“Le comptoir d'un café est le parlement du peuple.”

Honoré de Balzac (1799 - 1850)

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Compte-rendu synthétique par Élisabeth RodotCafé Citoyen de Argentan (27/03/2003)

Animateur du débat : Élisabeth Rodot

» Politique et Société

La crise du politique

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Le propre de la politique est de mettre en place un État qui gouverne la Nation et assure une autorité qui se fonde sur le désir de soumission, de sécurité et d'arbitrage du peuple.

La montée de l'abstentionnisme aux diverses élections a fait la une des journaux. Nous commençons par constater un sentiment d'incompréhension du peuple face à des partis politiques impuissants à leur apporter des solutions, dans un contexte où les idéologies traditionnelles se sont effondrées et où les clivages « droite-gauche » sont devenus obsolètes, d'où la montée de l'abstention et des mouvements néo-fascistes.

Le libéralisme dominant a homogénéisé les représentations par la merchandisation des rapports sociaux. Les valeurs de liberté et d'égalité, à la base de la République, tendent à disparaître sous l'influence de cette idéologie. Ce nouveau totalitarisme se vit plus comme système que comme idéologie puisqu'il ne tient pas compte de la volonté des citoyens et ne propose plus de choix entre différentes aspirations. Pourtant ce système dispose de beaucoup de militants passifs et actifs comme s'il s'agissait d'un nouvel idéal. Le libéralisme a détruit les corps intermédiaires, il n'existe plus de lutte des classes et l'homme se retrouve seul face à l'État. Cette montée de l'individualisme a pour conséquence de laminer les valeurs fondatrices qui agrégeaient les groupes sociaux dans les sociétés traditionnelles. Ainsi l'homme moderne refuse-t-il l'idée sacrificielle au contraire de l'Islam qui fonde sa force sur celle-ci.

Cet individualisme va de pair avec un égoïsme grandissant, un désintérêt des citoyens pour la chose publique qui ne suscite plus d'utopie, ni d'engagement.

Une des causes de cette crise du politique trouve racine dans la décrédibilité de nos élites. Celles-ci, au lieu d'incarner une autorité, manipulent les masses avec le concours des média, aux seules fins de leurs intérêts. Les hommes politiques devraient être les garants des valeurs qui fondent notre société plutôt que de se compromettre avec les milieux d'affaires. Il en résulte un fossé grandissant entre « la France d'en haut et la France d'en bas ».

Ce qui a changé c'est que la Cité s'est élargie aux dimensions du Monde. Nous ne possédons pas les outils intellectuels nécessaires pour appréhender la complexité d'un Monde à la fois vaste et fermé sur lui-même, où il n'y a plus de conquêtes à entreprendre.

Dans ce tableau bien sombre une lueur d'espoir subsiste, incarnée par le mouvement international en marche pour fonder une autre mondialisation. ( Porto-Allegre). Les manifestations anti-guerre, au delà des réactions émotionnelles, sont peut-être révélatrices d'une nouvelle conscience citoyenne qui se réveille.

Pour tenter de résorber cette crise du politique, nous proposons quelques solutions. Il faudrait redonner un peu de gratuité à l'engagement politique, par exemple en répartissant autrement les rémunérations des élus locaux ( péréquation), il faudrait que chaque citoyen se prenne en main et s'investisse pour reconquérir le droit à la parole, par exemple en participants aux débats citoyens. Il faudrait développer de nouvelles formes d'autonomie locale, redonner aux Etats le pouvoir de réguler l'économie de marché. C'est aux citoyens de faire pression sur les élus pour qu'ils défendent les valeurs qui soudent le corps social. Au niveau international il faut protéger et redonner du poids aux instances régulatrices et garantes du droit international (ONU).

Thèmes proposés pour le Café Citoyen du jeudi 10/04/2003 :

- Le retour de l'ère spirituelle ?
- La laïcité est-elle une chance ? Thème retenu
- La France a-t-elle un rôle particulier à jouer dans le Monde ?
- Pourquoi les immigrés ne peuvent-ils pas voter ?
- L'Art et la Science
- Le pouvoir de la publicité

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