Compte-rendu synthétique par Barbara Chiron — Café Citoyen de Nantes (09/09/2010)
Animateur du débat : Mathieu Fleurance
» Politique et Société
Descendre dans la rue a-t-il un pouvoir sur la politique ?
Le thème de cette séance fait écho à une actualité autour de la réforme des retraites. Néanmoins, l’objectif n’est pas de discuter sur cette réforme mais de réfléchir à l’impact des manifestations de façon plus globale sur les pouvoir publics.
Les débats ont débuté autour du fondement même de la manifestation. Dans l’idéal d’une démocratie ce rapport de force ne devrait pas avoir lieu car l'État est le représentant direct du peuple, et doit, à ce titre, élaborer un dialogue afin de contribuer à ce qui est le mieux pour les citoyens. Or, en France plus que dans d’autres pays européens, le recourt à la manifestation est fréquent et aboutit à un bras de fer entre les représentants des citoyens (les syndicats) et l'État. Manifester reflète un état d’urgence lorsque les citoyens se retrouvent face à une situation qu’ils jugent injuste, illégale, allant contre l’intérêt général. La France, comme son Histoire peut l’illustrer, a souvent connu ces rapports de force qui reflètent une impossibilité au compromis, au dialogue. La démocratie française doit, de ce point de vue, murir. De nombreuses critiques ont été émises par différents participants sur les fondements même de la démocratie telle qu’elle s’exerce en France. Les politiques confondraient leur avidité de pouvoir, de carrières et les services pour lesquels ils ont été élus.
La manifestation est aussi un espace d’expression des citoyens. Elle est le symbole d’une société vivante. Les participants sont d’accord pour affirmer que les manifestations sont le résultat d’un non-dialogue. Lorsqu’il y a du monde et que les manifestations durent, l'État recule, comme ce fut le cas pour le CPE. La manifestation aurait, de ce point de vue, un réel impact sur le politique. Pourtant, ainsi que l’a exprimé une personne, descendre couramment dans la rue au nom de la démocratie pourrait aussi avoir un effet pervers par le fait que cela devient habituel et n’a plus d’effet spectaculaire. Il faut aussi réfléchir aux autres moyens de montrer son mécontentement. Une personne a également montré qu’il faut regarder la situation française au regard d’une situation européenne, voir mondiale. Les problèmes internes de la France sont sur toile de fond de problématiques internationales. Les pays sont de plus en plus dépendent des uns des autres. De ce fait l'État ne peut pas tout dévoiler aux citoyens, il tente peut-être de gérer des problèmes dans l’immédiat sans penser aux conséquences sur 20 – 30 ans mais l'État n’est pas fondamentalement contre l’intérêt général.
Les discussions se sont également attardées sur la politisation des citoyens. Avec un taux de plus en plus élevé d’abstention les personnes montrent leur désintérêt, leur incompréhension, leur perte de confiance face à la chose publique. L’individualisation se fait de plus en plus ressentir et chacun souhaite défendre son intérêt personnel plus que l’intérêt général.
Les manifestations sont également repris par les médias, et donne lieu à une « bataille de l’opinion ». Les médias sont des outils de pouvoir. Depuis peu, les médias citoyens offrent une alternative, un nouveau mode d’expression qui prend de plus en plus d’importance et dont l’impact sur les autres médias et le pouvoir politique se fait chaque jour plus grand.
Les débats se sont conclus sur l’idée que les manifestations sont nécessaires et peuvent avoir un impact si elles sont suivies par un grand nombre de personnes. La seconde chose qui fut révélé par ces discussions est le fait que de plus en plus de citoyens vivent dans une précarité sociale, économique. La peur de l’avenir, la dégradation de l’emploi maintient les citoyens et notamment les plus jeunes dans une angoisse face à leur futur. Descendre dans la rue est fondamental. Il demeure également important de ne pas baisser les bras face à la dépolitisation de nombreuses personnes, l’éducation politique reste importante pour comprendre et se défendre. Enfin, la manifestation est le reflet d’un rapport de force qui est antinomique avec l’idée d’une démocratie « saine ». Il est donc nécessaire qu’un dialogue s’installe entre les citoyens et les instances décisionnaires, que cela soit par le biais des syndicats ou par le référendum qui est très peu utilisé.
Thèmes proposés pour le débat suivant et nombre de voix :
- Le jeunisme : 7 voix
- Quel avenir pour les médias citoyens face aux médias traditionnels ? : 17 voix
- Quelles sont les conditions pour qu’il y ait une vraie démocratie ? : 13 voix
Interventions
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