“Le comptoir d'un café est le parlement du peuple.”

Honoré de Balzac (1799 - 1850)

Bienvenue en Arcadie

Vous êtes ici : Accueil > Comptes-rendus > Existe-t-il une morale du droit de grève ?

Compte-rendu synthétique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (25/03/2000)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Politique et Société

Existe-t-il une morale du droit de grève ?

ShareThis

La grève correspond à la manifestation en masse d'un mécontentement. Ce mécontentement est corrélé à un arrêt du travail. Les grévistes mettent en exergue leur rôle social en cessant leur activité. Ceci a pour effet de bloquer le secteur de la société concerné. Ainsi la célèbre grève des routiers qui paralysa le réseau routier partout en France en 1996. Le but second est alors de sensibiliser la société toute entière.

Certains intervenants déplorent le manque d'implication de la part des personnes non-concernées. Lors de la grève de La Poste, nous sommes plus agacés par le retard du courrier que porté par un élan de solidarité vers les grévistes. Nous n'épousons pas leurs causes. La plupart d'entre nous ne s'y intéressent même pas. Force est de constater un manque d'entraide sociale.

Il fut abordé la question de la mise en place de services minimums lors de grèves dans le domaine public. La gêne occasionnée par les mouvements grévistes s'amoindrirait alors. Cette question se pose plus fortement lorsque l'entreprise détient un monopole et que la grève paralyse tout un secteur. Mais ces services ne laisseraient-ils pas encore plus indifférente la population? La grève se transformerait en une quelconque manifestation. N'oublions pas que la force de la grève se situe aussi dans sa capacité à faire réagir les concitoyens.

La grève correspondrait donc à un contre pouvoir. "Moraliser" le droit de grève reviendrait à restreindre l'expression des mécontentements, à réduire son retentissement et risquerait de bâillonner les forces contestataires. Néanmoins, la grève semble utilisée à tort et à travers. On a plutôt tendance à faire l'apologie de l'agitation. Et, nous pouvons observer les dérives de ces débrayages.

Le véritable but de la grève est le retour aux négociations. Lorsqu'un contrat n'est pas respecté, par exemple entre la direction d'une entreprise et ses employés, et qu'un mécontentement s'installe sans issue apparente, la grève s'avère être l'ultime recours aux pourparlers. C'est pour les opprimés le seul moyen de faire pression et de se faire entendre. Les grèves sont de plus en plus fréquentes. Le moindre sursaut en engendre une. La seule réponse à une difficulté semble être le blocage systématique. On subordonne la protestation turbulente au dialogue et à l'entente. On assiste alors à une banalisation anergique de la grève qui perd de son efficacité. Par ailleurs, faire grève "par principe" est de plus en plus courant.

Les grèves sont généralement le fruit d'un corporatisme militant. Manœuvrées par des syndicats, ces mouvements s'exécutent sous des bannières politiquement colorées. En effet, comme le souligne un citoyen, tous les syndicats sont chaperonnés par des partis politiques. Des intérêts politiques supplantent les intérêts personnels des grévistes alors dupés. On utilise alors le mécontentement à des fins politiciennes.

La grève ne résout pas les conflits. Elle a même tendance à générer dans sa fièvre la mésentente. Par ailleurs, les grévistes sont souvent enrôlés dans des stratégies politiciennes qui dépassent et s'arrogent leurs aspirations. Pour contrer cette utilisation abusive de la grève, l'idée des cahiers de doléances a été émise. N'oublions pas que cette démarche exige préalablement d'engager la réflexion citoyenne. Les lieux d'expression publique doivent apporter l'élan démocratique nécessaire à l'entendement et à l'élucidation des problèmes de société.

En Bref, la réflexion citoyenne s'exprime :

La grève est un mouvement collectif exprimant un mécontentement. Pour se faire entendre, les grévistes cessent de travailler et attirent l'attention sur eux en bloquant un secteur de la société. Il est évident que le but est de sensibiliser la population.

Nous constatons cependant qu'en dehors des corporations concernées, l'intérêt porté aux grèves est faible quand il n'est pas inversé en raison des gênes occasionnées. Nous pouvons certes dénoncer un manque de solidarité sociale. Mais l'idée et la fonction même de la grève n'auraient-elles pas été déviées ?

La grève doit mener à des négociations. Ce but parait s'effacer derrière celui de contester. De plus en plus fréquents par ailleurs, les débrayages lassent et perdent de leur efficacité. Manœuvrés par des syndicats politiquement teintés, les grèves exécutent souvent des mouvements politiciens calculés que nul participant ne décèle. Nous sommes bien loin de l'entendement général comme réunion d'aspirations individuelles.

Il a été proposé de rédiger des cahiers de doléances. Cette entreprise nécessite préalablement l'établissement de la réflexion citoyenne. Des lieux d'expression publique doivent permettre aux citoyens de construire ensemble afin de revendiquer ce sur quoi ils se seront entendus.

Notes :

- Grève: cessation volontaire et collective du travail, décidée par les salariés dans un but revendicatif (augmentation de salaire, amélioration des conditions de travail, protestation contre les licenciements, etc.) et entraînant la suppression du salaire pendant cette période. (Le Petit Robert)

Interventions

Participer au débat

Les champ marqués d'une * sont obligatoires

Marre de retaper vos coordonnées ? Créez un compte ! Créer un compte permet d'être averti des nouvelles contributions, d'être reconnu et donc de ne pas avoir à taper ses coordonnées pour participer aux débats.

Premier ouvrage des Cafés Citoyens

Où en est l'esprit démocratique aujourd'hui ?

La démocratie, c'est nous !

En savoir plus

Lʼauteur