Compte-rendu synthétique par Camille Colin — Café Citoyen de Graulhet (22/11/2017)
Animateur du débat : Valentin Ducres
» Religion et Spiritualité
Que signifie aimer l'autre?
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«Que signifie aimer l’autre?»
Depuis un an environ se tient à Graulhet, une fois par mois, un «café citoyen». Actuellement hébergé par le Centre social il réunit tous ceux qui souhaitent partager avec d’autres une réflexion sur des thèmes choisis à l’avance par les participants. Les règles sont rappelées au début de chaque réunion: s’écouter, ne pas couper la parole mais la demander, faire preuve de courtoisie et respecter les interlocuteurs, se garder de tout prosélytismepolitique ou religieux. Le dernier thème qui nous a réunis était donc: «Que signifie aimer l’autre?». Nous étions 17 personnes de toutes origines, aussi divers que possible. Les échanges m’ont paru d’une telle richesseque j’ai souhaité les partager avec vous.
Commençons par les mots eux-mêmes. En français, le vocabulaire est pauvre et se résume au verbe «aimer». D’autres langues, comme l’anglais, ont deux termes selon que l’on désigne l’amour humain ou les choix et préférences personnels (love / like). Certaines même, comme l’arabe, ont une grande richesse de termes pour nommer l’amour physique, l’amour maternel, celui d’un homme pour son épouse, l’amitié, etc...Chez les anciens Grecs, depuis Platon, on distingue l’amour des sens «éros», l’amour des sentiments «philia» et l’amour partage, inconditionnel «l’agapè». Ceci posé, reste la question: «que signifie aimer l’autre?».
Un constat d’abord: notre société met en valeur la compétition, la consommation, l’individualisme. Ne nous empêche-t-elle pas d’aimer?
Puis on est entré dans le vif du sujet…
Aimer l’autre c’est le plaisir de donner et celui de recevoir; une réciprocité donc...aimer l’autre comme je voudrais être aimé par lui! Ainsi j’aime pour l’autre ce que je veux pour moi. En aimant l’autre ainsi on se fait du bien; du coup peut-on dire que l’amour est gratuit? Aimer soi en l’autre, n’est-ce pas du narcissisme?
Parfois, aimer quelqu’un s’impose à nous, sans qu’on sache pourquoi. Pourquoi aime-t-on certaines personnes et pas d’autres? Peut-on aimer sur commande? (Un participant donne la référence «comme je vous ai aimé, aimez-vous les uns les autres»). Peut-on aimer tout le monde? Il y a des gens que l’on n’a pas envie d’aimer.
Nous avons partagé également d’autres difficultés d’aimer. Certains ont du mal à extérioriser l’amour. Pour aimer l’autre, ne faut-il pas aussi s’aimer soi-même? Comment arriver à aimer l’autre en dépit de soi-même? Quelqu’un a dit: quand je n’aime pas l’autre, c’est une partie de moi que je rejette.
Mais qui est donc cet «autre» dont on parle depuis le début? C’est là que les mots pour le dire en français sont déficients. On a distingué l’être humain du monde vivant. J’aime mon chien, certes … mais fait-il partie des «autres»? Il y a bien des gens qui aiment leur chien mais pas les autres… Les chefs nazis étaient certainement de bons époux et de bons pères! Pour certains, les autres sont la famille, les amis. Ils disent avoir déjà beaucoup à faire pour les aimer.
Le partage s’est ensuite élargià une conception inconditionnelle de l’amour. Il est plus facile d’aimer soi en l’autre que d’aimer l’autre pour lui-même, de façon désintéressée. Il s’agit là d’aimer tout le monde sans condition; c’est une position philosophique de principe. Ce qui ne veut pas dire accepter les idées ni excuser les actes. Aimer n’empêche pas de s’opposer ni de combattre. On peut aimer l’homme qu’est Goebbels mais tout faire pour l’empêcher de nuire!
Il a été dit ensuite qu’aimer ainsi c’est porter de l’attention, fairepreuve d’empathie, vouloir l’épanouissement de l’autre. C’est fondamentalement un pari sur l’humain: dans chaque être on parie qu’il y a quelque chose de bon. Aussi l’aimer est-ce l’aider à exprimer ce qu’il a de meilleur en lui. Aimer pour que les autres puissent aimer à leur tour. En ce sens c’est générateur de vie. Aimer l’autre est alors décider de l’aimer; c’est faire usage de notre liberté et échapper à l’aliénation puisque c’est gratuit.
Jusqu’où peut-on aimer? Aimer peut-il aller jusqu’à se sacrifier pour autrui? Question redoutable. Quelque part, vouloir l’épanouissement de l’autre en dépit de soi impose souvent quelques sacrifices. Certains sont allés jusqu’au bout: un don d’organe, un père qui prend la place de son fils comme otage pendant la guerre...
Pour terminer, le groupe a conclu en disant qu’aimer met en harmonie avec l’univers. On aime parce qu’on aime la vie. L’amour est une véritable stratégie de survie et il n’y a pas lieu de hiérarchiser l’éros la philia et l’agapè.
Ce n’est pas si mal pour une réunion de 2 heures...
Interventions
Jacques
mercredi 15 novembre 2017 17:06:03 +00:00
Aimer l'autre, ça peut vouloir dire que nous nous permetons enfin de vivre pleinement tout et n'importe quoi à ses dépens : c'est par amour, par exemple, qu'en FRANCE, les moribonds doivent agoniser longuement sans se plaindre ; c'est encore par amour qu'on parque les enfants mille par mille pendant vingt ans sans jamais les interroger sur la qualité de leur encadrement-enseignant ou même, seulement, les frites servies tous les midi.
Jacques
jeudi 16 novembre 2017 16:41:46 +00:00
Aimer faire avec les autres ou avec tel ou tel, quelque chose de précis, semblait beaucoup moins périlleux ou intrusif ou catastrophique que vouloir "aimer" directement quelqu'un...parce que si ce quelqu'un vient à changer...avec l'âge, par exemple...danger : seules les statues ne vieilliront point !?!
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