Compte-rendu analytique par Jean-Marie Seeuws — Café Citoyen de Caen (10/06/2006)
Animateur du débat : Pierre-Michel Bon-Gloro
» Éducation
Education Nationale, tremplin vers la citoyenneté ?
Animateur - pour ouvrir le débat je laisserai la parole à celui qui a proposé le thème, je crois que c’est Bruno. Pour ceux qui ne sont pas habitués aux usages du café je vais faire les rappels habituels. Le café citoyen est un espace libre de parole, les gens qui souhaitent intervenir demandent le micro, on parle les uns après les autres et pas en même temps de façon à éviter des dialogues. On essaie aussi d’avoir l’esprit de synthèse de façon à ce que tout le monde puisse parler. On évite aussi les interventions un peu trop partisanes et on respecte l’avis et la parole de chacun. En ce qui concerne le sujet d’aujourd’hui : école, tremplin vers la citoyenneté ?, je le présente rapidement. Marc a proposé un axe de réflexion sur le site : est-ce qu’aujourd’hui l’école garde uniquement comme vocation la formation des jeunes pour les préparer au travail ou a-t-elle encore à assurer la formation citoyen, auquel cas comment voyez-vous demain cette notion reprise par l’éducation nationale, en tout cas l’école publique.
Marc Houssaye, président du Café Citoyen de Caen - Le café citoyen a été créé en 1997, il a été un des premiers à être créé, et à partir de là un réseau national s’est monté, un peu partout en France des cafés se créent. On a adopté une charte pour qu’on puisse débattre librement. Cette charte stipule notamment le fait qu’au-delà de l’obligation de demander la parole, elle demande à ce que les interventions polémiques partisanes ou dogmatiques ne se fassent pas dans ce cadre là. L’idée est de faire en sorte qu’on puisse débattre sans pousser la polémique du genre « tel parti est le meilleur ». Une petite annonce : le premier café d’Hérouville Saint Clair aura lieu mercredi prochain à 19h sur le thème : quelle énergie pour demain ?
1 - Pour prolonger ce que disait Pierre Michel tout à l’heure, pour la proposition de ce sujet. Il fut un temps où l’éducation nationale proposait de l’éducation civique. Il me semble que l’éducation nationale n’a pas comme rôle que de préparer à un métier, elle a aussi comme rôle, en tous les cas c’est mon point de vue, de former des citoyens, c'est-à-dire de permettre aux gens, surtout avec la complexité du monde actuel, de les former à pouvoir au moins dans une certaine mesure à réfléchir et prendre des décisions, voter et donc faire des actes citoyens en toute connaissance, en tous les cas avec un maximum de chances de leur côté. Aujourd’hui, j’ai l’impression, il me paraît qu’on est assez loin de cela. Quand on regarde l’implication de la grande majorité de nos concitoyens à s’impliquer dans la vie civique, à avoir ne serait-ce qu’une vision de ce qu’est la citoyenneté, voire encore de se considérer comme citoyen français. J’ai un peu l’impression que l’éducation nationale, alors peut-être que ce n’est plus son rôle, peut-être qu’il y a d’autres moyens d’y arriver, mais en tous les cas j’ai l’impression qu’on perd un peu l’essence de la citoyenneté, des droits mais aussi des devoirs que tout citoyen a. Donc la question pour moi est : est-ce que l’éducation nationale a toujours pour but de former des citoyens, et si non quelles autres solutions proposer aux gens pour se former à cette citoyenneté ?
2 - Pour répondre à votre question, on fait toujours de l’instruction civique au collège, en cinquième vous avez de l’instruction civique. Je pense aussi que l’apprentissage de la citoyenneté peut se faire à un niveau plus bas. Faire se ranger les élèves, leur apprendre à se respecter, apprendre à voter cela viendra, c’est déjà à mon avis l’apprentissage de la citoyenneté. Je ne pense pas que l’éducation nationale a perdu cette notion, je crois au contraire on a une enfance de plus en plus difficile, il y a de plus en plus d’incivilités à l’école.
3 - C’est la violence qu’on voit de plus en plus partout à tous les niveaux, alors je ne vois vraiment pas comment on va arriver à régler ce problème là. Effectivement il faudrait leur laisser, moi je dis que l’éducation civique, j’ai pas l’impression qu’il y en ait beaucoup maintenant, j’ai des petits enfants et je n’entends pas du tout parler d’éducation civique dans les écoles, ils font un petit peu ce qu’ils veulent, ils font leurs cours et après ils s’en vont.
4 - La question posée aujourd’hui, à mon sens peut être comprise de deux manières différentes. Ou bien on dit : l’éducation nationale est-elle un tremplin pour la citoyenneté, ou doit-elle l’être ? Je pense qu’on ne peut répondre de la même façon forcément. Alors, l’est-elle, à chacun son point de vue, encore faudrait-il pour vérifier savoir ce que l’on entend par tremplin vers la citoyenneté. Vous avez donné quelques exemples, mais je pense que la citoyenneté n’est pas que cela. Doit-elle l’être, à cette façon de poser la question je répondrais non. Pourquoi non, parce que cela renforce le risque de considérer l’éducation nationale comme étant le modèle de la formation, or je pense que cela est un danger. Un citoyen n’est pas seulement formé par l’école, il est formé par tout un ensemble d’institutions auxquelles il est confronté de sa naissance à sa mort, même s’il faut constater que la période qu’il passe dans l’éducation nationale se fait à un âge où il est plus malléable et qu’en conséquence cette phase de formation est plus sensible que les autres. Mais la citoyenneté n’est pas seulement l’instruction civique J’ai regardé cette semaine une émission de jeu dont j’ai oublié le nom. A la question : qui était le chef de la France Libre, une candidate a répondu Pétain. Vu son âge apparent, cette personne est passée par l’éducation nationale, et donc appris l’Histoire mais apparemment son cerveau n’a pas retenu l’essentiel et contrairement à l’éponge qui retient l’eau il y a des cerveaux qui la laisse passer comme une passoire. Aurait-elle mieux retenu un cours d’instruction civique ? Je considère que l’éducation nationale a pour rôle principal, un d’apporter des connaissances ce qui permettra ensuite au citoyen de le devenir en utilisant les connaissances qu’on lui a transmises, deux de ne pas combattre l’éducation type politesse, savoir se tenir, ne pas combattre ce qu’il peut apprendre ou devrait apprendre dans sa famille. Donc l’éducation nationale ne doit pas avoir le monopole de la construction d’un citoyen son rôle étant d’apporter les connaissances utiles à cette formation.
5 - Je partage tout à fait ce point de vue que vous avez développé. Je pense que quand on parle de tremplin, c’est bien un tremplin, mais un tremplin il faut d’abord, s’il y en a parmi nous qui ont fait du tremplin dans le sport, ils savent très bien que l’on peut si on part du bon pied, c’est l’appel qui compte mais il faut tomber du bon côté. Or l’éducation nationale malheureusement, il y en a beaucoup qui ne partent pas du bon pied et qui atterrissent sur le mauvais pied, ou sur le derrière. Alors disons qu’on ne peut pas confier uniquement à l’éducation nationale le soin de faire des citoyens, c’est évident, mais elle doit participer à cette opération, c'est-à-dire comme d’autres peut-être. Par exemple, je pense que les médias devraient participer à former des citoyens, la télévision aussi malheureusement ce n’est pas le cas non plus. J’ai l’impression qu’il y a une faillite de la société et c’est dommage. C’est que l’on a banni un certain nombre, on a mis des tabous sur un certain nombre de thème comme par exemple la responsabilité, on déresponsabilise les gens, on déculpabilise les gens, on déculpabilise la société elle-même. Donc tout le monde le croit, moi je ne suis pas responsable, c’est la société. Je pense que l’éducation nationale pourrait faire de la bonne instruction civique, seulement dans le contexte général, il faudrait qu’elle reprenne à son compte un certain nombre de ces principes. Or il faut constater malheureusement dans certaines circonstances dans l’éducation nationale, il y a quand même quelques personnes qui sont marquées très politiquement et qui développent des idées qui ne sont pas tout à fait citoyennes.
6 - Dans le cadre de l’éducation nationale, de l’école en général jusqu’à qu’on puisse partir dans la vie citoyenne même si on a pu avoir un soupçon d’éducation civique, ça fait quand même quelques années que ce n’est pas assez approfondi, il y a une bonne raison, il faut travailler dans la fonction publique pour se rendre compte de la complexité voire même de la non volonté de communiquer très clairement sur l’objectif de tout un chacun. Par ailleurs du côté de l’éducation civique l’école a toujours fait preuve d’un certain autoritarisme, cette volonté oui de se mettre en rang etc, cela n’aide pas à développer des idées à avoir des engagements. Donc former à la citoyenneté à avoir cette liberté de penser, vous parlez d’Histoire de cours d’Histoire, pour moi former par l’Histoire cela commence très tôt à l’école, mais pour moi l’Histoire n’est pas un univers absolu, c’est bien de savoir ce qui s’est passé, mais à la rigueur on apprend très tardivement ce que c’est la philosophie, l’histoire de la pensée, mais l’Histoire basique, nos « ancêtres la Gaulois ». Ce que je veux dire par là il y a tout un cheminement dans l’éducation nationale aujourd’hui qui n’aide pas à la citoyenneté.
7 - J’ai envie de poser cette question parce qu’en fait on essaie de trouver des exemples qui nous disent que oui, effectivement grâce à l’école grâce à telle ou telle structure, mais j’ai plutôt en vie de poser la question, qu’est-ce que c’est être citoyen et de le devenir. Le mot citoyen est très utilisé aujourd’hui et même à l’époque où j’étais à l’école pour peu que je m’en souvienne, l’éducation civique cela dit bien ce que ça veut dire, ce n’était pas pour moi de la citoyenneté, c’était du civisme. Alors le civisme il faut le dissocier de la citoyenneté, le civisme est là pour mettre de l’ordre il est là pour policer pour nous apprendre ce qu’est une structure comment devenir député, dans une certaine mesure cela va à l’encontre de la citoyenneté parce cela inculque des notions d’un système bien établi et à mon sens sclérosé et la citoyenneté à mon avis consisterait à faire en sorte que l’individu se réapproprie le champ social et citoyen dans le sens appartenir à un groupe en essayant d’imaginer d’autre chose. Moi je vois entre le civisme et la citoyenneté une contradiction et donc l’éducation nationale peut aller à l’encontre de la formation d’un citoyen parce que c’est une part un peu obscure et lumineux de nous-mêmes, on a chacun un citoyen qui est en nous et puis on a nos intérêts personnels qui vont à son encontre. Essayer de voir ce que c’est être citoyen je pose cette question là avant tout pour savoir si l’éducation nationale peut être un tremplin pour le devenir.
8 - Je me posais la même question que toi avant même de venir au débat, je me suis dit il faudrait d’abord définir ce qu’est un citoyen ? On pourrait le définir par opposition à ce qu’il était avant d’être citoyen. Dans l’état français tel qu’il était Louis 14 dans une phrase restée célèbre disait à 16 ans lorsqu’il accéda à la royauté : l’état c’est moi, et le habitants du royaume étaient des sujets, ce qui est tout à fait différent. Alors tout le processus de révolution a été de faire accéder chaque habitant du pays au statut de citoyen donc responsable de la bonne marche de la collectivité, et ça, ça dépend de chaque individu. Bon, tu as posé la question au départ, proposant d’initier parce que j’avais enseigné. Je n’étais pas professeur, professeur est un titre universitaire qui demande le doctorat d’état mais c’est un titre galvaudé, fermons la parenthèse. A cette époque on nous demandait de donner des cours d’instruction civique, on les réservait de la sixième à la cinquième, je pense qu’on pourrait l’adapter pour jusqu’à la fin du cyclez secondaire. Je pense que c’est un très long processus. Je crains fort que pour l’éducation nationale, le souci principal est de former des gens pour l’économie, la réussite de notre pays, sa domination économique et pas tellement pour former des être humains, épanouis, cultivés, ouverts et pas seulement capables de faire des sous ou de réaliser des entreprises. Je crois que c’est à chacun de prendre la responsabilité de se faire sa propre éducation en observant, en écoutant, et en prenant des responsabilités. On le voit chaque jour, si on lit le journal, quand on voit les comptes rendus des débats devant les tribunaux, les inculpés, on voit qu’à tous les niveaux il y a des efforts à faire, il y a des sanctions qui sont prises malheureusement parce que les gens ne sont pas assez responsables. Je pense à l’affaire qui circule depuis bientôt un mois au niveau de l’état, c’est révélateur d’autres au plus haut niveau.
9 - L’éducation nationale, moi j’en sors. Je crois qu’on ne peut même plus aujourd’hui formuler quelque critique que ce soit envers les enseignants qui sont complètement dépassés, noyés. On leur demande de transmettre des connaissances, d’être des assistantes sociales, d’assurer la discipline, l’éducation, les bonnes manières, le civisme. Oui mais on rêve quoi, on leur demande tout alors qu’ils ont en concurrence en permanence tout l ‘environnement qui éduque ou dés-éduque qui déforme cette jeunesse complètement désorientée qui flotte complètement dans l’inconnu. Que voulez-vous que l’on fasse quand l’élève sort, il allume la télé, qu’est-ce qu’il voit. Il voit une société complètement déphasée complètement à l’agonie, la loi du plus fort règne, la loi de la rue, il suffit d’aller dans la rue pour faire reculer annuler des lois et avoir des avantages. Quand il y a le salaire des dieux du stade, ça dépasse l’entendement et les primes des PDG qui partent, on a calculé deux siècle de SMIC pour celui qui part en retraite, la justice on fait l’amnistie aussi bien en politique qu’en justice, on a vu des affaires récentes. Que voulez-vous que les enseignants fassent dans cette galère, dans cet enfer ? Alors, avant l’éducation nationale s’appelait l’instruction publique, la tâche des gens qui assuraient le fonctionnement de l’instruction publique c’était de transmettre des connaissances mais des valeurs aussi. Mais des valeurs qui n’ont plus cours, valeur de l’effort il ne faut pas en parler au jeune il se fout de rire, la valeur de la famille a disparu, la morale qu’est-ce que ça veut dire, on ne sait plus ce que c’est, les valeurs de la famille religieuse ce sont des notions des espèce qui n’existent plus qui ont disparu. J’ai vu l’école servir de garderie, les jeunes traînent à droite à gauche en attendant de se mettre tous au chômage. Il y a une crise de conscience où l’on ne comprend plus rien, même les gens qui sont censés détenir l’autorité ne la détiennent même plus. Alors qu’est-ce que l’école peut enseigner à part les connaissances de base. Déjà pour arriver à ce qui nous préoccupe, le tremplin vers la citoyenneté, il y avait un esprit critique, mettre le paquet sur l’éveil, critique de tout, de tout ce qu’on peut rencontrer, c’est peut-être une des bases de l’éducation nationale peut dispenser. L’esprit critique à l’école, ça c’est quelque chose qui peut être exploité. Aujourd’hui l’école, les gens sortent de là je parle de l’absentéisme, il y a une philosophie de l’ « à quoi bon » et c’est ce qu’ils disent, mon frère a un bac plus quatre pour être au chômage, mes parents aussi etc. L’école est dépassée il faut lui redonner un élan, lui insuffler d’autres tâches qui seraient plus utiles du point de vue du citoyen.
10 - Moi je pense qu’être citoyen, c’est d’abord être admis comme citoyen et ensuite participer soi-même à la citoyenneté. Ca c’est deux éléments indispensable au-delà de l’instruction civique. L’instruction civique moi je pense, ce que je dis il faut le faire dès l’enfance, jusqu’en terminale. Bon, vous n’allez pas apprendre à des petits gamins le président de la République, c’est très bien, mais il sait ce que c’est, il en a entendu parler. C’est au niveau de l’école, dans la classe, c’est une cité, l’école c’est déjà la cité, donc être admis dans la cité, c’est admettre l’autre et participer c’est admettre que l’autre existe aussi et disons vouloir aussi s’affirmer vis-à-vis de l’autre, c’est un peu le café citoyen, il faut mettre le café citoyen à l’école. Donc c’est ça développer le tremplin pour la citoyenneté, c’est donc l’enseignant dans son rôle, il doit être neutre, absolument neutre, c'est-à-dire il fait participer, il fait en sorte qu’on admette l’autre et que l’autre participe à la vie de la classe. Quand on aura fait cela on aura formé déjà des citoyens, après on apprendra l’instruction civique etc etc
11 - Je vais aller dans votre sens puisque l’éducation nationale a quand même ce rôle. Il y a une étude qui est sortie il n’y a pas longtemps qui montrait que plus les gens étaient diplômés, déjà moins ils avaient des problèmes à trouver du travail, même s’ils avaient des périodes de chômage c’était quand même plus facile, mais dans la vie citoyenne c’est plus facile aussi. En terme d’acceptation de l’autre, plus vous êtes diplômés plus vous acceptez la différence, en tous les cas plus la comprenez, par extension vous l’acceptez. Pourquoi, parce quoi qu’en en dise, après on peut effectivement se débrouiller par ses propres moyens, si on n’est pas parti du bon pied, qu’on n’a pas pu faire d’études après on se débrouille pour se cultiver pour apprendre des choses ce qui permet de comprendre pourquoi untel est musulman, pourquoi untel a la religion judaïque, pourquoi untel est noir pourquoi je suis blanc, enfin peu importe. Ca si on ne l’ a pas à l’école c’est quand même appliqué pour tout un chacun, quand on va chercher du boulot, quand on bosse mais qu’il faut nourrir sa famille, donc plus avoir cette réflexion de se sire, je n’ai pas eu d’instruction mais je vais aller la chercher autrement. Les trois quarts de mes concitoyens ont des exigences voire journalières de subsistance, ce n’est pas très facile pour eux d’aller la chercher cette instruction. Donc l’éducation nationale pour moi a ce rôle là il suffit de regarder une fois de plus les gens qui sont diplômés et de voir leur facilité à comprendre les différences et de s’insérer dans la vie publique.
12 - Je suis d’accord avec monsieur tout à l’heure au début, je voudrais juste ajouter que l’éducation nationale a une grande part de responsabilité vis-à-vis de la citoyenneté, mais il n’y a pas que l’éducation nationale, il y aussi tout ce qui nous entoure, il y a tous les entourages et le milieu auquel nous appartenons. Je pense qu’on peut devenir un très bon citoyen sans avoir été très longtemps à l’école. D’ailleurs chacun de nous, naît avec son génie propre. Pour la petite histoire on se rappelle dans l’histoire de notre république qu’un premier ministre qui est mort n’avait pas poussé les études aussi loin que cela, il n’empêche qu’il fut premier ministre.
13 - La question posée par Marc me semble intéressant dans la mesure où l’on essaie de définir les mots que l’on utilise pour la question, si on n’essaie pas d’aller dans le concret on va tomber dans ce que j’appelle le débat philosophique, qui à mon sens, je ne suis pas philosophe je n’y ai jamais rien compris, c’est pour cela que je me permets de dire que le débat philosophique n’apporte rien de concret, on tourne autour des mots, on décortique les mots et à la fin du débat on ne sait plus très bien de quoi on a parlé. Alors qu’est-ce qu’un citoyen, à cette question il n’y a pas eu beaucoup de réponses. Moi, pour y répondre je n’ai que des questions précisément. Un citoyen est-ce simplement quelqu’un qui vote ? Auquel cas on n’est pas nombreux à être citoyen puisqu’on est à peine 50% de ceux en âge de voter à le faire. ( 80% d’inscrit sur 100 en âge de le faire puis 60% des inscrits qui votent cela fait à peu près 50%)Mais juste après la révolution où les gens de sujets sont devenus citoyens sur ce critère ils l’étaient encore moins. Pour les états généraux 20% de ceux pouvant le faire ont voté, puis en 1793 alors que le collège électoral avait été élargi passant d’environ 100000 à plus d’un million 20% seulement ont participé au scrutin constitutionnel. Je ne pense donc pas que le critère du vote soit le seul à qualifier un citoyen. Il y a aussi le comportement dans la vie, le comportement social, le civisme est donc aussi se comporter normalement avec les gens qui nous entourent. On peut aussi pour rester dans le concret ce qu’on entend par instruction civique. Si c’est expliquer ce qu’est exactement la république comment elle compose cela me semble être similaire à un cours d’histoire et les gens en font ce qu’ils veulent. Et ce propos je considère que l’histoire est un sujet délicat on peut facilement orienter si on ne contente pas de cadrer les événements dans le temps pour comprendre par leur enchaînement comment on aboutit à la situation actuelle on entre dans un enseignement plus orienté. Et cela rejoint ce que peut être une instruction civique trop orientée. J’ai constaté il y a quelques années que dans le cadre de l’instruction civique dans une école d’une commune suburbaine on faisait décoller les affiches électorales du parti opposé. C’est bien sur un exemple peut-être exceptionnel, mais il montre comment on peut dévier lorsque l’on sort du strict enseignement. Pour rejoindre ce que je disais tout à l’heure c’est un ensemble de choses qui fait qu’on devient citoyen dans le sens que l’on peut définir et ce n’est pas seulement l’éducation nationale qui peut si elle rentre dans le détail devenir dangereux. D’ailleurs si ce n’était que l’éducation nationale qui forme le citoyen cela voudrait dire qu’à terme on serait tous devenus pareils on aurait une formation monolithique.
14 - Je pense qu’à l’éducation nationale on ne peut demander tout, ils sont là pour le savoir, mais je pense que c’est aussi aux parents d’imposer, d’apprendre au moins à leurs enfants le respect des autres, l’éducation nationale on ne va pas leur demander tout et on ne va pas demander à l’état de tout faire non plus. Chacun a son rôle, les parents ont le leur parce que je trouve qu’il n’y a plus de respect du tout, ni envers les enseignants ni vers les parents, tout va mal. Bon nos hommes politiques ne montrent pas l’exemple, je ne sais pas ce que vous en pensez.
15 - Je ne vais pas répondre à cette question là, je voudrais revenir sur le cours d’éducation civique, décoller des affiches, je n’ai vu faire cela. Le programme de cinquième c’est la mairie, le maire, les élections, les députés etc. il y a des programmes spécifiques. Après je pense que c’est effectivement au prof d’Histoire entre autre, au prof de français prof de maths d’intervenir. Mais le cours d’instruction civique c’est du sérieux ce n’est pas n’importe quoi.
16 - Je vais quand même défendre les enseignants parce que j’ai été administrative pendant quarante ans dans l’éducation nationale. N’oubliez pas tout de même que si j’avais mis des bâtons pour les circulaires j’aurais au moins quarante ministres devant moi maintenant et l’instruction civique j’en ai eu à l’âge de dix ans dans mon village à Cambes en plaine. Donc il ne faut pas dénigrer tout les réformes ont été appliquées, tous les ans il y a une nouvelle circulaire et moi je défends les enseignants malgré que je sois administrative.
17 - Je vais recadrer un peu par rapport au titre du débat. En aucune façon dans le titre du débat il n’était question d’attaquer les professeurs, les enseignants dans leur globalité. Je suis assez mal placé, j’ai autour de moi beaucoup d’amis enseignants. L’éducation nationale ne s’arrête pas à l’enseignant, c’est beaucoup plus large que cela. On peut aussi inscrire les parents et les familles, ce n’est pas uniquement les enseignants.
18 - Alors effectivement pour revenir à l’éducation nationale, je voudrais faire une petite embardée vers la notion de citoyenneté qu’on a touché du doigt depuis le début du débat. On a parlé de responsabilité, cela me semble bien de passer par ce biais là pour aborder la notion de citoyenneté. La responsabilité fait référence à une autre notion qui est la notion de poids qu’on aurait sur le dos qu’on essaie d’assumer. Alors on a fait un peu d’Histoire, on a parlé de transfert de pouvoir entre la royauté et le peuple dans la démocratie et là on voit bien que du point de vue du poids et de la responsabilité. Alors que le roi était responsable dans la théorie de l’avenir du pays. En déplaçant ce poids le peuple soutenait ce poids, donc il y avait une répartition beaucoup plus fine et surtout tous les habitants sont passés de sujets à citoyens. Cette notion de poids me semble intéressante parce que c’est finalement quelque chose qui parle à notre corps et donc on arrive plus facilement à comprendre ce que c’est être citoyen parce qu’on peut se poser la question qu’est-ce que c’est ce poids là, le poids qu’on doit être censé ressentir et donc assumer, parce que c’est le poids de l’intérêt général. L’intérêt général finalement on ne sait exactement ce que c’est, c’est très difficile à définir lorsqu’on le ressent. Aujourd’hui ce qui nous rapproche est le poids des générations futures, le fait que les responsabilités qu’on ne prend pas aujourd’hui, on est en train de les déléguer aux générations futures. Tout ça est à mon avis, au-delà des conceptions philosophiques, c’est transférer cette conception de pondération, parce que c’est à mon sens quelque chose de philosophique, le fait de pouvoir faire un corps politique et de pouvoir faire en sorte que chaque individu fasse partie de ce corps et dans chaque individu il y a l’idée d’intérêt général et qu’il faut bien dissocier les intérêts que l’on a, de l’intérêt du groupe. A mon sens c’est là qu’il y a une ambivalence, de confrontation entre l’individu et le citoyen qui est en chacun de nous. Et pour revenir à l’éducation nationale, je pense qu’elle nous fournit des outils. On parlait de critique, d’esprit critique. Effectivement l’esprit critique permet de se forger une personnalité qui va nous amener à dépasser notre intérêt personnel. Des fois on peut se demander si l’esprit critique n’est pas considéré comme différent de l’esprit constructif qui consiste à critiquer pour ne rien proposer, simplement ne pas être d’accord et donc privilégier ses intérêts personnels. Aujourd’hui on n’a plus cette démarche là, on peut le voir dans les différents communautarismes, alors que l’esprit critique doit amener à un esprit libre à mon avis, un esprit détaché de tout partisanisme et de considération d’intérêt général. Mais l’éducation nationale apporte ces outils là, et apporte aussi à mon sens un milieu où on découvre la différence. Ce que disait Bruno par rapport à l’étude qui est sortie récemment sur le fait que les gens sont plus tolérants, je pense que c’est parce qu’il sont amenés à fréquenter beaucoup plus longtemps des gens différents. Donc oui l’éducation nationale fournit des outils et ces outils là on peut les trouver autre part.
19 - Alors, être citoyen, à part les notions d’éducation civique indispensables pour pouvoir être dans la société, qui nous gouverne ? Qui suis-je ?ça c’est indispensable bien sur. Alors est-ce que l’école ne pourrait pas avoir comme fonction essentielle de donner des notions principales, de rendre l’élève qui est un futur citoyen, citoyen en puissance, de laisser chez lui une espèce de lucidité, rendre l’élève lucide sur tout ce qui l’entoure, sur tout ce qui se passe non seulement à l’école mais en dehors de l’école, capable de remettre en cause tout, tout ce qui émerge dans l’actualité par exemple. Donc moi prof tout de suite je saute sur l’occasion sur le premier événement qui passe. Nous ne sommes plus en royauté, qu’est-ce que c’est la république, est-ce que c’est une énarchie républicaine, est-ce qu’on ne subit pas, ça c’est l’éveil de l’enfant qu’on peut, pas très tôt, mais enfin à un âge raisonnable. Qu’est-ce que c’est ce Guy Drut qui a été amnistié, pourquoi, comment, pourquoi pas moi qui ai volé une bicyclette, ça , ça s’appelle de la remise en cause, ça s’appelle développer l’esprit critique, non pas critique partisane mais l’esprit critique pour l’esprit critique pour simplement me former en temps que citoyen. L’école peut développer ces notions, qui d’autre ? C’est pas la télé, c’est pas la justice ou autre, bon. Alors développer une autre notion, la notion de devoir, pour caricaturer un peu, pour exciter un peu l’esprit des autres, est-ce que nous n’avons que des devoirs, les droits on ne fait que ça, chacun veut, l’esprit de corporatisme, moi je veux ceci je veux cela, on ne peut pas satisfaire tout le monde. Notion de devoir, nous n’avons que des devoirs, ça veut dire quoi ? Devoir de ce qui m’incombe comme citoyen comme respect des autres ou autres, devoir d’assistance, le contexte est large, devoir d’assistance devoir de respect, c’est ça, c’est pas seulement obéir, claquer des talons et dire devoir d’obéissance. Donc la notion de devoir qui disparaît du dictionnaire, je ne sais pas si ça existe, développer cet esprit lucide, critique, ne pas tout remettre en cause, et ça s’apprend. J’ai assisté moi à des tentatives comme ça, de travail sur ce thème là, j’ai vu des jeunes, on a distribué aux jeunes tous les journaux, tous les quotidiens. Puis sur un sujet pris comme ça voir les différences, pourquoi untel en parle pourquoi untel n’en parle pas, mis ça en première page pourquoi. Et à défaut, non pas laisser tomber les autres matières mais je pense que ça peut-être une matière intéressante.
20 - Je reviens en arrière sur ce qui se disait tout à l’heure, est-ce que être citoyen c’est voter de pouvoir voter, cette notion là est un petit peu inculquer avec l’âge du vote en fait à dix-huit ans. Donc en prenant le titre direct du café citoyen de ce jour, est-ce que c’est un tremplin vers la citoyenneté, si on considère qu’un citoyen à dix-huit ans va pouvoir voter et qu’il a fini ses études. Personnellement je crois que la citoyenneté elle ne s’acquiert vraiment, si un peu comme si après une phase initiatique assez longue on devenait d’un seul coup citoyen sans jamais avoir participé à la vie de la cité puisqu’au final on a été dans une école enfermé Car il faut savoir ce que c’est , on est tous passés par là, la vie de l’élève, même si on partage avec l’autre, on partage sa différence parfois, on est surtout enfermé entre quatre murs et nos moments de liberté c’est en dehors de l’école, on se déplace, on voyage on va voir ce qui se passe ailleurs, c’est rarement encore à l’école. Il arrive des fois qu’on fasse des excursions, je parle vraiment des excursions parce qu’il y a vraiment cette sensation on sort de cet enfermement. Après il y a les stages professionnels éventuellement mais on sort du cadre de l’école, de l’éducation nationale au sens strict, on va apprendre ailleurs. La citoyenneté ne s’arrête pas quand on sort de l’école. L’école n’est pas pour moi ce tremplin vers la citoyenneté elle permet de s’initier à un certain nombre de choses, encore faut-il les recevoir quand on est enfermé entre ces quatre murs avec les personnes que l’on a avec soi, c’est sur qu’on développe une certaine citoyenneté mais ce n’est pas suffisant. Quand on entre au café citoyen on s’aperçoit qu’on a beaucoup de choses à apprendre, c’est mon cas, parce que j’avais pas senti encore la société comme je la sens aujourd’hui et discuter de toutes ces problématiques là, je ne l’avais jamais fait dans le passé. Je pense qu’on peut lister les sujets qu’on a vu à l’école qui ont été proposés par les professeurs , qu’on a pu proposer, que ce soit en philo, en français pour des dissertations ou autres, bon ça compte pour pas grand-chose au final, et il y a tout un tas de réflexions quand on sort de l’école et à mon avis si des gens on pu s’enrichir de cela quand on y était c’est bien mais c’est pas suffisant, c’est peut-être un tremplin mais pour moi ce n’est pas un tremplin, il faut continuer. Après la définition de citoyen, il y aussi cette notion là, je pense que c’est comme demander ce qu’est un humain, parce que tout un chacun veut être citoyen, considéré qu’arrivé à la majorité parce qu’avant on ne participe pas à la vie citoyenne en tant que telle, on n’est pas décideur pour soi puisqu’on est le » sujet de ses parents on a moins de liberté qu’un adulte même si certain ont une citoyenneté assez tôt, ce qui toujours cette problématique de l’age, l’age de l’implication dans la vie de la cité, c’est un autre problème. A quoi on doit reconnaître qu’une personne est responsable et peut avoir une implication, je pense qu’il y a des gens très tôt qui s’impliquent dans la vie associative qui ont vite développé certaines choses. La citoyenneté je la prend comme un thème de la révolution sortir de l’état de sujet donner à chacun une responsabilité. A partir de ce moment-là à partir du moment où l’on a décrété dans une constitution , on est tous citoyens. Pour moi citoyen ce n’est pas un temps « T » ça évolue, ça évolue avec les sujets de société et avec ce que l’on rencontre aussi comme pouvoir, soit on se trouve dans un contre pouvoir, soit on l’accompagneistoireHistoi mais on arrive à comprendre lors par ça c’est indispensable bien sur. une espèce de dictature douce, c pour simplement, j’ai, on est surtout en général enfermé entre quatre murs et nos moments ?. Je pense qu’on opa. on n’a moins de la révolution et, il y a toute cette notion là. La citoyenneté comme tu disais Marc, porter un poids de responsabilité et parfois la veille histoire accompagner la gouvernance dans un climat de paix, et parfois c’était je dirais de combattre un certain pouvoir. La citoyenneté pour moi ça reste encore très complexe, ça veut évoluer chaque jour il y un renouveau complet à chaque moment de la vie. C’est lié, je pense à cela tout de suite, c’est lié à la famille parce qu’on est citoyen dans sa ville on est citoyen dans sa famille. Le premier apprentissage on l’ a entendu tout à l’heure c’est d’abord dans sa famille avant même d’être à l’école, il y a des premières règles qui se posent là , le citoyen est là aussi dans la vie privée.
21 - Je vais essayer de ne pas trop m’éloigner du thème du débat, mais j’ai noté au passage quelques observations auxquelles je voudrais répondre. Quelqu’un a parlé de devoir, je pense effectivement et si j’ai dit tout à l’heure que voter était une partie de ce qu’il fallait faire pour se considérer citoyen, c’est qu’il y a d’autres devoirs. On a évoqué les origines de la république, on dit parce que c’est comme cela qu’on nous l’a appris, c’est le peuple français qui a fait la révolution. En fait si on fouille dans l’Histoire on s’aperçoit que un ce n’est pas le peuple, c’est la bourgeoisie et une partie de la noblesse, deux la révolution dans sa genèse n’a pas été faite pour obtenir la république. C’est par la suite par l’enchaînement des choses, qu’en 1792 un petit groupe a décrété la république. Non la révolution ce n’est pas le peuple, d’abord pour faire partie des états généraux il fallait payer l’impôt. Il y avait parmi la population française qui était d’environ 20 millions, environ 100000 personnes pouvant voter et 16000 qui pouvaient être élues. Il y a eu des milliers de cahiers de doléances dans lesquels, sauf une exception qui confirmerait la règle, aucun ne demandait la république mais une plus grande implication dans les affaires de l’état. Mais bon pour autant la république doit être préservée, cela fait partie des devoirs de chacun, pour moi ce n’est pas la révolution qui nous l’a donnée mais nous l’avons il faut la garder. Mais il faut constater que la dernière fois qu’elle a été votée définitive c’était en 1875, et encore presque par hasard mais elle est fragile. On a tendance à dire aujourd’hui la république est bien installée, on ne risque plus rien. Il y a eu quand même dans une histoire assez récente, 1940,même si c’était dans un contexte exceptionnel, la république a volé en éclat très rapidement. En 1958, s’il n’y avait pas eu De Gaulle on peut penser qu’elle volait en éclat,parce que le processus qui a apporté De Gaulle, a l’origine c’était une espèce de coup d’état, tantôt on dit révolution tantôt on dit coup d’état, selon ceux qui le font mais le résultat est le même c’est combattre le pouvoir en place. Et en 2002 pour plusieurs raisons, mais la première d’entre elles étant l’imbécillité, la multiplicité de candidats, on a quand eu un extrémiste au deuxième tour. Et si on se place dans une perspective à moins d’un an des élections présidentielles, actuellement on compte plus de dix-neuf candidats potentiels on peut avoir pour les mêmes raisons arithmétiques les mêmes conséquences. Donc notre devoir est de préserver notre république et pour en revenir au droit de vote, au devoir de voter à cette possibilité de voter. Est-ce qu’on peut se considérer comme citoyen normal lorsqu’on se vante de ne pas vouloir entendre parler de politique, et il faut constater qu’autour de soi il y a énormément de gens qui disent et pensent cela, et ces gens se permettent de voter faisant de l’élection une loterie. Autant celui qui jour au loto risque son argent pour une petite chance de gain, autant celui qui vote après s’être vanté de ne jamais s’être intéressé à la politique fait prendre des risques à tous. Donc ici le devoir serait de dire ou bien je m’en désintéresse complètement mais je ne vote pas ou si je vote je m’intéresse avant. Et pour rejoindre l’éducation nationale disons que pour essayer de comprendre ce qui se passe il faut un minimum d’instruction et donc là l’éducation nationale peut jouer son rôle.
Animateur - qui veut répondre ?
22 - On confond un petit peu le débat, on est parti de la notion de responsabilité au départ, puisqu’on poursuit dans la notion ce citoyenneté, être citoyen c’est aussi ne pas tout attendre de l’état, c’est être responsable soi-même de son propre sort. Pour cela c’est vrai que dans l’école effectivement il y a un passage qui peut être intéressant pour déjà apprendre. C’est un peu comme l’informatique, quand vous l’apprenez et ne pratiquez pas, vous perdez tout, donc la pratique ça demande beaucoup de volonté. Ca veut dire vous voyez ça demande beaucoup de volonté de la part de la personne. Quand on parlait tout à l’heure de l’intérêt général, l’intérêt général c’est de se dire ce qui est bon pour moi n’est pas forcément bon pour l’ensemble, et je pense que dans l’apprentissage citoyen pour discuter entre plusieurs élèves, le rôle de l’enseignant est de dire, attention tu l’affirmes mais ce n’est pas forcément bon pour tout le monde, il faut que tu acceptes que les autres n’aient pas la même opinion que toi je crois que c’est très important. Alors la volonté c’est important, la volonté ne se forge pas seulement à l’école, déjà c’est la famille c’est important. Je prendrais un exemple pris dans la presse qui me parait intéressant, une beurette qui s’appelle Rachida, qui est conseillère d’un ministre actuellement, mais qui a été conseillère de plusieurs ministres de droite comme de gauche. Elle est d’une famille de douze enfants qui vivaient dans une grange, une HLM de Chalons sur Saône comme un coin de paradis, puis une école de carmélites, ça vous apprendra le bien et le mal disait leur père. Et il dit Rachida était aide-soignante, vendeuse au prisunic, elle a réussi l’école de la magistrature, elle a travaillé pour Simon Veil, Albin Chalandon, Jacques Attali Jean Luc Lagardère et elle décide quelque chose. Voilà quelqu’un, quand on dit toujours c’est la faute au milieu, mais son père était très dur, avait des principes, quelqu’un qui était citoyen moi je pense, comme quoi le savoir n’est pas indispensable pour être citoyen, il faut avoir déjà des principes, des principes qui sont bons évidemment pas des mauvais principes, mais ça c’est des bons principes. Il disait à sa fille qui avait des problèmes à l’école, accroches-toi, accroches-toi, attendons de voir les notes on verra après, parce qu’il ne la félicitait pas, on te félicitera à la fin de l’année si c’est nécessaire. Voilà ça c’est de l’éducation, le goût de l’effort.
Animateur - Madame vous avez demandé la parole, non ? Si vous voulez parler je vous donne le micro
23 - Alors pour ce goût de l’effort, je suis peut-être le plus vieux ici et c’est qu’à école primaire les instituteurs nous mettaient en compétition pour les notes. Ça a été quelque chose de galvaudé de supprimé bon. Il y avait une émulation, je gagnais un bon point, deux bons points, avec dix bons point on gagnait une image. Je rentrais à la maison j’étais le roi.j’avais une image La ce goût de l’effort je suis devenu têtu, j’ai encore des projets avec un pied dans la tombe, je m’entête à aboutir. Le premier âge est déterminant, c’est quand j’étais môme, c’est vrai on recevait des coups de règle sur les doigts, aujourd’hui un coup de règle sur les doigts je plains la personne. Ce goût de l’effort qu’est-ce que voulez aujourd’hui qu’un instituteur avec des bons points et des images se compromette avec les élèves. Je ne sais pas, les leçons de morale il y avait deux lignes tous les matins, c’était obligatoire. Alors par sondage comme ça on piquait un, celui qui plongeait dans le cartable, on lui demandait de réciter parce qu’il avait oublié, c’est tellement c.. Ces trucs là, mais ça s’incruster au fil des années ? Moi je disais Monsieur, Monsieur un jour il m’a dit, vas-y, j’avais rien appris, c’était folklorique. Mais le goût de l’effort aujourd’hui, avec deux coup de tac au tac, ce jeu de grattage, je gagne un million, Zidane donne un coup de pied, ça vaut 3000 euros, s’il en donne deux 6000 etc. On est complètement déphasé, le jeune se dit à quoi bon, on ne veut plus travailler, ça sert à quoi, il voit les gens autour de lui vendre un petit paquet de shit, il a gagné la valeur de tous les SMIC du quartier, il peut nourrir tout le quartier avec son paquet de schnitte, de shit. Alors les valeurs, l’échelle de valeurs, tout ça est tombé à l’eau, comment donner le goût de l’effort. Tu dis au jeune il faut aider l’aveugle à traverser la rue, il va le faire mais s’il y a un trou il va la foutre dedans. Et si on disait à l’élève si tu ne travailles pas tu ne manges pas, une morale au goût du jour, alors là j’ai fini avec ça. Je dis le goût de l’effort c’est tout un travail un effort à faire pour la recherche, comment donner le goût de l’effort à un jeune qui ne croit plus à tout ça ?
24 - Je vais donner une note optimiste, j’ai quarante ans d’enseignement dans une Zup, les bons points effectivement à la Grâce de Dieu, ça ne marche pas, il faudrait donner des petits paquets de shit, non. Mais je crois qu’on peut encore motiver les gamins. Vous parliez des journaux, il y a des journées de la presse. On fait lire aux élèves les différents journaux, pourquoi dans La croix on ne parle de ceci, pour dans le Monde on parle de cela. Des excursions , oui on en a faites, on n’est pas complètement fermés à l’école, et puis j’ai l’impression que nos gamins ne sont pas complément pourris, ( intervention résumée car inaudible)
Animateur - Évitez de parler sans avoir le micro, c’est la seule contrainte. Aujourd’hui c’est vrai il n’y a beaucoup d’intervention de l’animateur, le micro circule librement, mais ne parlez qu’avec le micro, évitez de vous renvoyer la balle.
25 - Sur les jeunes et leur rôle dans l’éducation nationale, c’est vrai je côtoie aussi des jeunes, j’ai mon entreprise mais je donne des cours à l’IUT, c’est après le Bac mais ils sont encore assez jeunes dans la tête, et puis mon amie est enseignante je côtoie beaucoup d’enseignants. Effectivement je pense qu’il y a de l’a quoi bon dans leur attitude. C’est vrai qu’il faut être sacrement motivé pour faire passer sa carrière avoir une confiance en soi, penser qu’on va croquer la vie aujourd’hui. C’est un peu difficile, déjà parce qu’à mon avis la rareté du travail fait qu’on change de point de vue quant à son propre déroulement de la vie, et puis tout un tas de problème que les jeunes ressentent vraiment. Ils ne le ressentent pas forcément très bien, il y a beaucoup d’inconscient je pense que tout ça fait ce sentiment d’à quoi bon et je dirais que c’est assez positif si ce sentiment là leur permet d’abandonner tout espoir de continuer le système actuel, parce qu’ils sentent que le système actuel n’a plus rien de bon. A quoi bon s’investir dans la société actuelle, elle n’est pas faite pour demain. Mais je pense que les jeunes, j’ai l’impression de parler comme un vieux, ont aussi d’autres motivations ont aussi d’autres envies, d’autres espoirs, d’autres choses que l’éducation nationale. L’éducation nationale leur donne les capacités minimales et c’est en ce sens qu’elle est un tremplin vers la citoyenneté.
26 - Je crois que c’est ce qui fait leur force aujourd’hui c’est que justement ils ont envie d’autres choses. Vous parliez d’esprit critique et ça j’ai des souvenir du lycée, on ne critiquait rien du tout, on subissait bêtement du latin du grec de l’anglais, on ne réfléchissait pas, à quoi sert cela, il n’y avait cet esprit critique dont vous parliez . La critique ce n’est pas seulement sur l’Histoire, ça peut être sur la littérature, ça peut être sur tous les sujets . Sur ce que vous dîtes est qu’il n’y a pas de perspectives comme celles qu’on pouvait avoir. Le moment le plus délicat dans l’enseignement est précisément l’orientation parce que ça est absolument atroce. [Fin de l’intervention absolument inaudible]
Animateur - Est-ce quelqu’un peut reprendre cette idée de l’orientation par rapport au sujet d’aujourd’hui, est-ce que quelqu’un peut développer cette notion de l’orientation à l’école par rapport à la citoyenneté.
27 - Ce n’est pas exactement cela mais ça fait partie des problèmes dont on parle. Sans avoir d’éléments précis pour dire c’est vrai ou ce n’est pas vrai, cela fait quand même un certain temps que l’on constate l’échec d’une partie des élèves, c’est dit depuis si longtemps qu’au moins en partie cela doit être vrai, il y a un bon pourcentage d’élèves qui sortent du primaire sans savoir ni lire ni écrire .Il y a donc un problème. Je suis incapable de dire c’est ceci ou cela qui ne marche pas,mais je constate que pour l’instant on s’aperçoit que les résultat ne sont plus là, il serait normal de se poser la question de savoir ce qu’il faut corriger. Mais si quelqu’un émet la moindre idée de modification, de mise en cause, cela provoque une bronca de contestations. Par exemple on parle de l’apprentissage de la lecture globale ou pas globale, on entend dire la méthode globale n’est plus utilisée. On peut donc être étonné d’apprendre que chaque année environ 100000 livre d’enseignement de la lecture par la méthode syllabique sont vendus à des parents or demande de l’école donc pour des cours de rattrapage pendant les vacances. Si vraiment plus aucun enseignant n’utilise la méthode globale pour ce besoin d’acheter ces livres. C’est vrai qu’il y a des secteurs où les enseignants peuvent être découragés de voir que ce qu’ils essaient d’apporter à l’enfant est combattu le soir par les parents. J’ai aussi entendu répondre que lorsque l’on dit qu’un enfant ne sait pas lire , cela ne veut pas dire qu’il ne lit pas mais cela veut dire qu’il ne comprend pas ce qu’il lit. Je n’ai pas du faire assez d’études pour comprendre cette différence, pour moi savoir lire signifie que l’on comprend ce qu’on lit.. Mais, ce n’est peut-être pas le sujet, mais on sait très bien que l’éducation nationale n’est pas dirigée par le ministre, on sait très bien que ce sont les instances syndicales qui commandent, et qu’on peut rien faire, oui je sais officiellement on nie cela mais tout le monde sait bien que c’est ainsi. La majorité des enseignants font très bien leur travail, mais c’est une énorme machine et une minorité suffit à bloquer toute réforme. Alors c’est vrai on donne aux jeunes une meilleure ouverture à la vie par des activités peu fréquentes jadis. Mais n’est-ce pas au détriment de notions plus fondamentales ou plus pratiques.
28 - Je vais aborder la question de l’orientation disons qu’on dévie un petit peu par rapport au citoyen, il y a un point quand même pour lequel je voudrais revenir sur ce sujet, j’ai entendu tout à l’heure l’orientation c’est vrai est un choix très difficile non seulement pour les parents mais pour les enseignants aussi. Et pourquoi parce que trop souvent malheureusement dans les choix que l’on a à faire tous les jours dans la vie, et même quelquefois des choix politiques, on ne sait pas. Quand on fait un choix il faudrait savoir les avantages et les inconvénients du choix et en connaissance de cause. Quelquefois malheureusement on aborde la question sans connaître les inconvénients, c’est pour ça que le choix est difficile. L’orientation je ne sais pas si elle est faite au bon moment étant donné les grandes difficultés que l’on rencontre dans le secondaire, c'est-à-dire dans les collèges où arrive une masse d’élèves, puisqu’on est dans un enseignement de masse, ça il faut le dire aussi, ce n’est pas facile à gérer un enseignement de masse, je me demande s’il ne devrait pas y avoir une pré-orientation avant d’entrer au collège. Autrefois il y avait une pré-orientation, je me rappelle il y avait un concours d’entrée en sixième. Bon, on a voulu faire entrer tout le monde, on a supprimé le concours d’entrée. Ce n’est pas un crime de ne pas entrer en sixième, si on n’est pas apte à entrer en sixième, il vaut mieux faire encore une année en CM2 pour pouvoir être bien prêt. Moi je ne connais pas la position des enseignants là-dessus, mais ça me paraît logique. Or qu’est-ce qu’on fait, de la pré-orientation en cinquième, c’est déjà plus difficile, il faut dire les choses comme elles sont. En troisième, c’est sur que si on avait fait la bonne orientation en sixième, je pense qu’on aurait beaucoup plus de chance qu’en troisième pour entrer en seconde. Je ne sais pas ce qu’on pense de cette question là mais je pense que cette question de choix, d’inconvénient est importante parce qu’il y a des contestation des parents au sujet de l’orientation mais c’est peut-être que l’orientation est trop tardive, c’est tout le problème, les retards sont accumulés et on est dans une situation d’échec scolaire, et quand on est dans l’échec scolaire ce n’est pas en troisième qu’il faute faire l’orientation, ça me paraît évident.
29 - Cette orientation, ce que j’ai vécu en tant qu’enseignant, j’ai assisté à cette orientation où le corps enseignant a réussi à s’approprier la garde, l’orientation de tous les élèves avec ce concours d’entrée en sixième on a crié au scandale parce que c’était un système sélectif, les meilleurs pouvaient etc etc. Il y a aussi les passerelles redoubler pour ensuite prendre le train en marche. En fait la grande difficulté est arrivée quand a supprimé, on avait pour tous les jeunes qui ne pouvaient pas continuer en classes secondaires, allaient dans des centres d’apprentissage en entreprise. La SNCF par exemple avait une école d’apprentissage gigantesque, de là sortaient des ouvriers très qualifiés qu’elle ne gardait pas forcément. Ces gens avaient des qualifications très élevées manuels ou techniciens, on pouvait les embaucher. Il y avait des petites entreprises, moi-même j’allais comme conseiller, on était tenu d’appliquer les programmes de l’éducation nationale sportifs ou autres, ils avaient les mêmes programmes. J’ai vu des entreprises qui n’avaient que dix salariés mais ils atteignaient des niveaux maxima dans ce qu’ils apprenaient. Et tout ça a été supprimé par l’éducation nationale, surtout les syndicats, les enseignants on dit ça nous appartient, tout le monde en centre d’apprentissage, en CET, tout le monde à l’école on s’en charge, et malheureusement on a détruit quelque chose de très positif, très rentable et que ma foi pour aboutir à ce que nous constatons, une vaste garderie.
Animateur - Quelqu’un prend la suite ? Là, depuis deux ou trois interventions où vous vous interrogez, non on ne tourne pas en rond Damien, sur la face orientation et donc préparation à la vie active, et c’est intéressant c’est de l’opposer quelle est la deuxième face en quel terme la préparation à la vie citoyenne, l’école et comment les deux pourraient ensemble progresser, que l’une relaie l’autre. Quelqu’un a-t-il une position là-dessus ?
30 - C’est une petite idée parce que je m’occupe d’action humanitaire et je me rends compte, même avant dans ma profession je me rendais compte, il y a environ 20% de jeunes qui ne savent pas remplir un imprimé administratif. Je me rappelle, je ne sais plus qui était ministre il y a déjà assez longtemps, avait été crée le tutorat. On parlait de la réforme du tutorat, il y avait une grande discussion avec les enseignants, j’étais responsable de parents d’élèves, je leur disais, on parlait aussi d’instruction civique, beaucoup de jeunes ne savaient pas remplir un imprimé administratif, ils ne savaient pas lire leur facture d’eau, d’électricité tout un tas de documents, leur contrat d’assurance ils ne le lisent pas , l’accès au droit, parce que ça aussi c’est important la connaissance du droit, l’accès au droit. Je demandais aux enseignants, est-ce qu’à l école on ne pourrait pas, le prof de maths comme autrefois ça se faisait, autrefois on faisait de l’instruction pratique c'est-à-dire la comptabilité du ménage. Tout ça a été abandonné et on se trouve dans un pays où il y a des réglementer administratifs, les gens sont complètement perturbés et ces gens là ne savent pas remplir un papier. Est-ce qu’à l’école on ne peut pas, quand on fait de l’apprentissage par exemple dans n’importe quel domaine, par exemple on parle de l’eau, un professeur parle de l’eau on apprend à lire ce qu’il y a dans une facture d’eau, ce qu’on paie, on paie parce qu’il y a une station d’épuration parce qu’on pollue etc on a toute la citoyenneté là, et c’est important, il ne suffit pas de dire le maire, oui le maire c’est le chef de la commune, bon ceci cela, ça c’est important dans tous les domaines, l’électricité on parle du nucléaire, pourquoi, pour faire de l’électivité il faut du charbon, du nucléaire, si on utilise du charbon attention effet de serre, si on utilise du pétrole c’est pas ça. Il y a plein de domaine on l’on peut être citoyen à travers justement cela, et les gens après deviennent citoyens parce qu’ils savent se défendre, parce que savoir se défendre c’est être citoyen.
31 - Je voudrais juste revenir sur la dernière intervention parce qu’elle m’a fait réagir vivement. Je crois qu’on touche quelque chose d’important dans le système éducatif qui consisterait à éveiller une conscience citoyenne. A mon avis en abordant par la pratique, par quelque chose très pragmatique en touchant d’abord l’intérêt personnel d’un individu et puis en essayant d’être instructif par la lecture de facture etc on arrive petit à petit à lui faire comprendre pourquoi c’est comme ça, quelles sont les cause de ce genre de chose, facture d’électricité etc, ça permet de comprendre pourquoi c’est cher pourquoi c’est pas cher pourquoi ça devrait être cher alors que c’est pas cher enfin beaucoup de choses et finalement au bout du compte et éventuellement parce qu’à mon avis c’est ça la pirouette de la citoyenneté c’est de poser la question est-ce que je participe bien à tout ça. On retourne encore sur la question de responsabilité, la citoyenneté nous fait prendre conscience qu’on est aussi solidaire des choses.
Animateur - peut-être que ce qui rend les choses compliquées c’est ce qui nous cible aujourd’hui échappe au contrôle à la maîtrise de notre propre intelligence ce qui rend les choses encore plus compliquées, notamment à l’école lorsqu’il s’agit d’enseigner aux élèves toutes les choses qui vont les rendre libres de choisir sachant que d’ores et déjà très tôt ils comprennent que de toutes façons il y a tout un tas de choses qu’ils ne choisiront jamais.
32 - intervention comportant trop de passages inaudibles pour pouvoir être retranscrite avec suffisamment de cohérence (, bruit de micro bruit de fond etc)
Animateur - Au début de votre intervention vous avez parlé d’Internet, hier les enfants n’avaient que le contrôle du maître, aujourd’hui ils ont accès bien en dehors de l’école à tout un tas de savoirs. Est-ce que vous ne pensez pas que peut-être l’enjeu de demain pour l’éducation nationale en particulier ne serait pas justement pour dispenser le savoir d’en faire usage, l’apprentissage de son usage pour amener à la connaissance qui permette aux élèves de devenir des hommes libres.
33 - pour revenir un peu, je ne veux pas faire le procès des parents d’élèves, en général on attend beaucoup de l’école comme si après l’école c’était le néant il n’y avait plus rien. Quelqu’un a dit que l’école c’était un pis aller, l’école doit être un endroit privilégié un endroit d’éveil. Chaque fois qu’on a proposé des activités d’éveil en dehors un peu des programmes, les parents disent attention il y a des examens à préparer, je veux que mon fils change de classe, on était prisonnier des programmes et des examens, des résultats. On attendait beaucoup de l’école de l’éducation nationale, c'est-à-dire que l’école n’est pas une échelle définitive, en permanence j’ai vu que à existé, il y a même des universités de troisième âge donc à tout âge on peut reprendre le train en marche si on le veut, il y a des possibilités de rattrapage, ça existe. J’ai un frère, c’était le cancre malgré lui, il était malade il a été très malade il a fini sa scolarité il n’a pas réussi à faire le secondaire, il s’est accroché quand la santé est revenue à un centre d’apprentissage. De là il n’était pas satisfait, il a fait du dessin industriel, il est ingénieur et il a échoué à l’école carrément, pas de sa faute mais il est ingénieur, il a fait des écoles d’ingénieur maison, très bien noté. Donc c’est qu’on ne sait pas utiliser tout ce qui existe, on ne compte que sur l’école on se bouscule à l’école et il n’y a pas que l’école, il y a cette éducation permanente et personne n’en parle personne ne développe.
Animateur - C’est peut-être parce que vous prêtez à l’école justement ce rôle de préparer en fait le jeune à la vie active. Mais la problématique est aussi de savoir si l’école doit préparer à autre chose que la vie active. On ne peut pas concevoir on s’en doute un citoyen qui ne peut pas participer, qui n’a pas sa place dans le système économique, dans une société organisée, on est bien d’accord.
34 - Ne pas tout demander à l’école soit, mais n’oubliez pas que l’école est une référence de la république, une des conquêts de la république. Ca existait avant, mais elle est devenue obligatoire et gratuite sous la république, c’est donc normal qu’on s’y intéresse. Elle est obligatoire donc nos enfants la fréquentent pendant au minimum dix ans et peut-être prochainement plus puisqu’un parti propose de la rendre obligatoire dès trois ans. Une autre observation à propos du doublement, il y a beaucoup de parents qui considèrent comme une vexation pour l’enfant. L’enseignant doit donc hésiter, ce n’est pas facile de dire à un élève qu’il n’est pas capable de passer en classe supérieure, mais si en plus on doit craindre la réaction des parents, quelquefois c’est la première occasion de faire connaissance avec les parents, il serait intéressant de vérifier par statistique la pourcentage de parents qui s’intéressent, mais passons. En ce qui concerne après l’école, les autres moyens d’apprendre, vous avez cité internet. Si j’en crois certaines études que j’ai lues, Internet est utilisé en grosse majorité pour des jeux et pas pour l’enseignement. Si on prend le nombre de livres lus, à peine un français sur deux qui lit régulièrement. Le nombre de journaux vendus est aussi insignifiant par rapport à la population. Mais je voudrais reprendre une observation faite par Marc tout à l’heure quand il a dit c’est à nous de décider, quand on a décidé de décider, comment fait-on pour décider , s’il est normal qu’on le fasse, a-t-on les outils pour le faire ?
Animateur - vous avez de redoublement tout à l’heure, c’est compliqué le redoublement, c’est reconnu comme tel par les enfants, quand j’étais à l’école primaire à la campagne il n’ y avait qu’une seule classe du ce1 au cm2 et quand on parlé de niveau ce problème d’une année sur l’autre on ne changeait simplement que de table mais il gardait ses copains.
35 - Mettez-vous aussi à la place du prof quand il se trouve devant une classe quand on ne fait redoubler personne, il ne peut pas donner le niveau de culture qu’il doit donner à cette classe là parce qu’il y a une chute. Personnellement j’ai été très frappé quand j’ai débarqué à l’université de Caen, j’ai observé pendant un bon mois les étudiants, leurs réactions et je me suis dit mais bon sang combien auraient eu le bac que nous on a eu dans les années soixante, c’est à peu près un peu plus d’un cinquième qui accédait au bac. On a décidé que devait accéder au bac 80% à peu près. Dans les compétitions sportives on ne fait pas de cadeau, dans le domaine professionnel quand quelqu’un n’a pas la capacité on dit je suis désolé on ne peut pas faire marcher l’entreprise. Je pense pour en revenir à la citoyenneté, le noyau fondamental, on a perdu le fil là-dessus, c’est dans la famille qu’on apprend la citoyenneté, la première structure collective c’est la famille. Je vais citer un bel exemple de citoyenneté magnifique, c’est celui de Saint Exupéry, une formule que j’ai retenue de lui, je crois que c’est dans « Terre des Hommes » ou dans Citadelle, être un homme c’est être responsable il parle aussi de la richesse des relations. Lisez Citadelle, vous verrez c’est un bel exemple de citoyenneté.
Animateur - On va passer à la proposition de sujet pour la prochaine fois.
Choix du thème pour le prochain Café Citoyen :
1 - Comment revaloriser le travail manuel ? 6 voix
2 - L’hôpital aujourd’hui est-il en danger ? 7 voix
3 - Les juges peuvent-ils être déclarés responsables de leurs actes ? 7 voix
4 - L'État doit-il tout prévoir ? 5 voix
5 - Faut-il instaurer le référendum d’initiative populaire ? 4 voix
6 - Faut-il repenser le système de vote ? 8 voix
7 - L'extrémisme peut-il accéder au pouvoir ? 10 voix
8 - Les grands événements sportifs : rêve ou anesthésie ? 8 voix
9 - La vie politique française est-elle télé-guidée ? 11 voix
10 - Quelle est la place de la France dans le monde ? 12 voix
PROCHAIN CAFÉ CITOYEN : SAMEDI 24 JUIN 2006 A 15 H - SUJET : Quelle est la place de la France dans le monde ?
Interventions
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