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Compte-rendu synthétique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (28/04/2001)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Politique et Société

Doit-on légaliser l'euthanasie ?

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On appelle euthanasie « l’usage de procédés qui permettent d’anticiper ou de provoquer la mort, pour abréger l’agonie d’un malade incurable, ou lui épargner des souffrances extrêmes » (in Le Petit Robert). C’est en 1623 que Francis Bacon dans <i>Instauratio Magna</i> utilise pour la première fois ce terme. Depuis, cette mort douce et sans souffrance interpelle la morale. De nos jours, les Hollandais, les Belges et les Suisses l’ont légalisée. Qu’en est-il du sentiment des Français sur cette question ?

« Il faut d’abord discerner, rappelle un citoyen, l’euthanasie active de l’euthanasie passive. » La première consiste à administrer des substances pour provoquer la mort. La seconde à laisser mourir quelqu’un par suppression des soins. La distinction peut paraître anodine. Elle a pourtant son importance lorsqu’il est question du droit de vie ou de mort d’un être humain ; qui plus est, de la responsabilité des hommes qui le possèdent.

Quelle attitude devons-nous adopter face à un malade incurable qui dans sa souffrance n’est pas en mesure de s’exprimer ? D’aucuns pensent que provoquer la mort est un acte que ne peut se permettre la médecine ; d’autres, qu’il est inhumain de laisser un individu dans des souffrances sans issue ou, quand bien même elles seraient adoucies, de le laisser dans un état végétatif comateux. A ce stade, nous sommes en droit de nous demander si nous avons affaire à une lutte pour la vie ou à une tentative désespérée de cacher l’impuissance de l’homme devant le caractère inéluctable de la mort. Les partisans de l’euthanasie refusent l’acharnement thérapeutique. Le corps médical s’oppose par principe à donner la mort.

Car un médecin est tenu à un code de déontologie. Son devoir est de préserver la vie et de rétablir la santé, le cas échéant d’adoucir les douleurs et les souffrances attachées aux maladies. « Il y a un siècle, peu de choses pouvaient être faites pour le mourant. Depuis la seconde guerre mondiale, la médecine s’est développée, une véritable « révolution thérapeutique » a eu lieu, et les conditions de la mort se sont transformées », rappelle-t-on dans la salle. Les soins palliatifs, en pleine explosion de nos jours, correspondent parfaitement à l’éthique du médecin.

Mais les soins palliatifs se heurtent toujours au problème de la vie maintenue artificiellement. Le médecin cultive l’espoir. Or, en de telles circonstances, certains disent qu’il s’obstine et perd de vue le caractère humain du patient. C’est pour cette raison que l’A.D.M.D. (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité) souhaite légaliser l’euthanasie. Les partisans de l’euthanasie sont pour la plupart des personnes âgées. Pour beaucoup d’entre eux, l’idée d’être « branché de partout », « incapable de se mouvoir, de penser, de le savoir même » les insupporte. Pour d’autres, c’est l’idée d’être dépendant, à la charge de la famille ou de la société qui les excède. d’autant que certains voient dans ces obstinations thérapeutiques « une pression très forte des lobbies pharmaceutiques ».

« Mais, lance-t-on dans la salle, le plus grand nombre des handicapés, vieillards et malades incurables n’ont pas perdu tout goût de vivre ». Ce à quoi les partisans de l’euthanasie répondent que c’est une affaire personnelle. Chacun doit être libre de décider s’il veut dans des circonstances particulières être euthanasié. « D’ailleurs, les jeunes ne sont-ils pas descendus dans la rue pour réclamer au gouvernement le droit à l’avortement ? Les vieux devraient-ils en faire autant pour se faire entendre ? »

Si l’on décidait de légiférer l’euthanasie, « il faudra faire en sorte que ce ne soit pas le médecin qui exécute l’acte final ». Car chez le médecin il y a confrontation entre l’homme et le médecin. De plus, cela impliquerait de changer le code de déontologie pour qu’un médecin puisse accepter de « donner la mort ».

La responsabilité de cette mort est au cœur du problème. Les partisans de l’euthanasie ont mis en place un « testament de vie », une sorte de dernière volonté indiquant que s’ils se trouvaient dans un état désespéré leur choix serait de mourir. Un vulgaire papier qui transfère la responsabilité du malade à une personne désignée, souvent de la famille. Mais quel lourd fardeau à porter. Et il y a toujours le dernier sentiment du malade. Au bord de la mort, sera-t-il toujours aussi sûr de vouloir mourir ? Il est évident pour certains « qu’un organisme distinct de la famille et du corps médical doit être le seul responsable ».

L’euthanasie soulève bon nombre de questionnements d’ordre moral. Toujours est-il que la question de la légalisation devrait être abordée pour combler ce flou juridique qui, nous l’avons vu, plonge des citoyens dans une sorte d’impuissance. Un référendum serait un bon moyen de connaître la position des Français sur ce problème.

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