» Politique et Société

Le Père Noël est-il une ordure ?

ShareThis

Cette question posée sur le mode humoristique appelle plusieurs développements. Aujourd’hui fête de la consommation, Noël est riche de traditions païennes ou religieuses que nous avons essayé d’analyser. Plus largement nous avons réfléchi au sens des fêtes dans notre société.

A l’origine Noël est une fête païenne de tradition nordique (« Natale signifiant Noël) célébrant le solstice d’hiver. Les symboles du sapin, du traîneau ou du costume du père Noël sont des réminiscences de cette origine. Ces fêtes étaient sensées saluer la fin de la grisaille hivernale et le retour de la lumière : la renaissance du soleil. Rome a ensuite repris une fête populaire orientale célébrant le Christ comme la Lumière du Monde Au cours de l’histoire la religion a chargé ce mythe de sa propre symbolique : la naissance de l’Enfant Jésus, signe d’espérance. Les chrétiens fêtaient aussi la Saint Nicolas, avec le rite des cadeaux, à peu près à la même période. Noël est devenu la fusion de ces diverses influences.

Le père Noël proprement dit, est un personnage légendaire relativement récent. Nous devons son costume rouge à la firme « coca-cola » et donc à l’influence de la société de consommation. C’est cet aspect de la fête que les citoyens retiennent, ce que regrettent la plupart des participants. Noël comme d’autre fêtes a été récupéré par les lobbies commerciaux. Un participant Turc témoigne de l’impact grandissant de cette fête sur la consommation dans son pays pourtant de tradition musulmane, via internet et le satellite. Il existe un véritable conditionnement à la consommation frénétique sous la pression de notre société d’accumulation.

Les participants ont constaté la même dérive pour d’autres fêtes. Halloween est aussi une fête commerciale qui nous vient d’Irlande via les Etats-Unis, la fête des mères a été institutionnalisée par Pétain et sert aussi de prétexte pour faire marcher le commerce…

A contrario d’autres fêtes ont une simple valeur commémorative et échappent à ce processus : 8 mai, 14 juillet, 11 novembre par exemple. Même si plus personne ne réfléchit sur le sens originel de ces dates, elles s’inscrivent malgré tout dans la mémoire collective et renforcent la cohésion nationale. Au-delà de l’aspect commercial, les fêtes carnavalesques sont un moyen de s’affranchir de certains carcans sociaux : lors d’Halloween, ce sont les enfants qui prennent le pouvoir…Nous avons aussi réfléchi au sens du Jour de l’An. Pour beaucoup il est encore plus festif que Noël et bien que moins symbolique, nous nous sommes demandé si il y avait une magie liée aux chiffres ( cf passage à l’an 2000). Malgré l’aspect aléatoire du calendrier républicain, nous constatons que toutes ces fêtes sont importantes pour la prise de conscience collective de notre propre Histoire.

En dépit de ses aspects regrettables, Noël représente aussi une part de rêve d’enfance, un don de soi-même, un lien social, un jour de soupape, le ciment du groupe familial…On peut y voir aussi un rite conjuratoire : l’abondance exacerbée pour éloigner les risques de manque possible !

Malheureusement nombreux sont les exclus qui ne bénéficient ni de la part du rêve ni de l’abondance : pour ceux là le Père Noël n’est-il pas une ordure ?

Suggestions bibliographiques :

- L’homme et le Sacré : Roger Caillois (Paris 1950)
- Le temps et la fête dans la vie sociale : D. Lemieux

Thèmes proposés pour le Café Citoyen du jeudi 09/01/2003

- Fantasme et réalité de l’Islam.
- Faut-il légaliser l’euthanasie ?
- Doit-on aménager le droit de grève ?
- Le boycott comme moyen d’action ?
- Faut-il sauver les gens malgré eux ?