Compte-rendu synthétique par Benjamin BALL — Café Citoyen de Lisieux (09/09/2004)
Animateur du débat : Benjamin BALL
» Démocratie et Citoyenneté
Qu’est-ce qu’être un citoyen aujourd'hui ?
Le citoyen n'est pas l'individu avec son égoïsme, ses appétits, son aveuglement en face des intérêts de la collectivité. C'est l'homme débarrassé des préjugés de classe et des soucis inhérents à sa condition économique, capable d'opiner sur les choses publiques en faisant abstraction des avantages personnels qu'il peut retirer de la décision, bref une sorte de saint laïc qui fait taire ses passions pour que ne s'exprime par lui que la volonté générale qui n'est autre que la voix de la raison. Être abstrait, intemporel et universel, c'est lui qui est le titulaire des droits dont l'ensemble constitue la liberté-autonomie. Doué par la nature d'une liberté indifférente aux contingences, il est appelé à participer à l'exercice du pouvoir politique parce que l'on attend qu'il se comporte comme le serviteur exclusif de cette liberté.
Rappel du principe de fonctionnement de la démocratie :
C’est un ensemble de textes (lois décrets arrêtés) qui encadre la vie du citoyen
Notre démocratie française fonctionne selon le type de démocratie représentative.
Le citoyen est un sujet de droit qui dispose de droits civils et politiques et qui a en particulier le droit de voter c’est à dire de déléguer à des représentants ses droits de gouverner.
Ces représentants sont des députés qui vont constituer une assemblée nationale et qui vont avoir le pouvoir d’élaborer les lois (pouvoir législatif).
Le gouvernement et ses ministres, chargés d’appliquer ces lois ( pouvoir exécutif ), sont désignés par le président de la République.
Ces deux fonctions sont précaires puisque remises en question tous les 5 ans.
Un organisme indépendant est chargé de sanctionner les manquements à ces textes (pouvoir judiciaire).
Ces trois pouvoirs doivent être indépendants: un même citoyen ne peut appartenir à deux de ces pouvoirs au même moment.
La démocratie préside à ce mode de nomination des pouvoirs législatif et exécutifs et veille à l’application des textes régissant les élections. mais les lois votées ensuite sont sous le contrôle de l’équipe dirigeante. Un parti majoritaire peut être élu démocratiquement et ensuite promulguer des lois qui vont priver une parti de la population de ses droits civiques (ex le nazisme). Ce qui montre la fragilité de la démocratie
La démocratie a d’abord été vue comme un instrument de liberté, puis de justice, puis de prospérité (démocratie sociale).
Dans l’histoire des peuples il y a eu plusieurs temps.
Au moyen âge le pouvoir était surtout entre les mains de l’église qui s’est alliée au politique (représenté par le roi et ses vassaux) pour dominer le peuple dont les membres n’étaient pas des citoyens mais des sujets
Puis l’église a perdu de son influence et le politique s’en est séparé peu après la révolution pour s’allier à la force nouvelle qui s’amplifiait , l’économie. Et l’économie prend le pas sur le politique; c’est la période que nous vivons. Mais le social, a son tour se développe et nous vivons actuellement cette période de lutte entre l’économie qui se veut libérale, c’est à dire non entravée par le politique , et le tissu social qui réclame ses droits à la prospérité
Au fil du temps de nouvelles exigences se sont ajoutées aux anciennes et ceci a conduit à plusieurs types de démocratie (URSS, Angleterre ,France).
L’origine historique de ces pays étant différente, les évolutions au fil du temps l’ont été aussi. Les origines d’un peuple conditionnent son développement. Ceci est vrai pour les trois pays cités, qui on conduit au XXè siècle à trois types de démocraties différentes
Le citoyen est une entité qui n’a ni sexe, ni âge, ni ethnie ni religion. le citoyen est un individu de droit qui doit se forger au cours de son existence et en fonction de son temps Il est peut-être bon de rappeler quelques uns de ses droits et ses devoirs. Les principaux sont connus: liberté individuelle , de conscience, d’expression; égalité devant la justice etc..
Droits politiques: être électeur et candidat;
Devoirs. Il doit respect des lois. payer l’impôt. Il est mobilisable en cas de guerre. Il est détenteur d’une part de la souveraineté politique
L’idée de citoyenneté, si l’on excepte la Grèce, s’est forgée en Angleterre et en France.
Mais alors que les anglais sont partis de l’idée d’un citoyen libre acceptant d’abandonner une petite part (la plus petite possible) de cette liberté en échange d’une sécurité pour lui- même et pour ses biens, les français, qui ont vécu une longue partie de leur histoire sous le joug féodal ont hérité, à la révolution, de la souveraineté du Roi et d’un respect pour l’état.
Les exigences du citoyen, au fil du temps, se sont affirmées. Exigence de liberté d’abord, puis de justice, puis de prospérité quand l’abondance est apparue.
Le concept de "citoyen" n'est pas figé, il est évolutif et a pris des significations différentes selon les époques. La citoyenneté est l'objet d'une histoire, toujours en devenir. On interroge la citoyenneté comme un objet mouvant que les luttes historiques modifient. Un consensus s'est dégagé pour affirmer l'évolution du citoyen à travers les âges: -la cité grecque - la Révolution Française - le Front populaire - mais aussi le pétainisme par exemple voient la notion de citoyen sous des approches différentes. D'aucuns, par une réflexion sur les institutions françaises actuelles parlent de déficit démocratique en citant l'exemple des élections. L'inversion en 2002 du calendrier électoral ( élections présidentielles d'abord et élections législatives ensuite ) a accentué un renforcement peu citoyen des pouvoirs du Président de la République. Les conseillers des décideurs, dans tous les partis politiques, sont formés dans les mêmes écoles ( ENA ). Les propositions de lois des parlementaires de l'opposition sont supplantées par les projets de lois venant du gouvernement .
Des politiques avouent leurs penchants pour une démocratie plus participative que représentative mais les référendums d'initiative populaire ne sont pas légion chez nous à la différence de la Suisse par exemple.
Les petits partis sont peu représentés du fait de l'absence de scrutin à la proportionnelle. La désaffection des partis politiques et des syndicats ne signifie pas un désintérêt, bien au contraire. La chose politique intéresse les français, pour preuve, ils n'ont pas été influencé par les médias dominants lors du vote du 29 Mai 2005. Plusieurs personnes indiquent qu'on ne naît pas citoyen, qu'on le devient. Ici en France on le devient à 18 ans, auparavant à 21 ans, les femmes ont eu le droit de vote en 1945, pour les étrangers il y a un risque de remise en cause du droit du sol. D'une façon plus pragmatique une question a fusé en demandant comment un citoyen peut-il se faire entendre aujourd'hui? Pour se faire entendre il doit d'abord être citoyen c'est-à-dire : en avoir envie, se dégager de son égoïsme, avoir une éthique, faire des efforts, se former sur la connaissance des droits et devoirs, montrer l'exemple. En fait, au préalable il faut que chaque individu ait satisfait ses besoins vitaux. Des propos optimistes se sont dégagés en fin de débat pour indiquer qu'être citoyen est un combat de tous les jours, que c'est l'état d'esprit de réagir face au monde mouvant pour défendre des valeurs plus humanistes et conviviales qu'économiques.
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