’informer où il veut et comme il peut le faire aussi. Les gens qui sont ici sont des gens qui sont relativement ouverts d’esprit, qui sont intéressés par beaucoup de choses et qui ont peut-être, c’est bête ce que vais dire, un discernement des faits autre. Il ne faut pas oublier que toute la population que l’on peut avoir ailleurs et qui ne sont pas forcément en ville, ces gens-là n’ont pas envie des mêmes choses que nous « intellectuels » on peut avoir. Voilà c’était juste pour finir par rapport à ce que je voulais faire sinon je vais parler trop longtemps, par rapport aux préparations des journaux en télé sur France Télévision en tous les cas je ne peux pas vous laisser dire qu’il y a trop de faits divers, ne serait-ce qu’à Caen il y a une trentaine de journalistes qui sont extrêmement consciencieux de leur travail qui sont des gens qui ont du recul sur beaucoup de sujet, on est gérés par trois rédacteurs en chef qui ont plus de tente ans de métier, il y a des pros, on n’est pas tous pros et puis il y a différentes sensibilités, il y a des gens qui sont plus vers le sport, plus sur les faits divers, plus sur des sujets politiques et puis il y a comme partout, comme dans tous les métiers, des gens qui sont bons et d’autres beaucoup moins, c’est aussi une question de passion. En général quand on fait ce métier c’est qu’on est passionné, qu’on a envie de communiquer, envie de faire passer des choses, parfois on le fait bien, parfois on le fait mal, il faut aussi nous laisser ce droit à l’erreur. Autre chose, le dernier point, il n’y aucune manipulation ni politique, ni, je vous parle pour moi monsieur, ça n’engage que moi, vous avez le droit de penser autre chose, en tout cas par rapport à ce que je peux connaître et aux gens que j’ai pu rencontrer, c’est vrai que ça fait peu de temps que je suis dans ce métier, peut-être que je me trompe, il n’y a aucune, ni pression d’argent évidemment sur la télé publique , ni de manipulation politique, en tout cas à la rédaction de France 3 à Caen. Maintenant après chacun peut penser ce qu’il veut, et libre à tout le monde de penser ce qu’il veut.
Animateur - Merci pour ce petit point, l’objectif par rapport à ça, je ne pensais pas taper mais plutôt d’échanger, c’est intéressant ce que vous nous apportez, c’est vrai qu’il est bien souligné qu’on est tous individuels, on a tous une demande particulière, et par rapport à ça les journalistes, plus il y a une masse d’informations, lus la masse contactée est grande plus il faut faire une synthèse, faire des choix et on ne peut pas satisfaire tout le monde, c’est un problème difficile à résoudre.
19 - C’est difficile de parler après madame parce que, je voudrais simplement faire une remarque, c’est qu’ion a les médias qui correspondent à notre société, une société qui valorise l’argent, une société qui véhicule une certaine vision du monde justement fondée sur le sensationnel et l’exclusivité.
Animateur - Quelque part on a les journalistes qu’on mérite
20 - Je voudrais défendre les journalistes parce que j’ai l’impression qu’il ne faut trop leur taper dessus. Moi j’ai la télé chez moi ouvert 24 heures sur 24, ce qui ne veut pas dire que je suis toujours devant, je fais autre chose aussi. Je regarde de préférence les chaines publiques, France 2 France 3 ou Arte et je trouve qu’il y a des émissions qui sont très informatives, c’est au citoyen de choisir, on a une responsabilité. Ceux qui aiment les faits divers peuvent très bien aller n’importe où, il y a des chaines qui ne traitent que ça. Ceux qui préfèrent des informations politiques ou événementielles ont aussi largement le choix. Moi j’écoute la télé, surtout la nuit, je lis un quotidien par jour en changeant de quotidien même quelquefois, certains qui ne me plaisent pas, et je me ballade sur Internet, je trouve que je fais tout pour être vraiment un citoyen, j’essaie d’être au maximum un citoyen. C’est là que tout le monde, parce que le journaliste d’investigation est important bien sur, il existe toujours, on se rappelle l’affaire du Watergate, sans les journalistes on n’en aurait jamais entendu parler. Je peux vous parler aussi d’un journal qui se cache derrière un palmipède, qui paraît le mercredi, hein qui a dévoilé pas mal d’affaires dont on n’aurait jamais entendu parler. Il faut que tout le monde trouve ce dont il a envie à travers les différents médias. C’est au citoyen que la responsabilité incombe.
Animateur - C’est vrai que ne pas taper sur les journalistes c’est quand même important parce qu’il y a des pays où les journalistes sont brimés et l’on voit dans ces pays que la démocratie n’existe pas.
21 - On a évoqué à plusieurs reprises les différentes formes de journalisme, je pense qu’il y a un point commun aujourd’hui, peut-être d’ailleurs qu’il n’est pas forcément nouveau, ce point commun est que quelque soit le support, ce sont devenues des entreprises commerciales qui ont donc besoin d’avoir en face d’eux des clients plus que des lecteurs. Ce n’est pas forcément pour cela, ce n’est pas seulement cela qui pourrait justifier une critique, mais cela entraine une certaine façon d’apporter l’information. On va choisir l’in formation que l’on va donner, non pas en fonction de l’intérêt intrinsèque qu’elle peut avoir, mais en fonction de l’impact qu’elle aura sur son lectorat, sa clientèle. Là les lecteurs citoyen que nous sommes ici, les citoyens en général ont leur responsabilité dans la façon d’interpréter, de recevoir cette information. La façon dont on écoute, dont on reçoit plus exactement l’information, peut apporter des déviances mais c’est le lecteur qui a tort. Je reconnais qu’à ce niveau la télévision apporte plus facilement ce genre de dérive que la presse écrite. Pour illustrer mon propos je cite cette anecdote qui date de 1950, ma grand-mère prend le journal un matin, peut-être qu’elle n’avait pas ses lunettes, elle déclare de façon péremptoire, ah ce n’est pas vrai voilà qu’on va faire la guerre pour la chicorée. Elle est restée persuadée une bonne partie de la journée qu’elle avait bien lu qu’on faisait la guerre pour la chicorée. Bien sur il s’agissait du début de la guerre de Corée. C’est vrai que c’est anecdotique mais combien de fois avez-vous entendu autour de vous des gens affirmer avoir vu ou entendu telle ou telle chose , parfois un peu déformée, parfois complètement illusoire mais malheureusement ça traine dans leur esprit parce qu’ils ont écouté sans attention. On a donc bien une responsabilité. Si je recherche une information juridique ou fiscale par exemple je ne vais pas la rechercher dans Ouest-France ni encore moins écouter la télévision le soir, je vais prendre une revue professionnelle. Si on est intéressé même par goût morbide par les faits divers on achète détective. On a donc bien la responsabilité du choix des ces supports A propos des gratuits, eux ce n’est pas le nombre de lecteurs qui fait leur recette mais leur tirage qui conditionne leurs recettes publicitaires peu importe ensuite que leur journal soit lu. Vous avez donc raison de penser que leur développement peut nuire à terme aux autres supports surtout papier. En ce qui concerne la manipulation je veux bien croire qu’elle existe mais rappelez-vous le référendum de 2005, toute la presse semblait militer pour le oui, on a vu le résultat c’est donc que cette manipulation n’est pas forcément efficace.
Animateur - Le citoyen garde une certaine liberté de conscience par rapport à ça.
22 - Ceux qui sont persuadés de la manipulation vous diront que justement on a hein, les histoires de manipulation sont toujours des choses à couper les cheveux en quatre, parce que si on a matraqué le citoyen jusqu’au bout pour le oui c’est peut-être aussi pour qu’il y ait une certaine réaction. Ceci dit la manipulation n’est pas quelque chose de très sain, en tout cas penser que la manipulation est quelque chose de très aboutie n’amène rien à la construction de la citoyenneté. Je voulais aborder deux points, premièrement notre attitude vis-à-vis des journalistes et je dirais même notre attitude à l’égard des journalistes au café même, ce qui s’est passé. Je pense que c’est assez révélateur de notre époque, parce que je crois on demande aux journalistes de nous donner la vérité, et c’est à mon avis l’un des gros soucis de notre société c’est que les gens demandent aux journalistes qu’ils leur apportent la vérité, parce que d’une part ça les rassurent et ça permet de ne pas se mettre un peu au travail et d’avoir une activité de recherche pour se poser des questions. Encore une fois c’est parce que je pense que notre société est très passive et que ça laisse très peu de liberté aux individus de prendre, de développer leur citoyenneté. Donc on se rassure en faisant en sorte que l’on ait du prêt à manger et la vérité. On leur donne un statut particulier, voilà. D’ailleurs ce n’est pas forcément mauvais, le souci aujourd’hui je pense est qu’il y a une méfiance vis-à-vis du journaliste qui est quand même palpable, et je me demande, c’est quand même étonnant, dans quelle mesure c’est bon ou mauvais pour la citoyenneté, en quoi la méfiance à l’égard de la profession de journaliste et des médias est bonne ou mauvaise, c’est vraiment une question que je me pose par ce que je me dis qu’on se prive d’un certain nombre de choses et notamment de mettre dans la sphère du citoyen, sur le même plan que nous des journalistes, parce que finalement en se méfiant d’eux on se coupe d’eux. Voilà est-ce que c’est bon ou mauvais, je ne sais pas, et en même c’est assez palpable cette méfiance, je ne sais pas si vous le sentez mais voilà.
Animateur - C’est vrai peut-être que par rapport au journaliste on a un peu une dérive à ce niveau là comme avec les médecins, on n’est plus dans une obligation de moyens où l’on demande aux gens de faire de leur mieux, on demande du résultat de la productivité. Est-ce que là on n’a pas une déviance de la société ?
23 - Je reviens un petit peu à une formule un peu lapidaire que j’emploie souvent, » à bon chat bon rat ». Je me pose la question est-ce que finalement, c’est vrai qu’on a tapé beaucoup sur les journalistes, ah si quand même, un peu bon enfin, c’est vrai que ne peut tout leur imputer parce que les journalistes c’est nous qui les faisons en leur demandant ce qu’on veut bien. Il y a plusieurs presses, on l’a dit déjà, il y a la presse des faits divers et il y a des gens qui sont très friands. Regardez quand vous lisez les journaux par exemple en province, vous voyez il y a trois ou quatre pages sur les informations générales, et vous avez une vingtaine de pages sur les campagnes, les villages, c’est ça qui intéresse les gens, les grandes nouvelles ne les intéressent pas beaucoup. Ces gens là il faut les comprendre. D’un autre coté vous avez une presse qui est très politique, vous avez ce qu’on appelle la presse de combat qui est lue par des gens qui veulent être convaincus dans leur conviction. Cette presse là répond aux convictions de ceux qui la lisent. Et vous avez la presse consensuelle, je prends un exemple de journal qui est très consensuel et qui a beaucoup de succès, c’est Ouest-France, c’est tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, si, il y a une clientèle qui aime cette presse là. Je me pose aussi la question, on parle de la presse économique, tout le monde ne peut pas lire la presse économique, est-ce que les gens ont été éduqués dans l’économie, c’est tout un problème. Donc il y a tout une partie de la presse qui échappe, et la presse scientifique c’est pareil, il y a toute une presse qui échappe à beaucoup de gens. Quand vous voyez qu’on a constaté qu’il y a 20% des jeunes qui sortent et qui ne savent pas lire, ce n’est pas qu’ils ne savent pas lire, mais ils ne savent pas comprendre ce qu’ils lisent. Comment voulez-vous demander à ces gens là de lire de la presse écrite. C’est très difficile, donc il faut se dire que ce n’est pas quelque chose de simple le journalisme, donc on a vu qu’effectivement il faut tenir compte d’un certain nombre de facteurs et qu’il faut que par l’éducation du citoyen, il faut qu’on arrive à ce que les gens soient capables eux-mêmes aussi de trier, d’analyser, la presse doit les aider à cela. Je vois des choses qui me surprennent actuellement, on parle de la parole aux auditeurs, c’et très bien mais enfin qu’est- ce qu’il y a, des déclarations péremptoires tout à fait critiques, les blogs c’est pareil on donne des formules lapidaires sorties des blogs, ce n’est pas avec ça qu’on va trouver la solution. Est-ce que la presse ne va évoluer dans un sens de la simplification parce qu’effectivement elle a un public qui peut-être simplifie tout.
Animateur - pour faire un point par rapport à ce que vous disiez, cela se rapproche de ce que disait Marc, quelque part on demande aussi aux journalistes peut-être autre chose que de l’information brute, une synthèse, une mise en perspective de l’information pour aider à comprendre.
24 - Je voulais rebondir sur la question de la méfiance du public face aux journalistes. Il me semble qu’on peut analyser les raisons qui ont conduit à cette situation au-delà du fait qu’elle soit bonne ou mauvaise, je pense qu’elle peut être bonne par certains côtés car ça veut dire que le citoyen n’est plus complètement apathique et qu’il a un peu de recul par rapport à l’information qu’il reçoit. Mais elle est aussi mauvaise dans la mesure où trop de méfiance tue toute possibilité de réflexion. Au-delà de ça il me semble qu’une des première raisons qui font qu’on a une telle méfiance face à l’information reçue c’est le fait qu’elle s’uniformise de plus en plus, que ce soit Radio France, vous achetez le Monde et puis Libé, vous allez ensuite voir le journal télé le soir et vous avez l’impression d’avoir à peu près les même informations qui sont relativement pauvres. Si vous enlevez les faits divers et que vous prenez les faits politiques, économiques, internationaux c’est très, très pauvres comme type d’information, il y a très peu de chose et pas d’analyse en particulier. Donc cette uniformisation laisse penser que finalement il n’y a plus de, comment dire, l’information est très mâchée, tout le monde sert la même, il n’y a plus de recherche, oui c’est ça je ne trouve pas les mots qu’il faut mais. La deuxième raison est quand même la collusion que l’on voit aujourd’hui entre journalistes, milieux journalistiques et milieux politiques, quand on voit que la moitié des gens qui sont les présentateurs phares, on dit que les présentateurs politiques ne sont pas des journalistes mais on les voit, c’est parmi ceux que l’on voit le plus avec les membres du gouvernement qu’ils soient de droite ou de gauche on voit bien que ce sont, c’est qui la mari de la femme ou la femme du mari, on voit bien qu’ils se fréquentent, non pas que je leur reproche leur relation personnelle mais on voit que ce sont des milieux très liés. Monsieur a évoqué le fait qu’il ne faut pas se couper du journaliste citoyen mais on a plutôt l’impression que ce sont ces milieux là qui se sont coupés du reste de la société. Le troisième point que j’ai envie d’évoquer c’est le problème des restructurations en particulier dans la presse écrite et le fait que finalement aujourd’hui combien y a-t-il de journaux réellement indépendants, combien de holdings ou de sociétés derrière l’ensemble des journaux, trois et qui sont plus ou moins dans la même ligne de pensée. Enfin dernier point que j’ai envie d’évoquer c’est que quand le directeur d’un grand journal comme le figaro dit moi je prends la direction du journal pour faire élire Sakorzy on peut se poser la question sur la qualité, la validité et la correction des informations et des choix, non pas que je le soupçonne d’avoir donné des informations fausses mais d’avoir fait des choix très orientés de manière à laisser penser très exagéré ou un certain nombre de choses aux gens à induire un certain nombre de position. Quand on veut faire peur aux gens, c’et facile, on montre des faits divers terribles tous les jours, ils en existent dix en France tous les jours, je ne sais pas peut-être je ne sais pas, je dis ça comme ça, on les montre, on ne parle que de ca et on a l’impression que c’est la révolution, qu’il y a des meurtriers à chaque coin de rue.
Animateur - C’est à mettre en parallèle avec ce que disait monsieur c’est qu’il existe de la presse politique de tous les cotés et c’est vrai je pense que sans faire de débat entre Libération et l’humanité plus à gauche, le figaro plus à droite et souvent c’est vrai comme vous disiez les gens aiment bien être convaincus de ce qu’ils croient déjà donc je ne suis pas sur que cela ai un réel apport là-dedans, le citoyen qui a du recul et qui veut vraiment trouver de l’information cherchera sans doute ailleurs.
25 - Je suis navré, je vais encore taper sur la télévision, moi j’avoue que j’ai trouvé ça un peu angélique non pas que je la mette en doute, elle parlait d’une rédaction très localisée, localisée sur Caen donc avec un groupe de 30 journalistes mais il n’en reste pas moins vrai j’en suis tout à fait persuadé, qu’il y a des conférences de rédaction qui déterminent la ligne générale des journaux télévisés tant du 13 heures que du 20 heures. Cependant il n’en demeure pas moins vrai que tout à l’heure, l’expression zapping, a été soulignée et je pense que chacune et chacun d’entre nous a du se livrer à cette opération durant ces journaux. Ce qui est remarquable les sujets apparaissent au même moment que ce soit sur TF1 ou France 2, donc c’est assez curieux. Mais à mon point il y a une chose assez intéressante à voir, deux éléments en ce qui concerne la télévision, le journal télévisé. Un une identité dans le langage, dans cette évolution du langage que l’on trouve, quelque part ça devient de plus en plus plat, ça devient stop dans la façon de le dire. Et puis alors il y a un événement, on va chercher monsieur ou madame l’expert, c’est un phénomène relativement nouveau, auparavant je ne voyais pas trop ça. Il y a aussi une chose que vous indiquiez tout à l’heure c’est notamment vers l’écrit, le problème d’une population avec la capacité de lire, de comprendre et vous faisiez remarquer 20%, c’est assez curieux parce que c’est un chiffre constant. Les personnes de notre génération, une classe d’âge était étudiée tout simplement quand ils allaient faire les trois jours qui précédaient le service militaire, et une classe d’âge était analysée au travers de tests etc. En fait déjà à cette époque il y avait 20% de chaque classe qui avaient des problèmes de compréhension par rapport à la lecture. Je m’aperçois que ce chiffre est encore à valoir aujourd’hui, c’est quand même quelque part un peu étonnant à travers le développement de la scolarité, etc enfin bon c’est une chose qui me surprend. Sur le plan expérience, lorsque j’étais au collège, le midi nous avions un prof de français qui une fois par semaine nous faisait une revue de la presse, je pense que ce qui était fait hier pourrait être probablement fait aujourd’hui, non pas parce que c’est vrai il y a le problème que vous indiquiez, de l’attente de chacun de l’accès à la vérité, je vais paraphraser quelqu’un qui ne s’adressait pas à l’égard de la vérité dans sa réponse mais, vous le reconnaitrez tous, « vaste problème », pourquoi, parce les origines sont très différenciées, nos histoires personnelles sont très différenciées, et il faut bien reconnaitre que pour les personnes qui réalisent l’information le même texte sera compris de façon différente suivant les uns les autres. La aussi nous avons une attente qui est très difficile à combler. Donc voyez, je donne à droite, je donne à gauche, mais je reconnais aujourd’hui plus confiance pour l’information à la lecture que par l’écoute ou la vision de journaux télévisés, à ceci près, je vous rejoins tout à fait, il y a des émissions qui analysent de façon très approfondie un thème défini, on le trouve sur Arte mais on peut le retrouver à la radio avec un certain journalisme. Il nous appartient à tous, les uns et les autres, pas nécessairement d’avoir accès à la vérité, c’est très difficile mais au moins que chacun d’entre nous tente d’aller vers, on n’est pas assurés du résultat mais qu’au moins que cette volonté existe.
Animateur - C’est un peu à chacun de faire sa propre revue de presse.
26 - Tu m’as un peu coupé l’herbe sous le pied, j’abonderai profondément dans ton sens avec ma manière personnelle de m’exprimer tout simplement. J’ai beaucoup ri quand notre journaliste est intervenue parce que bon, elle est fière de son travail, elle estime qu’elle le fait bien, c’est normal, quasiment à la perfection quoi, alors ça fait un peu sourire parce qu’on sait bien, même si on fait son métier le mieux possible, quelque soit le métier on sait bien qu’on n’atteint pas la perfection. Alors imaginons que nous ayons un rôle de journaliste et ça nous arrive régulièrement, quelqu’un qui n’a pas assisté à un événement, qui ne sait même pas que cet événement existe, ou bien on prend l’initiative de lui en parler, ou bien il est au courant de l’événement on doit lui en rendre compte. On dit celui qui n’entend qu’une cloche n’entend qu’un son. Imaginons qu’ici chacun d’entre nous, nous sommes une vingtaine, doit rendre compte comme journaliste de la réunion de cette après midi, on aura vingt comptes rendus différents. Alors c’est un obstacle insurmontable. Il faut faire un travail d’ascèse sur soi-même et d’observation critique, sans méchanceté tout de même de préférence, des informations qui sont fournies par les autres. J’ai eu une expérience cette semaine, ce qui crois que je fabule peuvent toujours vérifier si je suis un mythomane, donc dans les journaux de la semaine il y a même des photos, on peut dire que les photos sont truquées aussi, il y avait une manifestation pour le Darfour à l’université et justement c’était une manifestation sous certain aspect une protestation contre la façon dont les journalistes rendaient compte des problèmes qui sont en cours de développement au Darfour. C'est-à-dire qu’il y avait des interprétations imposées par la maison journalistique qui ne correspondaient pas à la réalité des faits. Donc l’exigence que l’on a vis-à-vis des journalistes on doit l’avoir vis-à-vis de soi-même mais évidemment on ne peut pas tout vérifier mais je crois qu’il y a une démarche une ascèse à accomplir quotidiennement. Bon j’ai encore un souvenir par exemple à l’époque de la guerre d’Algérie il y avait des quotidiens qui étaient d’idéologie plutôt colonialiste, pour le maintien de la présence là-bas etc et d’autres journaux qui avaient pris conscience du développement d’un phénomène de protestation et de revendication qu’ils considéraient comme légitimes et qui ont agi par l’intermédiaire de l’information de manière à modifier les attitudes. Je pense par exemple puisque nous avons été formatés dans la vision chrétienne, un journal comme témoignage chrétien ne correspondait pas à l’attitude d’ensemble des catholiques de l’époque, on a parlé de l’affaire des valises enfin bref. Pour ceux qui sont plus anciens pas la génération née après 1968. Donc il y a un travail quotidien à faire et on sait que la vérité personne ne la possède.
Animateur - On n’a pas beaucoup insisté sur une intervention faite tout à l’heure sur la presse étrangère qui ont parfois un autre regard que la presse nationale, également sur la formation des journalistes qui peut influencer la manière dont ils vont traiter l’information. Je fiai un tout petit aparté, on entend souvent dire le prix de l’essence augmente et je me demandais toujours c’est vrai et pourtant on roule toujours. L’information était présentée différemment hier, on nous expliquait qu’en 1970 il fallait huit minutes de smic pour payer un litre d’essence, aujourd’hui il ne faut plus que 4 minutes. Donc en fait elle coûte moins cher. Donc quand on dit l’essence augmente, oui, c’est une information mais est-ce une manipulation ou simplement une présentation.
27 - Je constate que depuis que certaines personnes sont parties on se sent beaucoup plus libre, plus autorisé à parler. Je voulais simplement dire qu’on ne pourra redonner confiance dans le journalisme qu’à travers une charte déontologique qui n’existe pas, il y a des règles mais pas de charte déontologique et on a toujours besoin d’un professionnalisme journalistique de qualité. Pour conclure on peut s’accorder tous ici pour dire que le journal papier tendra à plus ou moins long terme à disparaître, le journalisme lui est primordial et on en aura toujours besoin, je pense.
28 - Je réfléchissais à ce qu’on attend des journalistes, je pense fondamentalement (ici quelques phrases non enregistrées car changement de bobine) c’est pour cela que les journaux télévisés sont si difficiles à faire parce forcément, pour le journaliste c’est un travail très difficile à construire quelque chose avec un flux régulier que chacun doit prendre à une vitesse différente. Je pense qu’avec Internet, et aussi on va avoir des télévisions qui probablement vont pouvoir arrêter l’émission et puis les regarder, je crois que ça existe déjà, je crois que ça va changer pas mal la façon dont les gens vont prendre l’information. On voit nos enfants qui s’approprient rapidement ces nouvelles façons de faire, je me dis que ça va changer le rôle du journalisme parce que l’on ne va plus avoir cette instantanéité de la télévision on va pouvoir plus réfléchir sur ce qu’on est en train de regarder.
Animateur - Vous insistez sur le fait qu’il faut du temps, prendre du recul par rapport à l’information, on rejoint un peu en cela l’intervention de tout à l’heure quand on disait que le support média en fait jouait aussi sur la forme et la manière dont on perçoit l’information.
29 - Je propose deux réflexions sur des interventions qui ont été faites. Premièrement sur la concentration financière des propriétaires de journaux. Il faut savoir r que pour qu’un journal tourne il faut de l’argent, il faut bien que l’argent vienne de quelque part, sauf en Russie où il y avait la Pravda mais je ne pense pas que c’est cela qu’on souhaite en France. Il faut se poser la question de savoir si ces groupes financiers n’étaient pas intervenus, combien de journaux auraient disparu. Deuxièmement sur l a pluralité, qu’un journal s’affiche pour tel ou tel ne me paraît pas choquant dès l’instant où il affiche la couleur. Rappelez-vous JJSS qu’on considère comme un grand journaliste a créé l’Express pour soutenir Pierre Mendés France, avait pas beaucoup d’efficacité il faut bien le reconnaitre, mais c’était quand même son but, ça ne choquait personne. Ce qui peut choquer c’est de manipuler sans annoncer la couleur, mais dès l’instant où la couleur est annoncée, que le Figaro soutienne Sakorzy, on le sait c’est tout, l’humanité soutenait Maurice Thorez ou Marchais, ça ne choquait personne.
30 - Juste par rapport à la presse internationale, bon on n’a pas beaucoup développé, il est possible de faire une comparaison pour savoir comment est traitée l’information, c’est la revue » courrier international « qui est diffusé je ne sais plus, chaque semaine ou tous les quinze jours, qui relate des faits d’actualité des journaux étrangers, cela permet de comparer comment est traitée l’information dans les différents pays étrangers et notamment sur des faits d’actualité français.
31 - Tu viens de parler d’un hebdomadaire, justement j’ai regretté qu’au cours de ce débat on n’ait pas tellement évoqué les journaux d’information, quine sont pas des journaux quotidiens mais qui sont soit hebdomadaire, soit mensuel, parce que là il y a quand même l’avantage qu’il y ait une analyse une observation des faits beaucoup plus réfléchie, beaucoup plus murie que celle que l’on recherche normalement.
32 - Ce sera très court, je voulais juste donner une petite réflexion sur la façon dont se déroule le journalisme et la façon dont, l’évolution du journalisme à mon sens est très caractéristique de l’évolution de la démocratie aujourd’hui. Pour moi il y a deux phénomènes qui s’entretiennent l’un l’autre. Premier phénomène c’est le phénomène d’aristocratisation des institutions, bien évidemment on le voit dans le journalisme, on fait de plus en plus appel aux experts, quoi de plus aristocratique si l’on tient plus compte de la parole de l’expert que de la réflexion citoyenne. Et puis on utilise de plus en plus le pathos, oui justement c’était pour faire un parallèle avec la démocratie, on essaie de faire en sorte de donner le pouvoir aux meilleurs, aristocratie c’est donner le pouvoir aux meilleurs, et on utilise de plus en plus le pathos, on fait des charges émotionnelles pour évacuer la raison. Amon sens ce phénomène d’aristocratisation est bien présent et il s’entretient avec le phénomène de paresse des citoyens qui aujourd’hui se contentent de son propre bonheur personnel, tout va bien et on cherche très peu à devenir citoyen. Donc ces deux phénomènes s’entretiennent l’un l’autre et à mon sens ça peut arriver, j’espère qu’on fera tous en sorte que ça n’arrive pas, mais ça peut arriver à la perte de l’esprit démocratique.
Animateur - Nous allons choisir le thème du prochain débat.
Choix du thème pour le prochain Café Citoyen :
1 - Peut-réduire la politique à un produit marketing ? 7 voix
2 - Peut-on éduquer les citoyens malgré eux ? 8 voix
3 - La justice est-elle au service du citoyen ? 8 voix
4 - Comment faire face au défi de la mondialisation ? 5 voix
5 - Vivons-nous dans une monarchie républicaine ? 6 voix
6 - Les conditions sont-elles réunies pour pouvoir engager des réformes ? 3 voix
7 - Vers quel type de société nous amène la mondialisation ? 9 voix
8 - Demain pourrons-nous encore être soignés normalement ? 8 voix
9 - Les universités françaises ont-elles un avenir dans l’enseignement supérieur ? 2 voix
10 - Peut-on donner un sens à ses engagements par son exemplarité ? 7 voix
11 - Quel type de constitution européenne est souhaitable ou possible ? 7 voix
12 - Que faire pour combattre le cancer ? 9 voix
Deuxième vote pour départager les questions 7 et 12 :
- Question 7 : 12 voix
- Question 12 : 5 voix
PROCHAIN CAFE LE SAMEDI 9 JUIN 2007 : Vers quel type de société nous amène la mondialisation ?
Interventions
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