Compte-rendu synthétique par Céline Chabut — Café Citoyen de Saint-Denis de la Réunion (16/04/2013)
Animateur du débat : Céline Chabut
» Éducation
VIOLENCE ET MEDIAS
COMPTE-RENDU DU DEBAT-16 avril 2013-CEVIF
La violence et les médias
Suite à la projection de la vidéo : « 3615 USUL - La violence - Chronique Jeuxvideo.com » (https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=JhvLthkxdiY), nous partons des différentes catégories de violences définies dans le film :
- La violence « gore », absurde, exagérée, pas crédible, donc drôle, qui défoule ;
- La violence ancrée dans la réalité, en lien avec la violence psychologique, crédible : cathartique ;
- La violence banalisée, aux informations notamment : guerres, scandales sexuels… Véhiculent beaucoup de cynisme, et rendent les pires évènements routiniers, voire sympas…
La violence est-elle donc véhiculée par nos médias ? Les médias ont-ils une part de responsabilité dans le fait que la société actuelle devienne de plus en plus violente ?
-Les jeux vidéo sont soumis à une réglementation, qui fixe notamment l’âge à partir duquel on peut jouer à tel jeu vidéo.
-Maître Léopoldine Settama, avocate et bâtonnière au barreau de Saint-Denis, met l’accent sur l’agressivité de l’information, toujours négative, dans les médias. Cela joue un rôle dans l’éducation des enfants ; et ce flot permanent d’informations négatives finit par nous indisposer.
- La violence à la Réunion est fréquente.
- Un participant fait référence à Chomsky, qui théorise la méthode de la diversion, de la distraction, comme étant l’une des techniques utilisées pour manipuler l’opinion publique et conserver le contrôle sur la population. Il y a aussi la politique de la peur. (cf Armes silencieuses pour guerres tranquilles, de Noam Chomsky). De plus, la violence que l’on ne mentionne jamais, et qui est pourtant la pire de toutes, est la violence institutionnelle.
-L’évolution de la société est parallèle à l’évolution des valeurs. La violence remplit actuellement des niches autrefois remplies par la famille. Or aujourd’hui, on assiste à la démission des familles, à l’incapacité des familles à assurer ce rôle qu’elle jouait auparavant.
-Avant, l’armée redressait les jeunes…
-Les jeunes s’identifient avec des groupes de musique violents. Ils sont parfois perdus.
-Du coup, les familles demandent beaucoup à l’institution scolaire.
-Les politiques démissionnent.
-On voit bien au tribunal pour enfants que le juge des enfants constate souvent l’absence de l’un des deux parents. Désarçonnés, le parent se plaint : « Mon gamin ne m’écoute plus ! » Or inculquer des règles fait partie du rôle des parents, mais on ne veut plus l’entendre aujourd’hui.
- Le problème de fonds est donc la déstructuration de la cellule familiale.
-Les médias sont utiles pour dénoncer les violences perpétrées.
-D’où vient la violence ? L’équation « pauvreté ou illettrisme = violence » n’est pas bonne. En revanche, les problèmes de communication et le manque de culture sont deux causes de la violence.
- L’ « argent braguette » est aussi un problème, notamment à la Réunion. Faire des enfants pour toucher des allocations ne suffit pas. Il faut pouvoir assumer l’éducation des enfants ensuite.
-Il faut réformer la formation initiale des enseignants, et les former notamment à la violence de certains élèves passifs. Il faut distinguer instruction et éducation…
- Les écrans, dans notre vie quotidienne, sont bien trop nombreux : téléphone, ordinateurs, télé, Game Boy…L’école et la famille sont explosés par l’intrusion de tous ces écrans. Or, se confronter à l’autre, à son voisin, est formateur, et apprend à accepter les différences et à affronter les conflits. Rien de cela avec les écrans, qui nous sont soumis comme des machines. Tout dépend de l’usage que l’on veut faire des médias, et il est de notre responsabilité de les utiliser intelligemment.
- Les parents se retrouvent piégés devant leurs enfants, qui en savent plus qu’eux au sujet des jeux vidéo notamment. Le père cède et est désarmé devant son fils de 16 ans qui lui démontre que le jeu interdit aux moins de 18 ans n’est finalement pas si dangereux que cela… Il faudrait pourtant interdire et ne pas céder !
-Les enfants perdent le sens des réalités lorsqu’ils sont trop sous l’influence des médias.
- Pourtant, il ne faut pas diaboliser les médias, ni même tous les jeux vidéo. Il ne fait pas être trop radical.
-Le problème est que la société évolue très vite. Comment en parler avec les jeunes ? Comment l’adulte peut-il se former à ces jeux vidéo ou à l’usage des médias, tout en gardant ce cadre d’autorité ? Il faut à tout prix éviter la démission.
-Le clivage entre les parents « largués » sur le plan des nouvelles technologies, et les enfants très à l’aise avec elles, pose problème : quelle démarche avoir avec eux ?
-Les informations que l’on reçoit 7 jours sur 7 ne nous permettent pas de prendre du recul ; et les bonnes informations ne sont pas traitées. Les informations viennent en outre du monde entier : est-ce bien naturel d’entendre ce qui se passe partout dans le monde ? Le temps de transmission est très rapide, et on peut suivre les évènements quasiment en temps réel à l’autre bout du monde…
-Le degré de censure baisse : les commissions d’experts, de psychologues, qui sont censés filtrer la violence dans les émissions ou films diffusés, semblent laisser passer de plus en plus de violence dans les médias, les films, les jeux vidéo.
- On crée une nouvelle dépendance, un câble ombilical, une addiction à ces médias. On perd le bon sens, et on en oublie de poser des limites.
-Les parents ont besoin d’aide.
-Les informations sont souvent mal diffusées, comme on le voit dans les retranscriptions d’audiences, au tribunal. Les propos sont déformés, les discours saucissonnés. Cela pose la question de la rumeur.
- Lecture d’un témoignage envoyé par Marco sur le site de la fédération La Nouvelle Arcadie : les gens sont lobotomisés devant leur télé, et c’est là la plus grave des violences : « J'ai beaucoup joué aux jeux vidéos depuis ma jeunesse, des jeux vidéos de tous genres, plus ou moins matures ou réalistes. J'ai arrêté il y a quelques mois car j'en suis arrivé à la conclusion que ce qu'on appelle aujourd'hui "cultures" (comprendre multimédia/jeu vidéo/films/musique), n'est qu'une industrie de satisfaction mentale - surtout la scène de la culture populaire. Maintenant, moi, ce qui me paraît effectivement violent dans toute cette industrie "culturelle", c'est toute cette masse de gens - aussi bien les jeunes que les aînés, je veux que vous le sachiez - perdus, chacun dans son coin, dans sa petite bulle remplie de d'images, dans le petit confort de son mental - le frère cadet jouant au dernier "Jeu de Guerre Moderne", la petite soeur devant My Little Pony, la mère devant NCIS, le père lobotomisé le soir devant son écran Télé. Ça, c'est de la violence. »
-Il manque une politique sociale, une vie de la cité. Il manque aussi une communication faite à ce sujet par les pouvoirs publics, si bien que les liens avec l’extérieur, la différence, sont rompus. On assiste à une uniformisation de la culture, de la pensée, voire à son anéantissement !
- Il faut donc croiser les cercles, faire en sorte que les gens se rencontrent, réfléchissent, débattent, et redeviennent ainsi acteurs de leur propre destin.
Interventions
Marco
samedi 13 avril 2013 19:06:02 +00:00
Je suis un jeune homme de 21 ans qui aimerais bien donner son avis sur ce sujet, j'espère que mes commentaires seront évoqués lors de votre débat.
J'ai beaucoup joué aux jeux vidéos depuis ma jeunesse, des jeux vidéos de tous genres, plus ou moins matures ou réalistes. J'ai arrêté il y a quelques mois car j'en suis arrivé à la conclusion que ce qu'on appelle aujourd'hui "cultures" (comprendre multimédia/jeu vidéo/films/musique), n'est qu'une industrie de satisfaction mentale - surtout la scène de la culture populaire. Pour moi, la culture, dans sa forme la plus simple, restera l'Espagnol bronzé portant un sombrero, le Français en vélo portant une moustache, une baguette de pain à la main ; les recettes chinoises ; la musique africaine, etcetera... Mais soit. Ayant plongé dans l'univers du jeu vidéo depuis longtemps, je peux vous dire que ce que vous appelez la violence (ce qui me paraît trop abstrait - pour moi le terme "violent" est synonyme d'"intensité"), dans le jeu vidéo, n'a pas de répercutions sur le comportement d'une personne vis-à-vis de son prochain. Un jeu "violent", où l'action, la nervosité, la brutalité bête et méchante est mise en avant, est, pour moi, identique à l'écoute répétée d'une musique populaire, à la visualisation d'une série télé policière ou le dernier film d'action sorti en salles ; ou tout autre type de films en fait ; il s'agit juste là d'un univers mis en scène par divers moyens audio-visuels servant à apporter un certain goût, une certaine saveur pour le contentement mental de chaque individu. Ce qu'on appelle "jeu de tir à la première personne" a été mon type de jeu vidéo favori depuis toujours et j'ai toujours été conscient de ne "tirer" que sur des modèles en deux ou trois-dimensions, que le sang et les tripes éclaboussent ou pas. Entre ces jeux là et un jeu tout innocent que tout le monde connait comme Super Mario Bros, pour moi, il n'y a aucune différence, à l'exception du contenu - de la forme, plus exactement. Le fond reste un terrain propice à la passion, la catharsis.
Maintenant, moi, ce qui me paraît effectivement violent dans toute cette industrie "culturelle", c'est toute cette masse de gens - aussi bien les jeunes que les aînés, je veux que vous le sachiez - perdus, chacun dans son coin, dans sa petite bulle remplie de d'images, dans le petit confort de son mental - le frère cadet jouant au dernier "Jeu de Guerre Moderne", la petite soeur devant My Little Pony, la mère devant NCIS, le père lobotomisé le soir devant son écran Télé. Ça, c'est de la violence.
J'ai réussi à m'extraire de l'industrie culturelle car je pense avoir fait le tour du jeu vidéo ; je ne parle pas des films car je n'ai jamais été cinéphile - mais je suis personnellement certain qu'une série télé policière américaine a plus de répercutions sur le mental qu'un jeu vidéo "violent".
Mais je pense, très sincèrement, que le concept de la "violence" est trop abstrait, pas assez juste. Si vous le voulez bien lors de votre débat, je propose que vous parlez plutôt du concept de la dualité (qui nous a toujours semblé naturel - les éléments perturbateurs dans les histoires), et, comme je l'ai déjà expliqué, de celui de la "satisfaction mentale" ; vous irez plus loin dans le débat et vous pourriez même mettre la main sur la racine de ces véritables problèmes que causent ces soi-disant "cultures", ou "médias". La dualité, on nous en parle depuis la primaire - les cours d'histoires, jonchés de conflits primitifs, militaires et religieux. Ou ne serait-ce que l'autorité du professeur face à l'apparente petitesse de l'élève ; c'est aussi de la dualité, surtout quand le professeur est mentalement sensible (je me suis fait disputer par quasiment tous mes professeurs de primaire et de collège, cela a laissé des cicatrices dans ma mémoire - vivre une jeunesse pleine de vacuité c'est très violent aussi, je peux vous le dire). Bref, pour ce qui est de la violence dans les médias il faut savoir trancher le fond de la forme. Les médias étaient certainement moins abrutissants quand j'étais jeune qu'ils ne le sont aujourd'hui, je ne peut pas donc me mettre à la place des jeunes d'aujourd'hui même si je peut comprendre certaines influences. Mais ce que vous devez vraiment comprendre aussi, ce sont les effets marketing de certaines formes de violence. La mode en ce moment, ce sont les Jeux vidéos de Guerre Moderne, les jeux et les films de Zombies, les films d'horreurs "Paranormaux" (j'appelle ça personnellement de la "Pornographie d'Horreur") - les gens du marketing ont vu que cela marchait, ils utiliseront donc toujours la même recette jusqu'à ce qu'ils trouvent autre chose de plus intense, de plus pervertissant pour le mental stimulé de chaque personne passant son temps devant son écran.
Cela nous ramène enfin à trois choses :
1)La manipulation des médias pour le profit au détriment de l'état mental de chaque individu
2)L'isolement physique et mental de chaque individu au sein du système
3)Pas de violence sans dualité
Et j'en ajouterai une quatrième, plus difficile à cerner j'imagine :
Les aînés devraient apprendre à leurs cadets à être le plus conscient possible dès leur plus jeune âge.
(Mais pour cela il faudrait que les aînés soient conscients, attentifs, aimants, intelligents, ce qui n'est pas le cas de tous.)
Marco
dimanche 14 avril 2013 10:12:53 +00:00
Je vous conseille la visualisation de cet épisode de 3615 Usul sur la "Violence" dans les jeux vidéos pendant le débat.
Merci pour cette réflexion et ce film qui nous permettront de nourrir le débat.
M'autorisez-vous à les mettre en ligne, sur la page FB de l'Arcadie de la Réunion?
https://www.facebook.com/pages/Caf%C3%A9-Citoyen-de-lArcadie-de-l%C3%AEle-de-la-R%C3%A9union/225882390851328?fref=ts
A bientôt
Marco
dimanche 14 avril 2013 17:35:58 +00:00
Oui je pense qu'il n'y a pas de problème pour partager la vidéo. ;)
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