Compte-rendu analytique par Sylvie SAPERAS — Café Citoyen de Nîmes (02/11/2010)
Animateur du débat : Alexandra Bretteville
» Politique et Société
Qu'est-ce qu'un étranger ?
Compte rendu du débat (Mardi 2 novembre 2010) :
Qu’est ce qu’un étranger ?
Ouverture :
Enoncé de la Charte « Café-Citoyen de La Nouvelle Arcadie »
Présentation du thème proposé par Sylvie Saperas
Deux raisons pour lesquelles j’ai choisi ce thème :
*La première, toute « bête », est ma question : Faut il accepter ou ignorer la différence ?
Dans le premier cas « faut il ? » il s’agit bien de faire « avec ».
Dans le deuxième cas « ignorer », il s’agit surtout de faire « sans ».
Au-delà de la rhétorique linguistique, c’est plus des conduites républicaines, dont il s’agirait en termes de législation et d’application des lois dans une démocratie qui se veut laïque…..
*La seconde, concernerait le terme d’étranger :
« Dans le domaine juridique, le terme d’étranger désigne toute personne n’ayant pas la nationalité de l’Etat dans lequel elle vit. En France, le terme prend son sens à partir de la Révolution, où pour la première fois dans l’histoire, la définition de la « qualité de Français » entre dans la Constitution ».
Avant l’étranger c’était l’Auvergnat par rapport au Parisien….
Quelques chiffres :
Au dernier recensement (2005), on comptait 3,5 millions d’étrangers en France :
40% en provenance de l’Union Européenne
31% du Maghreb
13,7% du Sud Est Asiatique
7% d’Afrique Subsaharienne
6,5% de Turquie
Au total, les étrangers représentent 5,7% de la population en France.
Interruption
Mise au point sur le rôle de l’animateur : Aurélia DUBUC, pour cette fois, remplace Alexandra BRETTEVILLE
Déroulement du débat :
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Définition de l’étranger et de l’étrange (bizarre, inhabituel,…) renforcée par la citation : « Je suis un homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger », d’où l’idée qu’on est tous un étranger par rapport à l’autre.
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Etre républicain ? Est-ce vraiment accepter la différence tout en reconnaissant l’égalité ?
Dans le discours actuel, on veut accepter la différence au point qu’il importe de ne pas l’altérer. Autrement dit ce qui nous est étranger, ne doit pas être mélangé pour, en quelque sorte, garder la « pureté » de l’étranger. Ce qui peut devenir extrêmement négatif.
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D’abord, dans une société républicaine, il y a surtout des droits et des devoirs.
Ensuite, quel est le rapport entre Nation et Etranger ? Il n’y a pas de différence. On fait simplement partie d’un même monde et l’on n’est pas étranger parce qu’on vient d’une autre nation. Nous somme avant tout, des citoyens du monde. Seul le mode de vie diffère.
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L’Etranger est celui qui n’a pas la nationalité du pays dans lequel il vit. L’Etranger est une définition juridique.
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Mais on peut être étranger en France… même en tant que citoyen français.
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Certes Droits et Devoirs… MAIS… Le droit de vote à l’élection présidentiel est réservé aux français de nationalité française. Reste que certains souhaitent la participation de tous les « étrangers »aux élections municipales…. Cependant, ceci reste encore, un simple vœu.
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En effet, la question de la nationalité n’est pas simple.
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Qu’est ce qu’un étranger ?… dans sa définition idéologique N’est ce pas aussi le regard de l’autre qui considère celui-ci comme étranger ? Alors qu’il est de nationalité française.
Est-ce qu’on parle de l’étranger à partir du regard de l’autre ou sur le plan juridique ?
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Il y a plusieurs niveaux :
1- Le juridique et le républicain
2- Ceux qui se sentent étrangers (cf : cohabitation difficile entre l’habitant de Nîmes et celui de Montpellier)
3- L’Etranger, d’un point de vue philosophique.
Quand, on dit « Etranger », qu’est ce que cela évoque ? C’est forcément différent pour chacun d’entre nous.
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Cela évoque de vieux démons.
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Est-ce qu’on aurait posé cette question, il y a quelques années ?
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Hé ! Souvenez-vous du sketch de Fernand Raynaud
…. Et du livre de Camus.
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L’Etranger, c’est aussi, ne pas avoir les mêmes racines, la même histoire, le même milieu social, les mêmes études…. La ville et la campagne. En fait, le terme « Etranger » provoque, aujourd’hui, essentiellement une attitude de rejet.
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Avant, un espagnol, c’était un étranger. Aujourd’hui, faisant partie de la communauté européenne, ce n’est plus un étranger.
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Faisons un tour de table pour connaître les origines de nos grands parents….
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Moi ! Ce sont les parents !
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Moi ! Je viens du Nord de la France et je suis seulement français depuis 300ans, avant nous étions conquis par les espagnols, aussi, je répète, être étranger n’est pas une question de pays mais davantage une histoire de milieu social dont la personne est issue. Une histoire de culture au sens général.
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C’est aussi la peur.
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Comme on a peur de l’handicap. Un étranger est un handicapé…. Surtout quand il est arabe.
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Question de regard….
*Face à un autisme ou un trisomique, les gens regardent « ça » de façon terrible « Surtout ne t’approche pas » !
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Revenons en arrière : Les espagnols seraient mieux acceptés, MAIS… Est-ce parce qu’ils font partie de la communauté européenne ou est-ce parce qu’ils sont de la même religion que la nôtre ? Avec une culture et des rituels similaires.
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La religion catholique domine évidemment notre culture. Dès lors, il y a étrangers de la même religion et étrangers d’autres religions. Du coup, ça devient très compliqué dans l’acceptation ou non de l’autre. En effet, qui sait ? Cette peur, n’est-elle pas essentiellement la peur de perdre SA culture ?
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Et la peur ne va-t-elle pas jusqu’à, de façon absurde, confondre Islamique et Musulman ?
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Moi, j’ai peur des catholiques….
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Dans le texte de présentation, pourquoi avoir spécifiquement indiqué le quota Turque ?
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Les données viennent d’un rapport de 2004/2005, où la question de l’intégration turque dans la communauté européenne était posée.
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Pourquoi on a peur de l’étranger ? De l’handicapé ? Ce sont des peurs différentes. L’handicapé concerne la peur liée au corps, à la maladie. L’étranger renvoie une peur qui vise surtout nos croyances, notre identité. Pourtant, quelque soit la différence, je peux, moi aussi, avoir peur.
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De par le texte de présentation, nous savons que le chiffre total d’étrangers est infime, alors pourquoi cette question provoque tant de peurs ?
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Quand je croise quelqu’un dans la rue, je ne sais pas si c’est un étranger. Il est différent, peut être de l’image que nous avons de nous même, mais rien ne définit en quoi il est étranger.
D’ailleurs, sur quels critères un policier va contrôler telle ou telle personne ?
Comment la République, garante de l’égalité, prend en compte la différence ?
… Et bien, notamment, en appliquant une politique discriminatoire, (certains disent positive) qui a par exemple, comme effet, la parité. Les entreprises aussi, ont l’obligation de recruter des handicapés.
Les étrangers, en France, n’ont pas les mêmes droits. Ils doivent faire des demandes spécifiques pour accéder à l’emploi, dont certains leurs sont interdits. Un étranger ne peut pas circuler « librement », il doit toujours avoir une pièce d’identité, une carte de séjour.
Comment la République peut agir à la fois sur ces deux valeurs que sont l’égalité et les catégories ?
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Au terme égalité, je superpose « équité » dans une notion de réparation. On peut parler d’étrangers différents (défavorisés), mais aussi de territoires différents (défavorisés.)
Et heureusement, l’Etat « comble » cet écart en contractualisant avec les Régions (contrat de plan), avec les villes (DGS) pour garantir une certaine égalité territoriale.
En ce qui concerne les personnes, le processus est identique, les « compartiments » hommes/femmes – handicapés/non handicapés sont simplement la forme de catégories qui nécessitent « réparation ».
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Et pour revenir à l’étranger……..
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…. Comme les Rom ? Sait-on quel est leur nombre ?
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En tout, on compte environ 400 000 personnes réparties sur le territoire français dont 200 000 (Rom, tziganes, manouches) qui ont la nationalité française. Plus exactement, qui sont porteurs du fameux carnet leur permettant de circuler… sous contrôle.
*Alors de quoi, les gens ont-ils le plus peur de 400 000 personnes réparties sur toute la France ou des 4 millions de chômeurs ?
Lors de la guerre d’Algérie, ce sont les Arabes qui sont stigmatisés au point d’être parqués du côté d’Avignon, juste derrière la station d’épuration.
*
C’est vrai, quand on a eu besoin de main d’œuvre, nous avons bien été les chercher, les espagnols, les italiens…. Aujourd’hui, nous sommes en période de chômage, alors les mentalités changent… « ILS » prennent notre travail ! L’étranger devient gênant, encombrant.
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C’est surtout une peur d’adulte qui définit et préserve son territoire.
Regardez les enfants jouer spontanément dans une cour d’école, la couleur de peau de leurs copains ne les dérange pas.
Si l’on se coupe des médias, on ne connaît pas ces histoires de 400 000 Rom. Et on a moins peur.
*
Il y a d’autres peurs…Comme la peur du juif. Souvenez-vous des articles de presse avant et pendant la guerre 39-40. Et, aujourd’hui certains pointent la judaïcité des noms de journalistes en affirmant que les médias sont aux mains des juifs. N’y a-t-il pas aussi instrumentalisation ?
En outre, lors de contrôles de papiers, si votre nom est Pleyel ! Quelqu’un vous dira ah ! Vous êtes juif, si votre nom est Mohamed, ah ! Vous êtes arabe.
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Comment est vécue, ailleurs, dans les autres pays, la présence de l’étranger ?
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Dans l’ensemble de l’Europe, particulièrement du Nord, il y a rejet de l’étranger. Cela se voit au moment des élections… en Hollande, aux Pays Bas, en Suisse, même au Danemark. La Suède est en train de passer à l’extrême droite. Ce sont tous des pays riches qui ont peur de perdre leur richesse.
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Je n’ai pas envie de comprendre ceux qui ont peur. Nous sommes tous des citoyens …. Avec une conscience et nous avons tous, je pense, côtoyé des étrangers en situation irrégulière. Et même s’ils apparaissent comme des boucs émissaires, nous n’avons pas à en avoir peur. C’est aussi une question d’éducation, d’Education Nationale qui doit prendre en charge la formation du citoyen.
Cette peur de l’étranger peut être combattue en allant vers l’étranger.
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J’ai travaillé plus de 10 ans dans le 93 et lorsque je parle de peur, je pense à mes allers et retours où fréquemment j’étais la seule « blanche » en me sentant presqu’alors « étrangère ».
Je pense à mes déplacements dans certains quartiers où je rencontrais en peu de temps, deux, trois, quatre femmes intégralement voilées et mon malaise s’amplifiait.
Non ! Je ne peux pas me moquer des gens qui ont peur. Et faire comme s’il n’y avait pas la peur, peut être pire.
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Tu parles de ta peur par rapport à une autre culture, par rapport à des personnes mal acceptées. Nous avons notre part de responsabilité là dedans.
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Le Black, l’Arabe de Saint Denis n’est pas un étranger. Ce n’est pas l’étranger qui est rejeté mais le droit à la différence.
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Etranger – étrange…
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Comment peut-on parler de différence lorsqu’on parle de ghettos ? Je connais aussi Saint Denis. Là, on ne parle plus d’étrangers mais de français qui ont gardé une identité singulière. Ce sont aussi, par exemple les français qui partent au Canada. Ils restent entre eux, par réflexe de « meute », unis par la langue, les habitudes, le besoin d’identification et, sauf exception, c’est toujours ainsi, y compris pour les enfants qui réclament la même marque de chaussure.
Qui voit-on dans les quartiers du 9.3. ? Des familles d’origine étrangère, avec des difficultés économiques et sociales et ne pratiquant pas forcément la langue française. Des femmes qui restent entre elles pour x raisons.
Il est évident que dans le « paysage », ce « groupe » peut faire peur, non par la faute d’être ou pas étranger mais de vivre dans un ghetto. Tant qu’on n’aura pas explosé ces ghettos ou qu’on n’aura pas permis à ces gens de se fondre dans la « masse », rien ne sera réglé.
La différence est quelque chose d’extraordinaire, le mélange des couleurs amène la création d’une palette de couleurs fabuleuse et il est bien question de toujours revenir à cela. Mais cette peur existe et j’ai peur de cette peur qui isole. La peur de l’autre, non parce qu’il est noir, blanc ou jaune mais parce qu’il est parqué- en groupe- au milieu du béton sans oiseaux.
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Nous avons passé toutes les définitions de l’Etranger et la peur de l’étranger.
Et, en effet la question conduit à des réponses multiples que cela soit sur les ghettos, l’Education Nationale, les corporatistes culturels, religieux, sociaux, ethniques. C’est tout cela qu’il faut casser pour que l’étranger ne soit pas étrange. Il faut se mélanger pour que l’étrange disparaisse même d’un point de vue juridique, en garantissant une unité dans la diversité qui est un combat de la république et qui passe par tous les champs de compétence.
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Si on parle d’étranger en France, moi je peux vous dire qu’à la Réunion, où j’ai vécu deux ans, on ne parle pas d’étranger. On appelle un musulman, un arabe, un point c’est tout.
La peur de l’étranger est cultivée, manipulée. Le facteur de mon quartier qui a le physique d’un magrébin (mais peut être il est portugais), eh bien ! Il a été agressé lui aussi.
Dans les quartiers, les gens n’ont rien, même pas d’espoirs. J’y vis dans le quartier, je côtoie mes voisins. Ni les parents, ni les enfants n’ont d’espoir. La télé marche…. Bien sûr, on inaugure des places, des gymnases, des bibliothèques, mais il n’y a pas d’argent pour s’adresser directement aux jeunes, en tapant la balle avec eux, par exemple.
L’argent va aux adultes et aux catégories d’adultes. Ce n’est pas comme ça qu’on va pousser les jeunes, les verts, les blancs, les nationaux… à s’intégrer. On leur refuse le passage.
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En fait « on » s’intéresse surtout aux consommateurs, qu’ils soient adultes ou enfants.
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A propos d’histoire, cela fait bientôt 30 ans que l’Education Nationale réduit le temps d’enseignement de l’histoire. C’est d’évidence, une volonté politique. Apprendre l’histoire fait réfléchir, donc « on » n’en veut pas.
Proposition concrète :
Augmenter le temps de l’enseignement d’histoire ou à défaut, au moins, celui de l’instruction civique
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En tant que maman, je ne comprends pas que ma fille qui est en 6ème, n’ait pas d’instruction civique. Elle ne sait pas ce qu’est un député, comment on vote, etc. Je me souviens, qu’à mon époque, nous avions instruction civique, 1 heure, 1 fois par semaine de la 6ème à la 3ème. Aujourd’hui, cela n’existe plus.
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Soyons concrets. Mélanger les communautés, c’est bien, c’est gentil. Mais, comment fait-on ? Comment détruire les ghettos ? A l’heure numérique, je ne sais pas comment on peut faire. Si quelqu’un sait ????.
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Il apparaît en effet, à ce moment du débat que nous n’avons pas peur de l’Etranger mais de l’Immigré.
Celui qui vient d’ailleurs, qui s’installe et ne nous ressemble pas. Et, immigré, on le reste, indépendamment de sa nationalité. On est immigré la 1ergénération, la 2èmegénération, la 3ème… C’est un statut qui se transmet génétiquement. Certes, l’Américain, le Hollandais, on n’en a pas peur, ils sont, en général de passage. Le problème, c’est celui qui s’installe, qui veut rester, qui a des enfants et qui n’a pas d’argent.
Dès lors, peut-on avoir une politique discriminatoire pour casser les ghettos ? Sur quels critères ethniques ? Est-ce par le biais des statistiques ? L’INSEE vient de faire un travail sur les filles d’immigrés à savoir si les parents sont nés en France ou pas. Le curseur n’est donc pas sur la nationalité mais sur le lieu de naissance des parents, dans le Maghreb ou ailleurs.
Quand on est fille d’immigré, on a deux fois moins de chance de trouver un emploi que lorsqu’on est fils d’immigré et trois fois moins de chance que lorsqu’on est fille de natifs (nés en France).
1er discrimination : Une fille est considérée étrangère parce que d’abord, elle est fille d’immigrés alors qu’elle peut être française.
2ème discrimination : Pour une fille née de parents issus du Maghreb, il est très difficile de trouver un emploi. En outre, son parcours scolaire va être très rapidement orienté vers les métiers du social et quasiment jamais vers des études scientifiques.
Ce sont des éléments nocifs pour la société française et qui démontrent comment on traite mal une partie de la population.
D’où, peut être l’intérêt des statistiques « ethniques » pour traiter la question de la mixité sociale, notamment dans le cadre d’une politique de logement. Soit, on prend en compte le montant des revenus, soit on prend en compte la valeur ethnique.
D’ailleurs, quels sont les critères d’attribution à Nîmes ? Habitat du Gard, Toit pour tous….
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Les orientations scolaires au bac pour les filles vers les filières sociales sont GENERALES
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……plus particulièrement pour les filles d’origine Maghrébine.
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Cela fait 25 ans qu’on parle de mixité sociale. Dans le cadre de la Politique de la Ville…. On a échoué. Pourtant dans le 9.3… On a essayé. Mais cela demande, c’est vrai, beaucoup d’argent. Ainsi, par exemple, dans un HLM de qualité et bien agencé, ont été accueillis à la fois, des « grandes familles », au rez de chaussée avec accès au jardin et du « middle class » dans les autres étages. Mais j’insiste sur la qualité des locaux, sinon les profs, les fonctionnaires, les commerçants ne seraient pas venus.
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Mais qu’est ce qu’un habitat de qualité ?
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…. Double vitrage, ascenseurs qui marchent, des parquets, bonne sonorisation, seulement 7 étages. Castro en était l’architecte.
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A Nîmes, nous avons aussi des HLM avec double vitrage. Mais la dimension des fenêtres est inadaptée et il ya peu de lumière dans les appartements mal orientés.
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…La qualité des lieux doit aussi favoriser l’importance de la mixité des espaces communs. Là où les gens sont obligés de se croiser.
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Revenons au thème de l’étranger et à l’idée de faire des propositions.
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Il existe actuellement en France, le délit d’aide à l’étranger. Je ne sais pas s’il faut complètement le supprimer. Mais vous savez, lorsque vous aidez des personnes en situation irrégulière – accès au téléphone, donner à manger, etc…- vous êtes passible d’une peine. A Lille des gens ont ainsi été pénalisés. Il faudrait donc revoir ce texte de loi parce que la peur de l’étranger vient aussi de là. La solidarité est réprimée. On empêche un élan de cœur envers des personnes en situation irrégulière, donc en danger.
Proposition concrète :
Modifier le texte de loi visant le délit d’aide à la personne dans un but non lucratif
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Je suis d’accord, c’est comme à l’époque de la guerre 39/40. Il faut « bien » choisir son camp.
Je ne pense pas qu’il faille avoir peur. Réfléchissons à la situation inverse. Si c’était nous qui étions « étrangers »…. Ou essayons de nous mettre à leur place. Ce sont des gens qui ont quitté leur famille, leur pays. Ils se sentent mal à l’aise et avoir peur d’eux, ce n’est pas les aider. L’Etranger nous agresse parce qu’il n’a rien et s’il a recours à la violence pour avoir quelque chose, c’est qu’’il n’a pas été pris en compte quand il le fallait.
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Il faut en effet, arrêter le rapport entre étranger et immigré….
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A l’école Saint Vincent de Paul de Nîmes, il y avait une petite maghrébine, les parents d’évidence avaient fait un effort d’intégration. Et bien, c’est la seule petite qui n’a pas trouvé de stage, l’année du bac.la prof principale l’a sauvée en la prenant en main « Ensemble, nous allons trouver un chef d’entreprise ». Ce qui fût fait.
On dit toujours que ces gens ne veulent pas s’intégrer mais ce qui est difficile c’est quand on voit le BBR sur les CV. Le délit de sale gueule perdure et ces enfants vont être marqués à vie et alors peuvent basculer dans la violence. Bon ! J’essaye de comprendre.
*
Ce soir, nous sommes autant d’hommes que de femmes, nous avons vraiment fait très fort ! Mais trouver sa place dans l’assemblée n’est pas forcément facile. Nous sommes tous blancs, certes mais nous n’avons pas fait le tour des religions, des croyances, des peurs, des territoires personnels. On ne se connaît pas. Pourquoi ? Comment ? Savoir quelle est la culture de son voisin, qui est peut être né la même année dans le même hôpital, mais qui n’a pas du tout la même vie, les mêmes aspirations.
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Est-ce parce que l’assemblée est blanche, que personne n’a peur ?
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J’entends souvent « Oui ! Mais il ne faut rien leur excuser parce que ce sont des voyous, des délinquants, etc… » Il faut bien savoir –le mot est à la mode- que de la racaille, il y en a partout…
Ma fille a un ami marocain et je le vois ramer, ramer pour trouver du boulot. On le prend avec un CDD, et puis hop ! A la fin du CDD, il est viré, alors que le gamin s’est défoncé !!! Certes ma fille, aussi a eu du mal à trouver du boulot, mais je connais du monde…ça aide…un coup de fil, tout simplement.
Et je vois l’autre gamin grandir… depuis 10 ans, il rien eu de stable. Si on me dit un jour, il a basculé dans un trafic, je ne dirais pas c’est bien, mais je peux comprendre. Dans les cités, il y a sûrement davantage de racaille parce qu’ils ont moins de chance pour s’en sortir. Voilà, si quelqu’un peut m’aider à mieux comprendre ?!
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Des gens ont œuvré pour acquérir liberté, égalité, fraternité… A quel moment de l’histoire, il y a eu fracture ? A quel moment s’est posée ainsi la question de l’immigration ?
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Notre société discrimine, discrimine, discrimine…. Sans cesse. L’égalité républicaine n’existe que dans les discours. Dans la réalité de leur vie, ils ont bac+4, mais ne trouvent pas de travail et pas de logements hors de leur quartier. Ils vivent avec les parents, les grands parents au « Chemin bas ». Ils sont complètement discriminés par la société française. C’est ça qui s’est passé. La société moderne, où l’Etat a régressé, est une société qui discrimine.
Votre fille a trouvé du travail grâce à un petit piston, tout le monde en fait autant sauf les immigrés qui n’ont pas cette ouverture. Et si l’Etat ne met pas en place des outils, la situation va s’amplifier. Moi, après mes études, j’ai trouvé du travail, si je n’en avais pas obtenu, probablement je me serai révolté et peut être même que j’aurai jeté un pavé dans la voiture des fliques, je n’en suis pas certain mais en tout cas, je ne juge pas.
Si la société ne se pose pas les bonnes questions en mettant en place une politique discriminative positive, comment envisager de pouvoir changer les choses ?
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Même si je suis d’accord, je souhaite ajouter un bémol… On a parlé d’insécurité ou pas, d’une politique d’intégration ou pas et du rôle de l’Education Nationale, soit dit en passant séparée de l’Eglise depuis longtemps, or des croix sont toujours dans certaines écoles publiques alsaciennes…
Cela fait trois ans que je travaille en animation de quartier avec tout ce que cela comporte… Politique de la Ville, etc. Et ce qui me choque le plus, c’est quand les primo arrivants mettent le pied dans les établissements scolaires : « Nous avons un problème avec votre fils » et Bing ! le garçon se prend une baffe par son père… Tout de suite grand émoi de la part de l’enseignant « Ah mais non ce n’est pas comme ça qu’il faut faire »…. Et aujourd’hui, on parle de démission des parents….
On a aussi vu des parents qui travaillaient dur à l’usine (je viens de Lorraine) pour un salaire convenable. Aujourd’hui, les fils, en une heure, font l’équivalent d’un mois de salaire du père. Il est important de prendre « ça » aussi en compte.
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La racaille, il y en aura toujours, mais je pense qu’il y en aura d’autres qui réellement cherchent un travail respectable sans tomber systématiquement dans la facilité et la délinquance.
Revenons à l’Education Nationale qui est un pilier énorme pour la construction de notre société. A mon époque, il y avait l’Ecole Laïque avec les cours de moral, d’instruction civique et tout le monde portait la même blouse…. C’était avant 68.
Les instituteurs recevaient tous la même formation en allant à l’Ecole Normale. Et les quelques écoles religieuses étaient financées par les familles. Aujourd’hui, les écoles privées sont de plus en plus subventionnées par le gouvernement. En outre, depuis cette rentrée, les profs arrivent sur le terrain, sans expérience, ils n’ont plus de cours de psycho. Donc, il faut parler de l’Education Nationale à deux vitesses, avec les écoles poubelles et les autres. Même si on nous montre à la télé quelques collèges d’excellence avec quelques petits magrébins, où des règles sont imposées, où l’on propose le « must du must ». Mais c’est ça, qu’on devrait avoir dans tous les établissements laïques, scolaires français. Là où tout signe religieux est exclu… Quitte à revenir aux blouses…. Pour avoir une notion d’égalité…. Riche ou pauvre, chaque enfant devant se sentir égal.
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Et les prisons… l’histoire du trafic dans les cités….Je n’excuse pas, mais pour des familles nombreuses… les allocs’, ne nous leurrons pas, ça ne paye pas tout. Et ces jeunes veulent aussi l’écran plat (fabriqué en Chine…). Alors, en cette période de chômage, ils ont le choix entre le pinceau et….On ne leur laisse pas grand-chose aux jeunes qui sont aussi des consommateurs. Eh ! Le trafic illicite, ça fait aussi marcher l’économie.
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Les ateliers clandestins, c’est certain, permettent le brassage de beaucoup d’argent.
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Le thème du débat choisi était vraiment très lourd. Nous sommes tous étranger de quelqu’un. Mais je vais terminer sur une note positive. Je sors d’une séance avec mes étudiants de 5ème année, master scientifique. Les trois premiers sont des filles avec un nom à consonance magrébine et je suis sûre qu’elles auront un avenir professionnel sans problèmes.
Revenons au débat, je pense vraiment que des sujets comme celui-ci : Qu’est ce qu’un étranger ? à traiter en 1 heure et demie amène au « casse tête » assuré. On nous demande d’être gestionnaires de 50 ans d’ineptie, que cela soit de droite ou de gauche, chaque parti a su d’abord « jouer » avec le Front National. Mais gérer sur le fond, c’était une autre affaire, on a toujours refusé d’attaquer le problème, même avec la Politique de la Ville.
Je serai très preneur d’un débat sur l’Education Nationale.
*
Tous les politiques ont des responsabilités, certes, mais aussi les citoyens. A résoudre un problème, il est facile de dire…. Ce sont les politiques depuis 50 ans. Il est temps de prendre NOTRE responsabilité, chacun à son niveau.
*
Le vrai problème est là devant nous et il est explosif. Chacun peut raconter sa petite histoire, ce que j’ai fait en parlant de mes étudiants, mais aborder un tel thème en 1 heure et demie…. Oups !
Challenge. Il aurait peut être fallu le prendre autrement. C’est compliqué d’attaquer ainsi. On est en train d’amener des centaines de médecins et d’ingénieurs étrangers par une immigration choisie et là, personne n’aura rien à en dire….
FIN de séance déclarée.
Choix du prochain thème :
1) Eduquer et enseigner, est-ce la même chose ?
2) Qu’est ce que le travail et ses valeurs autour ?
3) Que représentent les valeurs de la République ?
4) La République est-elle compatible avec la discrimination positive ?
Il a été voté à la majorité la question 1 : Eduquer et enseigner, est-ce la même chose ?
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